NI VU NI CONNU (1958)
SC�NARIO :
Yves Robert, Jean Marsan et Jacques Celhay
D'apr�s le roman d'Alphonse Allais :
� L'AFFAIRE BLAIREAU �
TH��TRE GUIGNOL - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� de la sc�ne d'un th��tre Guignol � l'ancienne.
Le g�n�rique, en lettres blanches, d�bute sur le rideau de sc�ne
ferm�. Puis le rideau s'ouvre sur une marionnette � gaine, qui
ressemble � Blaireau, tel que nous allons le d�couvrir dans la
suite du film. Derri�re la marionnette, le d�core repr�sente une
grosse bourgade au bord d'une rivi�re. La marionnette joue une peu
� cache-cache avec le bord gauche du rideau de sc�ne. Arrive, par
la droite, une autre marionnette portant un b�ton. Cette
marionnette, qui porte un k�pi, ressemble au garde-champ�tre
Parju, tel que nous allons le d�couvrir bient�t. Les deux
marionnettes, dos � dos, ne se voient pas. A un moment, elles se
retournent, se voient, et s'enfuient dans les coulisses, chacune
de son c�t�. Puis � Parju � revient sur sc�ne, toujours son b�ton
� la main, et cherche visiblement son adversaire. � Blaireau �
arrive derri�re � Parju �, qui ne le voit pas. Il tient, lui
aussi, un b�ton dans ses bras, et il frappe � Parju � sur la t�te,
puis il s'enfuit pr�cipitamment. � Parju � se retourne et cherche
son adversaire. � Blaireau � revient subrepticement derri�re
� Parju � et le frappe � nouveau, puis il s'enfuit en coulisses.
� Parju � cherche � Blaireau �, qui revient face � � Parju �.
S'ensuit une sorte de ballet, o� les deux protagonistes se toisent
du regard. Une courte bagarre et � Parju � s'enfuit en coulisses.
Puis il revient et toise de nouveau son adversaire. Chaque
marionnette tape quelques coups de b�ton sur la bande. (Note :
dans un th��tre de marionnettes � gaine, la bande est la planche
situ�e sur le devant de la sc�ne, � hauteur du ventre des
marionnettes, et sur laquelle les marionnettes posent les divers
accessoires du spectacle) Puis le petit ballet d'intimidation des
deux marionnettes recommence. � Blaireau � tapote un peu � Parju �
de son b�ton, et ils recommencent � danser. Chacune, � son tour,
pousse l'autre marionnette de l'extr�mit� de son b�ton. La bagarre
s'intensifie, et les deux marionnettes roulent ensemble sur la
bande. Finalement, � Blaireau � assomme � Parju �, puis ramasse le
corps inanim� de � Parju � sur la bande avec son b�ton, et le
jette en coulisses.
Fin du g�n�rique
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - ENTR�E DE LA VILLE - EXT�RIEUR JOUR
Une route, bord�e d'un mur de pierre, � l'entr�e de la ville que
l'on aper�oit en plan g�n�ral au bout de la route. En premier
plan, un panneau routier, sur lequel est inscrit � Montpaillard �.
Venant de la gauche, Parju, le garde-champ�tre de la ville, entre
dans le champ. Le dos de son uniforme semble un peu sale. Il
marche sur la route, se dirigeant vers le centre ville. Une moto
arrive, � vive allure derri�re lui, et le fr�le, l'envoyant
valdinguer sur le mur. Le � motard � porte un casque blanc avec un
motif de damiers, et un blouson de cuir.
Panoramique, nous permettant de d�couvrir, devant le panneau
portant le nom de la ville, un autre panneau, plus imposant, sur
lequel est inscrit en lettre majuscules noires sur fond blanc :
� La ville la plus calme de France �.
La moto continue, sans s'arr�ter, sa route vers le centre ville.
MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen de Monsieur Dubeno�t, le maire de Montpaillard. Il est
en costume sombre et noeud papillon. Il est debout sous le buste de
Marianne, elle-m�me entour�e de deux drapeaux tricolores. De
chaque c�t� du buste de Marianne, une fen�tre entr'ouverte. Sur la
table devant le maire, est pos� un t�l�phone.
MONSIEUR DUBENO�T
Oui, Messieurs. Moi vivant, rien ne viendra troubler la
tranquillit� de notre petite sous-pr�fecture.
Il ponctue sa phrase en se frappant la poitrine du poing.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Vue d'ensemble de la rue en enfilade. Au premier plan, une
charrette portant des tonneaux de vin. Une mule, portant un
chapeau blanc, est attel�e � la charrette. Derri�re la charrette,
deux hommes d�chargent un tonneau. Au bout de la rue, on voit
arriver la moto que l'on avait d�j� vu entrer en ville � la sc�ne
pr�c�dente.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
Depuis la fondation de Montpaillard, les r�volutions se
sont succ�d�es en France...
La moto fr�le l'un des hommes qui d�chargent le tonneau. L'homme
fait un �cart et l�che le tonneau qui d�vale la rue l�g�rement en
pente.
Plan moyen sur un homme qui remontait la rue, et qui est fauch�
par le tonneau. L'homme s'�tale par terre et le tonneau continue �
rouler.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
... les tr�nes ont croul�, sans jamais troubler la paix de
notre petite cit�.
Un passant s'est pr�cipit� pour aider l'homme � terre � se
relever. Un boucher � bicyclette d�bouche d'une ruelle adjacente
et �vite de justesse l'homme allong� par terre.
MONTPAILLARD - ATELIER DU TONNELIER - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur Auguste, le tonnelier, en train de travailler en
plein air. Devant lui, plusieurs tonneaux et des cercles de fer.
Derri�re lui, on voit les tours d'un b�timent assez ancien. Les
tours, qui sont visiblement d'origine m�di�vale, ont �t�
recouvertes de toits pointus.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
C'est pourquoi les regrettables incidents qui, chaque jour,
ridiculisent l'autorit�...
Parju entre dans le champ sur la droite. Auguste le regarde en
ricanant devant l'�tat nettement d�grad� de son uniforme.
AUGUSTE
Encore Blaireau, hein ?
PARJU
Oui, mais je l'aurai.
Auguste continue � ricaner.
AUGUSTE
Ouais !
PARJU
Je l'aurai.
AUGUSTE
Ouais !
MONTPAILLARD - RUE AVEC ARCADE - EXT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble d'une rue, qui passe sous une arcade. Devant
l'entr�e de l'arcade, deux hommes, l'un assez �l�gant, et l'autre,
plus �g�, et qui s'appuie sur une canne. Parju passe devant eux,
se dirigeant sous l'arcade. Les deux hommes son pli�s de rire, en
voyant l'�tat de Parju.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
... l'autorit� respect�e par tous...
Parju marche sous l'arcade. Les passants se retournent sur lui.
Les deux hommes, � l'entr�e de l'arcade, continuent � rire.
MONTPAILLARD - RESTAURANT - EXT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble de l'ext�rieur d'un restaurant. Devant un
escalier, le cuisinier et un serveur portant une pile d'assiette
regardent Parju, qui arrive sur la droite du champ, et ils
�clatent de rire. Le cuisinier se tape sur les cuisses. Parju
hausse les �paules et continue son chemin.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
... et dont l'�loge n'est plus � faire.
MONTPAILLARD - UNE RUE COMMER�ANTE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen, devant un magasin, du juge Lerechigneux, portant un
paquet de g�teaux de p�tissier, et discutant avec un gendarme.
Parju passe dans la rue et se retourne l�g�rement sur les deux
hommes.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Que lui est-il arriv� � ce pauvre Parju ?
Le gendarme regarde Parju s'�loigner, puis se tourne en riant vers
le juge.
LE GENDARME
Encore un coup de Blaireau, monsieur le juge ! Voil� vingt
ans que �a dure.
Le juge hoche la t�te et s'�loigne
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
Ces incidents doivent cesser !
La cam�ra suit le juge qui marche dans la rue.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
D�j�, l'on murmure...
Le juge croise le chemin de Ma�tre Guilloche, avocat, et chef de
l'opposition au conseil municipal, et Monsieur Bluette, le
directeur de la prison. Le juge serre la main de Ma�tre Guilloche.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
... la calomnie se montre, s'embusque...
Le juge serre la main de Bluette, qui s'incline l�g�rement.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
... nous guette de son oeil avide.
Le juge termine une conversation, dont nous n'avons pas entendu le
d�but, masqu� par la voix off du maire.
LE JUGE LERECHIGNEUX
... oui, alors, c'est un fait.
Ils marchent tous les trois dans la rue. Guilloche prend le bras
de Bluette.
MA�TRE GUILLOCHE
Monsieur Bluette, combien de d�tenus avez-vous en ce moment
dans votre prison ?
MONSIEUR BLUETTE
Une petite douzaine, de braves gar�ons, tr�s calmes.
Guilloche se tourne vers le juge.
MA�TRE GUILLOCHE
Calmes !... M�me les d�linquants sont calmes !
Il s'arr�te de marcher, et regarde droit devant lui.
MA�TRE GUILLOCHE
Cette ville dort, cette ville s'encro�te.
MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR
M�me plan sur le maire en train de parler debout devant le buste
de Marianne.
MONSIEUR DUBENO�T
J'aimerais mieux voir ma ville en cendres qu'� la proie du
d�sordre.
Il s'arr�te et sourit.
MONSIEUR DUBENO�T
C'est tr�s bon, �a...
Il s'assoit pour noter la derni�re phrase qu'il vient de dire. La
cam�ra le suit en panoramique descendant, et on s'aper�oit que la
salle du conseil est vide. Et que donc, il ne parlait pas devant
un auditoire, mais pr�parait un discours.
Zoom arri�re, montrant toute la longue table du conseil. Dubeno�t
�crit.
MONSIEUR DUBENO�T
Depuis Henri IV...
Il s'interrompt et �crit de nouveau. On frappe � la porte.
MONSIEUR DUBENO�T
Oui !
Plan moyen du maire assis � table en train d'�crire, avec la porte
en arri�re-plan. La porte s'ouvre lentement et Parju entre en
faisant un petit salut.
PARJU
Monsieur le maire...
Il referme la porte. Le maire ne lui octroie qu'un coup d'oeil
rapide, et donc ne se rend pas compte de l'�tat de son uniforme.
MONSIEUR DUBENO�T
Bonjour, Parju. Quoi de neuf ?
PARJU
Rien, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Parfait. T�chez que �a continue.
Parju s'appuie des deux mains sur le dossier de la chaise voisine
de celle o� le maire est assis.
PARJU
Voil�, monsieur le maire, je voulais vous dire.
MONSIEUR DUBENO�T
Quoi ?
Dubeno�t jette un autre coup d'oeil rapide vers Parju, puis revient
vers les documents sur lesquels il travaille. Mais, � peine s'est-
il pench� sur ces documents qu'il sursaute et regarde Parju avec
plus d'attention et s'aper�oit enfin de l'�tat d�plorable de son
uniforme. Il se l�ve et d�visage Parju, qui affiche un air penaud.
Contrechamp avec Parju en premier plan.
MONSIEUR DUBENO�T
�a, c'est du Blaireau tout pur !
Parju tourne la t�te de c�t� pour dire :
PARJU
Oui, monsieur le maire.
Dubeno�t se rapproche de Parju.
MONSIEUR DUBENO�T
Alors, Parju, quand est-ce que vous me le coffrez, ce
pistolet ?
PARJU
Je voudrais bien, monsieur le maire, mais c'est qu'il est
malin comme le diable !
MONSIEUR DUBENO�T
Ah... Si c'�tait lui qui f�t garde-champ�tre, et vous qui
fussiez Blaireau, y a belle lurette qu'il vous aurait
pinc�, mon pauvre Parju !
Le maire ricane, et Parju �clate de rire.
PARJU
Ah, pour �a oui, monsieur le maire...
Parju met amicalement la main sur l'�paule du maire, dont le
visage redevient imm�diatement tr�s s�v�re.
MONSIEUR DUBENO�T
Alors Parju !
Devant le regard autoritaire du maire, Parju se met au garde-�-
vous.
MONSIEUR DUBENO�T
De l'oeil ! Et du jarret ! Et vive Montpaillard !
Parju porte la main � son k�pi et salue. Le maire s'�loigne vers
la porte de la salle.
MONSIEUR DUBENO�T
Repos !
Parju baisse le bras. On entend la porte de la salle qui claque
derri�re Parju, et imm�diatement Parju se remet au garde-�-vous.
MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR
Plan d'ensemble de la place, avec la mairie au fond de la place.
On acc�de � l'entr�e de la mairie par un escalier et un petit
perron. Des enfants font une ronde devant la mairie. Le maire sort
de la mairie. Deux hommes qui passent le saluent, en soulevant
leurs couvre-chef.
L'UN DES HOMMES
Bonjour, monsieur Dubeno�t.
Le maire soul�ve son chapeau.
MONSIEUR DUBENO�T
Bonjour.
Il descend les marches du perron. Le boucher passe avec sa
bicyclette, et agite la main.
LE BOUCHER
Bonjour, monsieur le maire...
Dubeno�t lui rend son salut et traverse la place.
MONSIEUR DUBENO�T
Bonjour.
Une femme d'un certain �ge croise son chemin et incline l�g�rement
la t�te.
LA FEMME
Bonjour, monsieur...
Le maire soul�ve son chapeau.
MONSIEUR DUBENO�T
Bonjour, madame...
Bluette entre dans le champ par la gauche. Le maire tend les bras
vers lui.
MONSIEUR DUBENO�T
Allons, Bluette, voyons, c'est l'heure du bridge. Les
Chaville nous attendent.
Bluette serre la main du maire, et ils s'�loignent tous les deux
ensemble.
CHATEAU DE CHAVILLE - CAVE - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� sur un tonneau marqu� : � Clos de Chaville �. Une
pipette de contr�le est plong�e dans le tonneau. Panoramique et
zoom arri�re nous permettant de d�couvrir le comte L�on de
Chaville, qui sort la pipette du tonneau. L�on de Chaville a tout
� fait l'allure d'un noble � l'ancienne : monocle et noeud
papillon. Il verse la contenu de la pipette dans une petite tasse
m�tallique de d�gustation. Son �pouse s'approche de lui et lui
tend sa propre tasse, qu'il remplit. Ils go�tent ensemble le
contenu de leurs tasses.
L�ON DE CHAVILLE
Quarante-sept.
Son �pouse sourit :
COMTESSE DE CHAVILLE
Quarante-huit.
Ils go�tent de nouveau. Derri�re eux, on aper�oit un employ� du
ch�teau qui descend les marches menant � la cave. L�on prononce,
sur un ton autoritaire :
L�ON DE CHAVILLE
Quarante-sept.
Son �pouse sourit encore plus largement.
COMTESSE DE CHAVILLE
Quarante-huit.
L�on de Chaville se tourne vers la droite.
L�ON DE CHAVILLE
Am�d�e.
Plan moyen d'Am�d�e versant, � l'aide d'un entonnoir, le contenu
d'un pichet dans un tonnelet. Les Chaville s'approchent de lui.
L�ON DE CHAVILLE
Am�d�e, voyons, allons.
Il tend sa tasse � Am�d�e, qui go�te longuement.
AM�D�E
Quarante-quatre.
Les �poux Chaville se regardent avec d�pit. On entend la cloche de
la grille du ch�teau qui sonne. L�on r�cup�re sa tasse.
CH�TEAU DE CHAVILLE - GRILLE D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen de la grille d'entr�e du ch�teau, vue de l'ext�rieur.
Sur la grille est fix�e un panneau, sur lequel est inscrit :
� Clos de Chaville - Montpaillard �. Dubeno�t et Bluette attendent
devant la grille. Dubeno�t tire le cordon de la cloche.
MONSIEUR DUBENO�T
Vous vous souvenez de ma botte secr�te ?
MONSIEUR BLUETTE
Mais oui.
MONSIEUR DUBENO�T
Deux tr�fles veulent dire : j'ai un carreau.
Bluette compte sur ses doigts. A travers la grille on aper�oit
L�on de Chaville qui s'avance vers eux
MONSIEUR BLUETTE
Oui...
MONSIEUR DUBENO�T
Et trois coeurs ?
MONSIEUR BLUETTE
Euh... Cinq piques... Cinq.
Ils se tournent vers la grille, car L�on est maintenant tout pr�s
D'EUX
L�ON DE CHAVILLE
Bonjour, monsieur le maire.
On aper�oit madame de Chaville qui arrive derri�re son mari
MONSIEUR DUBENO�T
Ah !... Bonjour, Chaville.
L�on ouvre la grille. On entend des �changes de � Bonjour �,
� Bonjour, madame �, mais ils sont interrompus par un bruit de
moto. Le motard casqu�, que nous avons d�j� crois� dans les rues
de Montpaillard, arrive � grande vitesse, pousse l'autre porte de
la grille et p�n�tre dans la cour du ch�teau. Tout le monde
s'�carte pour le laisser passer. Le motard s'arr�te pr�s du
ch�teau dans un crissement de pneus.
CH�TEAU DE CHAVILLE - COUR - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur le groupe des quatre � joueurs de bridge �. Madame
de Chaville sursaute au bruit du crissement de pneus.
COMTESSE DE CHAVILLE
Oh... Oh, mon Dieu !
Plan moyen sur le � motard �, qui enl�ve son casque, et qui est en
fait une jeune fille, Arabella, la fille des Chaville. Elle sourit
et agite la main.
ARABELLA DE CHAVILLE
Bonjour, papa. Bonjour, maman. Bonjour, messieurs.
Elle se retourne et court vers l'entr�e du ch�teau.
Retour sur le groupe des quatre. Madame de Chaville semble
contrari�e.
COMTESSE DE CHAVILLE
Arabella ! Ma petite fille.
Elle se retourne vers ses invit�s et sourit.
COMTESSE DE CHAVILLE
Venez, monsieur Bluette.
MONSIEUR BLUETTE
Je vous en prie.
Il s'�loigne vers le ch�teau � c�t� de madame de Chaville, les
deux autres hommes suivent derri�re, mais Dubeno�t retient
Chaville en arri�re.
MONSIEUR DUBENO�T
Dites donc, dites donc...
L�ON DE CHAVILLE
Oui...
MONSIEUR DUBENO�T
Elle a le diable au corps, votre petite fille. Va falloir
la marier... au trot.
L�ON DE CHAVILLE
Au galop, mon cher ! Au galop !
Ils se mettent en marche pour rattraper les deux autres.
CH�TEAU DE CHAVILLE - VESTIBULE - INT�RIEUR JOUR
Plan en enfilade du vestibule, d�cor� de meubles anciens, de
fleurs et m�me d'une sculpture repr�sentant un jeune gar�on noble
d'�poque Henri IV. Arabella traverse le vestibule en sautillant. A
l'extr�mit� du vestibule, elle croise le chemin d'un domestique en
gilet ray�, portant un plateau avec des boissons, et, dans l'autre
main, un faisan mort. Elle lui subtilise une bouteille
ARABELLA DE CHAVILLE
Et hop !
LE DOMESTIQUE
Oh... ben, mademoiselle !
Arabella escalade, en courant, le grand escalier de pierre.
CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur le groupe des joueurs de bridge, qui s'est assis �
une table install�e dans une galerie couverte qui entoure le
jardin, � la mani�re des galeries qui entourent les clo�tres. L�on
est le dernier � s'assoir. Le domestique arrive pr�s d'eux avec
son plateau.
L�ON DE CHAVILLE
Alors, mon cher Dubeno�t, hein, quoi de neuf ?
MONSIEUR DUBENO�T
Oh, mon...
Le domestique tend le faisan � L�on, mais, au passage, les plumes
de la queue du faisan chatouille le visage de Dubeno�t.
LE DOMESTIQUE
Le faisan.
Il se tourne vers Dubeno�t.
LE DOMESTIQUE
Oh, pardon !
Il �carte le faisan du visage de Dubeno�t et se tourne vers sa
ma�tresse.
LE DOMESTIQUE
Le faisan, madame, r�ti ou � l'orange ?
Dubeno�t �carte le faisan d'une main, et pointe l'index de l'autre
main vers madame de Chaville.
MONSIEUR DUBENO�T
Blaireau... Vous aussi naturellement !
Madame de Chaville se penche vers Dubeno�t.
COMTESSE DE CHAVILLE
La chasse est ferm�e, monsieur le maire.
L�on se tourne vers Bluette.
L�ON DE CHAVILLE
Sans Blaireau, par de gibier.
MONSIEUR BLUETTE
Mais... qu'est-ce que c'est que ce Blaireau ?
MONSIEUR DUBENO�T
Blaireau ?
Il ricane.
MONSIEUR DUBENO�T
Oh-oh ! C'est... hein... c'est... enfin... enfin c'est
Blaireau.
MONTPAILLARD - FOR�T - EXT�RIEUR JOUR
Plan d'ensemble d'une for�t bien verdoyante. Au premier plan,
derri�re le tronc d'un arbre, appara�t Blaireau. Il est v�tu d'un
pantalon et d'une veste de toile, et porte un b�ret sur le cr�ne.
Ce b�ret ne le quitte jamais. Il tient une fleur entre ses dents.
Il marche un peu et se cache derri�re un autre arbre.
BLAIREAU
Viens ici, Fous-le-camp.
Derri�re lui, un petit chien noir et blanc sort de derri�re un
arbre. Le chien s'approche de son ma�tre : il tient un li�vre mort
dans sa gueule. Il pose le li�vre par terre. Blaireau se penche
pour le ramasser, se rel�ve, et accroche le li�vre � sa ceinture,
sous sa veste.
Plan moyen de Blaireau descendant une pente dans un sous-bois,
tout en faisant signe au chien de rester calme. Il s'accroupit
pr�s de lui, en mettant un doigt sur ses l�vres pour lui faire
signe d'�tre silencieux. Il plonge la main sous le taillis devant
lequel il est accroupi et en sort un autre li�vre. On entend un
oiseau chanter. Blaireau l�ve les yeux.
Gros plan sur un merle noir (?) dans un arbre.
Gros plan sur Blaireau sifflant en r�ponse au merle. Le merle lui
r�pond, et Blaireau lui r�pond de nouveau.
Gros plan sur le merle en train de chanter.
Plan moyen sur Blaireau se relevant avec le li�vre qu'il vient de
ramasser dans son pi�ge. Le merle continue � chanter, et Blaireau
lui r�pond. Puis Blaireau lui fait un salut militaire en sifflant
une derni�re fois, et s'�loigne.
CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur les quatre joueurs en pleine partie de bridge.
MONSIEUR BLUETTE
Je vois... je vois... une sorte de boh�me rural.
Dubeno�t le regarde avec de la col�re dans les yeux et lui dit,
sur un ton un peu agressif :
MONSIEUR DUBENO�T
Un braconnier... et il n'y a pas de place � Montpaillard
pour les hors-la-loi.
CH�TEAU DE CHAVILLE - COUR - EXT�RIEUR JOUR
Travelling sur un v�losolex qui traverse la cour...
CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR JOUR
... puis le jardin. Le passager du solex est Armand Fl�chard, le
jeune professeur de piano d'Arabella. Il passe devant la galerie,
o� les joueurs continuent leur partie et ralentit.
ARMAND FL�CHARD
Bonjour, madame la Comtesse.
COMTESSE DE CHAVILLE
Bonjour, monsieur Fl�chard. Arabella vous attend chez elle.
ARMAND FL�CHARD
Je vous remercie, madame la Comtesse.
Il acc�l�re l�g�rement, et s'arr�te � c�t� de la moto d'Arabella.
Il regarde furtivement autour de lui, sort un papier de sa poche,
l'embrasse, le plie en forme d'avion, et l'envoie vers une fen�tre
du premier �tage.
Plan rapproch� sur la fen�tre ouverte, par o� entre l'avion de
Fl�chard.
CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble sur le sol de la chambre d'Arabella,
recouvert de fourrures de tigre et de panth�re. Arabella, v�tue
d'un chemisier noir, d'un pantalon beige moulant et pieds nus dans
ses collants, une cigarette � la main, est allong�e sur le ventre
sur les fourrures et elle lit un roman policier de la � S�rie
Noire �. A c�t� d'elle, un �lectrophone qui diffuse de la musique
de jazz. A c�t� de l'�lectrophone, d'autres romans de la � S�rie
Noire �, la bouteille d'alcool, qu'elle a subtilis� sur le plateau
du domestique, un verre, un paquet de cigarettes et un cendrier.
Arabella hoche la t�te en rythme avec la musique. L'avion en
papier atterrit � c�t� d'elle. Elle pose le livre, ramasse l'avion
et le d�plie.
Gros plan sur l'avion qui se d�plie. On lit le texte �crit en
majuscules sur l'avion, en m�me temps qu'Arabella le lit.
ARABELLA DE CHAVILLE (voix off)
Qu'est-ce que c'est que �a ? � Un homme vous aime dans
l'ombre �.
Retour sur le plan pr�c�dent, et Arabella qui �clate de rire,
assise par terre. On frappe discr�tement � la porte. Arabella
tourne la t�te vers la porte.
ARABELLA DE CHAVILLE
Oui ?...
Elle cache l'avion sous le roman policier, �crase sa cigarette
dans le cendrier, arr�te l'�lectrophone, et se tourne vers
Fl�chard qui vient d'entrer, l'air un peu gauche, avec une petite
sacoche � musique � la main. Il est en costume gris et noeud
papillon.
ARMAND FL�CHARD
Mademoiselle...
ARABELLA DE CHAVILLE
Tiens, voil� le petit Chopin.
Elle se l�ve. Fl�chard ferme la porte
ARMAND FL�CHARD
Mademoiselle, je vous ai apport� une fort belle page de
Schumann : � Je suis � toi �.
Il essaie d'ouvrir sa sacoche... avec un peu de difficult�.
ARABELLA DE CHAVILLE
A qui ?
Fl�chard lui r�pond d'une voix un peu niaise.
ARMAND FL�CHARD
A toi, mademoiselle.
ARABELLA DE CHAVILLE
Et bien, allons-y, mon vieux.
Elle marche lentement vers le piano, sous le regard �namour� de
Fl�chard.
Plan rapproch� d'Arabella s'asseyant derri�re un piano demi-queue,
dont le couvercle est ouvert.
ARMAND FL�CHARD (voix off)
Travaillons, mademoiselle.
L�ger zoom arri�re, permettant de d�couvrir Fl�chard, qui
s'approche et d�pose sa partition sur le pupitre du piano, et sa
sacoche � c�t� du pupitre.
ARMAND FL�CHARD
Les doigts comme des petits marteaux.
Arabella commence � d�chiffrer - un peu laborieusement - la pi�ce
de Schumann.
ARMAND FL�CHARD
Et un, et deux, et trois, et quatre... Et un, et deux, et
trois, et quatre... Et un... les doigts comme des petits
marteaux.
Arabella, agac�e par les conseils de Fl�chard, tape violemment sur
une touche aig�e du piano. Le choc fait se refermer le couvercle
du piano... sur la main de Fl�chard, qui �tait appuy�e sur le bord
du piano. Fl�chard pousse un petit cri. Arabella se l�ve
brusquement et met la main devant sa bouche
ARABELLA DE CHAVILLE
Oh, pardon !
Fl�chard r�cup�re sa main sous le couvercle et Arabella ne peut
�touffer un petit rire derri�re sa main. Fl�chard a certainement
mal, mais il n'ose rien dire � celle qu'il aime.
CABANE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR
La �demeure� de Blaireau est en fait une cabane assez rustique,
meubl�e de bric et de broc, et encombr�e de tout le n�cessaire du
parfait braconnier.
Plan d'ensemble de l'unique pi�ce au milieu de laquelle tr�ne une
table derri�re laquelle Blaireau est assis en train de manger.
Assis sur la table, le petit chien noir et blanc l'observe.
Lucienne, une pie apprivois�e, est pos�e sur l'�paule de Blaireau.
Blaireau se sert un verre de vin.
Plan moyen sur la table, sur laquelle sont pos�s, en plus de la
bouteille de vin, un p�t� dans une assiette, un camembert et une
miche de pain entam�e. Blaireau prend un morceau de p�t� qu'il
donne � son chien.
BLAIREAU
Un petit bout pour Fous-le-camp.
Le chien mange ce que lui donne son ma�tre. Blaireau tend son
verre de vin � la pie.
BLAIREAU
Un petit coup pour Lucienne... Tiens...
La pie trempe son bec dans le verre. Avec sa bouche, Blaireau
incite la pie � boire.
BLAIREAU
Bon, et puis un petit coup pour Blaireau, hein !
Blaireau boit un coup, et pose son verre sur la table.
BLAIREAU
Bon, ben, quand faut y aller, faut y aller.
Il se tourne vers la pie.
BLAIREAU
Hein, Lucienne ?
Il se l�ve, la pie toujours perch�e sur son �paule.
BLAIREAU
Allez...
Il se dirige vers un coin de la pi�ce, o� des pi�ces de gibier
sont suspendues � une longue corde. Il prend la corde et se
l'attache autour du ventre.
LUCIENNE
T'est beau, Blaireau.
Blaireau fait une petite mimique en imitant la voix nasillarde de
la pie. Puis il se dirige vers une trappe dans le plancher. Il se
penche et soul�ve la trappe.
BLAIREAU
Ah !
La pie saute de son �paule et va se percher sur un meuble. Le
chien est rest� assis sur la table et regarde son ma�tre. De la
trappe, Blaireau sort deux faisans attach�s chacun � l'extr�mit�
d'un petite corde. Il met la corde sur son �paule. Un faisan lui
pend dans le dos, et un autre sur le ventre. Il prend un autre
couple de faisans et le met sur son autre �paule. Il referme la
trappe et se rel�ve.
BLAIREAU
Et voil�, et voil�, et voil�.
LUCIENNE (voix off)
T'es beau, Blaireau.
Blaireau enfile sa veste et se tourne vers la pie.
BLAIREAU
Oui, bon ben �a va, tu l'as d�j� dit.
Gros plan sur la pie, qui fr�tille du croupion.
LUCIENNE
Tr�s beau, Blaireau.
Retour sur Blaireau qui sourit � la pie en terminant de boutonner
sa veste. Il se penche et s'aper�oit que les queues des faisans
d�passent de sa veste.
BLAIREAU
Ah... ah-ah-ah, merci.
Il prend une paire de ciseaux sur le meuble � c�t� de lui, et
coupe les queues des faisans, qui d�passent du devant de sa veste.
LUCIENNE (voix off)
Tr�s beau, Blaireau.
Blaireau repose les ciseaux, sans s'apercevoir que d'autres queues
d�passent du dos de sa veste. Il fait une mimique en direction de
la pie.
BLAIREAU
Ah ! Bon...
Il ramasse une casserole par terre et va la remplir avec l'eau
contenue dans une cuvette pos�e sur le po�le.
Gros plan sur la pie.
LUCIENNE
Il est beau, Blaireau.
Retour sur Blaireau, qui s'est pench� pour ramasser quelque chose.
Le chien, toujours assis sur la table, couine en voyant les queues
de faisan d�passer de la veste de son ma�tre. Il aboie un petit
coup. Blaireau se tourne vers lui.
BLAIREAU
Oui, ben, mon vieux, �a va, �a va.
Il se rel�ve, un pot � lait � la main.
LUCIENNE (voix off)
Il est beau, Blaireau.
Blaireau verse le contenu du pot � lait dans la cuvette.
BLAIREAU
Oui, ben je commence � le savoir.
Il emporte la cuvette vers la porte de la pi�ce.
Gros plan sur la pie.
LUCIENNE
Il est beau, Blaireau !
Retour sur Blaireau, qui s'�nerve un peu. Il pose sa cuvette sur
la table.
BLAIREAU
Oui, bon, mais qu'est-ce qu'il y a ? Quoi ?...
Il se penche et aper�oit les queues de faisans qui d�passent du
dos de sa veste.
BLAIREAU
Ah !...
Il les attrape et tire dessus d'un coup sec. Il rit et reprend sa
cuvette.
BLAIREAU
Merci, Lucienne.
CABANE DE BLAIREAU - EXT�RIEUR JOUR
La cabane est aussi rustique � l'ext�rieur qu'� l'int�rieur. La
porte est faite d'un cadre de bois empli de fagots avec une
poign�e rudimentaire. Des outils divers sont �parpill�s autour de
la cabane.
Plan de demi-ensemble de Blaireau sortant de la cabane avec sa
cuvette tenue � deux mains.
BLAIREAU
Parju !... Parju !...
Il pose la cuvette par terre devant la cabane.
BLAIREAU
Parju !... viens ici, Parju ! Allez... Parju !
Plan rapproch� de l'entr�e de la porcherie. Un cochon sort de la
porcherie en grognant et se dirige vers Blaireau.
BLAIREAU (voix off)
Viens ici !
Retour sur Blaireau accroupi pr�s de sa cuvette. Le cochon
s'approche de lui et commence � manger ce qu'il y a dans la
cuvette. Blaireau chuchote gentiment :
BLAIREAU
Parju... Parju... Parju...
Sur un ton plus normal :
BLAIREAU
Allez, bon app�tit, Parju !
Plan rapproch� sur Parju (le garde-champ�tre, pas le cochon !)
cach� dans les broussailles pr�s de la cabane de Blaireau.
BLAIREAU (voix off)
Hein ! �a, c'est un cochon de Parju, �a, hein ? C'est le
roi des petits cochons !
Parju fait une dr�le de t�te en entendant son nom donn� � un
cochon.
Retour sur Blaireau et le cochon.
BLAIREAU
C'est bien gras, �a, madame !
On voit une tache lumineuse qui se prom�ne sur le visage de
Blaireau.
Gros plan sur le visage de Blaireau. La tache lumineuse lui
atteint l'oeil et Blaireau cligne des yeux. Il tourne la t�te.
Plan d'ensemble du sous-bois autour de la cabane. Dans les
broussailles, on voit scintiller la plaque de fonction que Parju
porte sur son baudrier.
BLAIREAU (voix off)
A�e-A�e-A�e !
Gros plan sur la plaque scintillante de Parju. Dessus sont grav�s
les insignes de sa fonction. Panoramique ascendant vers le visage
de Parju qui observe Blaireau.
Retour sur Blaireau et le cochon, qui continue � manger. Blaireau
se tourne vers la porte entrouverte, et met sa main en �cran
devant sa bouche. Ce qui fait que l'on n'entend pas ce qu'il
chuchote. Mais on l'entend siffler une courte ritournelle. Le
chien lui r�pond en aboyant deux fois, et sort de la cabane. Il
s'approche de son ma�tre.
BLAIREAU
Viens ici, viens, viens ici. Viens l�, viens l�, viens,
viens l�.
Il prend le chien dans ses bras.
BLAIREAU
�coute-�coute-�coute...
Il chuchote � l'oreille du chien. On ne comprend que quelques mots
par ci, par l�. Entre autres, le mot � Parju � � trois reprises,
puis les mots � par ici �, ponctu�s d'une indication du doigt, et
juste ensuite, les mots � par l� �, ponctu�s d'un signe pointant
la direction inverse. Il embrasse son chien sur le museau et le
repose par terre. Et tous deux s'�loignent, laissant le cochon
finir de manger.
Plan de demi-ensemble du buisson derri�re lequel Parju est cach�.
On voit Parju qui s'accroupit dans le buisson pour ne pas �tre vu
de Blaireau qui s'approche, et qui passe devant le buisson sans
para�tre le voir. Blaireau s'arr�te juste devant le buisson, dans
lequel on aper�oit Parju qui se rel�ve puis qui s'accroupit de
nouveau. Mais Blaireau ne semble toujours pas voir Parju, et se
retourne en tapant sur sa jambe.
BLAIREAU
Viens ici, Fous-le-camp ! Viens ici, mon Fous-le-camp !
Le chien s'approche de lui en trottinant.
BLAIREAU
Viens ici, le tout petit toutou ! Allez-allez !
Blaireau s'�loigne avec le chien.
BLAIREAU
Allez-allez-allez ! Allez-allez !
Il s'�loigne dans la for�t avec le chien. Parju sort de sa
cachette et les suit d'une mani�re qu'il pense �tre tr�s discr�te.
MONTPAILLARD - FOR�T - EXT�RIEUR JOUR
Plan d'ensemble de Blaireau marchant sur un chemin, suivi de son
chien. Alors qu'ils s'approchent d'un gros arbre, le chien se
retourne et se met � aboyer.
Plan rapproch� de Parju qui se cache derri�re un arbre. On entend
le chien qui continue � aboyer. Le chien cesse d'aboyer et Parju
passe lentement la t�te hors de sa cachette. Il �carquille les
yeux.
Retour sur le plan pr�c�dent. Le gros arbre est toujours l�, le
chien aussi, mais on ne voit plus Blaireau. Le chien ne semble pas
s'en inqui�ter et s'enfonce en trottinant dans le sous-bois. Parju
appara�t, trottinant lui aussi dans la direction que le chien a
prise. Il se cache derri�re l'arbre, puis passe la t�te pour
regarder dans la direction du chien, d'un c�t�, puis de l'autre
c�t� de l'arbre. L'arbre est recouvert d'une �paisse couche de
lierre, masquant le fait que l'arbre est creux.
Plan rapproch� de l'arbre. Alors que Parju regarde dans l'autre
direction, on voit, � travers le lierre, appara�tre la t�te de
Blaireau, cach� dans le creux de l'arbre. On entend le chien qui
aboie. Parju tourne la t�te, et Blaireau se recache dans le creux
de l'arbre.
L�ger zoom arri�re. Parju tourne autour de l'arbre. Blaireau sort
du creux de l'arbre, et se cache derri�re l'arbre, pour ne pas
�tre vu de Parju. Parju tourne autour de l'arbre et Blaireau
tourne aussi, pour rester cach� au regard de Parju. Puis Blaireau
retourne se cacher dans le creux de l'arbre. On entend le chien
aboyer. Le chien passe en trottinant devant l'arbre. Parju court
derri�re le chien. Blaireau sort de sa cachette, et vient se
planter sur le chemin, les mains sur les hanches. Il regarde Parju
s'�loigner derri�re le chien. Il fait un grand salut de la main,
puis des deux mains. Puis il se croise les mains dans le dos, et
part dans la direction oppos�e de celle que le chien a prise. On
entend les aboiements du chien qui s'�loigne, alors que Blaireau,
lui aussi, s'�loigne sur le chemin... mais dans la direction
oppos�e !
Plan de demi-ensemble d'un arbre, autour duquel tourne le chien.
Parju arrive en courant et tourne, lui aussi, autour de l'arbre.
Apr�s avoir fait un tour complet, il se plante, les mains sur les
hanches, et inspecte la for�t, mais il ne voit plus le chien, qui
est derri�re l'arbre. Le chien aboie. Parju se retourne, et court
apr�s le chien qui s'�loigne en trottinant.
MONTPAILLARD - ENTR�E DE LA VILLE - EXT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� de Blaireau qui se faufile, avec circonspection,
dans une petite ouverture m�nag�e dans un mur. La cam�ra suit
Blaireau, et on d�couvre le panorama de Montpaillard, que nous
avions d�j� vu au d�but du film. Blaireau regarde autour de lui,
ajuste le gibier cach� sous sa veste, et s'�loigne vers le centre
ville.
MONTPAILLARD - FOR�T - EXT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� du chien assis au pied d'un arbre. Il se l�ve et
s'�loigne en trottinant. On voit s'approcher les bottes de Parju.
Panoramique ascendant sur le visage de Parju. Parju s'appuie d'une
main sur l'arbre, enl�ve son k�pi et s'essuie le visage. On voit
le chien qui passe derri�re lui en aboyant. Parju remet son k�pi,
se retourne et court apr�s le chien.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Plan en enfilade d'une rue d�serte, avec le seul Blaireau au
milieu de la rue. N�anmoins, Blaireau inspecte les alentours. Un
panier descend du premier �tage au bout d'une corde. Blaireau fait
un petit signe discret et le panier s'arr�te. Blaireau inspecte
encore une fois la rue, puis sort de sous sa veste, deux pi�ces de
gibier, qu'il met dans le panier. Il fait signe au propri�taire de
remonter le panier, puis sort un papier de sa poche. Le panier
remonte et Blaireau se met en marche dans la rue, venant vers la
cam�ra.
Travelling arri�re pour suivre la marche de Blaireau. Le dos d'un
gendarme entre dans le champ et croise la route de Blaireau. Le
gendarme s'arr�te et regarde Blaireau. Celui-ci s'appuie sur un
mur et prend un air faussement innocent, en affichant un sourire
un peu niais. Le gendarme reprend sa marche, Blaireau la sienne,
mais le gendarme s'arr�te et se tourne vers Blaireau, qui s'arr�te
aussi et regarde le gendarme.
Blaireau s'approche d'une porte sur laquelle est accroch� un pot �
lait. Blaireau sort une petite pi�ce de gibier de sa poche et la
met dans le pot. Puis il tire le cordon de la cloche d'appel,
entr'ouvre la bo�te � lettre encastr�e dans la porte et approche
sa bouche de l'ouverture.
BLAIREAU
C'est Blaireau !
MONTPAILLARD - CHAMPS DE VIGNE - EXT�RIEUR JOUR
Plan d'ensemble d'un champ de vigne. Parju circule entre deux
rangs de vigne, cherchant visiblement quelque chose. Panoramique
descendant sur l'entr�e du champ et sur une bassine pos�e pr�s des
pieds de vigne. Le chien est cach� dans la bassine. Il saute hors
de la bassine et part en courant et en aboyant. Panoramique
vertical sur le champ et Parju courant entre deux rangs de vigne
dans la direction du chien.
MONTPAILLARD - RESTAURANT - EXT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� sur la fen�tre des cuisines. A travers le carreau,
on voit Blaireau qui donne deux li�vres au cuisinier, qui sourit
et pose les li�vres derri�re lui. Puis Blaireau ouvre sa veste et
d�croche deux faisans, qu'il donne aussi au cuisinier. Blaireau
dit quelque chose, que nous n'entendons pas, au cuisinier, puis
fait un signe et sort de la cuisine. Le cuisinier le salue en
levant un faisan vers lui.
Fondu encha�n�.
MONTPAILLARD - CAF� - INT�RIEUR JOUR
Un bistro typique de province. Plan rapproch� sur Blaireau, debout
devant le comptoir. Derri�re lui, deux hommes jouent au billard.
On voit la main du patron qui sert un verre de vin � Blaireau,
qui, d'un geste, l'arr�te lorsqu'il juge le verre assez plein.
BLAIREAU
Hop !
Il prend son verre et commence � boire lentement. Puis son regard
se porte sur quelque chose que nous ne voyons pas.
BLAIREAU
Oh !... Ben te voil�, toi !
Il ricane.
Gros plan sur son chien, qui vient d'entrer dans le caf�, et qui
se couche � c�t� de la porte, visiblement fatigu� par sa course
avec Parju.
BLAIREAU (voix off)
Toujours en train de courir les filles, hein ?
Derri�re le chien, on aper�oit les bottes de Parju
BLAIREAU (voix off)
Oh, Parju !
En sentant la pr�sence du garde derri�re lui, le chien se rel�ve
en grognant.
BLAIREAU (voix off)
Mais laisse-le passer, voyons.
Panoramique ascendant sur Parju. Il remet son k�pi, qu'il tenait �
la main. Il a le visage en sueur, et il est visiblement �puis� par
sa course dans la for�t. Il hoche la t�te
PARJU
Ouais.
Retour sur Blaireau en train de boire son verre de vin en
ricanant. On voit Parju qui entre dans le champ, et s'approche de
Blaireau.
BLAIREAU
Je ne sais pas ce qu'il a en ce moment. Je ne peux plus le
tenir.
On voit la main du patron qui tend � Parju un verre de bi�re bien
mousseuse. Parju prend le verre et se rapproche un peu plus de
Blaireau.
PARJU
Je t'aurai, Blaireau.
Blaireau pointe du doigt la mousse qui d�borde du verre de Parju.
BLAIREAU
Oh !... Regarde, une petite mouche...
Il souffle sur le verre, envoyant la mousse sur la figure de
Parju.
BLAIREAU
Oh, pardon !
Il contourne Parju pour sortir du caf�. De la main, Parju essuie
la mousse qu'il a sur le visage, et s'accoude, l'air d�go�t�, sur
le comptoir.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble de Blaireau marchant dans une rue. On entend
du piano. Blaireau s'arr�te de marcher et regarde autour de lui.
Il siffle la petite ritournelle et son chien lui r�pond de deux
aboiements. Blaireau reprend sa marche, suivi par son chien.
LOGEMENT FL�CHARD - SALON - INT�RIEUR JOUR
Gros plan sur une partition pos�e sur le pupitre d'un piano droit.
En haut de la partition, est inscrit � Arabella �, et en-dessous,
comme indication de tempo, est inscrit � Avec Passion �. Zoom
arri�re, nous permettant de d�couvrir Armand Fl�chard en train de
jouer. Une tasse � caf� et un sandwich baguette sont pos�s sur le
couvercle rabattu du clavier du piano. Fl�chard arr�te de jouer et
soupire. Il fouille dans la poche int�rieure de sa veste, et sort
un papier, qu'il d�plie pour le lire.
ARMAND FL�CHARD
� L'amour me d�vore. Trois fois par semaine, je souffre un
peu moins �...
Il replie le papier
ARMAND FL�CHARD
Ben, c'est idiot...
Il froisse le papier et le jette par terre. Il ramasse le sandwich
sur le piano, et dit, d'une voix tendre :
ARMAND FL�CHARD
Arabella, mon amour.
Puis il mord dans son sandwich.
CH�TEAU DE CHAVILLE - SALLE � MANGER - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� sur Arabella assise � table. Un zoom arri�re permet
de d�couvrir ses parents assis de part et d'autre d'Arabella
devant une table richement dress�e et sur laquelle br�lent m�me
des bougies dans des chandeliers.
ARABELLA DE CHAVILLE
Des nouilles, tous les jeunes gens du pays sont des
nouilles.
L�ON DE CHAVILLE
Tu... tu as refus� le petit Colibert ?
ARABELLA DE CHAVILLE
Une nouille !
COMTESSE DE CHAVILLE
Et le fils des Rissol, qui sort de Polytechnique ?
ARABELLA DE CHAVILLE
Une nouille.
L�ON DE CHAVILLE
Bernard de Montripier, un gar�on...
ARABELLA DE CHAVILLE
Lui ! Un plat de nouilles !
LE COMTE & LA COMTESSE DE CHAVILLE (ensemble)
Oh !...
MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur Ma�tre Guilloche, assis � la table du conseil,
entre deux autres conseillers. Il se l�ve et frappe de la main sur
la table.
MA�TRE GUILLOCHE
Montpaillard manque d'hommes.
Contrechamp sur le maire, assis en face de lui, entre deux autres
conseillers. Lui aussi frappe de la main sur la table et se l�ve.
MONSIEUR DUBENO�T
C'est pour moi que vous dites �a ?
Plan de la salle en enfilade. Un vieux conseiller est assis sous
le buste de Marianne. Guilloche et le maire, qui sont les seuls �
�tre debout, se font face.
MA�TRE GUILLOCHE
C'est pour tout le conseil municipal.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah, nous savons, Ma�tre Guilloche, c'est le genre d'opinion
qui s'�tale dans votre feuille de chou, l'�veil de
Montpaillard.
Il montre bri�vement un exemplaire de l'�veil de Montpaillard,
pos� sur son buvard.
MA�TRE GUILLOCHE
L'�veil de Montpaillard est l'organe de ceux qui ne veulent
plus que leur ville dorme.
Zoom avant sur les deux protagonistes.
MONSIEUR DUBENO�T
C'est surtout l'organe d'un un jeune ambitieux qui veut
faire parler de lui.
MA�TRE GUILLOCHE
Mieux vaut l'ambition que l'incapacit�.
MONSIEUR DUBENO�T
Il ne suffit pas de salir, monsieur, il faut pr�ciser.
MA�TRE GUILLOCHE
Je pr�cise, monsieur.
MONSIEUR DUBENO�T
Je vous �coute, monsieur.
Le zoom s'arr�te en plan am�ricain sur les deux hommes, dont les
visages sont tr�s proches l'un de l'autre
MA�TRE GUILLOCHE
Un mot suffira, monsieur.
MONSIEUR DUBENO�T
Dites-le monsieur.
Guilloche se rapproche encore plus du maire.
MA�TRE GUILLOCHE
Blaireau !
Le maire toussote et d�tourne la t�te
MONSIEUR DUBENO�T
B-b-Blaireau ?
MA�TRE GUILLOCHE
Parfaitement, monsieur.
Les deux hommes parlent en m�me temps, le maire tournant la t�te
de droite et de gauche. Ce qui fait que l'on ne comprend pas tout
ce qu'ils disent
MA�TRE GUILLOCHE (parlant en m�me temps que le maire)
Depuis vingt ans, Blaireau ridiculise... (mots
incompr�hensibles)... la municipalit�
MONSIEUR DUBENO�T (parlant en m�me temps que Guilloche)
Blaireau... (mots incompr�hensibles)... Tout rentrera dans
L'ORDRE
MONSIEUR DUBENO�T
Mais Blaireau se soumettra o� il sera bris�.
Plan plus large de Guilloche, la cam�ra �tant plac� derri�re
Dubeno�t.
MA�TRE GUILLOCHE
En attendant, messieurs, pendant que vous ronflerez sur vos
courtepointes de satin, ce d�vastateur de nos bois...
Dubeno�t s'assoit.
MA�TRE GUILLOCHE
... et de nos rivi�res accumulera ses d�lits impunis.
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - UNE RIVI�RE - EXT�RIEUR JOUR
Plan d'ensemble d'une rivi�re avec une petite cascade
artificielle. Derri�re la cascade, Blaireau, torse nu, en cale�on
blanc, mais toujours le b�ret sur la t�te, attrape un poisson � la
main. Il assomme le poisson, et le d�pose dans un panier �
poissons accroch� derri�re son dos. Puis il se secoue les mains et
�carte d�licatement l'eau de ses deux mains.
Plan moyen de Blaireau en train de p�cher. Il continue � �carter
d�licatement l'eau avec ses mains. Puis il met ses mains en
visi�re au-dessus de ses yeux pour observer ce qu'il se passe sous
l'eau. Ensuite, il plonge doucement une main dans l'eau, fouille
un petit peu, et sort un autre poisson, qu'il assomme et d�pose
dans le panier accroch� derri�re son dos. Il va pour recommencer
l'op�ration, mais avant, il regarde rapidement autour de lui.
Plan de demi-ensemble du bord de la rivi�re. Parju, les mains dans
les poches, marche le long des roseaux. Il s'arr�te et regarde
droit devant lui.
Retour sur Blaireau en train de p�cher. Il vient de plonger la
main dans l'eau, et tire un autre poisson de la rivi�re. Il a un
peu de difficult� � le ma�triser, mais finit par le sortir de
l'eau et � l'assommer.
Retour sur Parju au bord des roseaux. Il retire les mains de ses
poches, et s'approche, � pas mesur�s, du bord de la rivi�re. Il
s'arr�te derri�re un petit arbuste pour observer Blaireau. Il
sourit en se frottant les mains.
Contrechamp sur Parju accroupi qui continue sa progression, cach�
par les roseaux. Il s'assoit par terre, et enl�ve ses bottes et
son baudrier. Mais en posant son baudrier par terre, sa plaque
heurte une pierre.
Retour sur Blaireau en train de p�cher. Il a les deux mains dans
l'eau, mais il l�ve la t�te en entendant le bruit m�tallique de la
plaque.
BLAIREAU
Oh !
Il s'�loigne.
Plan de demi-ensemble de la rivi�re, vu du milieu de la rivi�re.
Parju �carte les roseaux, et p�n�tre dans l'eau. Il fait deux pas,
et regarde autour de lui, surpris de ne plus voir Blaireau. Il
avance vers le milieu de la rivi�re. Il met les mains sur ses
hanches et regarde autour de lui.
Plan en l�g�re contre-plong�e du barrage avec Parju qui marche au-
dessus et le long du barrage. Derri�re Parju, la t�te de Blaireau
sort de l'eau.
BLAIREAU
Parju !
Parju tourne la t�te, mais Blaireau a d�j� replong� sous l'eau.
LA RIVI�RE - VUE SOUS-MARINE - EXT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� de Blaireeau sous l'eau. Il se tient des deux mains
� une grosse pierre. D'une main, il pianote sur la pierre, en
faisant des bulles comme un poisson. Il se gratte l'oreille, puis
recommence � pianoter sur la pierre.
MONTPAILLARD - UNE RIVI�RE - EXT�RIEUR JOUR
M�me plan du barrage. Parju marche le long du barrage en sens
inverse. Blaireau appara�t derri�re lui.
BLAIREAU
Coucou, Parju !
Blaireau replonge sous l'eau. Parju se retourne lentement.
LA RIVI�RE - VUE SOUS-MARINE - EXT�RIEUR JOUR
Plan plus large de Blaireau accroupi au fond de l'eau pr�s de la
pierre. On voit les pieds nus de Parju qui s'approchent de lui.
Lorsqu'ils sont � sa port�e, Blaireau saisit l'un des gros orteils
de Parju et le tord violemment. Parju s'�loigne en sautillant.
PARJU (voix off)
Ouille ! Ouille ! Ouille-ouille-ouille !
MONTPAILLARD - UNE RIVI�RE - EXT�RIEUR JOUR
M�me plan du barrage. Parju sautille dans l'eau.
PARJU
Une couleuvre !
Parju saute par-dessus le barrage, mais il rate son coup et
s'�croule dans la rivi�re
PARJU
A�e !
Blaireau r�-apparait � la surface de l'eau.
BLAIREAU
Ah-ah-ah !
Il rit en faisant des grands gestes de bras, pendant que Parju
s'en va, emport� par le courant.
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - PLACE DU MARCH� - EXT�RIEUR JOUR
Plan g�n�ral en l�g�re plong�e de la place du march�. Ambiance
typique d'un march� de province un jour de beau temps. Les cris
des marchands montent de la place.
VOIX DIVERSES
A la fra�che, � la fra�che, � la fra�che, � la fra�che !...
Mes faux-filets !... Allons, mesdames...
Plan de demi-ensemble d'un groupe de marchandes, align�es devant
leurs cageots, et assises sur une rang�e de bancs, pr�vus pour
elles par la ville. Ce sont certainement des paysannes de la
r�gion venues vendre leurs produits sur le march�. Travelling le
long de la rang�e de marchandes.
BLAIREAU (voix off)
Champipi... champipi... champignons !... Qui qu'en veut,
des champipi... Venez voir mes champipi, mesdames, venez
voir.
Le travelling se termine sur la fin de la rang�e, o� Blaireau est
assis devant un grand panier de champignons.
BLAIREAU
J'ai de la belle girolle ! Qui qu'en veut ?... Qui qu'en
veut, des champipi ?... Des champipi, des champignons !
Une femme d'un certain �ge, assez �l�gante, et portant un petit
panier, s'approche de Blaireau.
BLAIREAU
Ah ! Bonjour madame Baquet. Je vous en mets combien ?
Plan plus rapproch� sur Blaireau et sa cliente.
MADAME BAQUET
Comme d'habitude.
BLAIREAU
Bon.
La cam�ra suit les mains de Blaireau, qui plongent dans le panier.
Puis zoom avant sur le panier, et surtout, l'autre panier, cach�
par le premier, et situ� sous le banc o� est assis Blaireau. Cet
autre panier est un double panier � poissons. Blaireau ouvre les
deux couvercles, et sort des paniers deux beaux poissons, prot�g�s
par des herbes humides. Il les pose dans le panier de la cliente
et les recouvre de champignons.
BLAIREAU
Et voil�.
La cliente d�pose de l'argent dans la main de Blaireau.
BLAIREAU
Merci.
La cam�ra remonte vers le visage de Blaireau.
BLAIREAU
Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut, des champipi, des
champignons ! Voyez mes girolles, mesdames, voyez mes
girolles. Qui qu'en veut, des champipi, des champipi, des
champignons ?
Plan moyen sur Parju qui circule dans les all�es du march�. Il
s'arr�te en reconnaissant la voix de Blaireau.
BLAIREAU (voix off)
Des champipi, des champignons. Qui qu'en veut ? Qui qu'en
veut ?
Parju observe Blaireau, cach� par un auvent de marchand.
Retour sur un plan moyen de Blaireau devant son panier de
champignons.
BLAIREAU
Voyez mes champipi, mes champignons ! Qui qu'en veut ? Qui
qu'en veut ? Qui qu'en veut ?...
Blaireau voit Parju, et lui fait un grand sourire faussement
innocent en croisant les mains.
BLAIREAU
Voyez ma belle girolle, madame. Qui qu'en veut ? Qui qu'en
veut ?
Il tend un champignon � Parju qui se retourne en haussant les
�paules.
BLAIREAU
Qui qu'en veut, qui qu'en veut ?
Il fait signe � une cliente de s'approcher. Tout en continuant �
sortir son boniment, il sert des poissons � la cliente. En premier
plan, Parju, tournant le dos � Blaireau se frotte la joue, l'air
pensif.
BLAIREAU
Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ? Voyez mes champipi. Voyez
mes champipi... Voil� un champignon.
Et il met un poisson dans le panier de la cliente, qui s'�loigne
rapidement. Parju se retourne, mais trop tard !
BLAIREAU
Qui qu'en veut, qui qu'en veut ?
Blaireau marmonne des phrases un peu incompr�hensibles, o� l'on
reconna�t � peine le mot � champignon �. Parju lui tourne autour
en s'�tirant, puis fait mine de s'int�resser � l'�talage voisin de
Blaireau. Une autre cliente s'approche de Blaireau, qui plonge les
mains dans son panier � poissons.
BLAIREAU
Voil� un champipi, voil� un autre champignon.
Parju se retourne, mais encore trop tard. La cliente s'�loigne
rapidement.
BLAIREAU
Qui qu'en veut ?... Qui qu'en veut de la bonne girolle ?
Qui qu'en veut, qui qu'en veut ? Qui veut de la belle
girolle ? Ah, voyez ma belle girolle, mesdames...
Parju s'�loigne de Blaireau.
BLAIREAU
Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ?
Parju se retourne au moment o� arrive une autre cliente. Il s'agit
de L�ontine, la bonne du maire. L�ontine et Blaireau font, tous
les deux, un large sourire � Parju et s'inclinent pour le saluer.
Parju porte la main � son k�pi, puis se retourne.
BLAIREAU
Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ? Voil�...
L�ontine se penche vers le panier de champignons, mais Blaireau
lui donne une tape sur la main. Parju s'�loigne et sort du champ.
L�ontine chuchote � l'oreille de Blaireau.
BLAIREAU
Mes champipi, mes champipi, mes champignons.
Blaireau hoche la t�te.
BLAIREAU
Oui-oui...
Plan moyen sur une boutique de v�tements pour femme. Trois robes
son align�es. Deux des robes sont install�es sur des photos
d�coup�es de femmes grandeur nature, et mont�es sur carton rigide.
Seule la robe centrale est sur un cintre normal. La t�te de Parju
appara�t au-dessus de cette robe.
Contrechamp sur Blaireau qui d�pose des poissons dans le panier de
L�ontine.
BLAIREAU
Et deux, trois, quatre.
Retour sur Parju qui observe la sc�ne avec un grand sourire.
Retour sur Blaireau, qui continue � mettre des poissons dans le
panier de L�ontine.
BLAIREAU
Boum !... Et boum !
Il l�ve les yeux vers Parju.
BLAIREAU
Ah !...
Retour sur Parju, qui hoche la t�te, toujours cach� derri�re la
robe.
Retour sur Blaireau, qui mets des champignons dans le panier de
L�ontine, et lui fait signe de s'�loigner.
BLAIREAU
Les champipi, les champipi...
Retour sur Parju qui sort de la boutique de v�tements. On entend
Blaireau siffler la ritournelle dont il se sert pour appeler son
chien, qui lui r�pond par ses deux aboiements habituels. Parju
marche � travers le march� avec un grand sourire et en astiquant
sa plaque. Il remonte la rang�e de marchandes vers Blaireau.
BLAIREAU (voix off)
Voyez mes champignons, mesdames, voyez mes champipi.
Parju s'arr�te devant Blaireau.
BLAIREAU
Tu veux des champignons, Parju ?
PARJU
Des champignons... z'aquatiques ?
Parju se penche vers le panier de champignon. Blaireau se tourne
vers sa voisine avec une expression d'incompr�hension. Parju pose
son k�pi par terre. Des badauds commencent � se rassembler
derri�re Blaireau. Parju �carte les jambes de Blaireau, qui se
laisse faire. Il se faufile entre les jambes de Blaireau.
Gros plan sur les deux paniers pos�s derri�re Blaireau, et entre
lesquels on voit appara�tre la t�te de Parju. Il pousse les deux
paniers hors de son chemin, et regarde autour de lui.
Retour sur Blaireau, qui tapote sur le dos de Parju, toujours
accroupi entre ses jambes. Parju se redresse.
BLAIREAU
T'as perdu quelque chose, Parju ?
Parju saisit Blaireau par le col et se rel�ve en le soulevant.
PARJU
O� sont les truites ?
Plan de demi-ensemble du groupe de badauds, maintenant
relativement nombreux, et qui se sont rassembl�s autour de
Blaireau et Parju.
BLAIREAU
Les truites ?...
Parju renverse le panier de champignons de Blaireau, puis il
r�cup�re son k�pi, qu'il remet sur sa t�te. Il reprend Blaireau
par le col et crie :
PARJU
Les truites !
BLAIREAU
Mais... mais la p�che est ferm�e, monsieur le garde-
champ�tre.
Parju repousse Blaireau qui retombe assis sur le banc. Puis il
fouille dans le panier de la voisine de Blaireau, et envoie
promener en l'air tous les l�gumes qu'il contenait. Blaireau se
rel�ve.
BLAIREAU
Si tu veux des truites, il faut que tu ailles les...
Il fait signe de tourner le moulin d'une canne � p�che. Parju
continue � vider les paniers de toutes les marchandes de la rang�e
� c�t� de Blaireau. On entend les cris de protestation des
marchandes. Parju ramasse une poule, la met dans les bras de
Blaireau, et s'�loigne d'un pas d�cid�.
Plan moyen sur l'�talage du tripier. Parju �carte les clientes, et
se penche pour regarder sous l'�talage. Ne voyant rien, il fait le
tour de l'�talage. Il se penche et se faufile sous l'�talage,
qu'il fait basculer.
Plan plus �loign�, montrant l'�talage qui bascule et toute la
marchandise qui tombe � terre.
Plan moyen sur Blaireau, qui a toujours la poule dans les bras.
Une cliente s'approche de lui. Blaireau se penche vers elle.
BLAIREAU
Et on appelle �a les repr�sentants de l'ordre, madame !
Plan moyen sur l'�talage du tripier. Parju se redresse, sous l'oeil
assez m�content du tripier. Il montre Blaireau du doigt et crie :
PARJU
Je t'aurai, Blaireau !
Il enjambe l'�talage bris� et s'�loigne
Retour sur Blaireau qui l�ve la poule en l'air, en imitant son
cri. Puis il rend la poule � sa propri�taire. Autour d'eux, tous
les badauds sont hilares. Blaireau se penche et ramasse ses
champignons, qu'il remet dans son panier, tout en chantonnant.
BLAIREAU
La-la-la, la-la, la-la...
Il repose son panier par terre, puis il se rassoit sur le banc. Il
regarde autour de lui, et met sa main en porte-voix. Il siffle la
ritournelle d'appel de son chien, qui lui r�pond de deux
aboiements.
Gros plan des pieds de Blaireau. Entre les jambes de Blaireau, on
voit appara�tre le chien, qui �tait cach� sous un �talage voisin.
Il s'approche de son ma�tre, portant les deux paniers de poissons
sur son dos, un peu � la mani�re d'une selle de cheval, ou d'un
b�t de mulet, chaque panier pendant d'un c�t� de son corps. Au
moment o� il passe sous le banc de Blaireau, celui-ci resserre les
jambes. Le chien se faufile entre les pieds de Blaireau, mais les
paniers de poisson sont d�gag�s par les jambes de Blaireau, et
reprennent leur place sous le banc.
Plan rapproch� de Blaireau. Le chien monte � c�t� de lui sur le
banc, et se redresse sur ses pattes arri�re.
BLAIREAU
Hein, mon chien...
Il lui donne une friandise.
BLAIREAU
Qui qu'en veut, qui qu'en veut, qui qu'en veut, des
champipi, des champignons ?
Il se penche vers son chien, et lui fait un c�lin, tout en le
caressant.
MONTPAILLARD - LIBRAIRIE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen du maire en train de parler � Parju, devant la boutique
du libraire. Le maire semble assez en col�re. Parju penche la
t�te, l'air penaud. Autour d'eux, circulent les clients du march�.
MONSIEUR DUBENO�T
Ainsi, non seulement vous �tes incapable de maintenir
l'ordre, mais vous cr�ez le d�sordre ! Hein ?
Arabella entre dans le champ, se dirigeant vers la librairie.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah ! Ma petite Arabella, comment va monsieur votre papa ?
ARABELLA DE CHAVILLE
�a boume !
MONSIEUR DUBENO�T
Et madame votre maman ?
ARABELLA DE CHAVILLE
Elle boume aussi !
MONSIEUR DUBENO�T
Et bien, parfait, parfait...
Arabella entre chez le libraire et le maire se retourne vers
Parju, et le pousse devant lui.
MONSIEUR DUBENO�T
Allez... Allez... Vous restez l�, plant� comme une
barrique !
Le maire et Parju sortent du champ, et Armand Fl�chard s'approche
de la boutique du libraire.
MONTPAILLARD - LIBRAIRIE - INT�RIEUR JOUR
Plan en enfilade de la libraire, avec l'entr�e dans le fond du
champ. Arabella entre dans la librairie. La libraire se tourne
vers elle.
LA LIBRAIRE
Les S�ries Noires sont l�.
ARABELLA DE CHAVILLE
Je sais, merci.
Arabella s'approche d'une �tag�re sur laquelle sont rang�es les
S�ries Noires. Elle pointe les livres du doigt l'un apr�s l'autre.
ARABELLA DE CHAVILLE
Je l'ai lu !... Je l'ai lu !... Je l'ai lu !... Je l'ai
lu !...
La clochette de la porte d'entr�e retentit et Fl�chard entre dans
la boutique. Arabella prend un livre sur l'�tag�re.
ARABELLA DE CHAVILLE
Tiens ! � Tu peux courir �. Je ne l'ai pas lu, celui-l�.
Elle se dirige vers la caisse et donne le livre � la libraire.
ARABELLA DE CHAVILLE
Attendez, je vais voir les autres.
Elle retourne vers les �tag�res en croisant Fl�chard, qu'elle
semble ignorer.
LA LIBRAIRE
Bonjour, monsieur Fl�chard.
Fl�chard marmonne un � bonjour � un peu incompr�hensible. Arabella
semble seulement s'apercevoir de la pr�sence de Fl�chard et se
tourne vers lui.
ARABELLA DE CHAVILLE
Bonjour, monsieur Fl�chard.
ARMAND FL�CHARD
Bonjour, mademoiselle...
LA LIBRAIRE
Vous d�sirez ?
ARMAND FL�CHARD
� Nous Deux �.
Arabella se tourne vers Fl�chard et le regarde en ricanant.
Fl�chard continue � marmonner.
ARMAND FL�CHARD
H� oui, je sais pas...
La libraire se dirige vers les magazines, et Arabella regarde les
livres dispos�s sur un tourniquet. La libraire s'approche de
l'�talage des magazines, et Fl�chard s'approche subrepticement de
la caisse. Il sort un papier de sa poche et le d�pose �
l'int�rieur du livre choisi par Arabella, puis il s'�loigne. La
libraire se tourne vers lui en �cartant les bras.
LA LIBRAIRE
Plus de � Nous Deux �.
ARMAND FL�CHARD
Ah !...
Arabella prend un livre sur le tourniquet et s'approche de la
caisse.
ARABELLA DE CHAVILLE
� Ne tirez pas sur le pianiste �...
Elle ramasse le livre qu'elle avait d�pos� auparavant.
ARABELLA DE CHAVILLE
� Tu peux courir �... je le prends pas aujourd'hui.
LA LIBRAIRE
Bien.
Elle va remettre le livre sur l'�tag�re.
ARABELLA DE CHAVILLE
Je vous le rends.
Elle revient vers la caisse.
ARABELLA DE CHAVILLE
Je vous dois combien ?
LA LIBRAIRE
Deux cents vingt.
Derri�re elle, Fl�chard prend le livre d�pos� par Arabella et
r�cup�re son petit billet doux. Arabella ouvre son sac � main pour
payer.
ARABELLA DE CHAVILLE
Match est arriv� ?
LA LIBRAIRE
Il est en devanture.
Arabella ferme son sac, et prend son livre, qu'elle feuill�te.
Fl�chard sort de la boutique, suivie par la libraire.
MONTPAILLARD - LIBRAIRIE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur Fl�chard. Il se penche vers les magazines en
devanture. Panoramique descendant sur la main de Fl�chard.
Le panoramique se termine en plan rappropch� sur la main de
Fl�chard glissant son billet doux dans � Paris Match �. Puis on
voit la main de la libraire, qui vient prendre le magazine, et on
suit le magazine qui rentre dans la boutique dans la main de la
libraire. La cam�ra reste point�e au niveau du sol et on voit
tomber par terre le billet doux gliss� dans le magazine. On voit
ensuite les pieds de Fl�chard qui se pr�cipitent. L'un des pieds
se pose sur le billet doux. A ce moment, on voit la robe et les
pieds d'Arabella, qui sort de la librairie.
ARABELLA DE CHAVILLE (voix off)
Au revoir, monsieur Fl�chard. A tout � l'heure pour ma
le�on.
Fl�chard marmonne quelques mots totalement incompr�hensibles, o�
l'on distingue vaguement � bien entendu �. Arabella s'�loigne, et
on voit la main de Fl�chard, qui se penche pour ramasser le
billet, puis ses pieds qui sortent de la boutique
MONTPAILLARD - FLEURISTE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur la boutique de la fleuriste. Sur un tr�teau sont
dispos�s plusieurs vases. Arabella s'approche, et pointe le doigt
vers certaines fleurs.
ARABELLA DE CHAVILLE
Les roses et puis... les immortelles, pour maman.
Zoom avant sur les roses. On voit la main de Fl�chard qui glisse
son billet au milieu des roses.
FONDU ENCHA�N�
CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR JOUR
Gros plan sur le bouquet de roses, qui est maintenant pos� sur un
meuble dans la chambre d'Arabella. On voit la main de Fl�chard qui
fouille dans le bouquet. Panoramique sur le visage de Fl�chard qui
n'a rien trouv� rien et qui soupire. Il marche de long en large
dans la pi�ce vide et regarde sa montre. D'un seul coup, son
regard s'arr�te sur quelque chose qu'il vient d'apercevoir. Il
s'approche du mur, sur lequel plusieurs photos sont punais�es.
Gros plan sur l'une des photos, qui repr�sente un homme torse nu,
tatou� et le cr�ne ras�, et surtout tr�s � baraqu� �. Zoom arri�re
sur Fl�chard qui regarde la photo. Il se retourne, l'air d�pit�.
Il jette un coup d'oeil sur la photo, puis se touche les cheveux.
Il se d�place dans la pi�ce, et passe devant la coiffeuse
d'Arabella. Il se penche sur une photo qui tr�ne sur la coiffeuse.
Plan rapproch� de la coiffeuse. La photo repr�sente un autre
homme, au torse � moiti� nu. Il n'est pas tatou�, celui-l�, et il
a gard� ses cheveux, mais par contre, lui aussi est tr�s
� baraqu� �. On voit le reflet de Fl�chard dans le miroir de la
coiffeuse. Il touche sa chevelure, pour essayer de la faire
ressembler � celle de l'homme de la photo. Son regard parcourt la
coiffeuse, et d�couvre, coinc� sous un petit pot en porcelaine, le
billet qu'il avait auparavant gliss� dans le bouquet de roses.
ARMAND FL�CHARD
Oh, mon billet.
Il le ramasse et le d�plie. Il semble ravi. Il embrasse le billet
et le remet sous le petit pot. A ce moment son regard est attir�
par autre chose.
Plan de demi-ensemble de la chambre. Fl�chard est en contemplation
devant une repr�sentation de statue antique, qui repr�sente un
homme nu et tr�s muscl�, dans une posture �tudi�e. Fl�chard
s'approche de la statue, et essaie de reproduire sa posture. Il ne
voit pas la porte qui s'ouvre derri�re lui, et Arabella qui entre
dans la pi�ce.
ARABELLA DE CHAVILLE
Et bien, Tarzan ?
Fl�chard reprend une pose plus digne. Il bafouille quelques mots
incompr�hensibles, puis se dirige vers le piano
ARMAND FL�CHARD
Travaillons... mademoiselle, travaillons.
Arabella s'assoit sur le banc du piano. Fl�chard d�pose sa sacoche
sur le piano, et s'accoude sur le piano.
ARMAND FL�CHARD
Nous allons attaquer aujourd'hui l'allegretto amoroso.
Arabella commence � jouer. Fl�chard bat la mesure.
ARMAND FL�CHARD
Plus d'intensit�, mademoiselle, plus de passion.
Arabella joue avec le regard un peu vague, dirig� vers le plafond.
ARMAND FL�CHARD
Mais � quoi pensez-vous donc ?
ARABELLA DE CHAVILLE
Oh, � autre chose.
ARMAND FL�CHARD
Mais pensez... oh, je ne sais pas, mais pensez... � l'homme
que vous aimerez.
ARABELLA DE CHAVILLE
Oh, c'est pas pr�t de m'arriver. D'ailleurs, je n'aimerais
jamais qu'un homme d'action, un homme comme moi. Et �
Montpaillard...
Elle ferme le couvercle du clavier d'un coup sec.
ARABELLA DE CHAVILLE
... il n'y a que des nouilles !
Fl�chard se redresse, ramasse sa sacoche et s'�loigne un peu
d'elle.
ARMAND FL�CHARD
Merci beaucoup, mademoiselle. Je suis donc... une nouille.
Il se dirige vers la porte.
ARABELLA DE CHAVILLE
Mais vous �tes de Dijon.
ARMAND FL�CHARD
Oui, enfin, c'est vite dit, �a.
Fl�chard ouvre la porte et sort de la chambre. Arabella reste
assise devant le piano.
ARABELLA DE CHAVILLE
Mais qu'est-ce qu'il y a ?
CHEZ DUBENO�T - SALLE � MANGER - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen de Dubeno�t qui agite une sonnette, assis devant une
table richement dress�e.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah, les femmes !
Zoom arri�re nous permettant de d�couvrir l'ensemble de la table.
Le juge est assis � c�t� de Dubeno�t. En face de Dubeno�t,
monsieur Bluette. Et � c�t� de Bluette, le comte de Chaville.
Dubeno�t verse du vin � ses invit�s. Derri�re eux, L�ontine, la
domestique de Dubeno�t, se dirige vers la table en portant un
plat.
MONSIEUR BLUETTE
Et bien, messieurs, c'est � une femme que je dois mon
entr�e dans la carri�re administrative.
L�ontine pose un plat de truites sur la table.
MONSIEUR DUBENO�T
Oh la la ! Quel lapin, ce Bluette, hein ?
Tout en parlant, les quatre hommes boivent et mangent.
MONSIEUR BLUETTE
Elle jetait l'argent par les fen�tres, et moi, je le
regardais tomber.
L�ON DE CHAVILLE
Que c'est parisien !
MONSIEUR BLUETTE
A cette �poque, j'�tais cousin du ministre...
LE JUGE LERECHIGNEUX
Vous n'�tes plus son cousin ?
MONSIEUR BLUETTE
C'est lui qui n'est plus ministre. Il eut tout juste le
temps de me nommer � Montpaillard. Et �a tombait bien. Oui,
il ne me restait plus qu'� devenir directeur de prison, ou
aller en prison moi-m�me.
Tous les convives �clatent de rire. Dubeno�t se tourne vers ses
invit�s.
MONSIEUR DUBENO�T
Encore une truite ?
Gros plan sur le plat de truites. On voit les mains de Dubeno�t
qui passent les couverts de service au comte.
L�ON DE CHAVILLE (voix off)
Ben, mon Dieu, je me laisserai tenter.
Il se sert. On suit le poisson qui passe du plat dans son
assiette. Puis la cam�ra remonte vers le visage du comte.
L�ON DE CHAVILLE
Oui, je n'ai pas mang� de truite... mais depuis la
fermeture de la p�che, ma foi.
Contrechamp sur Dubeno�t et le juge. Le juge continue � boire
tranquillement, mais Dubeno�t ne semble plus �tre aussi � son
aise. Le juge repose son verre.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Au fait, la p�che n'ouvre que demain ?
Dubeno�t se renverse dans sa chaise. Il semble tr�s en col�re tout
� coup.
MONSIEUR DUBENO�T
L�ontine !
L�ontine s'approche de son patron.
L�ONTINE
Monsieur ?
Dubeno�t lui montre le plat de truites.
MONSIEUR DUBENO�T
Blaireau, naturellement ?
L�ONTINE
Ben, je croyais faire plaisir � monsieur.
MONSIEUR DUBENO�T
Mis�rable, vous n'avez pas honte. Sortez et enlevez �a !
L�ontine ramasse le plat, et l'emporte. Le juge la regarde partir
avec regret.
MONSIEUR DUBENO�T
Oh, �a... Oh !... Oh-oh !... Mais j'y pense, messieurs,
mais nous le tenons, notre lascar. Flagrant d�lit. Quel est
le tarif pour la prison ?
LE JUGE LERECHIGNEUX
Maximum de la peine : six mois.
MONSIEUR DUBENO�T
Seulement. �a, c'est scandaleux, mais �a vaut mieux que
rien. H�-h� ! En cabane, mon gaillard, en cabane. Allez !
LE JUGE LERECHIGNEUX
Six mois pour le braconnier, et trois mois pour les
rec�leurs.
Tout en parlant, Dubeno�t continue � manger... sa truite !
MONSIEUR DUBENO�T
Si y en a, il faut les poursuivre.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Les rec�leurs sont ceux qui mangent les truites de
Blaireau.
Dubeno�t l�che ses couverts dans son assiette, et se met �
tousser, puis � agiter les mains, comme si soudain, il
s'�touffait. Bluette se l�ve pour lui taper dans le dos, imit� par
le juge. On entend un roulement de tambour.
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Gros plan sur une affiche coll�e sur un mur. Il y est inscrit :
� Ville de Montpaillard - A l'occasion de l'ouverture de la p�che
- Grand Concours - Sous le patronage de la Gaule Ind�pendante de
Montpaillard - 1� Prix 5000 francs - 2� Prix 1500 francs - 3� Prix
500 francs - 4� Prix Un superbe Objet d'Art �. On entend toujours
le roulement de tambour.
PARJU (voix off)
Avis !...
Il prononce : � avisse �.
PARJU (voix off)
Demain, � l'occasion de l'ouverture de la p�che...
Panoramique vers la droite, nous permettant de d�couvrir, en plan
moyen, Parju, un tambour en bandouli�re, debout au milieu de la
rue, avec des badauds rassembl�s autour de lui.
PARJU
... organis� par la Gaule Ind�pendante de Montpaillard,
grand concours de...
Pendant qu'il parlait, Blaireau, qui �tait derri�re lui, s'est
approch� de lui. Parju s'arr�te de parler et tourne la t�te vers
lui. Blaireau le regarde avec un petit sourire narquois.
PARJU
... de p�che. Premier prix : cinq milles francs.
Blaireau se tourne vers les autres badauds en faisant � Oh !... �.
PARJU
Deuxi�me prix : quinze cents francs.
Blaireau regarde les autres en ricanant.
PARJU
Troisi�me prix : cinq cents francs. Quatri�me prix : un
superbe objet d'art.
Blaireau tape sur le bras de Parju.
BLAIREAU
H�, Parju, tout petit-petit.
Avec deux doigts, il montre la taille de � l'objet d'art �. Parju
tape sur son tambour et Blaireau s'�loigne pr�cipitamment.
PARJU
On peut encore s'inscrire au caf� Bonino !
Il tape sur son tambour.
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - COIFFEUR - INT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble dans un salon de coiffure pour hommes. Sur
la droite du champ, deux hommes sont assis sur des fauteuils,
l'un, vers le fond, en train de se faire raser, et l'autre, plus
pr�s de la cam�ra, en train de se faire couper les cheveux. Ce
dernier n'est autre qu'Auguste, le tonnelier, que nous avons d�j�
vu au d�but du film.
BLAIREAU (voix off)
H� !
Blaireau entre sur la gauche avec son chien dans les bras.
LE COIFFEUR
Salut, Blaireau.
BLAIREAU
Salut !
Il s'assoit sur l'une des chaises align�es sur le mur de gauche.
AUGUSTE
Bonjour.
LE CLIENT QUI SE FAIT RASER
Et bien moi, demain, j'amorcerai au pain de Chablis.
AUGUSTE
Moi, j'y vais au fouillis dans la vase.
BLAIREAU
Ah ! vous me faites tous rigoler, vous, avec votre
fouillis.
AUGUSTE
Ben quoi, comment je ferais tourner l'eau ?
BLAIREAU
Moi, les concours, je laisse �a aux enfants de choeur.
Le coiffeur vient de terminer Auguste, qui se l�ve. Il tape sur
l'�paule de Blaireau
LE COIFFEUR
A toi, Blaireau !
Blaireau se l�ve, pendant que le coiffeur aide Auguste � se
d�barrasser de sa tunique de protection.
BLAIREAU
Ah-ah, non, c'est pas pour moi, c'est pour mon chien.
Il d�pose le chien sur le fauteuil du coiffeur. Auguste r�cup�re
son chapeau sur un porte-manteau.
BLAIREAU
Alors, bien d�gag� derri�re... et les oreilles, comme
d'habitude. Hein ?
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - LE MAGASIN DE P�CHE - EXT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble du magasin de p�che, devant lequel plusieurs
hommes, dont un gendarme, sont rassembl�s, discutant du concours
du lendemain. Le maire sort du magasin, une canne � p�che � la
main.
MONSIEUR DUBENO�T
Messieurs, bonjour !
Les hommes rassembl�s le saluent en soulevant leurs chapeaux ou
leurs casquettes.
VOIX DIVERSES
Monsieur le maire... Monsieur le maire... Ah, monsieur le
maire.
Le maire s'�loigne du magasin, mais s'arr�te en voyant approcher
Ma�tre Guilloche.
MA�TRE GUILLOCHE
Comment, monsieur le maire, vous faites le concours ?
MONSIEUR DUBENO�T
Sachez, Guilloche, que je ne n�glige jamais une occasion de
me rapprocher de mes administr�s.
MA�TRE GUILLOCHE
Si vous �tiez plus pr�s de vos administr�s, monsieur le
maire, vous n'auriez pas besoin de vous en rapprocher.
Guilloche se dirige vers le magasin, dont la porte est ouverte et
lance, d'une voix forte :
MA�TRE GUILLOCHE
Donnez-moi des hame�ons, du quatre.
Le maire pouffe de rire. Un homme se tourne vers Guilloche en
riant.
L'HOMME
Du quatre ? C'est pour p�cher la baleine ?
Tous les autres hommes �clatent de rire. Guilloche, sur le seuil
du magasin, se retourne, l'air un peu d�pit�.
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - CAF� - INT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble du caf�, vu du fond de la salle. Il y a
beaucoup de monde, surtout des hommes. Au fond, Guilloche discute
avec un client. Au premier plan, assis derri�re une petite table,
Parju prend les inscriptions au concours. A c�t� de lui, sur la
table de billard, les coupes sont expos�es. Parju lit le r�glement
� un homme debout devant lui, le chapeau � la main.
PARJU
Chaque p�cheur a droit � une seule ligne... flottante,
tenue � la main, munie d'un seul hame�on, et mont�e
fixement sur le scion, ou avec caoutchouc roubaisien.
Il souligne plusieurs �l�ments du r�glement en pointant le doigt
vers le candidat.
LE CANDIDAT
Bon.
PARJU
Je t'inscris ?
LE CANDIDAT
Oui.
L'homme s'�loigne. Parju note son nom sur la liste pos�e devant
lui. Guilloche fait signe � l'homme de s'approcher.
MA�TRE GUILLOCHE
Monsieur Chabert.
Plan moyen sur le comptoir. Guilloche a un verre � la main. Autour
de lui, plusieurs hommes ont aussi un verre � la main.
MA�TRE GUILLOCHE
Messieurs... Je bois � la p�che... sport d�mocratique,
symbole de la libert�.. et de l'ind�pendance. Vive la p�che
� la ligne !
Il l�ve son verre, imit� par les autres hommes.
Plan moyen sur une table, autour de laquelle quatre hommes sont
attabl�s : Auguste, le boucher, le patron du restaurant, et un
quatri�me homme, un peu plus �g� que les autres.
LE RESTAURATEUR
L'ann�e derni�re, j'ai tir� sept gardons de fond comme la
main.
Il montre sa main.
LE BOUCHER
Des ablettes !
LE RESTAURATEUR
Non, monsieur, des gardons de fond que c'�tait !
L'homme plus �g�, assis � c�t� du restaurateur, se tourne vers
lui.
L'HOMME �G�
Moi, en treize, j'ai p�ch� une carpe miroir de dix-huit
livres.
Ses compagnons se mettent � rire.
LE RESTAURATEUR
C'est comme le brochet d'Auguste !
Il montre Auguste du doigt. Sans enlever la pipe qu'il a en
bouche, Auguste lui r�pond.
AUGUSTE
Parfaitement ! Un brochet comme �a !
Il �carte ses deux mains, montrant une taille de plus de cinquante
centim�tres. Blaireau, qui �tait assis � une table derri�re lui,
se retourne.
AUGUSTE
Un monstre !
Les autres hommes �clatent de rire. Blaireau sourit.
LE BOUCHER
Comment qu'il �tait, ton brochet ?
Auguste, qui a gard� les mains �cart�s, les �carte m�me l�g�rement
un peu plus.
AUGUSTE
Comme �a !
BLAIREAU
H�...
Sans se lever, il lui rapproche les main, pour arriver � une
dizaine de centim�tres.
BLAIREAU
... comme �a.
Le restaurateur �clate de rire.
AUGUSTE
�a va, Blaireau, c'est facile d'en prendre du poisson quand
la p�che est ferm�e.
Il boit son verre.
LE RESTAURATEUR
A la loyale, t'es pas plus malin que les autres...
BLAIREAU
Ah-ah-ah-ah...
Il se l�ve.
BLAIREAU
A la loyale, je vous y prends tous !
Les quatre hommes protestent.
BLAIREAU
Parju !
Il s'�loigne de la table.
M�me plan de demi-ensemble que pr�c�demment, avec Parju en premier
plan. Blaireau s'approche de Parju.
BLAIREAU
Parju ! Inscris-moi au concours.
Il pose les deux mains sur la table de Parju.
PARJU
Un malfaiteur ? Jamais.
BLAIREAU
Fais attention, Parju, je vais te claquer le beignet.
Parju se l�ve, l'air outr� par cette menace.
PARJU
Des menaces � un repr�sentant de l'autorit� ?
Il le saisit par le col et le secoue. Les deux hommes sont pr�t �
se battre. Guilloche s'approche d'eux, et repousse Parju.
MA�TRE GUILLOCHE
Garde !... Garde, inscrivez Blaireau.
Parju pointe le doigt vers Blaireau.
PARJU
Ce sale...
MA�TRE GUILLOCHE
Au nom de la D�claration des Droits de l'Homme, je vous
somme d'inscrire Blaireau !
Guilloche, tenant fermement le bras de Parju, le force � se
rassoir sur sa chaise, puis il prend Blaireau par les �paules.
BLAIREAU
Bravo !
Tous les clients applaudissent. Guilloche les salue. Parju prend
son porte-plume sous la surveillance de Blaireau. Guilloche se
tourne vers Blaireau et lui serre vigoureusement les mains.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Plan d'ensemble en enfilade d'une rue assez large. En travers de
la rue, une banderole a �t� accroch�e. Il y est inscrit : � La
Gaule Ind�pendante de Montpaillard - Gd Concours de P�che �.
Beaucoup de gens sont mass�s sur les deux trottoirs, regardant
arriver le d�fil�, que l'on voit s'approcher du bout de la rue,
fanfare en t�te. Devant le cort�ge, un homme porte un grand
�tendard, repr�sentant un cavalier et une femme v�tue d'une
tunique vaporeuse. Sous l'image est inscrit : � L'Amicale de
Montpaillard �. Derri�re lui, la fanfare, qui joue une marche
joyeuse. Derri�re la fanfare, au premier rang, de droite � gauche,
le maire, Bluette, Guilloche, un petit gar�on � lunettes et le
juge. Derri�re eux, les autres candidats. Ils portent tous des
cannes � p�che, des �puisette et des paniers � poisson. Beaucoup
d'hommes, mais n�anmoins quelques femmes. Au dernier rang, Armand
Fl�chard. En queue de cort�ge, Parju, et derri�re lui, marchant et
sautillant les mains dans les poches, Blaireau.
Travelling sur Blaireau, qui marche en sautillant le long de la
rue.
Plan rapproch� et travelling arri�re sur la t�te du cort�ge. Le
maire affiche un air tr�s s�rieux. A c�t� de lui, Bluette est plus
souriant.
Panoramique sur les autres hommes du premier rang. Guilloche
affiche un air grave et important. Le petit gar�on � lunettes
regarde le juge, qui affiche, lui aussi, un air grave et s�rieux.
Contrechamp sur la fanfare vue de dos. Puis panoramique sur la
foule mass�e sur le trottoir. La cam�ra s'arr�te sur Arabella et
sa m�re, toutes deux tr�s �l�gamment v�tues de blanc.
Plan rapproch� sur Arabella avec le d�fil� en arri�re-plan.
Arabella salue les p�cheurs. Appara�t Fl�chard, qui s'arr�te de
marcher, tout en continuant � marquer, des pieds, la cadence. Il
enl�ve sa casquette pour saluer Arabella, qui ne semble pas le
remarquer. Parju d�passe Fl�chard. Lorsque Blaireau arrive � la
hauteur de Fl�chard, il s'arr�te, et incite Fl�chard � reprendre
sa place dans le cort�ge. Fl�chard s'ex�cute. Blaireau reste sur
place et sourit � Arabella. Parju arrive en courant, prend
Blaireau par le col de sa veste pour le ramener dans le cort�ge.
Les deux hommes s'�loignent en marchant au pas.
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - UNE LARGE RIVI�RE - EXT�RIEUR JOUR
Plan g�n�ral de la rivi�re o� se d�roule le concours, vue d'un
pont. Sur le pont, donc en premier plan, Guilloche est assis
derri�re une table et pointe les candidats au fur et � mesure
qu'ils arrivent. Parju est debout � c�t� de lui. Un candidat
s'arr�te devant la table et prend le sac en papier que lui tend
Guilloche. Puis il va rejoindre les autres candidats, que l'on
voit install�s tout le long de la berge de la rivi�re. Cette berge
est tr�s d�gag�e, avec seulement quelques arbres dans le fond.
Elle est bord�e par un talus, sur lequel se sont install�s les
spectateurs du concours. Parju sort un papier de son k�pi, pos�
sur la table, et le d�plie.
MA�TRE GUILLOCHE
Cinquante-deux...
PARJU
Prouteau.
Prouteau s'approche et prend son sac.
Plan rapproch� sur Parju et Guilloche.
MA�TRE GUILLOCHE
Cinquante-trois...
Parju affiche un large sourire, en lisant le nom inscrit sur le
papier qu'il vient de tirer au sort.
PARJU
Monsieur Dubeno�t.
Il salue. Le maire approche, portant plusieurs cannes, un filet,
et, en bandouli�re, un petit banc de p�cheur, faisant aussi office
de coffre de rangement du mat�riel.
PARJU
Monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Bonjour.
Guilloche prend un sac en papier sur la table et le tend au maire.
MA�TRE GUILLOCHE
Voil� votre sac en papier, monsieur le maire. Cinquante-
quatre...
Parju prend un autre papier, le d�plie, et ouvre des yeux ahuris.
MA�TRE GUILLOCHE
Et bien, Parju... cinquante-quatre.
Parju montre � Guilloche le nom inscrit sur le papier. Guilloche
sourit.
MA�TRE GUILLOCHE
Blaireau.
Le maire, qui avait commenc� � s'�loigner, se retourne.
MONSIEUR DUBENO�T
Blaireau ? Moi, � c�t� de Blaireau ? Ah, �a jamais alors !
Blaireau s'approche de la table.
MA�TRE GUILLOCHE
Ah-ah, monsieur le maire, le tirage au sort doit �tre
respect�, sinon le concours est annul�.
Il donne son sac � Blaireau, qui le fourre dans la poche de sa
veste, puis s'incline respectueusement devant le maire.
BLAIREAU
Apr�s vous, monsieur le maire.
Ils s'�loignent l'un derri�re l'autre. Guilloche se penche sur sa
liste en ricanant.
Plan moyen sur Auguste, install� � sa place au bord de la rivi�re.
Plusieurs cannes � p�che sont plant�es autour de lui, l'enfermant
dans une sorte de cage. Il dispose des petites bo�tes au pied des
cannes � p�che. Il se rel�ve en voyant arriver le maire, qui passe
devant lui, l'air tr�s digne, suivi de Blaireau, qui s'arr�te
devant Auguste, et se penche sur les bo�tes. Blaireau ricane,
agite la main et s'�loigne.
BLAIREAU
A�e-a�e-a�e-a�e !...
Travelling sur Blaireau, qui passe devant les candidats en train
de pr�parer leur mat�riel. Il les regarde avec curiosit�. Il
s'arr�te devant un candidat, qui a ouvert une grande bo�te en
bois, et en inspecte le contenu. Blaireau se penche sur la bo�te,
que le candidat referme vivement. Blaireau prend un air d�go�t� et
reprend son chemin. Tout en marchant, il sort le sac en papier de
sa poche. Il passe devant le maire, puis s'arr�te � c�t� de lui, �
l'emplacement qui lui a �t� attribu�.
PARJU (parlant en voix off en utilisant un porte-voix)
Chaque poisson p�ch� devra �tre d�pos� dans le sac en
papier.
Blaireau gonfle le sac avec sa bouche, puis le fait exploser en
claquant des mains. Le maire sursaute.
MONSIEUR DUBENO�T
Chut ! Allons, voyons.
Blaireau fait une mimique comique, puis jette le sac par terre. Il
s'�loigne sous l'oeil intrigu� du maire, qui s'assoit sur la
caisse-banc de p�che qu'il a apport�. Blaireau revient portant un
grand baquet en bois, qu'il pose au bord de l'eau. Puis il
s'assoit sur le rebord du baquet et regarde la rivi�re avec
attention.
PARJU (parlant en voix off en utilisant un porte-voix)
Attention ! Attention ! Le concours de p�che va commencer.
Blaireau met ses mains en visi�re pour mieux inspecter la rivi�re.
Plan moyen de Parju et Guilloche sur le pont, vus de dos, et avec
la rivi�re et les p�cheurs en contrebas. Guilloche tient un fusil
et Parju parle dans le porte-voix.
PARJU
Premier coup de fusil, amor�age.
Guilloche tire, ce qui fait sursauter Parju, qui se frotte les
oreilles. En contrebas, on voit les p�cheurs qui jettent leurs
amorces dans l'eau.
MA�TRE GUILLOCHE
Allons, voyons, Parju, allons !
Plan moyen sur deux p�cheurs en train de jeter leurs amorces dans
l'eau, puis travelling sur la rang�e de p�cheurs, chacun jetant sa
pr�paration dans l'eau. On arrive au maire, qui en fait autant.
Blaireau, debout les mains sur les hanches, le regarde en
souriant. Derri�re lui, un p�cheur jette carr�ment un seau entier
dans la rivi�re. Le bruit fait sursauter Blaireau, qui se tourne
vers le p�cheur.
Retour sur Parju et Guilloche, qui observent la sc�ne.
Plan rapproch� sur Blaireau, qui verse quelque chose dans le creux
de sa main, � partir d'un petit sachet en papier. Il replie le
sachet et le remet dans la poche pectorale de sa veste. Puis il
prend une pinc�e de sa myst�rieuse pr�paration et la jette dans la
rivi�re. Il recommence l'op�ration trois fois puis se frotte les
mains l'une contre l'autre.
Retour sur Parju et Guilloche. Parju a repris son porte-voix.
PARJU
Les concurrents devront annoncer, � chaque prise, leur
num�ro � haute voix.
Il tape sur le bras de Guilloche.
PARJU
Deuxi�me coup de fusil, jetez vos lignes.
Plan moyen sur Auguste et, derri�re lui, la rang�e de p�cheurs
align�s le long de la rivi�re. Ils ont tous pris leur canne en
main et ont les yeux riv�s sur le pont.
Retour sur Parju et Guilloche. Guilloche appuie sur la g�chette du
fusil, mais le coup ne part pas. Un � Oh � de protestation s'�l�ve
de la foule des p�cheurs. Parju les calme de la main.
MA�TRE GUILLOCHE
Oh, mais que se passe-t-il alors ?
Guilloche ouvre le fusil et le referme. Il appuie de nouveau sur
la g�chette, mais rien ne se produit. Nouveau � Oh � de
PROTESTATION
MA�TRE GUILLOCHE
Oh, �coutez, Parju, moi, je ne m'en sors pas.
Il donne son fusil � Parju et prend le porte-voix. Parju ouvre le
fusil et le referme.
MA�TRE GUILLOCHE
Excusez ce petit incident. �a vient, �a vient.
Parju prend le fusil par le canon, et tape la crosse par terre. Le
coup part sans pr�venir, faisant voler le k�pi de Parju. Guilloche
sursaute, enl�ve son chapeau, et lance un regard m�content �
Parju. Derri�re eux, en contrebas, on voit les p�cheurs qui
lancent leurs lignes dans la rivi�re.
Retour sur Auguste et les autres p�cheurs align�s derri�re lui.
Toutes les lignes sont dans l'eau et tous les p�cheurs ont le
regard riv� sur leurs bouchons.
Plan moyen sur Blaireau, accroupi au pied d'un arbuste, dont il
coupe une branche. Il se rel�ve, et inspecte la badine, qu'il
vient de couper, et qui mesure environ un m�tre cinquante. Il
ferme un oeil et place la badine horizontalement devant l'autre oeil
pour v�rifier qu'elle est bien droite. Avec son couteau, il
commence � effeuiller la badine, sous l'oeil curieux du p�cheur
voisin.
Contrechamp sur le maire qui, lui aussi, le regarde d'un air
curieux et surpris.
Retour sur Blaireau qui finit d'effeuiller sa badine. Il replie
son couteau et le remet dans sa poche, tout en sifflotant la
m�lodie de � La Truite � de Schubert. D'une poche de sa veste, il
sort une bo�te d'allumettes, et une bobine de fil. Il coince la
bo�te entre ses dents.
Gros plan sur la bobine de fil. Il s'agit de fil de nylon, de fil
de p�che. Les mains de Blaireau en d�roule une bonne longueur.
Puis Blaireau arrache un bouton � la poche pectorale de sa veste
et passe le fil dans un des trous du bouton. On voit appara�tre la
bo�te d'allumettes, que les mains de Blaireau ouvrent et dont
elles sortent une allumette. Puis Blaireau jette la bo�te par
terre, et coince le fil dans le trou du bouton avec l'allumette.
Ensuite, il tire le fil, qui crisse au passage, pour en avoir une
longueur suffisante de l'autre c�t� du bouton.
Retour en plan moyen sur Blaireau, qui tire son fil, et en attache
l'extr�mit� au bout de la badine.
Contrechamp sur le maire, toujours aussi intrigu�.
Retour sur Blaireau, qui enfonce bien l'allumette dans le bouton.
Il coupe un bout de fil avec ses dents et le crache par terre.
Contrechamp sur le maire, un peu choqu�.
Retour sur Blaireau, qui a ressorti son myst�rieux petit sachet,
dans lequel il plonge la main. Il jette un coup d'oeil au maire,
puis se tourne l�g�rement de fa�on � ce que ce dernier ne voit pas
ce qu'il fait.
Contrechamp sur le maire, qui l'observe, puis tourne
ostensiblement la t�te.
Retour en plan plus large sur Blaireau, permettant de voir le
maire en premier plan. Blaireau jette sa ligne dans l'eau. Puis il
tape du pied. Un coup, un temps, puis deux coups successifs.
Gros plan sur la ligne de Blaireau plong�e dans l'eau. Le
� flotteur � improvis� dispara�t sous l'eau.
BLAIREAU (voix off)
Cinquante-quatre !
Plan de demi-ensemble de Blaireau, vu de la rivi�re, avec le maire
� cot� de lui et, derri�re lui, Guilloche qui le regarde. Blaireau
tire un gros poisson de la rivi�re.
MA�TRE GUILLOCHE
Cinquante-quatre !
Blaireau attrape le poisson pour le d�crocher.
Plan en enfilade sur les p�cheurs align�s le long de la rivi�re.
Ils regardent tous vers Blaireau.
BLAIREAU (voix off)
Cinquante-quatre !
Retour sur Blaireau, vu de la rivi�re. Il rejette sa ligne dans
l'eau, puis tape du pied.
Contrechamp montrant Guilloche et Blaireau, vus de dos. Blaireau
tire un autre gros poisson de l'eau.
BLAIREAU
Cinquante-quatre !
MA�TRE GUILLOCHE
Cinquante-quatre !
Blaireau d�croche le poisson et le jette dans le baquet, dans
lequel il a mis de l'eau. Guilloche se penche sur le baquet. Zoom
avant sur le baquet, et les pieds de Blaireau. Blaireau tape �
nouveau par terre.
BLAIREAU
Cinquante-quatre !
Panoramique ascendant sur Blaireau, qui d�croche son gros poisson.
Guilloche sourit et �carte les bras.
MA�TRE GUILLOCHE
Cinquante-quatre !
Contrechamp sur le maire, qui regarde le poisson tomber dans le
baquet. On entend Blaireau taper du pied.
BLAIREAU (voix off)
Cinquante-quatre !
Plan en enfilade sur les p�cheurs, de plus en plus m�contents.
TOUS LES P�CHEURS
Oh !...
UN P�CHEUR
Encore !
Le p�cheur au premier plan jette sa cigarette par terre.
Retour sur Blaireau et Guilloche, avec le maire en arri�re-plan.
Blaireau d�croche son poisson, et le tend � Guilloche qui le jette
dans le baquet
MA�TRE GUILLOCHE
Belle pi�ce !
Plan moyen sur Bluette et Fl�chard, vus de dos. Ils tirent tous
les deux leur ligne en m�me temps. Deux petits poissons sont
accroch�s au bout, mais les lignes sont emm�l�es. Ils annoncent en
choeur leurs num�ros, qui se confondent un peu.
ARMAND FL�CHARD & MONSIEUR BLUETTE (ensemble)
Vingt-six !
Vingt-sept !
MONSIEUR BLUETTE
Attendez... Attendez, attendez, attendes !
Ils rient en essayant de d�m�ler leurs lignes.
BLAIREAU (voix off)
Cinquante-quatre.
Retour sur Guilloche et Blaireau avec le maire en arri�re-plan.
Blaireau jette son dernier gros poisson dans le baquet.
MA�TRE GUILLOCHE
Cinquante-quatre !
Le maire se l�ve lentement de son si�ge, marque un temps, puis
tape du pied par terre. Blaireau tire un autre gros poisson de
l'eau.
BLAIREAU
Cinquante-quatre !
MA�TRE GUILLOCHE
Belle pi�ce !
Le maire se rassoit, d�pit�.
Retour sur Bluette et Fl�chard, qui n'ont toujours pas d�m�l�
leurs lignes. Fl�chard prend l'un des poissons.
ARMAND FL�CHARD
Oh, non, je crois que c'est le mien, celui-l�.
MONSIEUR BLUETTE
Ah non... Ah non, pardon, non, c'est le mien.
Ils �changent leurs poissons.
BLAIREAU (voix off)
Cinquante-quatre !
Plan moyen sur le juge, vu de la rivi�re et assis sur un panier.
Le petit gar�on � lunettes est debout pr�s de lui. Le juge tire un
tout petit poisson de la rivi�re. Il chausse ses lunettes pour
mieux le voir.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Douze !
BLAIREAU (voix off)
Cinquante-quatre !
Pendant que le juge essaie de d�crocher son poisson, le petit
gar�on regarde dans la direction de Blaireau. Le sourire de
satisfaction s'efface du visage du juge, quand, � son tour, il
regarde dans la direction de Blaireau.
Gros plan sur la rivi�re et sur un gros poisson qui sort de l'eau
au bout d'une ligne. La cam�ra suit le poisson et arrive en plan
moyen sur Blaireau et Guilloche.
BLAIREAU
Cinquante-quatre !
Retour sur le juge et le petit gar�on, qui regardent tous les deux
dans la direction de Blaireau d'un air d�pit�. Le juge tient
toujours son petit poisson entre ses doigts. Le juge se tourne
vers le petit gar�on et hoche la t�te.
Gros plan sur le baquet, qui est maintenant plein de gros
poissons. Le dernier poisson tombe dans l'eau avec les autres.
BLAIREAU (voix off)
Cinquante-quatre !
Plan moyen sur le maire qui regarde le baquet.
Retour sur le baquet, et le pied de Blaireau, qui tape par terre.
BLAIREAU (voix off)
Cinquante-quatre !
Le poisson rejoint ses cong�n�res.
Plan de demi-ensemble sur le groupe form� par Blaireau, Guilloche,
le maire, et un autre spectateur, vus de la rivi�re. Le maire tire
un poisson de belle taille hors de l'eau et se l�ve.
MONSIEUR DUBENO�T
Cinquante-trois !
Guilloche et l'autre homme regardent le maire en souriant. Mais
Blaireau reste concentr� sur la rivi�re.
MA�TRE GUILLOCHE
Ah !...
Plan en enfilade sur les p�cheurs, qui ont un air de plus en plus
d�pit�.
Retour sur le plan pr�c�dent. Dubeno�t exhibe son poisson.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah ! et il est beau !
Le poisson lui �chappe des mains et retombe dans la rivi�re.
Guilloche et l'autre homme �clatent de rire. Blaireau se penche
pour tirer le poisson hors de l'eau.
BLAIREAU
Attention !... Et le revoil� !
MA�TRE GUILLOCHE
Cinquante-quatre !
Guilloche note la prise sur son carnet.
Fondu au noir
MONTPAILLARD - UN B�TIMENT ADMINISTRATIF - EXT�RIEUR JOUR
Gros plan sur un article de l'�veil de Montpaillard. Le titre
annonce � Blaireau Vainqueur �, et en-dessous, une photo
repr�sentant un groupe de p�cheur avec, devant eux, accroch�s �
une corde, toutes les prises de Blaireau. Sur la photo, au milieu
d'autres personnes inconnues, on reconna�t Blaireau, bien entendu,
le maire et Parju.
Plan moyen du juge et de Bluette, qui regardent le journal, qu'ils
tiennent chacun � la main. Derri�re le juge, un gendarme lit par-
dessus son �paule. Ils sont devant un b�timent d'aspect officiel.
Ils rient en lisant.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Et ben !
Guilloche sort du b�timent.
MA�TRE GUILLOCHE
Bonjour, messieurs !
LE JUGE LERECHIGNEUX
Dites-moi, Ma�tre Guilloche, c'est une bonne blague que
vous faites au maire.
MA�TRE GUILLOCHE
Messieurs, ce n'est pas une blague, c'est de l'information.
Il tapote sur le journal que tient le juge.
MONTPAILLARD - ENTR�E DE LA VILLE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen de quatre hommes, assis sur le parapet qui surplombe la
ville. Deux tiennent le journal en main et tous rient � gorge
d�ploy�e.
MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� du maire qui lit le journal dans un coin de la
salle.
MONSIEUR DUBENO�T
Bougre de sabre de bois de saperlipopette de bon Dieu de
bois !
Il plie le journal, le pose sur la table et tape dessus du plat de
la main. Il se dirige vers la porte et croise Parju qui entre.
PARJU
Je le tiens !
MONSIEUR DUBENO�T
Qui ?
PARJU
Blaireau !
MONSIEUR DUBENO�T
Non ?
PARJU
Oui !
MONSIEUR DUBENO�T
O� est-il ?
PARJU
Dans la pi�ce � c�t�.
MONSIEUR DUBENO�T
Allons-y !
Parju sort pr�cipitamment de la salle, suivi par le maire.
MAIRIE - UN BUREAU - INT�RIEUR JOUR
Un bureau voisin de la salle du conseil.
Plan moyen du maire qui entre pr�cipitamment, et passe devant un
Parju souriant. Le maire regarde autour de lui, et, ne voyant
rien, lance un regard furieux � Parju
MONSIEUR DUBENO�T
Vous vous foutez de moi, Parju.
PARJU
Non, je le tiens.
MONSIEUR DUBENO�T
Mais comment �a ?
Parju pointe quelque chose par terre.
PARJU
Gr�ce au chien, il va me mener � Blaireau.
La cam�ra descend au niveau du sol, et nous d�couvrons le chien de
Blaireau, attach� � un fauteuil par une corde.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
Chien ou pas chien, fourrez-moi ce Blaireau sous les
verrous !
Le chien aboie.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
C'est une question d'honneur pour moi, comprenez ?
Ex�cution ! Au trot !
LOGEMENT FL�CHARD - SALON - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen d'Arabella en train de jouer sur le piano de Fl�chard,
avec Fl�chard debout � c�t� d'elle.
ARMAND FL�CHARD
Au galop, mademoiselle, au galop !
Fl�chard semble tr�s �nerv�, et il marche de long en large dans la
pi�ce. Arabella essaie de suivre le rythme impos� par Fl�chard et
fait une fausse note. Fl�chard se retourne. Il semble de plus en
plus �nerv�.
ARMAND FL�CHARD
Non ! Non ! Non ! Je ne veux plus vous entendre, hein !
ARABELLA DE CHAVILLE
Monsieur Fl�chard, comme vous me traitez durement.
ARMAND FL�CHARD
Oh, et tant pis.
ARABELLA DE CHAVILLE
Tant mieux. J'aime quand vous �tes m�chant avec moi.
ARMAND FL�CHARD
Oh !
ARABELLA DE CHAVILLE
Vous �tes un homme, vous.
ARMAND FL�CHARD
Non, je suis une nouille !
Il la force � se lever et la pousse vers la porte.
ARMAND FL�CHARD
Vous �tes une nouille, et nous sommes tous des nouilles !
Il ramasse le sac � main d'Arabella sur un meuble et le lui donne.
ARMAND FL�CHARD
Allez vous-en... l� !
ARABELLA DE CHAVILLE
Oh !... Je vais le dire � maman.
Il ouvre la porte et la pousse dehors.
ARMAND FL�CHARD
C'est �a, � votre maman, voil�.
Il claque la porte derri�re elle.
ARMAND FL�CHARD
Bon...
Il s'assoit sur le tabouret du piano.
ARMAND FL�CHARD
Arabella, tu veux de l'action ? Je vais t'en donner, moi.
Il prend une feuille de papier sur le dessus du piano. Il commence
� �crire. Zoom avant sur Fl�chard.
ARMAND FL�CHARD
� Mademoiselle... le d�sesp�r� qui vous aime... dans
l'ombre... vous attendra ce soir � minuit... � c�t�...
euh... du pressoir. � Sign� : � Le ver de terre amoureux
d'une �toile �.
Il semble satisfait de sa formule.
MONTPAILLARD - UN �TANG - EXT�RIEUR JOUR
Plan g�n�ral d'un �tang de belle taille dans la for�t de
Montpaillard. On entend Blaireau qui siffle la ritournelle d'appel
de son chien. Il appara�t en premier plan au bord de l'�tang.
BLAIREAU
Fous-le-camp ! Viens ici, son chien !
Il regarde autour de lui avec inqui�tude.
BLAIREAU
Viens ici, son chien ! Fous-le-camp ! Fous-le-camp !...
On entend aboyer au loin. Blaireau tourne la t�te et semble
surpris par ce qu'il voit.
Contrechamp et plan de demi-ensemble sur la for�t. Parju roule �
bicyclette sur un chemin, avec le chien de Blaireau attach� au
guidon, et qui le guide.
Zoom avant sur Parju qui vient de s'arr�ter et descend de v�lo. Il
d�tache le chien.
Retour sur Blaireau au bord de l'�tang
BLAIREAU
Oh !... Bougre de gros cochon. Tu vas me le payer...
cher... mais cher...
Il part en courant.
Retour sur Parju.
PARJU
Allez... allez, cherche !
Il laisse tomber son v�lo, et se laisse guider par le chien, qu'il
tient en laisse.
Plan en enfilade sur le chemin. Travelling arri�re sur Parju, qui
vient vers nous, guid� par le chien.
PARJU
Cherche !
Zoom avant sur le chien, qui fouille dans un fourr� au bord du
chemin.
PARJU
Oh !...
Le chien vient de trouver un li�vre dans un pi�ge.
PARJU
Flagrant d�lit !
Parju s'agenouille � c�t� du chien pour ramasser le li�vre.
PARJU
Je le tiens.
Il donne le li�vre au chien, qui le prend dans sa gueule, et part
sur le chemin, suivi en laisse par Parju.
PARJU
Porte � ton ma�tre.
Plan de demi-ensemble de Blaireau en train de bricoler quelque
chose au fond d'une barque au bord de l'�tang. Une autre barque
est amarr�e � c�t� de la premi�re. On entend la voix de Parju au
loin.
PARJU (voix off)
O� il est, Blaireau ?
Blaireau saute dans la deuxi�me barque.
PARJU (voix off)
O� il est, Blaireau ?
Blaireau s'�loigne de la rive en poussant la barque avec une
perche.
PARJU (voix off)
O� il est, Blaireau ? Allons, mon petit chien...
Contrechamp et plan de demi-ensemble sur les sous-bois qui bordent
l'�tang. Parju sort du sous-bois avec le chien en laisse, et qui
tient toujours le li�vre dans sa gueule.
PARJU
Allez, allez, porte-lui... porte-lui le beau lapin.
Panoramique sur Parju, qui arrive au bord de l'�tang.
PARJU
Porte-lui... Porte-lui... Ah ! Le voil� !
Il vient d'apercevoir Blaireau allong� dans sa barque au milieu de
l'�tang.
Zoom avant rapide sur Blaireau allong� dans sa barque. La barque
est encha�n�e � un piquet plant� dans l'�tang. Le zoom s'arr�te
sur le visage de Blaireau, qui ouvre discr�tement un oeil pour
observer Parju. Il ricane.
Contrechamp sur le bord de l'�tang. Parju porte le chien sous un
bras, et le li�vre dans l'autre main. Il patauge jusqu'� la
barque.
PARJU
Flagrant d�lit ! Je vais te prendre en flagrant d�lit.
Il pose le chien et le li�vre dans la barque et y monte lui-m�me.
Contrechamp et gros plan sur le visage de Blaireau, qui ouvre
discr�tement un oeil.
BLAIREAU
Attends un peu, mon cochon, attends un peu.
Il ricane.
Gros plan sur le visage de Parju, qui sourit. La cam�ra se d�place
derri�re Parju, et nous montre, en gros plan, le fond de la
barque, o� le bouchon a �t� enlev� de l'orifice de vidange, puis
remis en place, mais � peine enfonc�. Le poids de Parju et le
mouvement de la barque font sauter le bouchon. L'eau commence �
entrer dans la barque en bouillonnant, et monte rapidement.
Plan moyen sur Blaireau toujours allong� dans sa barque.
Plan moyen sur Parju qui continue � ramer, alors que sa barque est
maintenant presque remplie d'eau. Le chien monte sur la plage
avant de la barque, et regarde devant lui.
PARJU
Je le tiens ! H� h� ! Je le tiens !
Parju s'aper�oit seulement alors que sa barque est en train de
couler. Il pose ses rames.
PARJU
Oh ! Oh ! Oh non... Oh !...
Plan moyen sur Blaireau qui se rel�ve dans sa barque, et qui
�clate de rire. Il se met debout dans la barque et se tape sur les
cuisses.
BLAIREAU
Allez, allez, allez, viens ici, mon toutou, viens ici !...
Plan moyen sur la barque de Parju, qui a presque totalement
sombr�. Le chien saute dans l'eau et nage vers Blaireau.
PARJU
Je t'aurai, Blaireau, je t'aurai !
Plan moyen sur Blaireau qui r�cup�re son chien dans l'eau et qui
continue � rire. Le chien aboie.
Retour sur Parju, qui a de l'eau au-dessus de la ceinture, et qui
continue � sombrer.
Retour sur Blaireau, qui fait un grand signe de la main � Parju,
puis le salue militairement
BLAIREAU
Et voil� !
Retour sur Parju qui sombre compl�tement sous l'eau.
Plan plus �loign� montrant les deux barques, Blaireau debout dans
la sienne avec sa perche en main, et Parju, qui vient de
r�appara�tre � la surface, son k�pi � la main.
BLAIREAU
Allez ! A la revoyure, Parju !
Il commence � pousser sa barque vers la rive.
PARJU
Je t'aurai, Blaireau !
BLAIREAU
A la revoyure, Parju !
Parju commence � nager vers la rive en tenant son k�pi. Blaireau
continue � rire.
FONDU ENCHA�N�
Plan moyen d'une clairi�re pr�s de l'�tang. Les v�tements de Parju
sont �tendus sur des branches pour s�cher. Panoramique sur Parju,
en maillot de corps et cale�on. Il presse ses v�tements pour les
essorer. Il sautille et se frotte les mains, car il n'a pas tr�s
chaud.
Gros plan sur les pieds nus de Parju qui sautille. Il se plante
une �charde dans un pied.
PARJU (voix off)
Ouille ! Ouille ! Ouille !
Gros plan sur le pantalon de Parju en train de s�cher sur la
branche. Il s'�l�ve lentement dans les airs accroch� � une ligne
de p�che. La cam�ra suit l'ascension du pantalon jusqu'� une
fourche de l'arbre, sur laquelle Blaireau est assis, une canne �
p�che rudimentaire � la main. Il attrape le pantalon, le d�croche
et le d�pose sur une branche voisine. Puis il fait redescendre sa
ligne.
Gros plan sur le visage de Blaireau, concentr� sur ce qu'il est en
train de faire. Il serre les l�vres sous l'effort.
Retour sur le plan moyen du haut de l'arbre, vu en l�g�re contre-
plong�e. Blaireau vient de � p�cher � la vareuse de Parju. Il la
d�croche et la pose sur la branche. Puis il renvoie sa ligne. Il
donne de petits a-coups � la ligne pour qu'elle s'accroche. Et il
remonte les bottes de Parju.
Plan rapproch� sur Parju, qui continue � sautiller en se soufflant
sur les mains. Il s'approche de sa chemise, et en essore la
manche. Il se retourne et �ternue. Au m�me moment, la chemise part
dans les airs. Parju se retourne de nouveau et est surpris de ne
plus voir sa chemise.
PARJU
Mais...
Il fait quelques pas dans la clairi�re, et s'aper�oit que tous ses
v�tements ont disparu.
PARJU
Blaireau !
Rapide plan en contre-plong�e sur l'arbre. On voit la t�te de
Blaireau appara�tre derri�re le gros tronc de l'arbre. En
entendant son nom, Blaireau se cache derri�re le tronc.
Retour sur Parju au milieu de la clairi�re.
PARJU
Blaireau ! Blaireau !
Plan g�n�ral de l'�tang, sur lequel le soir commence � tomber.
PARJU (voix off)
Sois pas vache !
L'�cho r�p�te : � Sois pas vache... pas vache �.
Fondu au noir.
MONTPAILLARD - PLACE DE L'�GLISE - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen, en l�g�re contre-plong�e, d'une partie de la fa�ade de
l'�glise. L'horloge indique onze heures et demi, et la cloche
sonne la demie.
Plan moyen, en l�g�re plong�e, d'un angle de la place. Sur une
fa�ade �clair�e par un lampadaire, l'ombre de Parju appara�t.
D'abord la t�te avec le k�pi, puis le reste du corps. Autour de sa
taille, on voit l'ombre d'une sorte de � tutu �. L'ombre inspecte
les alentours, puis avance prudemment.
Plan moyen, vu au niveau de la rue, de la projection de l'ombre
sur le mur. L'ombre avance prudemment et atteint un petit escalier
qui descend vers la place. Le maire descend l'escalier. Il
s'arr�te net sur la derni�re marche.
MONSIEUR DUBENO�T
Parju !...
Parju salue le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Mais qu'est-ce que c'est que cette tenue ?
PARJU
Blaireau, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Bon sang de sacr� nom d'un chien !
Parju met son doigt. sur ses l�vres.
PARJU
Chut !
VOIX D'HOMME (voix off)
�a alors, on peut pas dormir !
Plan en contre-plong�e sur les fen�tres du premier �tage de la
maison voisine. Des lumi�res s'allument, et un volet s'ouvre sur
une fen�tre. La silhouette d'un homme appara�t.
VOIX DE FEMME (voix off)
Mais qu'est-ce que c'est que ce raffut ?
L'HOMME � LA FEN�TRE
Cessez ce raffut, quoi !
Plan rapproch� sur le maire, qui met un doigt sur ses l�vres.
L'ombre de Parju, elle aussi avec un doigt sur les l�vres, se
rapproche du maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Chut !
On voit - enfin - Parju appara�tre en vrai � c�t� du maire. Il est
en maillot de corps, mais il porte son k�pi et son baudrier avec
sa plaque. Les deux hommes montent quelques marches de l'escalier,
et on d�couvre que Parju porte, autour de la taille, une sorte de
pagne de branchages feuillus accroch�s � sa ceinture. Les deux
hommes chuchotent. Parju secoue les mains.
PARJU
Oh, je l'ai rat� de peu, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Allez vous rhabiller, Parju ! Ouvrez l'oeil. Faites des
rondes, Parju, faites des rondes de jour, faites des rondes
de nuit... de nuit surtout.
PARJU
Je vais commencer par en faire une tout de suite.
MONSIEUR DUBENO�T
Et ne reparaissez devant moi qu'avec Blaireau menottes aux
mains. Compris ?
PARJU
Oui, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Allez, rompez !
Comme il vient d'�lever la voix sur la derni�re r�plique, il porte
un doigt � ses l�vres.
MONSIEUR DUBENO�T
Chut !
Fondu encha�n� sur la fa�ade de l'�glise, dont l'horloge marque
maintenant minuit. On entend la cloche sonner l'heure.
Plan de demi-ensemble sur une maison. Une vol�e de cinq ou six
marches permet d'acc�der � l'entr�e de la maison. Parju descend
les marches en r�-ajustant son k�pi, pendant que la cloche de
l'�glise continue � sonner l'heure.
CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR NUIT
Plan moyen sur le lit d'Arabella. Le lit est ouvert, et Arabella
est assise dessus, en chemise de nuit. Elle lit une lettre. On
entend sonner la cloche de l'�glise.
ARABELLA DE CHAVILLE
� A minuit � c�t� du pressoir... �
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen sur Armand Fl�chard qui sort de son immeuble. Il
regarde rapidement autour de lui, ferme la porte, et se met �
marcher rapidement dans la rue.
CH�TEAU DE CHAVILLE - GRILLE D'ENTR�E - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen de l'entr�e de la propri�t�, vue de l'ext�rieur. Parju
passe devant la grille, les mains coinc�es dans son ceinturon.
CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR NUIT
M�me plan d'Arabella sur son lit. Elle semble songeuse. Elle pose
la lettre sur le lit.
ARABELLA DE CHAVILLE
On verra bien.
Elle ramasse sa robe de chambre et l'enfile.
CH�TEAU DE CHAVILLE - GRILLE D'ENTR�E - EXT�RIEUR NUIT
M�me plan de la grille d'entr�e. Fl�chard s'approche lentement de
la grille, puis passe devant.
CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen des jardins. Arabella marche dans le jardin en robe de
chambre. Derri�re elle, la pr�sence de deux tonneaux sugg�re que
l'on doit �tre pr�s du pressoir. Arabella s'arr�te et regarde
autour d'elle.
CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen sur le mur d'enceinte de la propri�t�, vu de
l'ext�rieur. Fl�chard est en train de l'escalader. Il se r�tablit
debout sur le sommet du mur, puis il saute de l'autre c�t�. Bruit
de verre bris�.
CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR NUIT
Plan de demi-ensemble d'une rang�e de ch�ssis vitr�s align�s le
long du mur. Fl�chard vient d'atterrir dans l'un d'eux ! Il
pi�tine dedans, en �mettant un bruit de verre bris�.
Plan rapproch� d'Arabella, � moiti� cach� par des branchages. Elle
a entendu le bruit, et elle semble l�g�rement inqui�te.
CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen de Parju qui marche le long du mur. Lui aussi a d�
entendre quelque chose, car il s'arr�te de marcher.
Retour sur Fl�chard, toujours debout, les pieds dans le ch�ssis
bris�. On entend un chien aboyer. Fl�chard se retourne, cassant le
ch�ssis voisin.
Retour sur Arabella, la bouche ouverte, de plus en plus inqui�te.
Elle se sauve vers la maison.
CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT
Retour sur Parju, qui �coute attentivement. On entend toujours le
chien aboyer.
CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT
Retour sur Fl�chard, qui escalade les treillages fix�s au mur pour
permettre aux plantes d'y grimper.
CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT
Contrechamp du mur vu de l'ext�rieur. Fl�chard appara�t au sommet
du mur, et se r�tablit debout dessus, puis il saute de l'autre
c�t�. Il dispara�t dans la p�nombre. Parju arrive en courant.
PARJU
Ah, je te tiens... !
Il se pr�cipite sur Fl�chard, que l'on ne voit plus dans la
p�nombre. On ne voit plus rien, mais on entend des bruits de
bagarre, puis des geignements. Fl�chard appara�t dans la lumi�re,
tenant quelque chose de brillant � la main. Il se sauve. On entend
Parju continuer � g�mir, puis on le voit appara�tre en titubant.
Plan rapproch� de Parju. Il a un oeil au beurre noir. Il porte la
main � sa poitrine, et baisse les yeux.
PARJU
Ma plaque !
Fondu au noir.
MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� sur le maire, debout devant le buste de Marianne.
MONSIEUR DUBENO�T
Monsieur Parju, un garde-champ�tre qui perd sa plaque,
c'est comme un r�giment auquel on ravit son drapeau.
L�ger zoom arri�re et panoramique, permettant de d�couvrir Parju,
assis sur une chaise, l'air abattu, et avec un beau cocard !
PARJU
Oui, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Coffrez-moi Blaireau au plus vite.
PARJU
C'�tait dans le noir, je pourrais pas jurer que c'�tait
lui.
MONSIEUR DUBENO�T
Y a que Blaireau qui a pu faire le coup.
PARJU
Mais je vous dis...
Le maire s'�nerve.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah !... Suis-je le maire de Montpaillard... ou si c'est
vous, Parju ?
Parju pointe le doigt sur le maire.
PARJU
C'est vous qui �tes le maire, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Alors, je me charge du reste.
Il se retourne et tourne la manivelle du t�l�phone pos� sur la
table, puis il d�croche le combin�.
MONSIEUR DUBENO�T
Allo ! Pr�venez la pr�fecture. Qu'on m'envoie du renfort.
Il raccroche.
MONTPAILLARD - CIEL - EXT�RIEUR JOUR
Plan du ciel au-dessus de Montpaillard. Quatre avions de chasse
traversent le ciel, et s'�loignent.
Autre plan, montrant quatre autres avions de chasse, qui
s'�loignent eux aussi.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur le boucher, assis sur sa bicyclette, et autour de
lui, un homme et deux enfants, dont le petit gar�on � lunettes qui
accompagnait le juge au concours de p�che. Ils regardent tous en
l'air, pour suivre l'�volution des avions. Apr�s le passage des
avions, l'homme met la mains sur l'�paule du boucher.
L'HOMME
Qu'est-ce qui se passe ?
LE BOUCHER
Ben, y para�t qu'on va arr�ter Blaireau.
L'HOMME
Oh ben, y va passer un fichu quart d'heure.
Ils l�vent de nouveau la t�te car on entend d'autres avions passer
dans le ciel.
MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen du maire debout sur le perron de la mairie. Il a coiff�
un b�ret. En contrebas des marches du perron, on voit les t�tes et
les �paules de trois gendarmes. Tous regardent vers le ciel, o� on
entend passer d'autres avions.
MONSIEUR DUBENO�T
Ils font bien les choses � la pr�fecture.
Il hausse les �paules en faisant une petite moue dubitative.
MONSIEUR DUBENO�T
Mais enfin, tout de m�me...
Parju escalade rapidement les marches qui m�nent au perron. Il
tape sur le bras du maire, et lui d�signe quelque chose dans la
rue.
PARJU
Voil� les renforts, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah !
Plan d'ensemble de la rue qui d�bouche sur la place. On voit
arriver un groupe de gendarmes � bicyclette. La cam�ra suit la
progression des gendarmes, qui s'arr�tent devant la mairie. Le
responsable du d�tachement, qui porte les insignes de mar�chal-
des-logis-chef (ou sergent-chef), descend de v�lo et l�ve le bras.
SERGENT-CHEF DE GENDARMERIE
Section... halte !
Le maire vient vers eux, suivi de Parju.
MONSIEUR DUBENO�T
Dites-moi, ils sont avec vous, l� ?
Du doigt, il montre le ciel.
SERGENT-CHEF DE GENDARMERIE
Non, monsieur le maire, c'est les grandes manoeuvres.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah, c'est les grandes manoeuvres...
Il se tourne vers Parju.
MONSIEUR DUBENO�T
... oui, je me disais aussi.
Le maire se recule de deux pas, et se met au garde-�-vous face au
d�tachement.
MONSIEUR DUBENO�T
Messieurs...
Tous les gendarmes et Parju se mettent au garde-�-vous.
MONSIEUR DUBENO�T
... nous attaquerons � onze heures douze, heure locale.
Il se retourne, imit� par Parju.
MONSIEUR DUBENO�T
Allez, en avant !
Il part en marchant au pas, imit� par Parju, qui marche � son
c�t�. Il sortent du champ par la gauche.
SERGENT-CHEF DE GENDARMERIE
En... selle !
Tous les gendarmes enfourchent leurs v�los, et se mettent en route
dans la direction prise par le maire.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur Armand Fl�chard, qui sort de chez lui. Il s'avance
au milieu de la rue, et voit, au bout de la rue, arriver la
section de gendarmes � bicyclette. Il d�tourne la t�te et se
frotte nerveusement les mains.
ARMAND FL�CHARD
Oh la la !
Il se pr�cipite sur sa porte d'entr�e, l'ouvre et rentre chez lui.
CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur la comtesse de Chaville, en robe de chambre, qui
entre pr�cipitamment dans la chambre de sa fille. En premier plan,
le dos d'un fauteuil.
COMTESSE DE CHAVILLE
Oh, ma petite ch�rie, tu sais quoi ? Cette nuit, Blaireau a
p�n�tr� dans la propri�t�, il a cass� les ch�ssis et
assomm� le garde-champ�tre.
Elle ressort aussi pr�cipitamment qu'elle �tait entr�e. Arabella,
qui �tait assise dans le fauteuil, se tourne vers la cam�ra.
ARABELLA DE CHAVILLE
Oh !... C'�tait Blaireau !
MONTPAILLARD - UN �TANG - EXT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble de Blaireau guidant sa barque vers un
ponton, au-dessus duquel s�chent des filets de p�che. Il l'amarre,
puis se l�ve, et monte sur le ponton. Zoom arri�re, permettant de
d�couvrir, en premier plan, Parju cach� derri�re un arbre, et qui
observe Blaireau. Le zoom arri�re se poursuit, permettant de
d�couvrir le maire cach� derri�re un autre arbre. Le maire se
tourne vers Parju et chuchote :
MONSIEUR DUBENO�T
Parju... Tout est en place ?
PARJU
Oui, monsieur le...
MONSIEUR DUBENO�T
Parfait. Chut !
Au loin, on voit Blaireau qui remet quelque chose en place �
l'extr�mit� terrestre du ponton, puis se dirige vers sa cabane. Le
panoramique, qui suit Blaireau, permet de d�couvrir des gendarmes
cach�s derri�re les arbres. En arri�re plan, on voit Blaireau qui,
arriv� � la porte de sa cabane, se retourne pour ranger quelque
chose. Les gendarmes, qui l'observaient, se re-cachent derri�re
leurs arbres. Blaireau, qui �tait pr�t d'ouvrir sa porte, se
retourne de nouveau, pour jeter quelque chose qui se trouvait dans
un grand panier � c�t� de la porte. M�me jeu de sc�ne des
gendarmes. Blaireau est pr�t d'ouvrir sa porte, mais il se
retourne de nouveau pour siffler la ritournelle d'appel de son
chien. M�me jeu de sc�ne des gendarmes. Aucun aboiement ne r�pond
� son sifflet. Blaireau ouvre la porte de sa cabane, et entre �
l'int�rieur.
CABANE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen de Blaireau qui, en chantonnant, ouvre une porte de son
armoire � double porte. Il en sort un moulin � caf�, et se penche
pour ramasser quelque chose qu'il a fait tomber. Alors qu'il est
pench�, la t�te d'un gendarme appara�t derri�re l'autre porte de
l'armoire. Blaireau se rel�ve et le gendarme dispara�t. Il ferme
la porte de l'armoire. Il s'assoit � c�t� de son lit pour moudre
son caf�.
Gros plan sur le chien, enferm� dans un panier en osier, et avec
la gueule b�illonn�e. Le chien essaie de sortir par une ouverture
au-dessus du panier, mais n'y arrive pas.
Retour sur Blaireau en train de moudre son caf� en chantonnant.
BLAIREAU
Je vais faire un bon petit caf�.
Il se l�ve, et va poser le moulin sur la table. Le couvercle du
grand coffre, situ� derri�re lui, se soul�ve et trois t�tes de
gendarme apparaissent. Blaireau sort le tiroir du moulin et, apr�s
en avoir �t� le couvercle, il verse le caf� moulu dans la
cafeti�re.
Gros plan sur le dessus d'un meuble. Lucienne, la pie, a la patte
attach�e � un pichet voisin, et un b�illon sur le bec. Avec sa
patte libre, elle essaie d'enlever le b�illon, mais n'y arrive
pas.
Retour sur Blaireau. Derri�re lui, les trois t�tes de gendarmes
l'observent toujours. Blaireau prend la cafeti�re et s'�loigne de
la table. Le couvercle du coffre se referme et les gendarmes
disparaissent. Blaireau sent le caf� et a l'air satisfait de
l'odeur. Il pose la cafeti�re sur le po�le. Derri�re lui, une
trappe se soul�ve dans le parquet, et deux t�tes de gendarme
apparaissent. Blaireau prend une casserole qui �tait pos�e sur une
plaque du po�le, et verse l'eau dans la cafeti�re. Le couvercle du
coffre se soul�ve et les trois gendarmes apparaissent. La porte de
l'armoire s'ouvre et le gendarme cach� dedans appara�t. Blaireau
remet le couvercle sur sa cafeti�re, la prend et se retourne pour
se diriger vers la table, et tous les gendarmes disparaissent.
Blaireau pose la cafeti�re sur la table, et derri�re lui, les
trois gendarmes apparaissent dans le coffre.
Gros plan sur le chien toujours b�illonn�.
Retour sur Blaireau qui verse du caf� dans une tasse, pendant que
les gendarmes, cach�s dans le coffre, l'observe. Blaireau prend sa
tasse, puis un sucre dans la bo�te pos�e sur la table. Le coffre
se referme. Blaireau met le sucre dans son caf� et le touille avec
une cuill�re. Il s'�loigne et les trois gendarmes du coffre
r�apparaissent, puis deux autres apparaissent derri�re les deux
premiers.
CABANE DE BLAIREAU - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur la porte de la cabane, qui s'ouvre. Blaireau
appara�t touillant son caf�. Il le boit lentement. D'un seul coup,
de chaque c�t� de lui, des mains de gendarmes apparaissent et lui
saisissent les bras et les �paules. Blaireau r�le et se d�bat un
peu.
FONDU ENCHA�N�
PALAIS DE JUSTICE - TRIBUNAL - INT�RIEUR JOUR
Plan d'ensemble de la salle d'audience du tribunal. Au fond le
juge entour� de ses deux assesseurs. A leur gauche, l'avocat
g�n�ral, puis le box des accus�s, dans lequel Blaireau est debout,
entour� de deux gendarmes. Au centre, � la barre, Parju, debout
les deux mains sur la barre. Derri�re Parju, les bancs du public.
Blaireau tape des deux mains sur le bord du box devant lui. Pour
la premi�re fois depuis le d�but du film, il a enlev� son b�ret et
le tient � la main.
BLAIREAU
Mais ! P�tard de p�tard de p�tard de p�tard ! Je suis
innocent !
LE JUGE LERECHIGNEUX
Calmez-vous, Blaireau.
Il se tourne vers Parju.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Parju, reconnaissez-vous cet homme ?
Plan moyen sur Parju en premier plan et Blaireau derri�re lui dans
SON BOX
BLAIREAU
Mais il peut pas, p�tard de bois !
Parju baisse la t�te : il semble ennuy�.
LE JUGE LERECHIGNEUX (voix off)
Silence, Blaireau ! Ah !... Parju, reconnaissez-vous cet
homme ?
Parju l�ve lentement la t�te vers le juge, puis se tourne vers
Blaireau.
Plan moyen sur Arabella, entour�e de ses parents, et assis dans le
public. Arabella hoche n�gativement la t�te.
Plan rapproch� du visage et des �paules de Fl�chard, debout devant
la porte au fond de la salle. La cam�ra descend le long du corps
de Fl�chard, jusqu'au sol, o� l'on d�couvre le chien de Blaireau,
assis aux pieds de Fl�chard.
Plan rapproch� sur Parju, qui baisse la t�te. Assis dans le public
derri�re lui, le maire toussote pour attirer l'attention de Parju.
Parju se tourne vers le maire, qui hoche positivement la t�te.
Parju se retourne vers le juge.
PARJU
Oui, monsieur le juge.
Le chien aboie.
Plan en enfilade de l'all�e centrale entre les bancs du public,
vue au niveau du sol. Le chien remonte l'all�e centrale en
aboyant. Travelling arri�re sur le chien, qui arrive � la barre,
et continue � aboyer en regardant Parju, dont on voit les pieds
s'�loigner de la barre.
Plan moyen de Parju, qui s'�loigne de la barre. Le juge agite sa
sonnette. Parju continue � marcher � reculons dans le pr�toire, en
agitant son k�pi pour �loigner le chien de lui. Il passe devant
Blaireau, qui �clate de rire. L'un des gendarmes rie aussi.
Plan moyen sur le juge et ses deux assesseurs.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Parju ! Parju, voyons !
Plan de demi-ensemble de la zone publique de la salle, avec au
fond Parju, entour� des gendarmes, et le chien qui continue � lui
aboyer dessus.
LE JUGE LERECHIGNEUX (voix off)
Gendarmes, voulez-vous...
Plan moyen sur le box, o� Blaireau et l'un des gendarmes
continuent � rire.
Plan moyen sur le juge, qui se l�ve.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Blaireau... appelez votre chien, saperlipopette !
Plan moyen sur Blaireau qui siffle la ritournelle habituelle. Le
chien r�pond de deux aboiements, puis saute dans le box, puis sur
le banc � c�t� de son ma�tre. Blaireau le prend dans ses bras.
BLAIREAU
Fini, il se tiendra tranquille, monsieur le pr�sident.
Plan rapproch� du juge debout, en l�g�re contre-plong�e.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Blaireau, le garde-champ�tre vous ayant formellement
reconnu.
Retour sur Blaireau, debout. A c�t� de lui, le chien a les deux
pattes avant pos� sur le bord du box.
BLAIREAU
Mais il peut pas, j'�tais dans mon lit, j'ai un alibi.
Retour sur le juge.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Les honn�tes gens n'ont pas besoin d'alibi. Avez-vous un
t�moin ?
Retour sur Blaireau.
BLAIREAU
Mais parfaitement. Fous-le-camp, j'�tais dans mon lit ?
Il se penche sur le chien, qui le regarde, puis se tourne vers le
juge et aboie une fois. Blaireau rit.
Plan moyen sur la partie droite du public. Au fond, pr�s de la
porte, debout, Armand F�chard, Parju et un gendarme. Au premier
rang du public, pr�s de l'all�e, en robe d'avocat et affal�e sur
sa serviette pos� sur la rambarde devant lui, Ma�tre Guilloche.
LE JUGE LERECHIGNEUX (voix off)
Assez plaisant�. Ma�tre, vous avez la parole.
Guilloche se redresse, puis se l�ve et se dirige vers le centre du
pr�toire.
MA�TRE GUILLOCHE
Peu de mots suffiront � ma plaidoirie.
Il vient se planter devant Blaireau, toujours debout avec le chien
� ses c�t�s.
MA�TRE GUILLOCHE
Indulgence ou pardon, pardon ou indulgence.
BLAIREAU
Tr�s bien.
Il lui donne une violente bourrade sur l'�paule. On entend la
sonnette du juge.
Plan de demi-ensemble du pr�toire. Le juge est debout et agite sa
sonnette. Tout le monde se l�ve, sauf le public. Les juges et
l'avocat g�n�ral remettent leurs toques sur la t�te.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Le tribunal, apr�s en avoir d�lib�r�, condamne Blaireau �
un mois de prison.
BLAIREAU
Mais je suis innocent !
Plan rapproch� sur le juge debout, vu en l�g�re contre-plong�e.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Quand bien m�me vous ne seriez pas coupable, tous vos
m�faits, depuis vingt ans impunis...
Plan moyen sur Blaireau.
BLAIREAU
Des m�faits ?... J'ai fait des m�faits, moi ?
Plan un peu plus �loign� sur le juge, entour� de ses deux
assesseurs, tous les trois debout.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Ce n'est pas � moi, mon cher Blaireau, qu'il faut venir en
raconter, � moi qui, depuis vingt ans, vous ach�te du
gibier quand la chasse est ferm�e.
Tout le monde rie dans la salle. Le juge regarde ses deux
assesseurs, qui rient eux aussi.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Gardes, emmenez le condamn�.
Le juge sort lentement. On entend le chien qui aboie et Blaireau
QUI CRIE :
BLAIREAU
Je suis innocent ! Je suis innocent !
Fondu au noir.
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur Armand Fl�chard, cach� derri�re un mur. Le mur
forme l'angle de deux rues, et, � droite du mur, on aper�oit, de
l'autre c�t� de la place, l'entr�e de la prison. Le mot � Prison �
est inscrit au fronton de l'imposant portail, et un drapeau
fran�ais flotte au-dessus. Zoom arri�re permettant de mieux voir
l'entr�e de la prison et Fl�chard cach� derri�re le mur. Blaireau
arrive � l'entr�e de la prison, portant un petit baluchon, et
accompagn� de deux gendarmes. L'un des gendarmes tire le cordon de
la cloche, qui tinte.
UN GARDIEN (voix off)
J'arrive.
Au-dessus du mur d'enceinte de la prison, on voit la silhouette
d'un gardien qui descend d'un �tage sup�rieur. Fl�chard sort de sa
cachette, et court vers l'entr�e de la prison. Puis, apr�s
quelques pas, il se ravise, s'arr�te au milieu de la place et sort
du champ sur la droite. La porte de la prison s'ouvre, et l'un des
gendarmes pousse Blaireau vers l'int�rieur. L'autre gendarme le
suit.
PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble de la cour d'entr�e de la prison. Au premier
plan, Blaireau marche vers le fond de la cour, portant son
baluchon et entour� des deux gendarmes. Il l�ve et tourne la t�te
pour regarder autour de lui. Au fond, un perron sur�lev� de quatre
marches, et de part et d'autre de ce perron, deux escaliers qui
montent vers l'entr�e du b�timent. Des arbustes masquent ces
escaliers, leur donnant un aspect plut�t coquet pour une prison.
Monsieur Bluette descend l'escalier de droite. Arriv� sur le
perron, il l�ve les deux bras.
MONSIEUR BLUETTE
Ah !... Le voil� !
Blaireau se retourne vers Bluette, qui arrive vers lui, les mains
tendues.
MONSIEUR BLUETTE
Mon cher Blaireau, ravi de vous conna�tre. J'ai beaucoup
entendu parler de vous.
Il le prend par l'�paule, puis se tourne vers l'un des gendarmes.
MONSIEUR BLUETTE
C'est bien, brigadier, laissez-nous.
Le brigadier d�tache les menottes qui maintenaient les mains de
Blaireau attach�es ensemble, les r�cup�re et s'�loigne. L'autre
gendarme �tait d�j� sorti du champ.
MONSIEUR BLUETTE
Passez devant, Blaireau.
BLAIREAU
Mais, monsieur le directeur.
MONSIEUR BLUETTE
Je vous en prie, vous �tes ici chez moi, c'est � dire chez
vous.
Il rit. Blaireau lui met la main sur la poitrine, et il s'�loigne
tous les deux vers le perron. Apr�s trois-quatre pas, Blaireau
s'arr�te et se tourne vers le directeur.
BLAIREAU
Je suis...
MONSIEUR BLUETTE
Permettez ?
Il lui prend son baluchon.
BLAIREAU
Je suis confus.
MONSIEUR BLUETTE
Je vous en prie, je vous en prie...
Ils reprennent leur marche vers le perron.
MONSIEUR BLUETTE
J'esp�re, mon cher Blaireau...
Plan moyen de Blaireau et Bluette sur le perron, vus en l�g�re
plong�e.
MONSIEUR BLUETTE
... que, pendant ces quelques semaines, que le gouvernement
de la R�publique vous confie � mes soins, nous n'aurons
ensemble que d'excellents rapports.
BLAIREAU
Monsieur le directeur, je suis tr�s facile � vire.
Bluette rit.
MONSIEUR BLUETTE
Bravo !
Il le prend par le bras et ils commencent � monter les marches de
l'escalier de gauche en direction de la cam�ra.
MONSIEUR BLUETTE
Alors, dites-moi, cher ami, il para�t qu'on a ross� le
garde-champ�tre ? Vous savez que c'est tr�s dr�le, �a.
Ils s'arr�tent de monter sur la deuxi�me marche. Blaireau, qui
jusqu'ici, �tait souriant et affable, s'�nerve un peu.
BLAIREAU
Oui, c'est peut-�tre dr�le, mais enfin ce qui est moins
dr�le, c'est que je suis innocent.
MONSIEUR BLUETTE
Ah non ! Ah non, Blaireau ! Ne me le faites pas l'erreur
judiciaire, vous cesseriez de m'int�resser.
PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR
Vue en enfilade d'un couloir. Au premier plan, un prisonnier, un
pot de peinture d'une main et un pinceau dans l'autre, se pr�pare
� peindre les barreaux d'une fen�tre. Il s'arr�te lorsqu'il entend
chanter dans la cellule voisine.
D�TENU CHANTEUR (voix off)
Les rendez-vous de noble compagnie...
Le d�tenu sort de la cellule, portant, lui aussi, un pot de
peinture, et referme la porte. La porte s'ouvre au fond du couloir
et Bluette entre dans le couloir. Le � peintre � accompagne le
chanteur en sifflant.
D�TENU CHANTEUR
... se donnent tous en ce charmant s�jour.
Bluette, qui porte toujours le baluchon de Blaireau, s'efface pour
le laisser passer, puis il referme la porte derri�re eux.
D�TENU CHANTEUR
Et doucement, on y passe la vie. Et doucement...
Les deux d�tenus se mettent � peindre les barreaux. Bluette arrive
pr�s d'eux avec Blaireau
MONSIEUR BLUETTE
Bonjour, mes petits.
Le d�tenu chanteur soul�ve son b�ret.
D�TENU CHANTEUR
Monsieur le directeur.
MONSIEUR BLUETTE
Alors, �mile, vos amygdales ?
D�TENU CHANTEUR
Je me suis gargaris� ce matin, monsieur le directeur.
MONSIEUR BLUETTE
Montrez, pour voir.
�mile ouvre la bouche et Bluette regarde � l'int�rieur. Blaireau
se hausse sur la pointe des pieds pour regarder, lui aussi.
D�TENU CHANTEUR
Ah !...
MONSIEUR BLUETTE
C'est moins enfl�, hein, continuez le traitement.
Bluette se tourne vers le d�tenu siffleur.
MONSIEUR BLUETTE
De bonne nouvelles de votre femme ?
D�TENU SIFFLEUR
Je vous remercie, monsieur le directeur
MONSIEUR BLUETTE
Alors, tant mieux. Allez, au travail, hein.
Il ricane, prend Blaireau par le bras, et l'entra�ne pendant que
les deux d�tenus reprennent leur travaux de peinture. On entend le
d�tenu chanter, accompagn� par le siffleur, pendant que Bluette
parle � Blaireau.
D�TENU CHANTEUR (voix off)
Les rendez-vous de noble compagnie...
Il se sont arr�t�s devant la porte ouverte d'une cellule, o� un
autre d�tenu est en train d'�pousseter une �tag�re avec un
plumeau.
MONSIEUR BLUETTE
Comme vous voyez, Blaireau, mon syst�me p�nitencier est
tr�s simple.
Plan l�g�rement plus �loign� de Bluette et Blaireau. Blaireau
salue le d�tenu homme-de-m�nage, qui lui rend son salut. Bluette
pousse Blaireau � reprendre leur marche.
MONSIEUR BLUETTE
Je vous en prie... J'occupe mes hommes aux travaux qu'ils
exer�aient avant de mal tourner.
Blaireau claque des doigts.
BLAIREAU
Ah !...
Ils passent devant une cellule, o� un homme est occup� � des
travaux de menuiserie.
D�TENU MENUISIER
Bonjour, monsieur le directeur, bonjour.
Il parle avec un l�ger accent. Blaireau le salue.
MONSIEUR BLUETTE
Bonjour, Gr�gory.
Il rie et se tourne vers Blaireau, qui rie aussi.
MONSIEUR BLUETTE
C'est notre petit dernier.
Ils reprennent leur marche et arrive devant une cellule o� un
d�tenu est en train de soigner le pied nu d'un autre d�tenu. Il
s'arr�te pour saluer Bluette.
D�TENU P�DICURE
Bonjour, monsieur.
Blaireau le salue. Bluette se tourne vers Blaireau.
MONSIEUR BLUETTE
C'est un excellent p�dicure.
Le d�tenu soign� pousse un cri et sursaute violemment
D�TENU SOIGN�
Ah !...
D�TENU P�DICURE
Et ben, voyons.
Bluette se penche vers Blaireau et chuchote :
MONSIEUR BLUETTE
C'�tait un excellent p�dicure.
Ils reprennent leur marche, et s'arr�tent devant une cellule, dans
laquelle un d�tenu est en train de travailler sur une machine �
coudre. Derri�re lui, des costumes sont accroch�s au mur.
MONSIEUR BLUETTE
Bonjour, Antoine.
Blaireau salue le d�tenu.
D�TENU TAILLEUR
Bonjour, monsieur le directeur.
Bluette se tourne vers Blaireau.
MONSIEUR BLUETTE
C'est notre tailleur...
Il prend Blaireau par le bras, et l'entra�ne dans le couloir.
MONSIEUR BLUETTE
Mon cher Blaireau, je n'ai pas grand chose de disponible en
ce moment, mais je vais vous faire visiter, vous choisirez
vous-m�me.
Blaireau joint les mains.
BLAIREAU
Vous �tes trop aimable, monsieur le directeur.
Bluette rit et ouvre la porte voisine de celle du tailleur.
MONSIEUR BLUETTE
Tenez, tenez, voici le quatorze.
Blaireau entre dans la cellule.
PRISON - CELLULE QUATORZE - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen d'un cellule de prison typique avec juste un lit
m�tallique et une �tag�re pour tout mobilier. Bluette entre
derri�re lui.
MONSIEUR BLUETTE
Bien expos�, mais c'est un peu chaud en cette saison.
Blaireau inspecte la cellule inond�e de soleil.
BLAIREAU
Ah... oui.
Il se penche pour t�ter le matelas du lit, dont on entend grincer
les ressorts. Il s'assoit sur le lit, et Bluette pose le baluchon
dessus.
BLAIREAU
Vous n'avez rien de mieux, vous ?
Bluette lui tape sur l'�paule, r�cup�re le baluchon, se redresse,
et ricane.
MONSIEUR BLUETTE
Attendez, j'ai votre affaire.
Il le prend par le bras pour l'aider � se relever. Il l'entra�ne
en dehors de la cellule.
PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� sur la porte de la cellule quatorze, que Bluette
ouvre. Il se tourne vers Blaireau.
MONSIEUR BLUETTE
Le petit quatre.
Il sort, suivi de Blaireau. Panoramique sur le couloir, o� Victor,
le gardien-chef, vient d'appara�tre. Bluette met la mains sur
l'�paule de Victor.
MONSIEUR BLUETTE
Ah ! Mon cher Blaireau, je vous pr�sente Victor, notre
gardien-chef.
Victor salue Blaireau, puis lui tend la main, que Blaireau serre.
BLAIREAU
Enchant�.
VICTOR
Soyez le bienvenu.
MONSIEUR BLUETTE
Je tiens � ce que vous vous sentiez ici dans une ah...
ah...
Il fait un geste de la main, et r�fl�chit un peu avant de
continuer. Victor et Blaireau le regardent.
MONSIEUR BLUETTE
Co... comment dirais-je ?... dans une prison de famille.
Blaireau et Victor sourient de cette boutade. Bluette donne le
baluchon de Blaireau � Victor. Il d�signe Blaireau du doigt.
MONSIEUR BLUETTE
Victor, Victor, le petit quatre. Hein ?
Il pose la main sur l'�paule de Victor.
MONSIEUR BLUETTE
Mon cher Blaireau, � tout � l'heure, je vous laisse vous
installer.
Il s'�loigne dans le couloir.
BLAIREAU
Merci, monsieur le directeur.
Victor met la main sur l'�paule de Blaireau et l'entra�ne avec lui
dans la direction oppos�e � celle qu'a prise le directeur.
VICTOR
Je voulais vous demander. Le matin, caf� noir ou caf� au
lait ?
BLAIREAU
Arros�.
Fondu encha�n�.
CH�TEAU DE CHAVILLE - PETIT SALON - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur la comtesse de Chaville et le maire en train de
prendre le caf�, assis sur deux fauteuils de part et d'autre d'une
petite table basse. Derri�re eux, on peut, � travers une grande
porte vitr�e, voir le comte et sa fille en train de se disputer.
On ne peut entendre ce qu'ils se disent mais on devine que la
discussion est houleuse, surtout lorsque l'on voit le comte saisir
une soupi�re et la jeter par terre. La comtesse l�ve un peu la
t�te, et le maire r�agit � peine.
COMTESSE DE CHAVILLE
C'est comme �a chaque fois qu'il veut la marier.
A travers les vitres, on voit Arabella prendre un plat et le jeter
par terre. Le bruit �tant un peu plus fort, le maire sursaute.
MONSIEUR DUBENO�T
Elle n'a pas l'air de se laisser convaincre.
CH�TEAU DE CHAVILLE - SALLE � MANGER - INT�RIEUR JOUR
Contre champ de l'autre c�t� de la grande porte vitr�e. Le comte
et sa fille se font face, l'air aussi en col�re l'un que l'autre.
ARABELLA DE CHAVILLE
Tu veux que je me marie ?
L�ON DE CHAVILLE
Oui...
ARABELLA DE CHAVILLE
Le plus vite possible ?
L�ON DE CHAVILLE
Oui.
ARABELLA DE CHAVILLE
Et bien, j'ai trouv�...
Le comte sourit.
L�ON DE CHAVILLE
Ah enfin !
ARABELLA DE CHAVILLE
Un homme qui a fait ses preuves !
Le comte semble de plus en plus satisfait.
L�ON DE CHAVILLE
Parfait !
CH�TEAU DE CHAVILLE - PETIT SALON - INT�RIEUR JOUR
Retour sur la comtesse et le maire autour de la table basse. La
comtesse repose sa tasse, et le maire a un verre de Cognac � la
main.
COMTESSE DE CHAVILLE
Elle n'�pousera que l'homme de ses r�ves, son id�al, son
prince charmant.
Le maire sourit.
MONSIEUR DUBENO�T
Et ben !
Le comte ouvre vivement la porte de communication � double
battant.
COMTESSE DE CHAVILLE
H� oui...
L�ON DE CHAVILLE
Elle veut �pouser Blaireau !
Le maire, qui �tait en train de siroter son Cognac, le repose et
se met � tousser, visiblement en manque de souffle. Le comte se
penche et lui tape dans le dos. Le maire prend le bras de la
comtesse.
FONDU ENCHA�N�
PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR NUIT
Plan moyen de Blaireau, couch� dans son lit... mais toujours avec
son b�ret sur le cr�ne ! On entend g�mir son chien. Blaireau
tourne la t�te vers la fen�tre, puis se redresse dans son lit.
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR NUIT
Plan rapproch� du chien en train de g�mir devant la porte de la
prison. Il aboie en remuant la queue.
PRISON - CHAMBRE DE BLUETTE - INT�RIEUR NUIT
Bluette, en pyjama, est � moiti� assis dans son lit. Il est en
train de lire un gros livre intitul� � r�glement Int�rieur des
Prisons �. Il marmonne tout en faisant des gestes avec sa main. On
entend le chien g�mir. Bluette se gratte la t�te.
MONSIEUR BLUETTE
Ben non...
Il frappe de la main sur le livre.
MONSIEUR BLUETTE
L'entr�e des animaux est interdite dans l'enceinte de la
maison d'arr�t. �a, je...
Saisi d'une inspiration subite, il attrape la page concern�e, et
l'arrache du livre. Il sort de son lit.
MONSIEUR BLUETTE
Je dirai qu'elle �tait d�chir�e.
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR NUIT
Plan un peu plus �loign� du chien devant la porte de la prison. Il
continue � g�mir et � grogner. La porte s'ouvre et Bluette,
accroupi, entra�ne le chien � l'int�rieur.
MONSIEUR BLUETTE
Allez, viens.
Puis il referme la porte.
PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR NUIT
Gros plan sur le bas de la porte de la cellule de Blaireau. On
voit le bas du pyjama et les chaussons de Bluette, qui ouvre la
porte. Le chien entre dans la cellule. Panoramique ascendant sur
l'int�rieur de la cellule et Blaireau, toujours couch� dans son
lit. Zoom avant sur Blaireau. Le chien saute sur le lit, et
Blaireau le cajole.
BLAIREAU
Oh, mon toutou ! Oh, je suis content de voir le gros
toutou. Oh, le petit toutou. Oh, le petit toutou.
Il l'embrasse.
Fondu encha�n�.
LOGEMENT FL�CHARD - CHAMBRE � COUCHER - INT�RIEUR NUIT
Plan moyen de Fl�chard allong� dans son lit, vu de l'un des c�t�s
du lit. Il dort et il r�ve.
ARMAND FL�CHARD
C'est pas lui ! C'est pas lui !
De l'autre c�t� du lit de Fl�chard, Blaireau appara�t, habill� en
juge, avec m�me la toque sur le cr�ne. A c�t� de lui, appara�t
aussi une table roulante couverte, comme celles que l'on utilise
dans les restaurants pour apporter les plats en salle, tout en les
maintenant au chaud.
ARMAND FL�CHARD
Oui, monsieur le Pr�sident.
Blaireau marmonne des propos incompr�hensibles, qui commence par
� Le pr�sident... � et qui se terminent par un geste de la main en
travers du cou, signifiant que l'accus� doit avoir la t�te
tranch�e. A ces mots, Fl�chard a un sursaut dans son sommeil, et
pousse un petit cri. Blaireau ouvre le couvercle de la table
roulante.
Gros plan sur la table roulante. Le couvercle bascule, d�couvrant
la t�te souriante de Blaireau, reposant sur un lit de persil.
BLAIREAU
Je suis innocent.
Cette r�plique est amplifi�e par un l�ger �cho. Blaireau cligne
deux fois des yeux, puis le couvercle se referme sur lui.
Retour au plan pr�c�dent. Le juge-Blaireau vient de refermer le
couvercle de la table roulante et ricane. Fl�chard se retourne
dans son lit.
ARMAND FL�CHARD
Oh non, oh non, oh non !
Le juge-Blaireau et la table roulante disparaissent.
ARMAND FL�CHARD
Arabella !
Blaireau appara�t, cette fois-ci d�guis�e en vieille paysanne,
avec un fichu sur la t�te.
BLAIREAU
Voil�, voil� !
Blaireau se penche sur le lit et Fl�chard se retourne en
g�missant.
Fondu encha�n�.
CH�TEAU DE CHAVILLE - VESTIBULE - INT�RIEUR JOUR
Gros plan sur une bouteille de vin de Bourgogne, sur l'�tiquette
de laquelle est inscrit : � Clos de Chaville - Montpaillard �. A
c�t� un gros colis envelopp� de papier-cadeau, et sur lequel est
coll�e une �tiquette portant l'inscription : � Secours aux
D�tenus �. Zoom arri�re permettant de d�couvrir Arabella, qui met
la bouteille de vin dans le colis. Puis elle referme le colis. Son
p�re s'approche d'elle et ricane.
L�ON DE CHAVILLE
H�, qu'est-ce que pr�pares-tu l�, ma petite fille ?
Arabella soul�ve le colis et se tourne vers son p�re.
ARABELLA DE CHAVILLE
Le colis de mon fianc�, papa.
Elle s'�loigne dans la pi�ce. Le comte continue � ricaner, puis
r�alise soudain de quoi il s'agit.
L�ON DE CHAVILLE
Quoi ?
Plan de demi-ensemble de la pi�ce. Arabella marche tranquillement
vers la sortie. Derri�re elle, le comte prend un vase sur un
meuble et le jette par terre, o� il se brise. Arabella sursaute,
se retourne lentement et donne le colis � son p�re, qui le prend.
ARABELLA DE CHAVILLE
Tiens, papa.
Puis, tout aussi tranquillement, elle prend d�licatement, d'une
main, l'autre vase, semblable au premier, et lui aussi pos� sur le
meuble, et le laisse tomber par terre, o� il se brise. Puis elle
reprend le colis des mains de son p�re.
ARABELLA DE CHAVILLE
Merci, papa.
Elle s'�loigne et sort du champ. Le comte prend une pendule, pos�e
sur une petite �tag�re au-dessus du meuble, va pour la jeter par
terre, puis se ravise.
L�ON DE CHAVILLE
Non, non...
Il la repose sur son �tag�re.
L�ON DE CHAVILLE
... pas la pendule.
Il fait deux pas dans la pi�ce. La pendule, en d�s�quilibre, tombe
de l'�tag�re, rebondit sur le bord du meuble et s'�crase par
terre. Le comte se retourne, et la pendule se met � sonner.
LOGEMENT FL�CHARD - CHAMBRE � COUCHER - INT�RIEUR JOUR
En continuit� avec la sonnerie de la pendule pr�c�dente, on entend
sonner la pendule pos�e sur la chemin�e de la chambre.
Plan moyen sur le lit d�fait. Panoramique sur la gauche. Fl�chard
est assis devant la chemin�e, � califourchon sur une chaise, et il
lit un gros livre appuy� sur le dossier de la chaise. Zoom avant
sur le visage de Fl�chard. Il tourne la page de son livre, et le
soul�ve, nous permettant de d�couvrir son titre : � Latude ou
Trente-cinq Ans de Captivit� �. Puis il le repose sur le dossier
de la chaise, et tourne une autre page. Il pousse un cri �touff�,
et une expression d'effroi s'affiche sur son visage.
Gros plan sur la page du livre que lit Fl�chard. Dans un cachot
sinistre et sordide, le prisonnier Latude est assis sur une sorte
de chaise de torture. Un collier de fer entoure son cou et est
reli�, par une cha�ne, � un anneau fix� dans le mur derri�re la
chaise. Ses mains sont menott�s et les menottes sont reli�s, par
une cha�ne, � un autre anneau fix� dans le mur. Ses pieds aussi
sont entrav�s et un poids est accroch� � l'entrave. Un autre poids
pend de sa taille. A c�t� de lui, sur un bloc de pierre, sont
pos�s une cruche et un quignon de pain.
PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� de Blaireau, assis sur son lit, et tr�s diff�rent
du prisonnier Latude, que nous venons de voir dans le livre de
Fl�chard. Blaireau est en train de boire un verre de vin, et dans
son autre main, il tient une cuisse de poulet coinc�e entre
l'annulaire et le majeur, et un cigare coinc� entre le majeur et
l'index. Il repose le verre sur la table devant lui. Un zoom
arri�re permet de d�couvrir cette table sur laquelle le chien est
assis, et entour� par un assortiment impressionnant de
victuailles : charcuterie, fruit, chocolat, piles de bo�tes de
conserve, etc. Blaireau tire une bouff�e de son cigare, pose la
cuisse de poulet sur la table, prend quelque chose dans son
assiette et le tend � son chien. Puis il ramasse un morceau de
bristol pos� � c�t� de l'assiette. Il lit ce qui y est inscrit
BLAIREAU
� Ne vous laissez pas abattre. Les secours aux d�tenus. �
Il repose le bristol sur la table, et se met � chanter.
BLAIREAU
Les rendez-vous de noble compagnie...
Il ramasse la bouteille de vin par terre.
BLAIREAU
... se donnent tous en ce charmant s�jour...
Il se ressert un verre. A sa voix, on comprend qu'il a d�j� pas
mal bu.
BLAIREAU
... Les rendez-vous de noble compagnie se donnent tous en
ce charmant s�jour...
Il repose la bouteille sur la table, et fait une petite mimique �
son chien avant de boire.
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� de Parju, assis sur les marches de l'un des
escaliers qui m�nent au perron de la mairie. Il a l'air triste. La
porte de la mairie s'ouvre derri�re lui. Zoom arri�re permettant
de d�couvrir le maire qui sort de sa mairie.
MONSIEUR DUBENO�T
Alors, Parju...
A la voix du maire, Parju se l�ve.
MONSIEUR DUBENO�T
... quoi de neuf ?
PARJU
Rien, monsieur le maire. Plus rien.
MONSIEUR DUBENO�T
Vous avez l'air de vous ennuyer, vous, mon bon Parju.
PARJU
Un peu, monsieur le maire.
Le maire tend le doigt vers lui.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah ! Blaireau vous manque, hein ?
Il ricane, lui donne une tape sur l'�paule, et descend les
marches. Parju le regarde partir, pose le coude sur la rambarde,
et appuie son visage sur sa main. Il soupire.
MONTPAILLARD - PLACE DE L'�GLISE - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen du maire et de Guilloche se croisant sur la place
devant l'�glise. Le maire s'arr�te et se retourne vers Guilloche,
qui en fait autant.
MONSIEUR DUBENO�T
Alors, ma�tre Guilloche ? Fini, le Blaireau.
MA�TRE GUILLOCHE
Bravo, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
La ville n'a jamais �t� aussi calme.
MA�TRE GUILLOCHE
Un vrai banc de mollusques.
MONSIEUR DUBENO�T
Parfait, c'est comme �a que je l'aime.
Ils se retournent ensemble et reprennent leurs chemins, chacun
dans une direction oppos�e � l'autre.
Fondu encha�n�.
MONTPAILLARD - RESTAURANT - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen du restaurateur, debout devant l'entr�e de son
�tablissement. Derri�re lui, son serveur, est assis sur les
marches de l'escalier, son plateau � la main. Dubeno�t entre dans
le champ par la droite, derri�re le dos du restaurateur.
MONSIEUR DUBENO�T
Alors, monsieur Letellier, comment vont les affaires ?
Le restaurateur se tourne vers lui.
LE RESTAURATEUR
Calmes. Tr�s calmes.
MONSIEUR DUBENO�T
Parfait, parfait, parfait.
Il s'�loigne et sort du champ par la gauche. Le restaurateur
croise les bras et le regarde partir avec un regard noir. Un
client, assis � une table � c�t� de l'escalier, l'appelle.
LE CLIENT
Chef !
LE RESTAURATEUR
Ouais...
Le restaurateur, les bras toujours crois�, s'approche lentement de
la table.
Plan moyen sur la table. Le client, un monsieur �l�gant, consulte
la carte en souriant. A c�t� de lui, une jolie femme blonde est
assise, et une femme brune est assise en face de lui.
LE CLIENT
Alors chef... Trois �crevisses � la nage.
Le restaurateur est arriv� � c�t� de la table et se croise les
mains dans le dos. Il lui r�pond sur un ton d�sabus�.
LE RESTAURATEUR
Plus d'�crevisse, monsieur.
LE CLIENT
Ah ?... Alors, terrine de li�vre pour tout le monde.
Le client regarde ses deux compagnes avec un sourire enjou�.
LE RESTAURATEUR
Plus de li�vre, monsieur.
Le client l�ve un regard interrogateur vers le restaurateur, et
reprend sa lecture.
LE CLIENT
Ah ?...
Il tape sur la carte, et affiche un sourire gourmand.
LE CLIENT
Oh !... Des b�casses flamb�es.
LE RESTAURATEUR
Plus de b�casses flamb�es, monsieur...
Le client se tourne vers lui, avec un regard nettement inquiet.
LE RESTAURATEUR
... plus rien... plus rien depuis huit jours, depuis que...
Il fait un signe de la main vers une destination ind�finissable,
puis un autre signe de la main, qui signifie que l'on a ferm� un
verrou � clef.
PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� de Blaireau, assis contre la porte de sa cellule et
fumant son cigare. On frappe � la porte. Blaireau tourne la t�te.
BLAIREAU
Oui ?
Il ouvre le petit volet fix� sur la porte. Le visage souriant de
Bluette appara�t derri�re les barreaux. Blaireau semble ravi.
BLAIREAU
Oh !... Monsieur Bluette.
MONSIEUR BLUETTE
Je ne vous d�range pas ?
BLAIREAU
Oh non. Attendez...
Il fouille dans la poche int�rieure de sa veste, et en sort un
cigare.
BLAIREAU
Tenez, un petit cigare.
MONSIEUR BLUETTE
Volontiers.
Il prend le cigare, le regarde, et fait une petite mimique
admirative.
MONSIEUR BLUETTE
Oh !... Dites-moi, Blaireau, on vous soigne.
BLAIREAU
Ben, dites, c'est bien normal, je suis innocent.
MONSIEUR BLUETTE
Allons, allons, allons, allons... parlons de choses
s�rieuses. Dites-moi, hein ?
Bluette prend les barreaux de la lucarne � deux mains
MONSIEUR BLUETTE
Que faisiez-vous avant votre condamnation ?
Blaireau a un petit sourire narquois.
BLAIREAU
Je bricolais.
MONSIEUR BLUETTE
Ah ? Et bien, parfait, vous continuerez. Dans une prison,
il y a toujours de quoi occuper un homme qui bricole.
Il ouvre la porte
MONSIEUR BLUETTE
Suivez-moi, Blaireau, allons, venez.
Blaireau sort de sa cellule.
PRISON - JARDIN - EXT�RIEUR JOUR
Plan en enfilade d'une all�e du jardin. D'un c�t�, un mur couvert
de plantes grimpantes. De l'autre, de grandes plantations. Un
d�tenu se faufile entre les plantations, un arrosoir � la main. Un
autre ratisse l'all�e. Un troisi�me arrive du fond de l'all�e,
portant deux cloches � citrouille. Zoom avant sur ce dernier
d�tenu. Bluette entre par une porte dans le mur.
LE D�TENU AUX CLOCHES
Bonjour, monsieur le directeur.
L'autre d�tenu salue Bluette. Blaireau entre par la porte dans le
mur.
MONSIEUR BLUETTE
Bonjour, mes enfants.
LE D�TENU AU RATEAU
Bonjour, monsieur le directeur.
Bluette fait signe � Blaireau de le suivre vers l'int�rieur du
jardin. La cam�ra les suit.
MONSIEUR BLUETTE
Venez, mon bon Blaireau.
Ils arrivent sur un petit pont de bois. Bluette s'arr�te sur le
pont, et s'appuie des deux mains sur la rambarde.
MONSIEUR BLUETTE
Alors, hein ?
Blaireau ricane et se penche par-dessus la rambarde du pont.
Plan rapproch� de Bluette et Blaireau, vus de dos, avec la petite
rivi�re en contrebas. Blaireau se redresse et se tourne vers
Bluette.
BLAIREAU
Monsieur Bluette, vous aimez les �crevisses ?
Bluette rit.
MONSIEUR BLUETTE
Oh ! Oh-oh-oh ! Si je les aime ?
BLAIREAU
Je bricole ?
MONSIEUR BLUETTE
Bricolez, mon ami, bricolez.
Blaireau se retrousse les manches.
FONDU ENCHA�N�
PRISON - R�FECTOIRE - INT�RIEUR JOUR
Gros plan d'un plat d�bordant d'�crevisses, tr�nant au milieu de
la table. Autour du plat, les assiettes et les gobelets
m�talliques des d�tenus. On entend les d�tenus frapper avec leurs
cuill�res sur leurs assiettes. Des mains se tendent et ramassent
le plat d'�crevisses. Zoom arri�re montrant les d�tenus qui se
servent � pleines mains dans le plat. En bout de table, Blaireau
agite les bras, heureux de faire plaisir � ses co-d�tenus. Le
d�tenu chanteur arrive pr�s de la table et se sert dans le plat,
puis vient s'assoir � sa place, en bout de table en face de
Blaireau. Dans le fond de la pi�ce, on voit Victor, le gardien-
chef, qui descend l'escalier, un colis dans les bras.
BLAIREAU
H�, et moi ?
Victor s'approche de Blaireau.
VICTOR
Blaireau !
Blaireau se retourne
BLAIREAU
Hein ?
Victor lui tend le colis.
VICTOR
Et ben, c'est pour toi.
Plan moyen sur Blaireau qui prend le colis en riant.
BLAIREAU
Encore ?
Il �clate de rire.
BLAIREAU
Un par jour ?
Le d�tenu, voisin de Blaireau, tape sur le colis. Il s'agit du
d�tenu (mauvais) p�dicure, que nous avons d�j� vu pr�c�demment
D�TENU P�DICURE
Le secours au d�tenus fait bien les choses.
On entend sonner le cloche de la porte d'entr�e.
VICTOR
Oh, y a plus moyen, alors !
Il sort du r�fectoire. Blaireau prend la carte coll�e sur le
colis.
BLAIREAU
� L'�toile... � Quoi ? � L'�toile au ver de terre � ?
Il ricane, puis sent la carte. Il ferme les yeux.
BLAIREAU
Hmmm !...
Il la fait sentir au d�tenu p�dicure. Celui-ci affiche un large
sourire.
D�TENU P�DICURE
Oh !...
Le d�tenu, assis de l'autre c�t� de Blaireau, se penche vers la
carte. Blaireau range la carte dans sa poche, et regarde le d�tenu
d'un air froid.
BLAIREAU
Non.
PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� sur Victor, qui ouvre la porte de la prison.
Fl�chard appara�t, un colis � la main. Il propulse le colis dans
les mains de Victor.
ARMAND FL�CHARD
Pour monsieur Blaireau.
Il se retourne et se sauve en courant. Victor regarde le colis.
VICTOR
Et ben !
Il referme la porte.
PRISON - R�FECTOIRE - INT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble de la table du r�fectoire, avec Blaireau, en
bout de table, qui sort les victuailles du colis, salu� par un
� Oh ! � g�n�ral. Il tend les bo�tes � son voisin de table, puis
sort un autre paquet, qu'il jette � un d�tenu, toujours sous les
� Oh ! � d'admiration de la table. Il sort une bouteille de vin,
et le � Oh ! � est encore plus admiratif ! Derri�re Blaierau, on
voit Victor, qui descend l'escalier, tenant le colis de Fl�chard
dans les mains. Blaireau sort un sachet du colis. Victor
s'approche de Blaireau.
VICTOR
Blaireau !
Blaireau se retourne.
BLAIREAU
Hein ?
VICTOR
Encore un paquet pour toi.
BLAIREAU
Deux par jour ?
Il prend le colis et �clate de rire en compagnie de tous les
d�tenus qui rient avec lui. Blaireau lit l'inscription sur le
colis.
BLAIREAU
� Protection de l'innocence �. Et bien, vous voyez bien que
je suis innocent ?
Tous les d�tenus �clatent de rire.
Contrechamp. A l'autre extr�mit� de la table, le d�tenu chanteur
se l�ve.
D�TENU CHANTEUR
Et bien, tu sais, nous aussi.
Ils �clatent tous de rire. Puis, d'un seul coup, le d�tenu
chanteur redevient s�rieux et croise les bras en regardant
Blaireau.
D�TENU CHANTEUR
Oh la la !
Tous les d�tenus tournent la t�te vers Blaireau et pousse un
� Oh ! � de surprise. Le d�tenu siffleur se met � siffler, imit�
par d'autres d�tenus.
Contrechamp sur Blaireau, qui vient d'extraire du colis une
superbe robe de chambre en soie. Blaireau se l�ve, et se met
debout sur sa chaise avec le v�tement plaqu� contre lui, sous les
sifflets des d�tenus.
UN D�TENU
Et ben, dis donc.
UN AUTRE D�TENU
Ouh la la !
FONDU ENCHA�N�
PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen de la cellule. Le d�tenu p�dicure est assis sur une
chaise avec le chien sur les genoux. Blaireau, portant la belle
robe de chambre offerte par Fl�chard, marche de long en large dans
la cellule.
D�TENU P�DICURE
Dis-y, dis-y, que je te dis.
BLAIREAU
Non.
D�TENU P�DICURE
C'est un pote, le p�re Bluette.
BLAIREAU
Non, je ne peux pas lui demander �a.
D�TENU P�DICURE
Il l'a fait pour un gars qui �tait � la communion de sa
fille.
Zoom arri�re. On s'aper�oit que la cam�ra est situ�e derri�re la
lucarne de visite, m�nag�e dans la porte de la cellule.
PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR
Le zoom arri�re se termine en plan rapproch� sur Bluette, qui
�coutait la conversation derri�re la porte de la cellule de
Blaireau.
MONSIEUR BLUETTE
Mais qu'est-ce qu'il se passe, mon bon Blaireau ?
D�TENU P�DICURE
Dis-y, allez !
Il se l�ve et Blaireau se dirige vers la porte.
BLAIREAU
Monsieur Bluette, euh... ce soir, c'est la nouvelle lune.
MONSIEUR BLUETTE
Alors ?
BLAIREAU
Alors, j'ai trois cents collets de pos�s, et, avec ce
temps-l�, ce serait du g�teau.
MONSIEUR BLUETTE
Oh-oh, oh !... Je vous vois venir, vous. Non, Blaireau...
non !
Il s'adosse � la porte, les bras crois�s. Blaireau se met � g�mir
doucement, et fait une mimique de petit gar�on qui essaie
d'adoucir sa m�re pour obtenir une faveur.
FONDU ENCHA�N�
PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen sur Blaireau et Bluette, debout derri�re la porte
d'entr�e de la prison. Blaireau est en train de finir de
s'habiller.
MONSIEUR BLUETTE
Mais vous serez rentr� � minuit, hein ? C'est jur� ?
Blaireau jette un regard rapide autour de lui, puis revient vers
Bluette.
BLAIREAU
Monsieur Bluette, c'est jur�.
Bluette met un doigt sur ses l�vres, jette un regard aux
alentours, puis ouvre la porte pour laisser sortir Blaireau. Alors
que Blaireau est d�j� dehors, il le rattrape par le bras.
MONSIEUR BLUETTE
Blaireau... Blaireau... Vous voulez pas m'emmener avec
vous ?
BLAIREAU
Mais... Mais, monsieur Bluette, soyons s�rieux !
Bluette ricane b�tement et se frotte les mains.
MONSIEUR BLUETTE
�a me ferait tellement plaisir.
Blaireau jette un autre regard autour de lui.
BLAIREAU
Je ne devrais pas...
Il fait signe qu'il accepte et sort. Bluette sort derri�re lui et
claque la porte.
Rapide fondu au noir
MONTPAILLARD - FOR�T - EXT�RIEUR NUIT
Plan de demi-ensemble dans la for�t. En premier plan, deux gros
arbres. Derri�re les arbres, on distingue les silhouettes de
Bluette et Blaireau. Blaireau, avec Bluette qui le suit,
s'approche et passe entre les deux arbres, puis il se penche et
ramasse un li�vre en chuchotant :
BLAIREAU
Regardez.
Bluette s'exclame � haute voix :
MONSIEUR BLUETTE
Oh, oh... C'est merveilleux.
Ils se rel�vent tous les deux, et on s'aper�oit que Bluette tient
d�j� un li�vre dans chaque main. Blaireau lui fait signe de se
taire.
BLAIREAU
Chut !... Chut !
Il lui donne une tape sur le bras. Bluette met un doigt sur ses
l�vres. Blaireau s'�loigne doucement en observant la for�t
alentour. Puis il d�signe une direction du doigt
BLAIREAU
L� !
Plan de demi-ensemble sur une autre section de la for�t. Au
premier plan, deux arbres. La t�te de Blaireau sort de derri�re un
arbre. Il fait un signe et la t�te de Bluette sort de derri�re
l'autre arbre. Encore une fois, il ne peut se retenir de parler �
haute voix.
MONSIEUR BLUETTE
Oh !...
Blaireau lui fait signe, de la main, de fermer sa bouche.
Gros plan sur un faisan qui entre dans un pi�ge, form� par une
cage rudimentaire sans fond, et maintenue en position semi-lev�e
par un petit b�ton. Une ficelle est attach�e au b�ton.
Contrechamp sur les deux arbres, derri�re lesquels Bluette et
Blaireau sont cach�s. Blaireau mime, en chuchotant, la suite de
l'action. Puis il ramasse l'extr�mit� de la ficelle reli�e au
b�ton, et la tend � Bluette.
Plan de demi-ensemble, avec le pi�ge en premier plan, et, en
arri�re-plan, les deux arbres derri�re lesquels Bluette et
Blaireau sont cach�s. Bluette tire un coup sec sur la ficelle, le
b�ton tombe, le pi�ge aussi, et le faisan se retrouve enferm�.
Blaireau s'approche en ricanant, suivi de Bluette. Il plonge la
main dans l'ouverture m�nag�e au sommet du pi�ge, pour attraper le
faisan.
MONSIEUR BLUETTE
Oh, la belle b�te.
De nouveau il a parl� un peu fort et Blaireau lui fait signe de se
taire, en lui donnant des tapes.
BLAIREAU
Chut !
Plan en enfilade d'un chemin, sur lequel marche Parju, se
dirigeant vers la cam�ra. Au premier plan, une pancarte indique
� Chasse Gard�e �. Parju donne un coup de pied d�sabus� dans un
morceau de bois qui tra�ne par terre. Il s'arr�te en entendant une
VOIX
MONSIEUR BLUETTE (voix off)
Oh !... Oh !... C'est merveilleux.
BLAIREAU (voix off)
Chut !
Parju �carquille les yeux.
Plan de demi-ensemble d'un section un peu clairsem�e de la for�t.
Au milieu des arbres, on distingue les silhouettes de Blaireau et
Bluette, leur gibier dans les mains. Zoom avant sur les deux
hommes, qui improvisent une danse au milieu des arbres, en agitant
leur gibier.
Retour sur Parju, qui a toujours les yeux �carquill�s. Il referme
ses paupi�res et se cache les yeux avec la main. Il marque un
temps, puis �carte deux doigts et entr'ouvre un oeil.
Retour sur l'endroit o� Bluette et Blaireau �taient en train de
danser quelques secondes auparavant. Il n'y a plus personne. Un
zoom arri�re permet de constater que toute la for�t alentour est
vide.
Retour sur Parju, qui affiche une expression de malaise flagrant.
PARJU
Oh !...
Il se masse le ventre.
PARJU
Oh !... �a va plus... �a va plus du tout.
Il se retourne pour repartir dans la direction d'o� il �tait
arriv�.
PARJU
Oh !...
Il s'�loigne en titubant.
FONDU ENCHA�N�
LOGEMENT DE PARJU - CHAMBRE � COUCHER - INT�RIEUR NUIT
Plan moyen de Parju couch� dans son lit, avec une bouillotte sur
le cr�ne et un thermom�tre dans la bouche. Il tient un bol dans
les mains. Il retire le thermom�tre de sa bouche et touille le
contenu de son bol avec.
PARJU
J'ai des visions.
Zoom avant sur Parju. Il sort le thermom�tre du bol et le regarde.
Il �carquille les yeux et affiche une mimique effray�e en voyant
le chiffre sur le thermom�tre.
PARJU
Quarante-six !
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen de la place devant la prison. Blaireau et Bluette
marchent vers la prison, portant leur gibier. La cam�ra les suit
jusqu'� la porte de la prison. Bluette donne une partie de son
gibier � Blaireau, pour pouvoir se lib�rer une main et prendre la
clef dans sa poche. Bluette montre le gibier et ricane doucement.
BLAIREAU
Chut !
Bluette met un doigt sur ses l�vres, et fouille dans la poche de
son pantalon. Il passe le faisan, qu'il tient toujours d'une main,
dans l'autre main pour fouiller dans l'autre poche. Puis il tapote
sur toutes les poches de sa veste.
MONSIEUR BLUETTE
Tiens... �a alors !
BLAIREAU
Vous n'allez pas me dire que ?...
MONSIEUR BLUETTE
Si.
BLAIREAU
Oh, non-non-non, monsieur Bluette, non, non-non-non !
MONSIEUR BLUETTE
Chut !...
Il fait signe � Blaireau de se taire, car il vient d'apercevoir
quelqu'un. Il pousse Blaireau � s'accroupir dans un coin sombre de
l'encoignure du porche de la prison, et se positionne devant lui.
On entend siffler. Bluette cache le faisan derri�re son dos.
Gros plan sur le visage de Blaireau, accroupi et cach� derri�re
Bluette, et qui, malheureusement, a la queue du faisan, tenu par
Bluette, qui lui arrive juste au niveau du nez.
Plan moyen sur le maire, qui arrive en sifflotant, les mains dans
les poches. Il s'arr�te en voyant Bluette.
MONSIEUR DUBENO�T
Tiens, bonsoir, Bluette.
Il lui tend la main. Bluette serre la main tendue.
MONSIEUR BLUETTE
Bonsoir, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Alors ? J'esp�re que vous l'avez mat�, ce sacr� Blaireau,
l�, hein ?
MONSIEUR BLUETTE
Oh la la... Pensez si je...
Gros plan sur le visage de Blaireau, dont la plume du faisan
chatouille toujours le nez. Blaireau se tortille des narines pour
essayer de ne pas �ternuer.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
Ne l'oubliez jamais que la tranquillit� de Montpaillard est
entre vos mains.
Retour sur Bluette et le maire.
MONSIEUR BLUETTE
Oh la la... Monsieur le maire, vous me connaissez hein ?
Il montre sa main au maire.
MONSIEUR BLUETTE
Une main de... dans un gant de...
MONSIEUR DUBENO�T
Exactement. Il ne s'agit pas de traiter ce gaillard-l� en
passager de premi�re classe.
Le maire ricane de sa propre boutade.
MONSIEUR BLUETTE
Oh la !... Oh la la... Pensez que je lui m�ne la vie dure.
Gros plan sur le visage de Blaireau, qui essaie toujours de
s'emp�cher d'�ternuer.
MONSIEUR DUBENO�T (voix off)
Bonsoir, Bluette.
MONSIEUR BLUETTE (voix off)
Au revoir, monsieur le maire.
Blaireau �ternue.
Retour sur Bluette et le maire. Le maire s'�loigne de Bluette, et
entendant l'�ternuement, se retourne.
MONSIEUR DUBENO�T
A vos souhaits.
Bluette porte la main � son nez. Le maire rit.
MONSIEUR BLUETTE
Merci, monsieur le maire.
Le maire s'�loigne. Blaireau sort de sa cachette. Bluette soupire.
BLAIREAU
Bon, c'est pas le tout, il faut rentrer.
MONSIEUR BLUETTE
Oui, allons-y.
Blaireau donne une partie de son gibier � Bluette. De leurs mains
libres, ils se mettent tous les deux � frapper sur la porte.
Plan moyen rapide sur l'extr�mit� de la place, o� l'on voit
appara�tre Victor.
Retour sur Bluette et Blaireau, devant la porte de la prison.
BLAIREAU CHUCHOTE
BLAIREAU
Attention !
MONSIEUR BLUETTE
Qu'est-ce que c'est ?
Bluette et Blaireau se cachent dans l'encoignure du porche.
Plan moyen sur Victor debout pr�s du mur de la prison. Il fait un
signe � quelqu'un et l'on voit appara�tre un d�tenu, qui vient se
ranger le long du mur � c�t� de Victor. Puis un autre d�tenu
appara�t, puis un autre... en fait l'ensemble des d�tenus de la
prison de Montpaillard, qui se rangent le long du mur derri�re
Victor. Avec d'infinies pr�cautions, il marchent vers la porte de
la prison. Victor regarde les d�tenus et met un doigt sur ses
l�vres. La cam�ra suit Victor jusqu'� la porte de la prison. Il
passe devant Bluette cach� sans le voir, pas plus d'ailleurs que
les d�tenus, qui ne songent qu'� regarder vers la rue, et non pas
vers l'encoignure du porche. Apr�s le passage du deuxi�me d�tenu,
Bluette sort de sa cachette.
MONSIEUR BLUETTE
Et bien, Victor ?
Les d�tenus sursautent.
Plan rapproch� sur Victor devant la porte de la prison, entour� de
deux d�tenus. La stupeur s'affiche sur son visage.
VICTOR
Monsieur le directeur !
Il porte la main � sa casquette pour saluer.
VICTOR
Bonsoir, monsieur le directeur.
Bluette s'approche de lui.
MONSIEUR BLUETTE
Mais qu'est-ce que �a signifie ?
VICTOR
Je me suis permis de les emmener au cin�ma.
MONSIEUR BLUETTE
Mais... Mais... vous �tes fou ?
VICTOR
Ah mais on est rentr� dans le noir.
MONSIEUR BLUETTE
Ah bon ! Oui, bon... Enfin, c'est pas tout �a... Ouvrez-
nous.
VICTOR
Mais oui, monsieur le directeur.
Victor fouille dans la poche de sa veste. Puis il tapote sur
toutes les autres poches de sa veste.
VICTOR
Et ben, �a alors...
MONSIEUR BLUETTE
Co... Vous n'allez pas me dire que...
VICTOR
Si.
Il hoche la t�te.
MONSIEUR BLUETTE
Ah non ! Ah non ! Non...
Par acquit de conscience, Victor t�te une nouvelle fois toutes ses
poches.
VICTOR
Heureusement que vous avez la v�tre, monsieur le directeur.
Bluette tourne la t�te et soupire.
MONSIEUR BLUETTE
Et bien, justement, euh...
Le d�tenu p�dicure s'approche d'eux en souriant.
D�TENU P�DICURE
Vous permettez ?
Il d�plie son couteau, puis se penche vers la porte.
MONSIEUR BLUETTE
Eh ?...
On entend un l�ger d�clic et le d�tenu ouvre la porte. Il regarde
le directeur avec un large sourire sur les l�vres. Bluette lui
envoie un baiser avec la main.
MONSIEUR BLUETTE
Bravo !
Le d�tenu prend une posture de modestie.
D�TENU P�DICURE
Oh... c'est du bricolage.
Bluette fait signe aux d�tenus d'entrer en prison, Blaireau le
premier. Victor en fait de m�me.
MONSIEUR BLUETTE
Allez... allez...
Les derniers d�tenus entrent dans la prison. Bluette sourit et
tape sur l'�paule de Victor
MONSIEUR BLUETTE
Dites-moi... Qu'est-ce que vous avez vu au cin�ma ?
VICTOR
Ars�ne Lupin. Pensez s'ils �taient contents.
Bluette rit, change son gibier de main et pousse Victor vers
l'entr�e de la prison.
Fondu au noir.
LOGEMENT DE PARJU - CHAMBRE � COUCHER - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen de Parju assis, en pyjama, dans son lit. Le docteur,
st�thoscope autour du cou, est debout � c�t� du lit. Parju a la
bouche ouverte, et le docteur lui donne une tape sur le menton.
Parju ferme la bouche.
LE DOCTEUR
Oh, mais �a va beaucoup mieux.
Il �te le st�thoscope de son cou.
LE DOCTEUR
Voyez, je vous l'avais bien dit : trois semaines de di�te.
Parju se masse le ventre.
PARJU
Je mangerai bien un morceau, docteur.
LE DOCTEUR
Ah ben, de la viande rouge. Maintenant il faut vous
fortifier. Blaireau sort de prison demain.
Il range son st�thoscope dans sa sacoche.
PARJU
Blaireau ?
Le m�decin ricane.
LE DOCTEUR
Oh, si �a peut vous consoler, il est aussi malade que vous.
PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen de Blaireau et du d�tenu p�dicure, assis sur le lit de
Blaireau. Autour d'eux, sur la table, sur toutes les �tag�res,
partout, des victuailles sont empil�es. Le p�dicure se tient le
ventre. Il ne semble pas se sentir tr�s bien.
D�TENU P�DICURE
Comment �a va, Blaireau ?
BLAIREAU
Off !.. Oh, le foie...
Blaireau semble, lui aussi, ne pas �tre en tr�s bonne forme. Il
fait un grand geste des deux mains pour d�crire la taille de son
foie.
BLAIREAU
... �norme !
D�TENU P�DICURE
Moi, c'est...
Il a un hoquet, et se tapote sur le ventre
D�TENU P�DICURE
... l'estomac.
BLAIREAU
Ah !... Heureusement que je sors demain.
Ils se l�vent tous les deux pour se trouver � nez � nez � avec les
jambons et les saucissons qui pendent du plafond.
BLAIREAU
Oh non... oh non... oh non !...
Le p�dicure sort de la cellule en se tenant le ventre.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Travelling arri�re sur la moto d'Arabella, qui roule au milieu de
la rue. Arabella est souriante et ne porte pas de casque. Un colis
est pos� sur le guidon de sa moto.
Une autre rue voisine de la premi�re. Travelling arri�re sur le
Solex de Fl�chard, qui roule au milieu de la rue, avec, lui aussi,
un colis pos� sur son guidon.
Plan d'ensemble du croisement des deux rues. La rue d'Arabella est
en pente vers le croisement, la rue de Fl�chard en mont�e vers le
croisement. Dans les deux rues, on voit arriver les deux
v�hicules, qui se rencontrent sur le croisement. On entend des
crissements de pneus et les deux v�hicules se percutent.
Zoom avant rapide et gros plan sur la pancarte fix�e sur un poteau
juste derri�re eux. Il y est inscrit : � Les Freins peuvent
l�cher, l'Assurance Tient �. On entend chuter les deux
protagonistes.
Plan moyen sur Arabella et Fl�chard, assis au milieu de la rue,
avec leur deux-roues couch�s sur la chauss�e. Dans la chute, le
colis d'Arabella s'est ouvert, laissant �chapper des pommes, une
bouteille et des bo�tes de conserve. En voulant se relever
ensemble, les deux jeunes gens se cognent la t�te. Toujours assis
par terre donc, Fl�chard regarde le colis ouvert d'Arabella, et
Arabella l'�tiquette sur le colis de Fl�chnard. Ils tournent la
t�te l'un vers l'autre. Fl�chard pointe le doigt vers Arabella.
ARMAND FL�CHARD & ARABELLA DE CHAVILLE (ensemble)
Vous envoyez des colis � Blaireau ?
ARMAND FL�CHARD
Pourquoi ?
Ils se rel�vent tous les deux ensemble.
ARABELLA DE CHAVILLE
C'est mon secret.
Fl�chard lui prend le bras.
ARMAND FL�CHARD
Arabella, je veux la v�rit�.
ARABELLA DE CHAVILLE
Vous �tes ivre, monsieur Fl�chard.
Elle se lib�re de son emprise, s'�loigne de lui et sort du champ.
ARMAND FL�CHARD
Mais... mais... Arabella... Mademoiselle ! Mais enfin,
je... mais...
On entend la moto d'Arabella qui red�marre.
Plan en enfilade de la rue, dans laquelle Arabella vient de
s'engager, avec la place dans le fond. Arabella a enfourch� sa
moto, et Fl�chard est toujours debout devant son Solex couch� par
terre. Arabella d�marre et vient vers la cam�ra, pendant que
Fl�chard ramasse son Solex. Les deux colis, eux, sont rest�s par
terre au milieu de la place. Arabella arrive au niveau de la
cam�ra et sort du champ, pendant que Fl�chard red�marre de la
place, et se lance � la poursuite d'Arabella.
Plan d'ensemble d'une autre rue. Au premier plan, deux enfants
jouent avec une fontaine publique. Au bout de la rue, en arri�re-
plan, on voit Arabella et Fl�chard arriver vers nous c�te � c�te.
Fl�chard crie pour se faire entendre au-dessus du bruit des
moteurs.
ARMAND FL�CHARD
Et Blaireau a accept� vos colis ?
ARABELLA DE CHAVILLE
Oui, pourquoi ?
Avec le bruit des moteurs, on n'arrive pas � comprendre la suite
de la conversation.
Panoramique sur les deux v�hicules qui se rapprochent. Un homme
s'appr�te � traverser la rue, mais, pris par leur discussion
anim�e, les deux jeunes gens ne ralentissent m�me pas. Le
panoramique s'arr�te sur l'homme qui se recule l�g�rement pour
�viter de se faire rouler dessus. Les v�hicules sortent du champ.
L'HOMME
Assassins ! Assassins !
Travelling arri�re sur les deux jeunes gens qui roulent c�te �
c�te au milieu de la rue. Fl�chard p�dale vigoureusement pour
rester � la hauteur d'Arabella.
ARMAND FL�CHARD
Blaireau est une canaille, mais il est innocent.
ARABELLA DE CHAVILLE
C'est faux.
ARMAND FL�CHARD
C'est moi qui ai ross� Parju !
ARABELLA DE CHAVILLE
Vous ? Allons donc !
Fl�chard sort la plaque de Parju de sa poche, et la montre �
Arabella.
ARMAND FL�CHARD
Tenez, la preuve !
Arabella regarde la plaque, puis d�tourne la t�te. Fl�chard remet
la plaque dans sa poche.
ARABELLA DE CHAVILLE
Je ne vous crois pas.
ARMAND FL�CHARD
N'emp�che... L'homme qui vous aime dans l'ombre.
Arabella jette des regards furtifs et furieux � Fl�chard.
ARABELLA DE CHAVILLE
Vous avez lu mes lettres.
Fl�chard se tape sur la poitrine.
ARMAND FL�CHARD
C'est moi qui les ai �crites.
ARABELLA DE CHAVILLE
Mais c'est vous ?
ARMAND FL�CHARD
Oui.
ARABELLA DE CHAVILLE
Mais pourquoi ?
ARMAND FL�CHARD
Mais parce que je vous aime !
Il joint les deux mains sur sa poitrine, puis reprend vite son
guidon pour ne pas tomber.
ARABELLA DE CHAVILLE
Comment ?
ARMAND FL�CHARD
Je vous aime !
ARABELLA DE CHAVILLE
Quoi ?
ARMAND FL�CHARD
Je vous aime !
MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR
Vue a�rienne de la place de la mairie, sur laquelle on voit
arriver les deux jeunes gens. Arabella s'arr�te, Fl�chard aussi,
mais Arabella n'arr�te pas son moteur, qui est tr�s bruyant et
couvre la voix de Fl�chard.
ARMAND FL�CHARD
Je vous aime !
Un boucher � bicyclette s'approchent d'eux.
Arabella arr�te enfin son moteur, alors que plusieurs badauds se
rapprochent du couple. Et dans le silence qui suit l'arr�t du
moteur, Fl�chard crie :
ARMAND FL�CHARD
Je vous aime !
Plan rapproch� sur les deux jeunes gens debout sur leur deux-roues
au milieu de la place, avec, en arri�re-plan, des badauds qui les
entourent et les regardent.
ARABELLA DE CHAVILLE
Vous avez fait �a ? Vous ?
Fl�chard baisse la t�te et sourit.
ARMAND FL�CHARD
Oui.
Arabella lui sourit avec tendresse.
Plan moyen sur l'entr�e de la mairie. Le maire descend les marches
du perron et fait quelques pas vers deux femmes qui regardent le
couple en souriant.
MONSIEUR DUBENO�T
Qu'est-ce qu'il a fait ?
Contrechamp sur l'autre c�t� de la place, o� d'autres badauds
souriants observent le couple, dont le boucher appuy� sur sa
bicyclette. Guilloche s'approche du couple en souriant, et les
salue.
Plan moyen sur le couple. Fl�chard baise la main d'Arabella.
ARABELLA DE CHAVILLE
Oh Armand, c'est merveilleux.
ARMAND FL�CHARD
Oh oui, Arabella.
ARABELLA DE CHAVILLE
Vous allez �tre mis en prison ?
ARMAND FL�CHARD
Oui...
Il cesse de sourire et la regarde avec plus d'attention.
ARMAND FL�CHARD
Comment donc ?
ARABELLA DE CHAVILLE
Moi qui vous trouvais fade, idiot, insignifiant. Mais si
vous allez en prison, je vais devenir folle de vous.
Fl�chard se redresse.
ARMAND FL�CHARD
En prison ?
Il lui l�che la main et s'�loigne de deux pas.
ARMAND FL�CHARD
Mais j'y vais.
Arabella le retient par le bras.
ARABELLA DE CHAVILLE
Vous feriez �a pour moi ?
ARMAND FL�CHARD
Oui, Arabella.
ARABELLA DE CHAVILLE
Tout de suite ?
ARMAND FL�CHARD
J'y vais.
Il s'�loigne � grandes enjamb�es.
ARMAND FL�CHARD
J'y vais !
Le maire court apr�s lui, suivi par Guilloche.
MONSIEUR DUBENO�T
Fl�chard ! Fl�chard !
MONTPAILLARD - PLACE DE L'�GLISE - EXT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble de la place de l'�glise. Le maire rattrape
Fl�chard et lui prend le bras, mais Fl�chard continue � marcher.
Le maire le suit tout en lui parlant. Derri�re eux, on voit
Guilloche qui marche � grands pas pour les rejoindre.
MONSIEUR DUBENO�T
O� allez-vous ?
ARMAND FL�CHARD
Chez le Procureur de la R�publique avouer mon crime.
MONSIEUR DUBENO�T
Il n'y a pas de crime � Montpaillard !
ARMAND FL�CHARD
C'est moi qui ai ross� Parju, Blaireau est innocent.
Il sort la plaque de Parju de sa poche, et la montre au maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Qu'est-ce que vous chantez ?
ARMAND FL�CHARD
�a ne sera pas, monsieur le maire. J'expie.
Il s'�loigne et sort du champ. Le maire s'est arr�t� de marcher.
Guilloche le rejoint.
MA�TRE GUILLOCHE
Mais... c'est une erreur judiciaire.
MONSIEUR DUBENO�T
Non ! Pas d'erreur judiciaire � Montpaillard.
MA�TRE GUILLOCHE
C'est un �pouvantable scandale.
MONSIEUR DUBENO�T
Il n'y a pas de scandale � Montpaillard !
MA�TRE GUILLOCHE
Et bien, il va y en avoir un, moi, je vous le garantis.
PALAIS DE JUSTICE - BUREAU DU PROCUREUR - INT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� du procureur, assis derri�re son bureau.
LE PROCUREUR
Non, non, non, non-non, non-non, non-non...
Il frappe sur son bureau.
LE PROCUREUR
... on ne vient pas faire des aveux juste au moment des
vacances.
Contrechamp et plan rapproch�, en l�g�re contre-plong�e, sur
Fl�chard, debout devant le bureau.
ARMAND FL�CHARD
Monsieur le Procureur, le remords ne choisit pas son jour.
Plan moyen sur les deux hommes, vu de c�t�, avec la fen�tre
entr'ouverte derri�re eux. Le procureur hoche la t�te.
LE PROCUREUR
Le remords ?... Et retarder mon d�part en vacances, �a ne
vous en donne pas, de remords ? Vous, la sant� de mes
enfants vous importe peu.
ARMAND FL�CHARD
Quand dois-je me rendre en prison ?
LE PROCUREUR
Parce que vous voulez aller aussi en prison ? C'est un
monde !
ARMAND FL�CHARD
Je veux coucher en prison ce soir.
LE PROCUREUR
Non, monsieur, vous ne coucherez pas en prison ce soir-
m�me.
Il ramasse un dossier sur son bureau, et le met dans un tiroir,
qu'il referme d'un geste sec.
ARMAND FL�CHARD
Bon, ben... alors quand ?
Plan rapproch� sur le procureur.
LE PROCUREUR
On vous �crira.
CH�TEAU DE CHAVILLE - VESTIBULE - INT�RIEUR JOUR
Gros plan sur un colis, avec une �tiquette, sur laquelle est
inscrit : � Pour Armand Fl�chard �. A c�t� du colis, une bouteille
de � Clos de Chaville - Montpaillard �. On voit la main d'Arabella
qui prend la bouteille.
Zoom arri�re sur Arabella qui met la bouteille dans le colis. Son
p�re s'approche d'elle.
L�ON DE CHAVILLE
Mais... pour qui, ce colis ?
ARABELLA DE CHAVILLE
Pour mon fianc�.
L�ON DE CHAVILLE
Mais il sort de prison !
ARABELLA DE CHAVILLE
Mais non, il y entre.
L�ON DE CHAVILLE
Il... il y entre ? Mais... qui ?
ARABELLA DE CHAVILLE
Mais mon nouveau fianc�, papa.
Arabella prend son colis et s'�loigne.
L�ON DE CHAVILLE
Oh !... Non, non, non, non, non, non !
Il donne un grand coup de poing sur la table.
PRISON - BUREAU DU DIRECTEUR - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur le bureau, derri�re lequel Bluette est assis.
Blaireau est debout � c�t� du bureau, son baluchon � la main, et
est en train de signer sur un grand registre ouvert sur le bureau
BLAIREAU
L� !
Il tend le stylo � Bluette, qui le prend.
MONSIEUR BLUETTE
Voil�.
Il se l�ve.
BLAIREAU
Alors �a y est, je suis libre ?
MONSIEUR BLUETTE
Oui.
Il lui tend la main.
MONSIEUR BLUETTE
Au revoir, mon vieux Blaireau.
Il lui tape sur le bras, puis le guide hors du bureau.
MONSIEUR BLUETTE
Donnez-moi de vos nouvelles, hein ?
Blaireau se retourne
BLAIREAU
Je vous apporterai du gibier.
MONSIEUR BLUETTE
Allons, voyons !
BLAIREAU
Il ne vous co�tera pas cher, et � moi non plus.
Il ricane, imit� par Bluette.
MONSIEUR BLUETTE
Vous allez donc toujours l'intention de braconner ?
Ils sont presque arriv�s � la porte, et Blaireau se retourne de
nouveau.
BLAIREAU
Ah, ben, que voulez-vous, tout le monde ne peut pas �tre
fonctionnaire, monsieur le directeur. A la revoyure,
monsieur Bluette.
Ils se serrent de nouveau la main. Bluette ouvre la porte.
MONSIEUR BLUETTE
Allez, au revoir, Blaireau.
BLAIREAU
Allez.
Il sort en chantonnant. Bluette referme la porte derri�re lui, et
revient vers son bureau, en chantonnant lui aussi. Il referme le
registre en ricanant. Il aper�oit alors une enveloppe que,
apparemment, il n'avait pas encore remarqu�e. Il la ramasse,
l'ouvre et sort la lettre qui est � l'int�rieur.
MONSIEUR BLUETTE
Qu'est-ce que c'est encore que �a ?
PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble de la cour avec la porte d'entr�e dans le
fond. Victor est en train d'ouvrir la porte. Blaireau se dirige
vers lui, puis s'arr�te et siffle la ritournelle d'appel de son
chien. Deux aboiements lui r�pondent. Victor ouvre la porte pour
Blaireau, et le chien se dirige vers eux.
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen de Blaireau en train de serrer la main de Victor, vu
depuis la place � l'ext�rieur de la prison. Derri�re eux, �
l'�tage, on voit Bluette derri�re les barreaux de sa fen�tre.
BLAIREAU
Au revoir, Victor.
VICTOR
Au revoir, Blaireau.
MONSIEUR BLUETTE
Encore une petite seconde, Blaireau.
Victor l�ve les yeux vers la fen�tre.
BLAIREAU
Avec plaisir, monsieur le directeur.
Blaireau, qui �tait d�j� sorti, revient dans la cour. Victor
referme la porte derri�re lui.
PRISON - BUREAU DU DIRECTEUR - INT�RIEUR JOUR
Plan de demi-ensemble de la pi�ce. Au fond, Bluette est debout
devant la fen�tre, la lettre � la main.
MONSIEUR BLUETTE
�a, c'est incroyable !
Il revient vers le centre de la pi�ce, qui est assez �l�gamment
meubl�e, avec, entre autres, plusieurs fauteuils de style.
MONSIEUR BLUETTE
Le v�ritable coupable a fait des aveux complets, et s'est
mis � la disposition de la justice.
Il ricane. Il est arriv� devant la porte, qui s'ouvre doucement.
Blaireau entre dans la pi�ce.
MONSIEUR BLUETTE
Ah !
Il referme la porte derri�re lui.
MONSIEUR BLUETTE
Blaireau ! Qu'est-ce que vous r�pondriez si je vous
apprenais que vous �tes innocent ?
BLAIREAU
Ah, je vous r�pondrais que je le savais.
MONSIEUR BLUETTE
Et vous aviez raison, Blaireau.
BLAIREAU
Ah !...
Bluette s'avance vers son bureau, en relisant la lettre.
MONSIEUR BLUETTE
Je viens de recevoir une lettre du Parquet... �a... euh...
Vous �tes innocent.
Blaireau se rapproche de lui.
BLAIREAU
Mais... mais qui c'est qu'a fait le coup ?
MONSIEUR BLUETTE
C'est Fl�chard... oui, c'est �a, le professeur de piano.
Blaireau ouvre de grands yeux et se met une main sur la hanche.
BLAIREAU
Oh ben �a, si les professeurs s'y mettent maintenant !
Bluette revient vers la lettre.
MONSIEUR BLUETTE
Alors voil� exactement ce que dit la lettre, n'est-ce pas.
� Apr�s les formalit�s indispensables, on mettra Blaireau
en libert� le plus t�t possible. �
BLAIREAU
Oui, mais enfin maintenant, je suis libre.
MONSIEUR BLUETTE
Oh la ! Le plus t�t possible.
BLAIREAU
Comment ? Le plus t�t possible ?
MONSIEUR BLUETTE
Oh �a, Blaireau, je m'y engage.
Il met la lettre dans la poche de sa veste.
BLAIREAU
Enfin, moi maintenant, moi, je m'en vais.
Il se dirige vers la porte. Bluette le rattrape.
MONSIEUR BLUETTE
Ah non.
Il attrape Blaireau par le bras.
BLAIREAU
Comment non ?
MONSIEUR BLUETTE
Non. Vous avez fini votre temps comme coupable, bon.
Mais...
Il revient vers le centre de la pi�ce.
MONSIEUR BLUETTE
... on apprend aujourd'hui que vous �tes innocent.
Il s'assoit derri�re son bureau.
MONSIEUR BLUETTE
Nous nous trouvons en pr�sence de nouvelles formalit�s �
remplir.
Contrechamp sur Blaireau, qui vient vers le bureau
BLAIREAU
Alors, comme �a, c'est parce que je suis innocent qu'il
faut que je reste en prison ?
Plan moyen sur les deux hommes, Bluette assis derri�re son bureau,
et Blaireau debout devant. Bluette se l�ve.
MONSIEUR BLUETTE
La loi est la loi.
Blaireau ricane. Bluette se penche vers lui.
MONSIEUR BLUETTE
Pour �tre emprisonn�, il n'est pas absolument n�cessaire
d'�tre coupable, mais, d'un autre c�t�, pour �tre mis en
libert�, il ne suffit pas toujours d'�tre innocent.
D�sabus�, Blaireau s'assoit dans le fauteuil en face du bureau.
BLAIREAU
C'est bon...
Bluette lui tape sur l'�paule.
MONSIEUR BLUETTE
Oh mais je... Pauvre Blaireau, va.
Il ouvre une bonbonni�re ancienne pos�e sur le bureau.
MONSIEUR BLUETTE
Un bonbon ?
BLAIREAU
Bah !
Blaireau fait une grimace de d�go�t. Bluette referme la
bonbonni�re.
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR
Plan rapproch�, en contre-plong�e, du fronton de la prison, avec
le mot � Prison � �crit en grosses lettres majuscules blanches, et
le drapeau Fran�ais flottant au-dessus. Panoramique descendant
rapide vers le niveau du sol. Arabella vient d'arriver � moto,
avec le colis pour Fl�chard en travers du guidon. Elle regarde de
l'autre c�t� de la place avec une mimique de surprise. Elle croise
les bras sur son colis.
Toute la sc�ne suivante est jou�e sur le mode des films muets, o�
le mime jouait un r�le important. Elle est d'ailleurs accompagn�e
par une petite musique de piano, qui ressemble � celles qui
�taient jou�es par les accompagnateurs de films muets.
Contrechamp montrant Arabella, de dos, au premier plan, et, en
arri�re-plan, Parju, en grande discussion avec le boucher et deux
autres badauds. Fl�chard s'approche de Parju dans son dos.
Fl�chard montre � Arabella le bureau du procureur, au premier
�tage de l'immeuble d'en face. Puis il fait un signe
d'impuissance.
Plan rapproch� sur Arabella, toujours assise sur sa moto devant la
prison. Elle fait une mimique de demande d'explications. Puis elle
pose le coude sur son colis, et s'appuie la t�te sur la main.
Plan de demi-ensemble de Fl�chard, debout dans le dos de Parju.
Parju, lui discute toujours avec les m�mes badauds. Fl�chard tape
sur l'�paule de Parju, qui se retourne. Fl�chard lui tend les
poignets pour qu'il lui passe les menottes. Parju fait un signe de
d�n�gation, puis retourne � sa conversation. Fl�chard semble
d�sabus�. Il tape de nouveau sur l'�paule de Parju, et lui raconte
l'attaque de nuit pr�s du ch�teau. Il mime une bagarre. Parju fait
signe que cette histoire ne l'int�resse pas. Fl�chard fouille dans
sa poche, en sort la plaque de Parju et la lui donne. Parju l�ve
les bras au ciel en guise de remerciement. Il se tourne vers
Fl�chard et l'embrasse sur les deux joues. Il revient vers les
badauds et leur montre la plaque qu'il a remise en place. Il se
retourne et donne une grande bourrade � Fl�chard.
Plan moyen sur Arabella, toujours � califourchon sur sa moto. Elle
hausse les �paules, d�marre la moto et s'en va.
Retour sur le m�me plan de Parju et Fl�chard. Parju est
visiblement en train d'expliquer aux badauds que Fl�chard est le
h�ros qui lui a rendu sa plaque. Fl�chard fait une mimique de
d�couragement et s'en va.
Fondu encha�n�.
PRISON - BUREAU DU DIRECTEUR - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen de Bluette assis derri�re son bureau, occup� � lire un
document. On frappe � la porte.
MONSIEUR BLUETTE
Oui, entrez...
La porte s'ouvre et Fl�chard entre, un baluchon � la main.
MONSIEUR BLUETTE
Ah !... Vous voil�, Fl�chard.
Il se l�ve et vient vers Fl�chard. Il lui montre le document qu'il
a toujours en main.
MONSIEUR BLUETTE
Et bien, mes compliments, hein !
ARMAND FL�CHARD
Bof !
MONSIEUR BLUETTE
Et qu'est-ce que vous d�sirez ?
ARMAND FL�CHARD
Je viens me constituer prisonnier.
MONSIEUR BLUETTE
Ah ! Vous avez un papier ?
ARMAND FL�CHARD
Ah... non, monsieur le directeur.
MONSIEUR BLUETTE
Un mot, une lettre du parquet ?
ARMAND FL�CHARD
Mais non, je n'ai rien du tout.
MONSIEUR BLUETTE
Et vous vous imaginez que je vais vous coffrer comme �a ?
De chic ! Mais vous �tes �tonnant, ma parole d'honneur.
Il retourne s'assoir derri�re son bureau.
ARMAND FL�CHARD
Comment ? Il faut une recommandation, maintenant, pour
entrer en prison ?
MONSIEUR BLUETTE
Mais certainement.
ARMAND FL�CHARD
Oui, toujours la faveur, alors.
Bluette semble ne pas appr�cier cette accusation. Il pointe le
doigt vers Fl�chard, et marmonne entre ses dents :
MONSIEUR BLUETTE
�coutez bien...
On frappe � une autre porte que la porte d'entr�e habituelle du
bureau. Bluette et Fl�chard se tournent vers cette porte. Bluette
r�pond sur un ton tr�s sec :
MONSIEUR BLUETTE
Oui !
Plan moyen sur l'autre porte qui s'ouvre doucement. Blaireau
appara�t.
BLAIREAU
Monsieur le directeur.
MONSIEUR BLUETTE
Allons, bon, l'autre � pr�sent. Qu'est-ce que c'est
encore ?
Blaireau s'approche du bureau, l'air un peu obs�quieux.
BLAIREAU
Ce n'est pas pour vous faire un reproche, monsieur le
directeur, mais je trouve que vous y mettez du temps � me
rel�cher.
Plan de demi-ensemble montrant Bluette assis derri�re son bureau,
Fl�chard debout d'un c�t� et Blaireau debout de l'autre c�t�.
MONSIEUR BLUETTE
Impossible avant d'avoir re�u l'ordre du Parquet.
BLAIREAU
Alors, non seulement je fais mon temps et je suis innocent,
et on ne veut pas me rel�cher. Ben �a, c'est trop fort !
ARMAND FL�CHARD
Oui, ben moi, c'est encore plus fort. Je suis coupable, et
on ne veut pas m'arr�ter.
MONSIEUR BLUETTE
Oh !... Si on devait mettre tous les coupables en prison...
ben l�, on n'en sortirais plus !
BLAIREAU
Oui, ben elle est propre, la justice.
MONSIEUR BLUETTE
Non, mais vous allez vous taire !
BLAIREAU
Non, je ne me tairai pas.
Il frappe du plat de la main sur le bureau.
BLAIREAU
Je veux sortir !
ARMAND FL�CHARD
Je veux rentrer !
Il frappe du plat de la main sur le bureau.
BLAIREAU
Je veux sortir !
Il frappe du plat de la main sur le bureau.
ARMAND FL�CHARD
Je veux rentrer !
BLAIREAU
Je veux sortir !
Il frappe du plat de la main sur le bureau.
ARMAND FL�CHARD
Je veux rentrer !
Bluette frappe des deux mains sur son bureau et se l�ve, tr�s en
col�re.
MONSIEUR BLUETTE
Assez !... Victor !
Victor entre dans le bureau.
VICTOR
Monsieur le directeur ?
MONSIEUR BLUETTE
Flanquez-moi Blaireau au cachot. Quant � vous, monsieur
Fl�chard, dehors !
Victor pousse Blaireau vers une porte, et Bluette pousse Fl�chard
vers l'autre. Tous parlent en m�me temps et on ne comprend pas ce
qu'ils disent.
PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen de l'un des escaliers du perron de la prison. Bluette
tient toujours Fl�chard par le bras, et le force � descendre les
escaliers.
ARMAND FL�CHARD
�coutez, monsieur Bluette, il faut que j'entre en prison.
MONSIEUR BLUETTE
Non.
PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR
Victor tient Blaireau par le bras, et le pousse vers le cachot.
Blaireau se d�bat.
VICTOR
Allons, allons !
BLAIREAU
Je me plaindrai au gouvernement !
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur la porte de la prison. La porte s'ouvre et Bluette
pousse Fl�chard dehors.
MONSIEUR BLUETTE
Vous �tes charmant, Fl�chard, mais non.
ARMAND FL�CHARD
Mais voyons...
La porte se referme, et Fl�chard tape dessus. Elle se rouvre et
Bluette r�apparait.
MONSIEUR BLUETTE
Non.
Il referme la porte.
PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR
Plan moyen de Victor poussant Blaireau � l'int�rieur du cachot.
VICTOR
Allez !
BLAIREAU
Non !
Victor claque la porte du cachot derri�re Blaireau. La t�te de
Blaireau appara�t � la lucarne de la porte.
BLAIREAU
Non ! Je suis innocent !
Victor donne deux tours de cl� � la porte. Zoom avant sur le
visage de Blaireau.
BLAIREAU
Je suis innocent ! Oh !... Quand je sortirai, �a fera du
vilain ! Je suis innocent !...
Fondu au noir.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Roulement de tambour. Gros plan sur la premi�re page de � L'�veil
de Montpaillard �. Un gros titre en travers de toute la page :
� Un Scandale � Montpaillard - L'Affaire Blaireau - grave erreur
judiciaire�. Et, en dessous, dans un encadr�, les mots � Le
Crime �, puis, dans la pliure du journal, on devine le mot
� Maire �.
Plan rapproch� de Guilloche en train de lire son journal devant
une porte, sur laquelle est inscrit � Imprimerie �. Il plie le
journal en quatre.
MA�TRE GUILLOCHE
Cramponne-toi, Dubeno�t.
Il regarde autour de lui.
MA�TRE GUILLOCHE
En avant !
Zoom arri�re montrant une dizaine de jeunes gar�ons, portant
chacun un paquet de journaux dans les mains et qui s'�parpillent
en courant et en criant : � L'�veil ! L'�veil ! �. De chaque c�t�
de l'entr�e de l'imprimerie, des affichettes, coll�es sur les
murs, indiquent � L'�veil de Montpaillard �. Des jeunes gens, un
peu plus �g�s, sortent, � leur tour, de l'imprimerie, portant
aussi des paquets de journaux. Guilloche pousse les derniers
gamins, dont l'un s'est m�me fait un chapeau avec l'un des
journaux !
Plan de demi-ensemble de la rue. Les gamins passent en courant
devant le maire, qui se retourne pour les regarder. Il a d�j� un
journal � la main. Un passant arr�te un gamin pour lui acheter un
journal. Guilloche s'approche du maire. Le maire pointe le doigt
vers lui, et lui dit quelque chose, et Guilloche lui r�pond, mais,
avec les cris des gamins, on ne peut comprendre ce qu'ils se
disent. D'autres badauds s'approchent d'eux, tenant chacun un
journal � la main. Ils sont tous hilares.
Contrechamp montrant, au premier plan, le maire et Guilloche en
pleine discussion. Derri�re eux, en arri�re-plan, Parju est en
train de lire le journal. Un gendarme garde un b�timent officiel,
vers lequel Fl�chard se dirige. Le maire court vers lui. Guilloche
entre � la suite de Fl�chard dans le b�timent, mais le maire reste
dehors. Il est rejoint par Parju.
Plan moyen montrant le boucher en train de se battre avec Auguste.
Un gendarme essaie de les s�parer.
AUGUSTE
Je le savais qu'il �tait innocent... Je le savais !
MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR
Vue a�rienne de la place. Des badauds se rassemblent sur la place.
Des tracts � tombent du ciel �. Dessus, on peut distinguer, �crits
en majuscules, les mots � Tous - Nous attendrons Blaireau � sa
Lib�ration �, et sur un autre tract : � Grande F�te - pour
l'innocence de Blaireau �.
MA�TRE GUILLOCHE (voix off sortant d'un m�gaphone)
Un innocent est maintenu en prison.
Une voiture arrive sur la place, couverte de banderoles au nom de
� L'�veil de Montpaillard �, avec, �crit en dessous :
� Directeur : A. Guilloche �. Debout dans la voiture, la moiti� du
corps passant par le toit ouvrant, Guilloche harangue la foule, un
m�gaphone � la main.
MA�TRE GUILLOCHE
Nous, fils de Saint Louis, assoiff�s de justice, nous
n'avons pas pris la Bastille pour rien. Notre journal,
L'�veil de Montpaillard, obtiendra la lib�ration de
Blaireau. Crions notre indignation. Lib�rez Blaireau !
Plan moyen sur Guilloche debout dans sa voiture arr�t�e, le
m�gaphone devant la bouche. Derri�re lui, le perron de la mairie
MA�TRE GUILLOCHE
Fustigeons les pouvoirs publics d�cadents. F�tons Blaireau,
l'innocence retrouv�e.
Le maire et Parju montent les marches du perron de la mairie. La
voiture de Guilloche red�marre et sort du champ.
MA�TRE GUILLOCHE (voix off sortant d'un m�gaphone)
Tous demain, devant la prison. Le peuple reconna�tra les
siens. Assez d'abus, assez de...
Le reste se perd dans le brouhaha ambiant. Zoom avant sur le
maire, qui met la main sur l'�paule de Parju.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah !... Mon pauvre Parju. Montpaillard n'est plus la ville
la plus calme de France.
Gros plan sur le sol de la place o� les tracts continuent � tomber
du ciel.
LA FOULE (voix off)
Lib�rez Blaireau ! Lib�rez Blaireau ! Lib�rez Blaireau !
Lib�rez Blaireau !...
Fondu au noir
PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR
Plan moyen sur Bluette et Blaireau, vus de dos. Devant eux, la
porte de la prison est ouverte � deux battants par Victor. Bluette
s'efface pour laisser passer Blaireau. Devant eux, en travers de
la rue, une grande banderole, entour�e de drapeaux, affiche :
� Pardon Blaireau �. Sur la place, devant la prison une grande
foule est rassembl�e. Elle acclame, � grands cris, la sortie de
Blaireau. Blaireau est habill� d'un costume sombre, mais porte
toujours son �ternel b�ret. Il h�site un peu � sortir, mais
Bluette le pousse. Dehors, Blaireau est accueilli par Guilloche,
en habit, et portant un chapeau haut-de-forme � la main. Derri�re
Bluette, le chien sort tranquillement. Les cloches de la ville se
mettent � sonner. Blaireau serre chaleureusement la main de
Bluette.
LA FOULE
Blaireau ! Blaireau ! Blaireau !...
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR
Contrechamp montrant, en plan moyen, Bluette, Blaireau et
Guilloche, vus de face. On remarque que Blaireau, outre son beau
costume sombre, porte un noeud papillon et un oeillet blanc � la
boutonni�re. Les portes de la prison se referment derri�re eux.
LA FOULE (voix off)
Blaireau ! Blaireau ! Blaireau !...
Zoom arri�re permettant de d�couvrir une grande voiture � deux
portes, d�capotable et d�capot�e, et qui s'arr�te devant la porte
de la prison. Le chauffeur sort de la voiture et enl�ve sa
casquette. Guilloche rel�ve le si�ge avant, puis monte dans la
voiture, suivi de Blaireau. Le chauffeur remet sa casquette et
reprend sa place au volant. Guilloche fait signe � la foule de se
taire. Les acclamations diminuent. Puis Guilloche fait signe � un
petit gar�on d'approcher. Le petit gar�on porte un bouquet de
fleurs, qu'il donne � Guilloche.
Plan rapproch� de Guilloche et Blaireau debout � l'arri�re de la
voiture. Guilloche tend le bouquet � Blaireau, qui le lui prend
des mains. La foule est maintenant silencieuse. On n'entend plus
que les cloches. Guilloche passe le bras autour des �paules de
Blaireau.
MA�TRE GUILLOCHE
Mes chers concitoyens, l'�motion m'emp�che de vous parler
longuement. Votre journal, L'�veil de Montpaillard, vous a
demand� d'�tre l�, et Montpaillard est l�, manifestant sa
sympathie au martyr innocent et sa r�probation � la
tyrannie municipale.
Plan moyen sur un coin de la place. Deux petites filles portent
des fleurs dans les cheveux. Autour d'elles, un homme hilare, un
petit gar�on et deux jeunes femmes souriantes. Derri�re eux, Parju
surveille l'�v�nement. Le maire appara�t timidement derri�re un
pan de mur, et regarde Parju.
MA�TRE GUILLOCHE (voix off)
Mais oublions, en ce beau jour...
Retour sur Guilloche et Blaireau dans la voiture
MA�TRE GUILLOCHE
... les passions et les haines, et r�p�tons ces deux mots,
illustrant les sentiments qui, tous, nous r�unissent :
pardon Blaireau.
VOIX D'ENFANTS (voix off)
Pardon Blaireau !
Il embrasse Blaireau sur les deux joues, ce qui a l'air de ne
plaire que moyennement � l'int�ress�.
Plan un peu plus �loign� de la voiture.
MA�TRE GUILLOCHE
Et vive Blaireau !
LA FOULE (voix off)
Vive Blaireau !
Guilloche tape sur l'�paule du chauffeur, qui d�marre la
voiture... un peu s�chement, ce qui fait que Guilloche et Blaireau
tombent tous les deux � la renverse et se retrouvent assis sur le
si�ge. Bluette les regarde partir en les applaudissant.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR
Plan d'une rue en enfilade. En travers de la rue, une banderole,
entour�e de guirlandes, affiche : � Honneur � Blaireau �. Une
foule nombreuse et joyeuse est mass�e des deux c�t�s de la rue. Au
bout de la rue, on voit s'avancer la voiture d�capotable, entour�e
de gendarmes � bicyclette.
Plan rapproch� de Blaireau dans la voiture. Il est couvert de
serpentins. Une jeune femme blonde lui tend son chien, qu'il prend
dans ses bras, et d�pose sur la banquette. En �change, il donne
son bouquet � la jeune femme.
Retour sur la rue en enfilade. Un gendarme � v�lo attend que la
voiture red�marre pour repartir. La voiture passe devant la cam�ra
et sort du champ sur la droite. Guilloche est assis et salue la
foule avec son chapeau haut-de-forme. Blaireau est debout et salue
aussi la foule.
LA FOULE
Blaireau ! Blaireau ! Blaireau !...
Derri�re la voiture, arrive un cort�ge cycliste d'enfants.
Contrechamp en plan de demi-ensemble. La cam�ra surplombe la rue,
en travers de laquelle une pancarte, entour�e de drapeaux,
indique : � Vive Blaireau �. Le voiture passe sous la cam�ra.
Blaireau est debout, son chien dans les bras. Devant la voiture
tourne un man�ge.
Plan moyen sur la voiture qui vient de s'arr�ter. Guilloche, son
chapeau sur la t�te, sort c�t� passager. Blaireau pose son chien
sur la banquette et sort � son tour. Les deux hommes se fraient un
chemin au milieu des serpentins. Ils arrivent devant la voiture.
Guilloche fait un grand geste du bras.
MA�TRE GUILLOCHE
Cette f�te est pour vous, Blaireau.
BLAIREAU
Mais il fallait pas, mais c'est trop !
Guilloche d�signe quelque chose de la main.
MA�TRE GUILLOCHE
H�, tenez.
BLAIREAU
Mais tout �a, c'est pour moi ?
Contrechamp montrant des hommes rassembl�s autour de grandes
barriques de vin. Au-dessus d'eux, une pancarte indique : � � la
sant� de Blaireau �. Les hommes l�vent tous leurs verres vers
Blaireau.
LES HOMMES
A ta sant�, Blaireau !
Retour sur Guilloche et Blaireau devant la voiture.
BLAIREAU
Mais, mais, mais je suis confus.
MA�TRE GUILLOCHE
Mais non.
Blaireau donne une grande tape dans le dos de Guilloche, dont le
chapeau manque de tomber. Blaireau se pr�cipite vers les hommes.
La cam�ra le suit. Il arrive pr�s d'eux. Il prend un verre des
mains d'Auguste, et se tourne vers la foule. Il l�ve son verre.
BLAIREAU
H�, les gars, c'est ma tourn�e.
LA FOULE
Vive Blaireau ! Vive Blaireau !
Des hommes sortent de la foule et s'approche de Blaireau pour
trinquer avec lui.
Plan rapproch� sur le chien, assis sur une planche devant les
barriques. Il a un noeud autour du cou et une fleur en papier
pass�e dans son collier. A c�t� de lui, le petit gar�on �
lunettes, que nous avions d�j� vu p�cher avec le juge, partage sa
glace avec le chien. Le petit gar�on porte un petit chapeau en
carton, style � Fez � marocain.
Plan moyen sur Guilloche, qui regarde la foule en liesse. Le maire
arrive derri�re lui, tout souriant.
MONSIEUR DUBENO�T
H�, h�, c'est beau, le d�sint�ressement, hein ?
MA�TRE GUILLOCHE
Vous ici, monsieur le maire ?
MONSIEUR DUBENO�T
Je m'amuse beaucoup. Enfin, on ne crie pas : � Vive
Guilloche ! �, on crie : � Vive Blaireau ! �.
MA�TRE GUILLOCHE
C'est bien normal, je ne suis pas la victime.
MONSIEUR DUBENO�T
Oh, mais �a va venir. Le prochain maire de Montpaillard ne
s'appellera pas Dubeno�t, ni Guilloche, il s'appellera
Blaireau ! H�, h�, h� ! Beau travail, mon cher ma�tre.
Il lui donne une grande tape dans le dos. Guilloche titube un peu
et se masse l'�paule. Le maire s'�loigne d'un pas, puis s'arr�te
et regarde un homme qui s'approche de Guilloche, un papier � la
main. Il s'agit du marchand de vins.
LE MARCHAND DE VINS
Voici la facture du vin.
Le maire le regarde en souriant.
MONSIEUR DUBENO�T
Ah bon !
Guilloche d�plie la facture, et a une mimique de surprise. Il
prend l'homme par le bras et s'�loigne avec lui. Derri�re lui, on
voit le maire qui salue la famille de Chaville au grand complet,
Arabella comprise.
ANNONCE (voix off provenant d'un haut-parleur)
Voici le grand prix cycliste de Montpaillard.
Plan en enfilade des coureurs align�s pour le d�part. Au premier
plan, Parju essaie d'emp�cher les enfants de faire des b�tises.
ANNONCE (voix off provenant d'un haut-parleur)
Voici le grand prix cycliste de Montpaillard.
Travelling longeant la rang�e de cyclistes jusqu'� l'autre
extr�mit� de la rang�e, o� se trouvent un gendarme et Auguste.
ANNONCE (voix off provenant d'un haut-parleur)
Le d�part va �tre donn� par Blaireau.
Blaireau rejoint Auguste. Il a toujours son verre � la main, mais
il tient, dans l'autre main, le revolver destin� � lancer le
d�part de la course. Il agite le revolver, puis boit un coup.
Contrechamp sur Parju, � l'autre extr�mit� de la rang�e de
cyclistes, et qui essaie d'emp�cher la foule de g�ner le d�part de
la course. Il l�ve la t�te et regarde Blaireau.
Contrechamp sur Blaireau, qui agite toujours le revolver. Il
aper�oit Parju et baisse lentement son arme.
BLAIREAU
Attends un peu, toi.
Il vise Parju. Les hommes autour de lui rigolent.
Contrechamp sur Parju, apeur�, et qui se r�fugie au milieu de la
foule qui l'entoure.
Contrechamp sur Blaireau, et les hommes qui �clatant de rire
autour de lui.
BLAIREAU
Bon, allez, faut pas jouer avec ces choses-l�. Allez.
Il met le revolver dans sa poche.
Contrechamp sur Blaireau, cach� derri�re les hommes dans la foule
PARJU
Je t'aurai, Blaireau, je t'aurai.
BLAIREAU (voix off)
A trois, vous partez...
Contrechamp sur Blaireau.
BLAIREAU
Bon...
A chaque chiffre, il fait un grand geste de main.
BLAIREAU
Un... deux...
Les cyclistes se penchent sur leurs guidons, pr�ts au d�part.
BLAIREAU
... deux et demi...
Zoom arri�re sur les cyclistes qui se lancent dans un faux d�part.
Tout le monde �clate de rire autour de Blaireau. Les cyclistes
reculent pour se remettre sur la ligne de d�part. Blaireau �clate
de rire � son tour. Il prend un verre des mains de son voisin.
Alors qu'il a d�j� ses l�vres sur le bord du verre, il se tourne
brusquement vers les cyclistes.
BLAIREAU
Trois !
Les cyclistes s'�lancent pour de bon.
Plan de demi-ensemble des cyclistes, vus de dos, qui d�marrent
leur course. Ils essaient d'�viter Fl�chard qui marche tout seul
au milieu de la rue.
Plan de demi-ensemble d'un man�ge. Arabella grimpe sur le man�ge,
aid�e par Blaireau, qui lui a tendu la main.
Contrechamp sur Fl�chard, qui marche vers le man�ge, en �cartant
les enfants qui courent autour de lui.
Contrechamp sur Fl�chard, vu de dos. Il arrive au man�ge, qui a
d�marr� et qui tourne. Il arrive n�anmoins � grimper sur le
man�ge.
Plan moyen sur Arabella, assise sur une vache sur le man�ge. La
cam�ra est plac�e sur le man�ge devant Arabella, et tourne donc
avec le man�ge. Le man�ge et ses accessoires sont en plan fixe, et
c'est la foule qui semble d�filer autour du man�ge. Fl�chard se
faufile derri�re Arabella, et grimpe sur la vache voisine de celle
d'Arabella, et qui �tait libre. Il se penche vers elle. Comme la
vache de Fl�chard monte et descend et que celle d'Arabella est
fixe, la conversation est un peu compliqu�e.
ARMAND FL�CHARD
Arabella, j'ai tout essay�.
ARABELLA DE CHAVILLE
Parfait. �tes-vous en prison ?
ARMAND FL�CHARD
Euh... non.
ARABELLA DE CHAVILLE
Pourquoi ?
ARMAND FL�CHARD
Mais ils ne veulent pas de moi.
ARABELLA DE CHAVILLE
Dans ce cas, je ne veux pas de vous non plus.
ARMAND FL�CHARD
Mais, moi, je vous aime, Arabella.
ARABELLA DE CHAVILLE
Prouvez-le.
Autre plan du man�ge. Blaireau et le juge sont assis sur deux
cochons voisins.
BLAIREAU
Belle f�te, hein, ah, ah, monsieur le juge.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Mon cher Blaireau, vous �tes le h�ros de Montpaillard, et
gr�ce � qui ?... Gr�ce � moi.
Il se tapote sur la poitrine
BLAIREAU
Ah ?...
D'un seul coup, il r�alise l'�tranget� du propos du juge, et il
met sa main en cornet pr�s de son oreille.
BLAIREAU
Je vous demande pardon ?
LE JUGE LERECHIGNEUX
Mais bien s�r. Si vous n'aviez pas �t� jug� coupable
d'abord, vous n'auriez pas �t� reconnu innocent ensuite. Et
personne ne s'occuperait de vous.
BLAIREAU
Ah, mais c'est pourtant vrai.
LE JUGE LERECHIGNEUX
J'esp�re que vous ne me gardez vraiment pas rancune ?
BLAIREAU
Ah, mais voyons, pourquoi donc. A chacun sa sp�cialit�.
Vous m'avez trouv� coupable, parce que vous �tes juge. Mais
Si vous �tiez avocat, vous m'auriez trouv� innocent. Oui,
enfin, chacun son m�tier, hein ?
Le man�ge ralentit
BLAIREAU
Allez, venez boire un verre avec moi, �a vous remettra.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Avec joie.
Il descend de son cochon avec une certaine difficult�.
Stand de tir. Plan moyen des tireurs et des spectateurs, vus de
l'int�rieur du stand. Au milieu des tireurs, le maire, un revolver
� la main. Derri�re le maire, Auguste. Le maire tire un coup. Le
responsable du stand lui prend le revolver des mains pour le
recharger. Blaireau arrive derri�re lui, accompagn� du juge.
MONSIEUR DUBENO�T
Je sais pas ce que j'ai aujourd'hui.
Il hausse les �paules.
BLAIREAU
Alors, on joue au petit soldat.
Le maire se tourne en riant vers Blaireau. Le responsable redonne
le revolver charg� � Dubeno�t. Celui l�ve le revolver en l'air,
pr�t � le redescendre pour viser. Blaireau lui donne une grande
tape sur l'�paule.
BLAIREAU
Sacr� Dubeno�t, va !
Le coup part.
Plan rapproch� sur la guirlande au-dessus du stand de tir. Le coup
de revolver d�croche l'un des lampions de papier, qui descend
lentement.
Plan rapproch� sur Guilloche, debout � c�t� du stand de tir. Il
tient la main d'une jeune femme blonde dans la sienne. Il est
visiblement en train de lui lire les lignes de la main. Le lampion
lui descend sur la t�te, sans qu'il s'en aper�oive, et il se
retrouve coiff� � la mani�re d'un fakir.
MA�TRE GUILLOCHE
L'amour, beaucoup d'amour.
LA JEUNE FEMME
Mais vous �tes fakir ?
MA�TRE GUILLOCHE
A mes heures.
Il se tourne vers elle en souriant, et en serrant sa main dans la
sienne. A ce moment-l� seulement, elle rel�ve la t�te et
s'aper�oit de la nouvelle coiffure de Guilloche. Elle pousse un
cri, retire sa main et se sauve en courant. On entend des rires.
Guilloche se tourne vers les rires
Contrechamp sur le stand de tir. Devant le stand, le maire,
entour� de Blaireau et de la comtesse de Chaville, et derri�re lui
Auguste et le juge. Ils sont tous en train de rire de la
m�saventure de Guilloche.
BLAIREAU
Allez ! Venez trinquer avec nous, monsieur le maire.
MONSIEUR DUBENO�T
Quel honneur pour moi, Blaireau.
Blaireau passe un bras sous celui du maire, puis l'autre bras sous
celui du juge. Le maire pointe son doigt vers Guilloche en riant.
BLAIREAU
Allez, Guilloche, venez boire un verre avec nous, quoi.
Vous n'�tes pas de trop.
Un travelling arri�re, qui suit la marche de Blaireau, d�couvre
Guilloche, qui a remis son haut-de-forme sur sa t�te, mais qui
tient toujours le lampion � la main.
BLAIREAU
Allez !
Il lui donne une grande tape dans le dos. Ils sortent du champ.
Guilloche jette le lampion par terre et les suit.
Plan moyen de Parju, vu de dos. Il est debout en train de manger
une glace. En arri�re-plan, le man�ge est en train de tourner.
BLAIREAU (voix off)
A la justice !
Au son de la voix de Blaireau, Parju se retourne et �carquille les
yeux.
Contrechamp et plan moyen sur Blaireau, entour� du maire, du juge
et de Guilloche, tous les quatre le verre � la main.
LE JUGE, DUBENO�T & GUILLOCHE (ensemble)
A l'innocence !
Ils boivent.
BLAIREAU
Et bien, Parju, hein-hein ? Qu'es-ce que tu dis de �a ?
Contrechamp sur Parju, qui, de surprise, fait tomber sa glace par
terre.
BLAIREAU (voix off)
Alors ? C'est-y toi qui trinquerais avec les grosses
l�gumes de Montpaillard ?
Retour sur Blaireau et ses � amis �.
BLAIREAU
Hein ?
Il donne son verre au maire, et fait signe � Parju.
BLAIREAU
Parju !... Parju !
Plan plus �loign�, avec Parju de dos en premier plan et Blaireau
et ses � amis � en arri�re-plan. Blaireau s'avance vers Parju, en
lui faisant le m�me petit signe de la main. Puis il se plante en
face de lui.
BLAIREAU
Serrons-nous la main, vieux camarade.
Il lui tend la main. Parju sourit. Un � Ah ! � d'admiration
s'�l�ve de la foule qui les entoure. Parju prend la main de
Blaireau, et la serre vigoureusement.
BLAIREAU
Parju...
Plan plus rapproch� sur le juge entour� du maire et de Guilloche.
MONSIEUR DUBENO�T
Quelle popularit�, hein ?
Il se tourne vers Guilloche.
MONSIEUR DUBENO�T
Blaireau vous devra une fi�re chandelle, quand il sera
d�put�.
MA�TRE GUILLOCHE
D�put�, vous badinez !
Plan d'ensemble de la rue en f�te. Dans le fond le man�ge. Au-
dessus de la rue, la pancarte � Vive Blaireau �. La foule s'est
�cart�e en deux groupes, de fa�on � m�nager un passage sous la
pancarte pour le retour des coureurs.
ANNONCE (voix off provenant d'un haut-parleur)
Blaireau ! On demande monsieur Blaireau, au contr�le de
l'arriv�e pour le grand prix d'Ile-de-France.
Plan de demi-ensemble d'une partie de la foule, mass�e dans
l'attente des coureurs. Les gens se mettent � crier et �
applaudir. Dans le fond, on voit appara�tre les premiers coureurs.
Lorsqu'ils arrivent au niveau de la cam�ra, celle-ci les suit,
puis s'arr�te � un groupe dans la foule. Il s'agit de Blaireau
portant un grand bouquet de fleurs, et entour� de la comtesse de
Chaville et d'une jeune femme blonde. A c�t� de la jeune femme,
Guilloche applaudit les coureurs. On voit passer d'autres coureurs
devant eux.
Plan moyen sur le petit groupe. Blaireau semble tr�s excit�, et il
parle en faisant de grands gestes � la comtesse. Mais, avec le
bruit ambiant, on ne comprend pas ce qu'il dit. Le vainqueur de la
course revient, roulant au pas, vers Blaireau. Le coureur enl�ve
sa casquette et la jeune femme l'embrasse. Blaireau tend le
bouquet au coureur en riant. Puis il se ravise, d�tache une fleur
du bouquet, la donne au coureur, lui mime un baiser, puis donne le
reste du bouquet � la comtesse.
BLAIREAU
Voil� !
COMTESSE DE CHAVILLE
Oh !...
Blaireau baisse la t�te, puis la rel�ve en joignant les mains.
BLAIREAU
Madame de Chaville, voulez-vous me faire l'honneur et
l'avantage de gambiller la prochaine avec moi ?
La comtesse �clate de rire.
COMTESSE DE CHAVILLE
Ce gar�on est d'un champ�tre !
Elle donne le bouquet au gendarme debout � c�t� d'elle, puis se
tourne vers Blaireau.
COMTESSE DE CHAVILLE
Mais je gambille, mon ami, je gambille.
Ils s'�loignent tous deux vers la piste de danse, applaudis par la
foule.
Plan de demi-ensemble, en l�g�re contre-plong�e, de la piste de
danse. Blaireau et la comtesse s'avancent au milieu de la piste
vide, et se mettent � danser, d'une fa�on un peu comique, surtout
pour Blaireau.
Retour sur le vainqueur de la course, avec la jeune femme blonde �
c�t� de lui. Guilloche regarde les danseurs, puis il prend la
jeune femme par le bras, et l'entra�ne, au d�sappointement marqu�,
� la fois du coureur et de la jeune femme.
Retour sur le m�me plan de la piste de danse, sur laquelle
Blaireau danse toujours avec la comtesse. Des enfants viennent les
rejoindre, suivis de couples adultes. Blaireau et la comtesse
sortent du champ en dansant.
Plan moyen de Guilloche et de la jeune femme debout et en train de
manger une glace. En arri�re-plan, le stand de tir. Blaireau passe
entre eux et le stand de tir, dansant toujours avec la comtesse.
BLAIREAU
Alors, Guilloche, �a roulotte ? Hein... Allez !
Il lui donne une grande tape dans le dos, et Guilloche s'�crase le
nez dans sa glace. Blaireau s'�loigne en dansant avec la comtesse.
Guilloche rel�ve la t�te : il a la moustache et la barbe pleines
de glace. La jeune femme met la main devant sa bouche pour masquer
son fou-rire. Puis elle s'�loigne. Le maire et le juge, qui �tait
debout devant le stand de tir, se rapprochent de Guilloche, qui
s'essuie le visage avec son mouchoir.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Alors, mon cher ma�tre, �a roulotte ?
MONSIEUR DUBENO�T
Amusant, hein, ce Blaireau ?
MA�TRE GUILLOCHE
Moquez-vous, messieurs, mais...
Il jette sa glace par terre.
MA�TRE GUILLOCHE
J'avoue que je me suis tromp�.
LE JUGE LERECHIGNEUX
La jeunesse, mon cher.
Guilloche continue � s'essuyer le visage avec son mouchoir.
MA�TRE GUILLOCHE
Bien s�r, le peuple, c'est courageux...
MONSIEUR DUBENO�T & LE JUGE (ensemble)
Oh oui !...
MA�TRE GUILLOCHE
... c'est travailleur,
MONSIEUR DUBENO�T & LE JUGE (ensemble)
Oui !...
Guilloche remet son mouchoir en pochette dans la poche pectorale
de sa veste.
MA�TRE GUILLOCHE
... mais c'est bien ingrat.
MONSIEUR DUBENO�T & LE JUGE (ensemble)
Oh la la !...
Plan moyen de Fl�chard qui marche le long du stand de vin.
BLAIREAU (voix off)
H�, Fl�chard...
Fl�chard se retourne. Blaireau s'approche de lui, et le prend par
la taille.
BLAIREAU
H�-h�... Ben, si le vrai coupable s'en va, la f�te est
finie !
Fl�chard tape sur l'�paule de Blaireau.
Plan de demi-ensemble en l�g�re contre-plong�e sur la piste de
danse, o� enfants et adultes sont en train de danser.
Plan rapproch� du petit gar�on � lunette et du chien de Blaireau,
assis c�te � c�te dans une voiture du man�ge. Devant la voiture,
un cheval ail�.
Plan moyen de Blaireau et Fl�chard. Ils sont assis sur un banc
devant le stand de vin. Blaireau a un verre � la main, et Fl�chard
termine son r�cit, avec, lui aussi, un verre � la main.
ARMAND FL�CHARD
... ben, voil�... Pas de prison, pas de mariage.
Blaireau ricane. Il r�fl�chit un instant puis pose son verre sur
le banc. Il montre quelque chose � Fl�chard.
BLAIREAU
Tu vas aller l�-bas...
Fl�chard pointe son doigt dans la direction indiqu�e par Blaireau.
Puis Blaireau marmonne des mots incompr�hensibles en faisant des
gestes de la main. Fl�chard mime les gestes de Blaireau.
BLAIREAU
... et je vais t'arranger le coup.
Il sort, de sa poche, le revolver de d�part de la course cycliste,
qu'il avait gard�. Il tourne machinalement le barillet, puis se
l�ve, le revolver point� devant lui. Fl�chard le suit des yeux,
puis se l�ve et s'�loigne.
Plan de demi-ensemble d'un espace vide derri�re le man�ge. Au fond
de l'espace vide, deux chevaux de bois inutilis�s sont pos�s dans
un coin. A c�t� des chevaux, Arabella discute avec sa m�re.
Blaireau s'approche d'elles. Il s'incline devant la comtesse, puis
prend Arabella dans ses bras, et s'�loigne en dansant avec elle.
La cam�ra suit le couple, qui atteint un coin discret pr�s d'une
roulotte. Blaireau l�che Arabella et d�gaine son revolver, qu'il
pointe sur la jeune fille.
BLAIREAU
Pas un mot ou je tire.
ARABELLA DE CHAVILLE
Monsieur Blaireau !
BLAIREAU
Haut les mains !
Arabella l�ve les mains en l'air. Tout en parlant, Blaireau
l'entra�ne derri�re la roulotte.
BLAIREAU
Alors, on aime les terreurs, les balafr�s, les � gan-
sessse-terre �, hein ?
Ils sont arriv�s pr�s de Fl�chard, qu'Arabella n'a pas encore vu
derri�re elle.
BLAIREAU
Allez, embrassez vite votre grand voyou, mmm !
Arabella se penche sur le visage de Blaireau, comme pour
l'embrasser. Blaireau a un l�ger mouvement de recul.
BLAIREAU
Non, mais dites, pas moi, lui !
Il pointe le doigt sur Fl�chard. Arabella se retourne, et colle sa
bouche sur celle de Fl�chard, qui la serre contre elle.
Plan l�g�rement plus rapproch� sur Blaireau qui regarde les deux
jeunes gens s'embrasser. Fl�chard se d�tache d'Arabella et regarde
Blaireau.
BLAIREAU
Bon, et bien je vois que l'on n'a plus besoin de moi !
Il se retourne et sort du champ. Les deux jeunes gens s'embrassent
de nouveau, puis se d�tache lentement l'un de l'autre.
ARMAND FL�CHARD
Arabella, vous verrez comme nous serons heureux. D�s ma
sortie de prison...
ARABELLA DE CHAVILLE
Je ne veux plus que tu ailles en prison.
ARMAND FL�CHARD
J'irai tout de m�me.
ARABELLA DE CHAVILLE
Non.
ARMAND FL�CHARD
Arabella... � partir de ce soir, c'est moi qui d�cide.
ARABELLA DE CHAVILLE
Oui, mon amour.
Il se serre l'un contre l'autre.
ARMAND FL�CHARD
C'est bien entendu.
ARABELLA DE CHAVILLE
Oui, mon amour.
Il la regarde dans les yeux.
ARMAND FL�CHARD
Bon... bon... ben alors, je n'irai pas en prison.
Ils s'embrassent de nouveau.
Plan moyen de Blaireau en train de � gambiller � avec la comtesse
de Chaville.
Plan moyen de Guilloche, entour� du maire et du juge, toujours
debout � une courte distance du stand de tir, que l'on voit
derri�re eux.
MA�TRE GUILLOCHE
Permettez, messieurs, que je me range � vos c�t�s
d�sormais.
Ses deux compagnons lui tendent la main en pronon�ant un mot
incompr�hensible. Guilloche leur prend les mains dans les siennes,
chacune d'un c�t�.
MA�TRE GUILLOCHE
Nous lutterons ensemble contre le cataclysme que serait le
gouvernement de notre pays aux mains des Blaireau.
Les deux hommes hochent la t�te, puis ils se l�chent les mains, et
tous les trois se retournent pour marcher lentement vers le stand
de tir. Ils ramassent chacun un revolver sur le stand et tirent
ensemble. Puis il reposent les revolvers, se retournent et
regardent la f�te.
Plan moyen de Blaireau qui � gambille � toujours avec la comtesse,
tout en lui parlant � l'oreille. La comtesse se tourne vers lui.
COMTESSE DE CHAVILLE
Fl�chard ?
Blaireau hoche la t�te, puis lui parle encore un peu � l'oreille.
COMTESSE DE CHAVILLE
Arabella ? Oh, c'est merveilleux. Il faut que j'annonce la
bonne nouvelle � son p�re.
Elle cherche des yeux son mari dans la foule.
COMTESSE DE CHAVILLE
L�on !
Plan moyen d'Arabella dans les bras de Fl�chard, debout pr�s des
balan�oires. A c�t� d'eux, le comte de Chaville, l'air un peu
contrari�.
ARABELLA DE CHAVILLE
Mais papa !...
COMTESSE DE CHAVILLE (voix off)
L�on ! L�on !
Le comte se tourne vers son �pouse qui s'approche de lui,
accompagn� de Blaireau
COMTESSE DE CHAVILLE
Monsieur Blaireau vient de m'apprendre.
Le comte l'arr�te de la main.
L�ON DE CHAVILLE
Je sais !
Il se tourne vers Fl�chard.
L�ON DE CHAVILLE
Jamais !
Il pointe le doigt vers lui.
L�ON DE CHAVILLE
D'ailleurs, je vais m'occuper de vous.
Il s'�loigne � grandes enjamb�es. Sa femme le regarde partir avec
surprise.
COMTESSE DE CHAVILLE
Mais enfin... L�on.
Blaireau regarde Fl�chard et Arabella.
BLAIREAU
Bon, et ben, moi, je vais m'occuper de lui.
Il s'�loigne dans la m�me direction que le comte.
Plan moyen du juge en train de boire un verre pr�s des tonneaux,
sur lesquels on peut lire � Clos de Chaville �. Le comte
s'approche, lui prend son verre de la main et le pose.
L�ON DE CHAVILLE
Lerechigneux, un mot. Ce Fl�chard est coupable ?
Blaireau arrive pr�s d'eux et se sert un verre au tonneau.
LE JUGE LERECHIGNEUX
Sans aucun doute.
L�ON DE CHAVILLE
Alors, rendez-moi un service. Flanquez-le moi � l'ombre le
plus vite possible.
Les deux hommes se serrent la main. A c�t� d'eux, Blaireau crache
le vin qu'il venait de boire.
BLAIREAU
Pouah ! Quelle bibine !
Le juge s'�loigne, et le comte se tourne vers Blaireau. Il
sursaute en voyant le tonneau dont Blaireau vient de parler.
L�ON DE CHAVILLE
Mon vin, de la bibine ?
BLAIREAU
Oh-oh ! Du pipi de chat.
L�ON DE CHAVILLE
Mon vin, du pipi de chat ?
BLAIREAU
Oh, tiens, go�tez vous-m�me.
Il tire un verre de vin du tonneau et le tend au comte.
BLAIREAU
Go�tez vous-m�me.
Le comte boit une gorg�e de vin.
L�ON DE CHAVILLE
Il est excellent, ce vin.
Il rend le verre � Blaireau.
BLAIREAU
Bon, alors, go�tez-le mieux.
Il tire un autre verre de vin, et le tend au comte, qui le boit.
BLAIREAU
Hein ? Hein ? Il racle un peu, hein ?
L�ON DE CHAVILLE
Il est un peu jeune, peut-�tre.
BLAIREAU
Il est m�me vert. Tenez, go�tez celui-l�.
Il se tourne vers un autre tonneau voisin du premier, et sur
lequel est inscrit � Clos du Duc �. Auguste, debout � c�t� du
tonneau, est visiblement ivre.
BLAIREAU
�a, c'est du fameux.
Il tend le verre au comte, qui le go�te.
L�ON DE CHAVILLE
Il est tr�s quelconque.
BLAIREAU
Bon alors, maintenant, go�tez le v�tre � c�t�.
Mis � part les paroles, qui restent � vitesse normale, les jeux de
sc�ne, � partir de maintenant, sont tr�s l�g�rement acc�l�r�s.
Blaireau tire un verre de � Clos de Chaville �, et le tend au
comte qui le boit.
L�ON DE CHAVILLE
Il est excellent, ce vin.
BLAIREAU
On fait celui-l�.
Il tire du vin d'un tonneau pos� sur les autres, et marqu� � 56 �,
et le donne au comte, qui le boit.
L�ON DE CHAVILLE
Manque de corps.
BLAIREAU
Oui, bon, nous sommes d'accord.
Blaireau tire du vin du tonneau voisin de � 56 �, et dont on
n'arrive pas � lire le nom. Il donne le verre au comte.
BLAIREAU
Celui-l�.
Le comte boit.
L�ON DE CHAVILLE
Ouais... ouais... c'est...
BLAIREAU
Maintenant le v�tre.
Il tire un autre verre de � Clos de Chaville �, et le donne au
comte.
BLAIREAU
Tenez !
Le comte boit et rend son verre � Blaireau.
L�ON DE CHAVILLE
Excellent, ce vin.
A partir de maintenant, toute la sc�ne est pr�sent�e en acc�l�r�,
m�me pour ce qui est des paroles, que l'on a donc du mal � bien
comprendre.
Blaireau tire un verre d'un troisi�me tonneau de Clos de Chaville,
en bousculant un ivrogne, qui se trouvait sur son chemin. Le comte
boit, Blaireau reprend le verre.
L�ON DE CHAVILLE
Je croyais que...
Blaireau revient vers le Clos du Duc, dont il tire un verre, qu'il
donne au comte.
Fondu encha�n�.
MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen de Blaireau et du comte, toujours debout � c�t� des
tonneaux. Il doit �tre un peu plus tard, car la nuit est tomb�e.
Le comte est visiblement et totalement ivre. Blaireau, lui, est un
peu moins ivre que le comte, mais titube quand m�me l�g�rement. Le
comte ricane b�tement d'un rire d'ivrogne.
BLAIREAU
Si t'�tais gentil...
Zoom avant sur les deux hommes.
L�ON DE CHAVILLE
�coute... �coute... appelle-moi L�on.
Il prend Blaireau dans ses bras.
BLAIREAU
Si t'�tais gentil, L�on...
L�ON DE CHAVILLE
Moi, je suis toujours gentil, moi, mon ami Blaireau.
BLAIREAU
Alors, si t'�tais, L�on, gentil, tu me donnerais la main de
ta fille.
L�ON DE CHAVILLE
Oh !... Je te la donne, mon vieux Blaireau.
Il l'embrasse sur le front.
BLAIREAU
Mais c'est pas pour moi.
L�ON DE CHAVILLE
Ah... C'est pas... c'est pas pour toi ?
BLAIREAU
Non. C'est pour Fl�chard.
L�ON DE CHAVILLE
Ah ? C'est pour Fl�chard ? Tout ce que tu fais est bien
fait, mon... Blaireau.
Il l'embrasse de nouveau sur le front.
L�ON DE CHAVILLE
Allez hop ! Va pour Fl�chard !
IL CRIE :
L�ON DE CHAVILLE
Fl�chard !... Oh-oh !...
Il s'�loigne en titubant. Blaireau le regarde partir, puis fait un
grand signe dans l'autre direction.
Plan moyen sur Arabella et Fl�chard, assis dans une voiture du
man�ge, avec le chien de Blaireau. Ils se l�vent. le chien aboie
et saute hors de la voiture. On d�couvre que la comtesse, qui se
l�ve � son tour, �tait aussi assise dans la voiture, mais cach�e �
notre regard par les chevaux de bois. Arabella envoie un baiser �
Blaireau et se serre contre Fl�chard. La comtesse aussi envoie un
baiser � Blaireau.
Plan rapproch� sur Blaireau, qui regarde les amoureux, le verre �
la main.
L�ON DE CHAVILLE (voix off)
H�, Blaireau...
Blaireau se retourne
L�ON DE CHAVILLE (voix off)
H�... tu viens boire un coup, Blaireau ?
Blaireau a un hoquet et fait, d'un seul coup, une dr�le de t�te,
puis il tombe � la renverse.
FONDU ENCHA�N�
MONTPAILLARD - PLACE DE L'�GLISE - EXT�RIEUR JOUR
Plan rapproch� sur Arabella et Fl�chard, tous deux en habit de
mari�s.
Zoom arri�re, nous permettant de d�couvrir les invit�s de la noce,
tous en habit et chapeau haut-de-forme pour les hommes et en robe
de gala pour les femmes. Nous sommes devant la porte ferm�e de
l'�glise. Le photographe s'approche des mari�s.
LE PHOTOGRAPHE
Voil�, ils sont charmants.
Le zoom continue, nous permettant de d�couvrir, parmi les invit�s,
tous les personnages du film que nous connaissons d�j�. Seul Parju
n'est pas en habit, mais en uniforme, et Blaireau ne porte pas de
haut-de-forme, mais son �ternel b�ret. Au premier plan, en bas des
marches, nous d�couvrons l'appareil photo, pos� sur son tr�pied.
Le photographe va de l'un � l'autre des invit�s.
LE PHOTOGRAPHE
Monsieur Bluette, Ma�tre Guilloche, Parju, madame de
Chaville, mademoiselle Rose.
Il passe de l'autre c�t� des mari�s.
LE PHOTOGRAPHE
Voyons, monsieur Blaireau, monsieur de Chaville, monsieur
le juge, monsieur le maire. Parfait !
Il redescend vers son appareil et passe derri�re l'appareil.
LE PHOTOGRAPHE
Attention, ne bougeons plus !
Plan rapproch� sur Blaireau, debout � c�t� du comte, qui se penche
vers lui, et lui parle discr�tement.
L�ON DE CHAVILLE
Vous m'avez bien saoul� l'autre soir, hein, animal !
Blaireau se penche et parle entre ses dents.
BLAIREAU
�a n'a pas �t� sans mal.
LE PHOTOGRAPHE (voix off)
Souriez !
Plan rapproch� sur le photographe, vu de face derri�re son
appareil. Derri�re lui, des badauds regardent la noce.
LE PHOTOGRAPHE
Parfait ! Ne bougeons plus.
Il met le voile noir de l'appareil sur sa t�te, et prend le
d�clencheur en main. On entend les cloches de l'�glise. Zoom avant
sur l'appareil.
LE PHOTOGRAPHE
Un... deux... et trois...
Plan de demi-ensemble de l'entr�e de l'�glise, avec les mari�s et
leurs invit�s, qui prennent la pose en haut des marches. Une deux-
chevaux Citro�n s'arr�te devant les marches. L'arri�re de la
voiture est plein de valises et d'�quipement de p�che. La porte
arri�re s'ouvre et un gendarme en descend, puis un autre gendarme.
Le procureur, lui, descend du si�ge passager avant.
LE PHOTOGRAPHE (voix off)
Le petit oiseau va sortir !
Les gendarmes se saisissent de Fl�chard et l'entra�ne avec eux.
Ils s'arr�tent devant le procureur, debout � c�t� de sa voiture.
LE PROCUREUR
Monsieur, vous vouliez aller en prison ? Et bien, allez-y !
ARMAND FL�CHARD
Mais je me marie.
Le procureur sort un papier de sa poche et le tend � Fl�chard
LE PROCUREUR
Voil�, vous en prison, et moi, en vacances.
La voiture red�marre, en laissant sur place le procureur, qui
court apr�s la voiture.
LE PROCUREUR
H� ! Attendez-moi !
Les gendarmes emm�nent Fl�chard, suivi par tous les invit�s de la
noce, mari�e en t�te. Fl�chard se retourne.
ARMAND FL�CHARD
Arabella !...
ARABELLA DE CHAVILLE
Armand !...
Les gendarmes sortent du champ avec Fl�chard. Le groupe de la
noce, en plan de demi-ensemble, s'arr�te face � la cam�ra.
Arabella se serre contre Blaireau.
COMTESSE DE CHAVILLE
L�on ! Faites quelque chose !
Plan moyen sur le photographe, qui enl�ve son voile noir.
LE PHOTOGRAPHE
Oh, ben non alors, voyons !
Il s'appuie sur son appareil, qui s'�croule sous son poids.
Fondu au noir
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR NUIT
Vue d'ensemble de la place devant la prison. Il fait nuit.
Arabella, toujours en habit de mari�e, est appuy�e contre la
porte. A ses pieds, le chien de Blaireau g�mit. Blaireau entre
dans le champ et traverse la place vers la prison. Il s'arr�te et
se frappe les mains sur les cuisses. Puis il reprend sa marche
d'un air d�cid�. Son chien vient vers lui.
Plan moyen d'Arabella, en larmes, son bouquet � la main, et
appuy�e sur le c�t� du porche. Blaireau s'approche d'elle.
BLAIREAU
Oh !... Regardez-moi �a. Attendez !...
Il frappe sur la porte � coups de poing.
BLAIREAU
Monsieur Bluette !
Il refrappe.
BLAIREAU
Monsieur Bluette !
PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR NUIT
Plan moyen de Bluette en pyjama, debout derri�re la porte. Il a
son gros livre du r�glement des prisons � la main.
MONSIEUR BLUETTE
Non, non, non !
Blaireau frappe de nouveau. Bluette marche de long en large.
BLAIREAU (voix off)
Monsieur Bluette !
MONSIEUR BLUETTE
Non ! Non !
BLAIREAU (voix off)
Monsieur Bluette !
Bluette se dirige vers la porte et l'ouvre.
MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR NUIT
M�me plan moyen que pr�c�demment. Bluette ouvre la porte, mais ne
sort pas.
MONSIEUR BLUETTE
Non !
Blaireau se tourne vers Arabella.
BLAIREAU
Vous ne pouvez pas laissez cette petite femme dehors, le
soir de ses noces.
MONSIEUR BLUETTE
Mais Blaireau, mais...
Il feuill�te le livre du r�glement.
MONSIEUR BLUETTE
... le r�glement.
Il a ouvert le livre � la page concern�. Blaireau regarde le livre
un court instant, puis prend la page concern�e, la d�chire hors du
livre et la froisse. Bluette le regarde.
BLAIREAU
Ah, vous n'auriez pas pens� � �a ?
MONSIEUR BLUETTE
Ouais !
Il regarde autour de lui.
MONSIEUR BLUETTE
Mais que personne n'en sache rien, hein ?
BLAIREAU
Personne, monsieur.
MONSIEUR BLUETTE
Personne !
Blaireau hausse la voix.
BLAIREAU
Personne !
Bluette tend la main � Arabella.
MONSIEUR BLUETTE
Entrez, ch�re petite madame.
Arabella sourit et entre dans la prison. Elle ressort un instant
et se serre contre Blaireau.
ARABELLA DE CHAVILLE
Oh, monsieur Blaireau.
BLAIREAU
Ouais, ouais... Oui, allez, allez...
Elle entre et la porte se referme. Blaireau met ses mains en
porte-voix, mais la porte s'ouvre de nouveau, et Bluette appara�t,
un doigt sur les l�vres.
MONSIEUR BLUETTE
Chut !
Blaireau baisse les mains et fait un geste d'ob�issance. La porte
se referme. Blaireau remet ses mains en porte-voix et crie :
BLAIREAU
�a y est !
LA FOULE (voix off)
Vive les mari�s !
Vue d'ensemble de la place devant la prison. Des fen�tres
s'allument, et des gens portant des flambeaux et des lampions
allum�s descendent d'un escalier entre deux immeubles.
LA FOULE
Vive les mari�s ! Vive les mari�s !...
D'autres personnes arrivent par la rue, portant, elles aussi, des
lampions. Tous convergent vers la place.
MONTPAILLARD - ENTR�E DE LA VILLE - EXT�RIEUR NUIT
Vue g�n�rale de Montpaillard, �clair�e et anim�e de porteurs de
lampions. Une fus�e �clate dans le ciel. D'autres porteurs de
lampions passent en premier plan, se dirigeant vers le centre
ville. Les enfants se tiennent la main en farandole.
Zoom arri�re, nous permettant de d�couvrir la pancarte pos�e �
l'entr�e de la ville : � La Ville la plus Calme de France �.
Blaireau est devant la pancarte, un crayon � la main. Il trace une
grande croix sur le mot � calme �, et �crit au-dessus le mot
� Gaie �. Puis il se tourne en souriant vers la cam�ra. Parju
s'approche de lui, un petit paquet � la main.
PARJU
Tiens ! C'est pour toi.
BLAIREAU
Mais je suis confus.
Il prend le paquet.
PARJU
Oui, oui...
BLAIREAU
C'est pour moi ?
Il commence � ouvrir le paquet.
PARJU
Oui-oui, c'est pour toi.
A l'int�rieur du paquet, une petite bo�te en bois avec un
couvercle. Blaireau voit un bouton � c�t� du couvercle. Il fait
signe � Parju, qui hoche la t�te. Blaireau appuie sur le bouton et
le couvercle s'ouvre tout seul. Un gendarme � l'ancienne, comme on
en voit chez Guignol, jaillit hors de la bo�te, gr�ce � un
ressort. Parju frappe sur l'�paule de Blaireau.
PARJU
Je t'ai eu, Blaireau !
Blaireau rit, et tape sur l'�paule de Parju, qui, � son tour, tape
sur l'�paule de Blaireau. Blaireau tape sur l'�paule de Parju, qui
tape sur l'�paule de Blaireau... Ils continuent � se taper
mutuellement sur l'�paule, jusqu'� ce qu'ils cessent de rire tous
les deux. La plaisanterie a tourn� en bagarre, et les coups qu'ils
se donnent deviennent des bourrades plus agressives.
FONDU ENCHA�N�
TH��TRE GUIGNOL - INT�RIEUR JOUR
Nous retrouvons le th��tre de marionnettes, que nous avions d�j�
vu pour le g�n�rique.
Gros plan sur les deux marionnettes, celle qui ressemble �
Blaireau et celle qui ressemble � Parju. Elles s'envoient
mutuellement des bourrades, comme nous venons de voir les
v�ritables Blaireau et Parju le faire. En fait, pendant le temps
du fondu encha�n�, les deux bagarres, la r�elle et celle des
marionnettes, se superposent. Puis les marionnettes arr�tent de se
bagarrer et nous saluent. Le mot � FIN � s'inscrit en lettres
blanches sur l'�cran, et se rapproche de nous en zoom avant. Les
deux marionnettes se regardent, hochent la t�te, puis se tournent
de nouveau vers nous pour nous saluer.
Fondu au noir.
FIN DU FILM