LE DIABLE PAR LA QUEUE (1969) SCENARIO ET DIALOGUES Daniel BOULANGER & Philippe de BROCA DECOUPAGE CLAUDE SAUTET AUTOROUTE - EXTERIEUR NUIT Forte pluie. Circulation assez dense, mais fluide. Les phares des voitures trouent la nuit pluvieuse. CHATEAU - VUE GENERALE - EXTERIEUR NUIT Bruit de tonnerre. Pluie battante. Au premier plan, on distingue, � travers la pluie, une pancarte un peu d�fra�chie : � H�tel du Grand Si�cle �. CHATEAU - GRENIER - INTERIEUR NUIT Georges monte lentement l'escalier qui m�ne au grenier, une lanterne Camping-Gaz � la main. L'escalier craque. Il arrive sous les toits du ch�teau. Martial le rejoint. GEORGES Encore un ! MARTIAL Vous en faites pas, m'sieur le comte, j'suis l�. Le champ s'�largit et on d�couvre que le plancher du grenier est couvert de pots de chambre. On entend l'eau, qui s'�coule des fuites dans le toit du grenier, tomber dans les pots. GEORGES Martial... Poussez-moi donc celui-l� un peu, sur la gauche... Martial, une canne � la main, ob�it en marmonnant des paroles incompr�hensibles. GEORGES �a pisse de partout ! Fondu au noir. CHATEAU - CUISINES - INTERIEUR NUIT Cuisines antiques, dont le plafond est support�s par de gros piliers. Au premier plan, des bouteilles de vin recouvertes de g�n�reuses toiles d'araign�es. Sur une vieille cuisini�re � charbon est pos� un r�chaud Camping-Gaz, et sur le r�chaud une casserole. Am�lie, un torchon sous le bras, touille distraitement le contenu de la casserole en lisant un roman de la S�rie Noire. Martial, portant sa lampe de camping, entre en clopinant aid� de sa canne. Une assiette plate est pos�e sur une table et surveill�e par un petit chien. Martial pose la lampe et s'assoit sur une chaise devant l'assiette. MARTIAL A la soupe, madame la baronne. Am�lie verse une louche de soupe dans une assiette creuse, puis elle pose cette assiette sur l'assiette plate qui est d�j� pos�e sur la table. Puis elle revient vers la cuisini�re et prend un plateau pos� dessus. DEBUT DU GENERIQUE MUSIQUE : Th�me du g�n�rique. C'est une musique inspir�e des musiques du Grand Si�cle, de Lulli ou de Delalande. Am�lie sort de la cuisine avec son plateau dans une main, mais en gardant son bouquin ouvert dans l'autre main. CHATEAU - COULOIR - INTERIEUR NUIT Couloir vo�t� en pierre. Am�lie apparait au bout du couloir, portant son plateau et son bouquin. Elle avance vers la cam�ra. Elle danse et elle sautille. Elle fait tomber la croquette pos�e sur une assiette sur le plateau, la ramasse, et la remet dans l'assiette. Contrechamp : Am�lie passe entre deux rang�e de bouteilles, et sort � l'autre extr�mit� du couloir. CHATEAU - ESCALIER EN PIERRE - INTERIEUR NUIT Un escalier en pierre, entre deux murs un peu d�labr�s. Am�lie monte all�grement l'escalier, tourne sur le palier et entame une nouvelle vol�e de marches. CHATEAU - SALLE CARRELEE - INTERIEUR NUIT Am�lie, vue en plong�e d'une galerie en haut de la salle, traverse la salle, en continuant � lire. Elle s'arr�te un instant, et pose le bouquin sur le plateau, pour tourner la page. CHATEAU - ESCALIER ET PASSAGE EN BOIS - INTERIEUR NUIT Un escalier en bois. Le d�cor est moins d�labr� que pr�c�demment. Am�lie monte l'escalier, elle tient son livre � la main sans le lire. Elle s'engage dans un �troit passage en bois. CHATEAU - SALLE AU PLAFOND CAISSONNE - INTERIEUR NUIT Par la porte de la salle, on aper�oit Am�lie qui arrive, sort par cette porte, et grimpe dans un escalier en colima�on. CHATEAU - PASSAGE ET ESCALIER EN BOIS - INTERIEUR NUIT Assez semblable � celui travers� pr�c�demment (Cela pourrait d'ailleurs �tre le m�me d�cor r�-utilis�). Sauf qu'Am�lie arrive par le passage et redescend l'escalier. CHATEAU - ESCALIER EN PIERRE - INTERIEUR NUIT D�cor, lui aussi, assez semblable � l'un des d�cors pr�c�dents (encore une fois, cela pourrait �tre le m�me d�cor r�-utilis�). Am�lie monte l'escalier. En haut, sur la rambarde de pierre, une bougie allum�e est pos�e. Am�lie qui a repris sa lecture passe devant la bougie et s'engage dans un couloir. FIN DU GENERIQUE ET DE LA MUSIQUE CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR NUIT Am�lie entre en ouvrant la porte du pied. MUSIQUE . On entend un piano : Th�me de Jeanne. C'est un th�me assez romantique, inspir� des grands compositeurs du XIX� si�cle. Toujours lisant, Am�lie passe devant la Marquise, assise derri�re son bureau. Elle tient un face-�-main devant ses yeux pour s'aider � lire. AMELIE Une croquette pour le dix ! LA MARQUISE Une croquette, une ! Elle tape sur les touches d'une petite caisse enregistreuse. CHATEAU - GRAND SALON - INTERIEUR NUIT Am�lie arrive avec son plateau. Jeanne est assise au clavier du piano, et continue � jouer. Am�lie s'appuie un instant sur le piano pour �couter Jeanne. Les deux cousines �changent un sourire. Am�lie regarde au-del� du piano. Son visage redevient s�rieux, et elle s'�loigne. Elle arrive devant la table derri�re laquelle M. Patin est assis, son journal appuy� sur un bougeoir. Elle pose le plateau, et prend la croquette avec une cuill�re pour la d�poser dans l'assiette de M. Patin. M. PATIN Merci, mademoiselle Am�lie. AMELIE Ne m'appelez pas toujours mademoiselle, c'est vexant quand on a divorc� ! Am�lie s'�loigne, appuie sa jambe sur le bord d'une chaise et reprend sa lecture M. PATIN Divorc� � dix-neuf ans, c'est bien le monde d'aujourd'hui, �a... Pauvre enfant !... Et bizarrement, je trouve les cur�s responsables. Georges entre dans le Salon, une cigarette au bec. Il s'assoit dans le fauteuil situ� en face de la chaise sur laquelle Am�lie a pos� son pied. GEORGES `Soir, Am�lie. AMELIE `Soir, papa. GEORGES Ahhhh... O� est ta m�re ? AMELIE Travaille... GEORGES Et moi aussi, je travaille. AMELIE Moi aussi, je travaille. GEORGES Nous travaillons tous, pendant que le bourgeois se goberge et s'empiffre ! FIN DE LA MUSIQUE. Fin du Th�me de Jeanne. AMELIE Tiens, il a fini sa croquette. Papa, tu veux pas desservir, je finis mon chapitre. Elle tend son torchon � son p�re, qui se l�ve lentement de son fauteuil. GEORGES Oh, la-la-la-la-la... Il pose son torchon sur son bras gauche, fa�on loufiat, et s'approche de la table de M. Patin. GEORGES Une veille de quinze ao�t, et j'en suis � mon cent-dixi�me pot... M. PATIN Pot de quoi ? Georges d�barrasse l'assiette de M. Patin. GEORGES De chambre, monsieur Patin... Cent-dix pots de chambre... pour prot�ger mon ciel ! On voit le plafond du salon, d�cor� d'une fresque bucolique du XVIII� si�cle avec des anges. MUSIQUE . D�but du Th�me du ch�teau. Th�me romantique jou� par un orchestre de chambre � cordes. M. PATIN Il l�ve les yeux vers le plafond. Mon Dieu !... Encore un ange qui a perdu une fesse ! GEORGES Il suit le regarde de M. Patin et se crispe un peu. Am�lie !... O� est ta m�re ? CHATEAU - UNE CHAMBRE - INTERIEUR NUIT Diane est en train d'observer attentivement un drap avant de faire un lit. Elle mord dans le drap, et go�te avec satisfaction. La porte s'ouvre. Elle sourit aux nouveaux arrivants, sa fille et son mari. Georges s'assoit dans un fauteuil. GEORGES Et je fais leur lit... DIANE Oh... Georges, mon ami, j'en ferais cinquante avec joie, mais nous n'avons qu'un seul client depuis six mois. Diane commence � faire le lit. AMELIE J'te donne un coup de main, maman ? Chacune d'un c�t� du lit, les deux femmes tirent sur le drap. Plus forte, Am�lie entra�ne sa m�re, qui s'�croule sur le matelas. Am�lie tombe � son tour sur le lit, et nous montre sa culotte. FIN DE LA MUSIQUE. Fin du Th�me du ch�teau. GEORGES Oh, ne m'excitez pas : c'est pas le moment. Les deux femmes, enlac�es, rigolent en le regardant. AMELIE Oh... �coute, papa ! DIANE Devant ta fille ! Georges se l�ve du fauteuil, l'air soudain grave. GEORGES Diane, o� est ta m�re ? CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR NUIT MUSIQUE . Th�me de Jeanne. Le piano est peu audible, un peu lointain par-dessus les voix de la conversation. Il ne deviendra plus audible qu'un peu plus tard. La marquise, toujours assise derri�re son bureau, lit le journal � L'�quipe � � l'aide de son face-�-main. A l'arriv�e de son gendre, elle pose son journal et son face-�-main. GEORGES Bonjour, ma m�re, j'ai � vous parler. Je vois que je ne d�range pas vos comptes. La marquise se l�ve. LA MARQUISE Parlons-en de nos comptes : nous tirons le diable par la queue ! Elle se dirige vers le salon, suivi de Georges. GEORGES Vendez vos bijoux. LA MARQUISE Quels bijoux ? Georges touche l'une des boucles d'oreille de sa belle-m�re. Le piano devient nettement plus audible. GEORGES Rien qu'une boucle d'oreille comme celle-l� nous r�pare le toit de la chapelle. LA MARQUISE Et vous me voyez sortir avec une seule boucle d'oreille ! Vous �tes d'une mauvaise foi, mon gendre ! GEORGES Ne parlons plus de bijoux et cessons de nous plaindre. CHATEAU - GRAND SALON - INTERIEUR NUIT LA MARQUISE Depuis six mois, nous avons un single-breakfast par week- end... Un seul ! Ils sont arriv�s au niveau de la table de M. Patin, toujours occup� � manger. GEORGES Plus les repas. La musique est tr�s nette maintenant. LA MARQUISE Oh... des repas sans drinks ! Ben, vous l'avez vu, l�, votre client, c'est toujours le m�me. Un h�tel, mon ami, ne fonctionne qu'avec des pochards et des couples. Vous imaginez, hein, des couples... Hein ?... Love et wine ! GEORGES Et chacun sa conception : la mienne est de fumer ma cigarette tranquillement dans un deux-pi�ces sur cour, la votre est de garder le ch�teau et d'en faire une auberge. LA MARQUISE Mais il y a une client�le pour des lits comme les miens... Pouvez pas comprendre... GEORGES La v�rit�, c'est que je vous vois mal diriger une maison de... Diane et Am�lie entrent en se tenant par la main. Elles se rapprochent de la marquise. DIANE Tu veux dire un bordel ? AMELIE Oh, mais il y a bordel et bordel, maman ! Hein, grand- m�re ? Les trois femmes sont arriv�es pr�s du piano, sur lequel Jeanne continue � jouer. Elles s'assoient � c�t� du piano. LA MARQUISE Absolument ! Mais... ne parle pas comme �a devant ta cousine... c'est une demoiselle. Mais cela dit, pour sauver mon toit, moi, je tol�rerais un claque. Avec une client�le hupp�e, bien entendu. Georges d�signe M. Patin de la main. GEORGES A la place de ce vieux machin, vous voudriez peut-�tre le Duc de Windsor ou l'Aga Khan. LA MARQUISE, DIANE ET AMELIE Ensemble. Et pourquoi pas ? M. Patin se l�ve un peu brusquement et sort de la pi�ce. GEORGES Vous r�vez... je vais desservir. Comme d'habitude, tout me retombe sur les �paules. Georges ramasse la vaisselle et sort derri�re M. Patin. LA MARQUISE Mais nous ne r�vons pas. Mon id�e est excellente : elle n'est pas exploit�e, c'est tout. Notre plan est au point : Welcome... Love... et Kopeck ! Alors, toi, Am�lie, tu attires la client�le, et toi, Diane, tu la retiens. AMELIE Et Jeanne ? Comme toujours, elle fait rien ! LA MARQUISE Elle sait faire que �a ! AMELIE C'est vrai. Et comment j'attire la client�le ? LA MARQUISE Ben, ton petit garagiste. AMELIE Charlie ? Je lui en ai d�j� parl�. Il n'a pas l'air chaud. LA MARQUISE Et bien, r�chauffe-le. AMELIE Oui. Am�lie se l�ve et sort de la pi�ce. Diane et sa m�re reste assise, main dans la main, � �couter Jeanne. GARAGE - STATION-SERVICE - EXTERIEUR NUIT FIN DE LA MUSIQUE Am�lie, en cir� jaune, et tenant un parapluie d'une main, arrive � bicyclette dans la station-service sous une pluie battante. Elle jette le v�lo par terre, derri�re les pompes, et se dirige vers l'int�rieur du b�timent. GARAGE - ATELIER DE MECANIQUE - INTERIEUR NUIT Charlie, debout � califourchon sur une voiture, est en train de souder au chalumeau. Am�lie entre, son parapluie toujours ouvert � la main. Elle essaie de lui parler, mais le son de sa voix est couvert par le bruit du chalumeau. Elle lui donne une claque sur les fesses, et Charlie retombe lourdement assis sur le capot de la voiture. Il �teint son chalumeau. CHARLIE Primo, tu m'emmerdes, deuxio, je travaille ! Il pose son chalumeau. Am�lie pose son parapluie par terre. AMELIE Troisio, je te manque ! Et tu me vois pas assez. CHARLIE Oh, depuis que tu es haute comme �a que je te voie, alors �a suffit : tu rentres � ton ch�teau et tu me laisses bosser tranquille. AMELIE Et bien, bosse ! Elle s'�loigne l�g�rement. Charlie enjambe sa voiture et la rattrape par l'�paule. Il la serre tendrement. CHARLIE Qu'est-ce que tu voulais ? AMELIE Que tu me parles gentiment. CHARLIE Ah oui ? AMELIE Oui... j'ai besoin de toi. Il s'�loigne l�g�rement d'elle. CHARLIE On y vient : dans les coups durs, Charlie, toujours Charlie. Quand tes types te plaquent, tu rappliques, hein... AMELIE Oh, mes types ! CHARLIE Oh, je sais ce que tu vas me dire : quand tu les vois, tu ne penses qu'� moi ! AMELIE C'est vrai ! CHARLIE C'est pour �a que t'en as �pous� un autre ! AMELIE J'ai divorc�. Tu t'imagines, un divorce dans la famille ! CHARLIE Ohhh... ta famille, stop, tu veux, stop ! Qu'est-ce que vous �tes ? Qu'est-ce que vous faites ? Qu'est-ce que �a va devenir, tout �a ? Parce que, pour la limonade, faut des dons, pas un poil dans la main ! AMELIE Faut des clients, surtout ! Tu n'as qu'� nous en envoyer. CHARLIE Et j'aurais un pourcentage, je sais : quel genre ?... Am�lie est adoss�e au mur : Charlie pose ses deux bras de part et d'autre d'elle. Elle rapproche son visage du sien et l'embrasse tendrement. Charlie radoucit le ton. CHARLIE Bon... ben, si j't'envoie personne, c'est que personne ne passe. AMELIE Menteur ! C'est si facile si tu voulais. Elle l'embrasse de nouveau. AMELIE Alors, tu m'envoies des clients ? CHARLIE Non. Charlie s'�loigne l�g�rement. AMELIE Enfin, c'est ton int�r�t. CHARLIE Mais, si je me fais prendre, moi ? AMELIE Tu diras rien : t'avoueras pas. CHARLIE Ah, c'est merveilleux ! Tu penses qu'� toi, vous pensez vraiment qu'� vous, les femmes, hein ! AMELIE Faut bien. (La fin de la phrase est incompr�hensible) Charlie la reprend tendrement par l'�paule. CHARLIE Dis-moi... J'te vois ce soir ? AMELIE �a d�pend de toi. Elle s'en va. Charlie la regarde s'�loigner, un sourire un peu b�at aux l�vres. AUTOROUTE - BRETELLE DE SORTIE - EXTERIEUR NUIT Toujours la m�me circulation assez dense sous la pluie. Une Jaguar de type � E � s'engage sur la bretelle et quitte l'autoroute. UN VILLAGE - UNE RUE - EXTERIEUR NUIT La Jaguar traverse le village. JAGUAR - EXTERIEUR NUIT L'habitacle vu en plan rapproch� � travers le pare-brise. Jean- Jacques, des lunettes aux verres teint�es en jaune sur le nez, conduit. Cookie, portant des lunettes noires, regarde la route d'un air ennuy� et blas�. Les essuie-glace balaient le pare-brise. JEAN-JACQUES Vous portez toujours des lunettes noires ? COOKIE Ouais. JEAN-JACQUES Vous ne devez rien voir ? COOKIE Pourquoi j'y verrais ? Pour regarder quoi : vos raccourcis ? JEAN-JACQUES Je cherche de l'essence. COOKIE Moi, je cherche le soleil. JEAN-JACQUES Et bien, en attendant, guettez les pompes. COOKIE Ce que j'en ai marre ! J'vous pr�viens : je reviendrai en avion. JEAN-JACQUES Oh non, mais dites-moi, hein ! Je ne vous ai pas siffl�e. Cookie enl�ve ses lunettes. COOKIE Parce que vous croyez que c'est pour votre charme que je suis l� ! Elle remet ses lunettes. JEAN-JACQUES Je le suppose. COOKIE Pauvre type ! Y en a des tas qui m'auraient descendue dans le midi. JEAN-JACQUES Alors, pourquoi moi ? COOKIE Vous ou un autre... �a finit toujours pareil, alors... Ajoutez que je m'en fous. JEAN-JACQUES Oh !... Une pompe ! Il braque son volant vers la pompe. COOKIE Tout de m�me ! GARAGE - STATION-SERVICE - EXTERIEUR NUIT Charlie attend pr�s de ses pompes, un parapluie � la main. La Jaguar entre dans la station et s'arr�te devant les pompes. Charlie d�croche le pistolet de la pompe, et tenant toujours son parapluie d'une main, s'approche du r�servoir de la voiture. CHARLIE Le plein ? Jean-Jacques sort brusquement de la voiture. JEAN-JACQUES Super !... Dites-moi o� sont les... ? CHARLIE Au fond de la cour, � droite ! Jean-Jacques s'�loigne vivement vers le fond de la station. Charlie laisse le pistolet coinc� dans le trou de remplissage du r�servoir, et s'approche de la porti�re. CHARLIE L'huile et l'eau... S'il vous plait, ouvrez le capot. COOKIE Faut savoir o� c'est. CHARLIE Charlie revient d'un pas en arri�re, jette un oeil dans l'habitacle... Je vois le genre... Il glisse la main dans l'int�rieur de l'habitacle, d�bloque le capot et se dirige vers l'avant de la voiture. Il bascule le capot vers l'avant et se penche vers le moteur. Gros plan sur ses mains qui, arm�es d'un petit ciseau, coupent des fils au hasard. Il referme le capot, puis retourne vers l'arri�re du v�hicule pour v�rifier le remplissage du r�servoir. Jean-Jacques revient en courant vers la voiture. Charlie vient de raccrocher le pistolet. Jean-Jacques s'approche de lui. CHARLIE Cinq mille, monsieur... Jean-Jacques lui donne une poign�e de billets, puis court vers sa porti�re. JEAN-JACQUES �a roule, petit ! Il p�n�tre dans sa voiture. Charlie s'approche de lui. CHARLIE Dites donc, �a doit grimper, �a, hein ! JEAN-JACQUES Ah ! Faut savoir la retenir, c'est tout ! CHARLIE Ah, ouais, ouais ! Jean-Jacques tente de d�marrer sans succ�s. JEAN-JACQUES Ah ben, c'est bien la premi�re fois ! Charlie murmure quelques mots incompr�hensibles COOKIE Quelle chiotte ! Jean-Jacques continue de tenter de d�marrer la voiture. CHARLIE Bougez pas, vous noyez tout, l� ! Charlie ouvre le capot et regarde dans le moteur. Il retourne vers Jean-Jacques, une lueur d'inqui�tude dans le regard. CHARLIE Et comment vous avez fait pour venir jusqu'ici ? JEAN-JACQUES L'autoroute, la d�viation... avec les travaux ! CHARLIE C'est pas �a que je vous demande : vos vis platin�es sont mortes ! JEAN-JACQUES Mortes ! COOKIE Mortes ! Et bien, r�parez ! CHARLIE Vous avez entendu le vilebrequin : �a faisait pas tic-tic, tic-tic ? COOKIE Oui... plein ! JEAN-JACQUES Tic-tic... tic-tic-tic-tic ! Le vilebrequin, bien allez-y ! CHARLIE Quoi ! D�monter le moteur � cette heure-ci ! Vous y pensez pas : j'en ai au moins pour quatre jours ! Avec un petit clin d'oeil entendu, Jean-Jacques sort quelques gros billets. JEAN-JACQUES M�me pour moi ? CHARLIE M�me pour vous. COOKIE Et bien, appelez un taxi ! CHARLIE J'suis d�sol�, mademoiselle, mais ici, il n'y a pas de taxi : on est loin de tout, vous savez. COOKIE Et vous n'imaginez tout de m�me pas que je vais passer la nuit ici, non ? CHARLIE Ah, je vais pas vous laisser comme �a, va ! Charlie tapote la joue de Jean-Jacques CHARLIE Y a pas trente-six solutions : avec moi ! Il s'�loigne de la voiture. VILLAGE - UNE RUE - EXTERIEUR NUIT On voit passer la 2 CV de Charlie sous la pluie. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR NUIT La 2 CV arrive devant le ch�teau. Elle s'arr�te, les portes s'ouvrent : Jean-Jacques et Cookie descendent en portant des valises. CHARLIE Bon, allez-y, moi, je file, hein, je veux pas laisser le garage sans personne. COOKIE Ouais ! Ils courent vers la porte d'entr�e du ch�teau. Arriv�s � la porte, Jean-Jacques tire le cordon de la sonnette. JEAN-JACQUES �a a quand m�me une sacr�e allure, ces vieilles demeures, hein ? Oh, ben, c'est amusant, ces contretemps, non ? COOKIE Nien-nien-nien ! La porte s'entr'ouvre. Jean-Jacques tape au carreau. Am�lie ouvre un peu plus la porte. JEAN-JACQUES Avez-vous une chambre, mon petit ? COOKIE Deux chambres ! AMELIE Ah, parce que vous n'�tes pas... euh... ensemble ? JEAN-JACQUES Mais si ! COOKIE Mais non ! JEAN-JACQUES Ohhh ! AMELIE Je peux vous offrir une chambre dans l'aile gauche, et une autre dans l'aile droite. COOKIE On peut discuter au sec, non ! JEAN-JACQUES Allez ! Il ramasse les valises et suit Cookie qui vient d'entrer. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR NUIT JEAN-JACQUES Oh, la vache ! Cookie �met un petit sifflement admiratif et fait quelques pas � l'int�rieur d'un salon, suivie par Jean-Jacques. COOKIE Oh, ben dis donc, c'que c'est chouette ! JEAN-JACQUES Ohhh ! Am�lie se pr�cipite � leur suite et les ram�ne dans le hall. AMELIE H� ! H� ! Dites donc, faites attention ! C'est un parquet Louis XIV ! JEAN-JACQUES Oh ! pardon, je suis navr�, mon petit. AMELIE Arr�tez de m'appeler � mon petit �. JEAN-JACQUES Et comment dois-je dire, mon enfant ? AMELIE Je suis la baronne Am�lie de Coustine. JEAN-JACQUES Ah ? AMELIE Mais oui. La marquise descend le grand escalier, et se dirige vers son bureau. LA MARQUISE Veuillez passer par ici. Pr�sentez vos papiers. Chambre avec bain, je suppose ? JEAN-JACQUES Euh... COOKIE La mienne, en tous cas. JEAN-JACQUES Ah ! LA MARQUISE Donc, deux chambres... Voyons, voyons, voyons... Jean-Jacques l�ve les yeux, et aper�oit, au-dessus de la t�te de la marquise, un tableau ancien repr�sentant une femme compl�tement nue dans une pose assez lascive. La marquise r�pond � son regard intrigu� par un petit sourire entendu. LA MARQUISE Voyons, voyons... Il me reste � dix-huit et vingt milles francs. JEAN-JACQUES Oh ? LA MARQUISE Meubl�es d'�poque ! JEAN-JACQUES Ah ! LA MARQUISE On r�gle d'avance en liquide. Nous disons donc la chambre du Mar�chal et celle de la Pompadour. Georges ! Elle appelle vers le haut de l'escalier. Georges descend quelques marches en robe de chambre, et s'arr�te. Il se penche par la balustrade. GEORGES Ma m�re ? LA MARQUISE Les bagages ! LA MARQUISE Vous n'avez pas d�n� ? JEAN-JACQUES Mon Dieu... COOKIE Non, et j'ai faim ! Alors que Cookie commence � monter, Georges est arriv� au bas de l'escalier. Il se penche pour ramasser les bagages. JEAN-JACQUES Dites-moi, mon ami, la pension est comprise dans le prix des chambres ? Georges monte quelques marches, et s'arr�te � c�t� de Cookie. GEORGES Ma m�re, et pour les repas ? LA MARQUISE Nous n'avons que le d�ner gastronomique, prix fixe ou � la carte. Jean-Jacques a rejoint Georges et Cookie sur les marches. JEAN-JACQUES Fi-fixe ! Cookie hoche la t�te d'un air d�sabus�. Ils commencent tous les trois � gravir l'escalier. LA MARQUISE Diane !... Diane, mon enfant ! Le Mar�chal et la Pompadour. Diane vient d'appara�tre sur le palier interm�diaire. Les trois autres arrivent � sa hauteur. Ils montent tous les quatre ensemble. Ils arrivent � l'�tage. CHATEAU - PALIER DU PREMIER ETAGE - INTERIEUR NUIT DIANE Par ici, s'il vous plait... COOKIE O� c'est, ma chambre ? DIANE Vous n'�tes pas ensemble ? JEAN-JACQUES Mais si ! COOKIE Mais non ! Diane se rapproche de Jean-Jacques, et lui chuchote d'un air COQUIN : DIANE Tant mieux ! Jean-Jacques sourit b�atement. DIANE Georges, mon ch�ri, accompagnez mademoiselle dans la chambre voisine. Elle s'�loigne et Jean-Jacques semble intrigu�. Il murmure : JEAN-JACQUES Georges, mon ch�ri ?... Il rattrape Diane. JEAN-JACQUES Dites-moi, ma belle, vous n'�tes pas la petite amie du bagagiste ? DIANE Non, du tout, c'est mon mari. Oh, je ne vous ai pas pr�sent�. Georges ! Monsieur ?... JEAN-JACQUES Jean-Jacques Leroy-Martin. DIANE Le Comte de Coustine. Georges revient en arri�re, pose la valise qu'ils portaient et les deux hommes se serrent la main. JEAN-JACQUES Enchant�. Comme Diane se penche pour ramasser la valise que Jean-Jacques avait pos�e pour serrer la main de Georges, Jean-Jacques pr�vient son geste. JEAN-JACQUES Non, non, madame, je vous en prie. Non. Laissez... apr�s vous... J'ai connu un Coustine � Coetquidan. Il p�n�tre dans sa chambre � la suite de Diane. CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR NUIT Diane ouvre la porte. DIANE Ah, c'est curieux, mon mari est le dernier m�le du nom. Jean-Jacques entre � son tour. JEAN-JACQUES Ah, vous avez raison. C'�tait un Loustine... ou Roussi... Il frappe ses mains l'une contre l'autre. Plombac !... Un gar�on tr�s brillant, d'ailleurs. Diane rit et s'assoit sur lit. DIANE Je pense que vous serez bien. Elle prend un oreiller, et le porte � son visage. DIANE Ce sont des oreillers qui ont leur histoire. Elle s'allonge sur le lit. DIANE La Pompadour a couch� l�. Elle se redresse pour allumer la lampe. DIANE Et si vous aimez lire, vous avez la lumi�re ici. Elle se l�ve du lit et revient vers Jean-Jacques. DIANE Je peux vous offrir... la lecture. Elle prend un petit livre ancien pos� sur une commode. Elle l'ouvre et le tend � Jean-Jacques. DIANE Ce sont des ouvrages un peu libertins. Malheureusement, je n'aime que �a. Jean-Jacques vient de voir la page que lui a choisie Diane, et il affiche une mimique de surprise un peu effar�. DIANE �a va pas ? Il se tourne vers Diane, et se retrouve nez � nez avec elle. JEAN-JACQUES Si, si... si, si... Non, non... Au contraire... Il essaie de reprendre une contenance, mais n'y arrive pas et se dirige vers le lit. JEAN-JACQUES La t�te me tourne !... Il s'assoit sur le lit, e prend machinalement un tout petit livre pos� sur la table de nuit. Il l'ouvre au hasard, et prend un air encore plus effar� que pr�c�demment. JEAN-JACQUES Ooohhh !!!... Il rit en secouant la main. DIANE Nous vous attendons dans la salle � manger : c'est � deux pas. Au bout du couloir, le grand escalier, � gauche, et tout de suite apr�s la salle de musique et le fumoir. Oh, j'oubliais, votre compagne est de mauvaise humeur... Ce sont les voyages qui fatiguent. Elle va prendre un bain chaud, un bon Porto... Je vous signale que les boissons ne sont pas comprises... et vous allez la retrouver en forme. Nous sommes toutes les m�mes. Elle ouvre les deux portes du sas qui m�ne vers la chambre de Cookie, et on entend un rire de femme. DIANE Vous voyez... d�j� ! Elle sort en fermant la porte derri�re elle CHATEAU - CHAMBRE DE COOKIE - INTERIEUR NUIT Cookie se s�che les cheveux avec une serviette. Elle a gard� ses grosses lunettes noires. Georges rit. Diane s'approche, et passe le bras autour de la taille de Cookie. DIANE Il est amusant, n'est-ce pas ? Je vous laisse... Elle sort vers le couloir. COOKIE Alors, vous �tes comte, et vous faites le gar�on d'�tage. GEORGES Ah, faire �a ou se trimballer en Jaguar avec un scaphandrier. COOKIE Quoi ? Cookie continue � se frotter les cheveux. Georges s'approche d'elle, et lui retire ses lunettes. GEORGES Regardez... Il met les lunettes sur son nez, et prend l'air un peu ahuri. Cookie rit, et Georges lui rend ses lunettes, que Cookie garde � la main. GEORGES Ah, vous �tes de dr�le d'oiseaux ! Les jeunes, les vieilles, une autre race, vraiment... Tout en parlant, Georges est arriv� au bord de la baignoire. GEORGES Au d�but, �a vous �tonne, et puis on s'habitue... comme le reste. Il prend une �ponge et commence � frotter le fond de la baignoire. COOKIE Ah... les femmes ne vous int�ressent pas ! GEORGES Boof ! COOKIE C'est comme moi, les hommes. On en a vite fait le tour. Georges se rel�ve et Cookie apparait derri�re lui : elle a remis ses lunettes. GEORGES S�rement. Voil�, c'est propre. Il pose l'�ponge et tourne un robinet. On entend un gargouillis, mais l'eau ne vient pas. GEORGES Dommage qu'il y ait pas d'eau. Et c'est normal, hein, ces vieilles baraques... Le meilleur robinet, ici, c'est le toit. Et je voudrais bien voir notre bobine dans 387 ans. COOKIE 387 ans ? GEORGES En 1581, ici, c'�tait la pleine for�t. Mon a�eul, Maximilien, chassait le merle, il tombe de cheval, et se brise la colonne. On pouvait plus le bouger. On a b�ti autour. Et voila. COOKIE C'est vrai ? GEORGES Non... Mais nous avons toujours eu le go�t d'embellir. Et c'est �a que je reproche � vos lunettes. Cookie ne r�pond rien et prend un air un peu ahuri. Comme Georges se dirige vers la porte, elle enl�ve ses lunettes pour mieux le suivre des yeux. CHATEAU - PALIER DU PREMIER ETAGE - INTERIEUR NUIT Georges sort de la chambre de Cookie. Il referme la porte derri�re lui. A son tour, Diane sort de la chambre de Jean-Jacques, et referme la porte, avec un petit sourire aux l�vres. Georges arrive derri�re elle. GEORGES Diane ! Je vous trouve bien belle tout � coup. Il la prend dans ses bras. DIANE Vous voyez bien, Georges, qu'il nous faut du passage. Ils se serrent l'un contre l'autre, et se caresse voluptueusement. Diane embrasse l�g�rement Georges sur les l�vres et ils s'�loignent tous les deux vers l'escalier. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR NUIT La 2 CV de Charlie arrive devant le perron. Plusieurs personnes, portant capuches et sac � dos, sortent du v�hicule. CHARLIE Bon... Sonnez, moi je file, je veux pas laisser le garage sans personne. Les touristes su�dois grimpe le perron et sonnent. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR NUIT Au coup de sonnette, Am�lie ouvre la porte � deux battants. Les su�dois, toujours encapuchonn�s, entrent dans le ch�teau, en regardant autour d'eux, l'air intrigu�. Derri�re son bureau, la marquise s'incline l�g�rement. LA MARQUISE Bienvenue, mes fr�res ! AMELIE C'est pas des moines, grand-m�re ! Les touristes su�dois enl�vent leurs capuches et sourient � Am�lie. LA MARQUISE Tant mieux, ces gens-l� ne paient jamais ! Voil�... Bonjour ! Un touriste dit une phrase de bienvenue en su�dois � la marquise et lui tend la main. Elle lui serre la main, puis serre celles de tous les autres touristes. Ils lui disent des mots de bienvenue en su�dois. LA MARQUISE Voil�, voil�... Pardon, please... Make love, not war !... Ils approuvent tous , d'un hochement de t�te, ce dicton en anglais. LA MARQUISE Parlez pas fran�ais, hein ?... Parfait, parfait... La chambre du Roi avec champagne obligatoire !... AMELIE Par l�... Am�lie, qui a mont� deux ou trois marches, fait signe aux touristes, qui lui emboitent le pas et grimpent l'escalier LA MARQUISE Bravo, Am�lie... Je retrouve ton garagiste ! CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR NUIT La 2 CV de Charlie arrive et s'arr�te devant le perron du ch�teau. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR NUIT La marquise, toujours assise derri�re son bureau, entend le bruit des freins de la voiture et prend imm�diatement une posture � commerciale �. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR NUIT Une famille - papa, maman, grand-p�re et quatre enfants - descendent de la 2CV. CHARLIE Bon, sonnez, moi je file, je veux pas laisser le garage sans personne. La voiture repart pendant que la famille escalade prestement le perron et sonne la cloche. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR NUIT La porte, ouverte par Am�lie, laisse p�n�trer la famille. Les enfants, bob ou casquette sur la t�te, tiennent dans leur mains des petits voiliers jouets. Mme Passereau, leur m�re, bob sur la t�te, s'approche du bureau de la marquise, l'air affol�. MME PASSEREAU Ah ! madame... je suis madame Passereau... mes enfants, mon p�re, mon mari. Nous avons eu une panne de voiture. Une voiture qui n'a pas cinq milles kilom�tres. J't'avais dit de ne pas en changer ! De gr�ce, auriez-vous une chambre, ou n'importe quoi ? LA MARQUISE Il me reste des chambres � vingt milles francs. M. Passereau a un sursaut effar� M. PASSEREAU Ohhh ! MME PASSEREAU Oh, j't'en prie, hein ! Moi, je ne couche pas dehors ! Et ce temps ! Les enfants ! Un rhume, une congestion, l'h�pital, peut-�tre... AMELIE Par ici. MME PASSEREAU C'est curieux comme les hommes ne pensent qu'� eux ! ...... La nuit est l�. Ils tombent et ils sont las qu'ils n'en peuvent plus. Je suis �puis�e, je trouve plus mes mots... La famille grimpe l'escalier, d�passant m�me Am�lie qui les regarde, un peu interloqu�e. VILLAGE - UNE RUE - EXTERIEUR NUIT La 2 CV de Charlie traversent le village sombre et endormi, toujours sous la pluie. GARAGE - STATION SERVICE - EXTERIEUR NUIT Une grosse voiture am�ricaine noire attend devant les pompes. Charlie gare sa voiture derri�re les pompes. C�t� conducteur de la grosse voiture, Schwarz, habill� de noir, et portant chapeau, a ouvert la porte et, debout � c�t� de la voiture, klaxonne avec vigueur. Charlie sort en courant de sa voiture et vient vers lui. CHARLIE Voil�, voil�, voila... Le plein ? On aper�oit C�sar assis � l'arri�re de l'am�ricaine, chapeau noir, tr�s �l�gant et portant un parapluie � manche en bambou. Schwarz se penche vers C�sar, qui acquiesce de la t�te. SCHWARTZ Ouais, super. CHARLIE Super. Charlie se pr�cipite vers ses pompes. SCHWARTZ C'est Max qu'a oubli� de faire le plein. Accord orchestral un peu angoissant. C�sar, l'air grave, se tourne vers Max, assis � l'avant sur le si�ge passager. Il se contente de hocher la t�te, ce qui suffit � inciter Max � se cacher, l'air penaud, derri�re le dossier de son si�ge. Fin de l'accord orchestral. Charlie laisse son pistolet en place sur l'orifice de remplissage, et repasse devant Schwarz. CHARLIE Bon, alors maintenant, on va vous v�rifier l'huile, et puis l'eau aussi. Il arrive devant la voiture, ouvre le capot. On le voit tirer quelque chose d'un coup sec, et on entend un bruit d'objet m�tallique tombant par terre. CHARLIE Et ben voil�... Il referme le capot et, jonglant avec son chiffon, il revient vers les passagers. Entretemps, Schwarz s'est rassis derri�re le volant. Charlie se penche vers C�sar. CHARLIE Euh... cent trente litres, �a fait quinze milles, monsieur. C�sar lui tend des billets par la vitre ouverte. CHARLIE Merci, monsieur. Bonne route, monsieur. Charlie se dirige vers l'arri�re du v�hicule. Schwarz essaie de d�marrer le moteur, mais n'y arrive pas. Apr�s une deuxi�me tentative, il se tourne vers C�sar SCHWARTZ J'comprends pas. C�sar lui fait signe d'aller chercher Charlie. Max sort de la voiture, se dirige d'un pas d�cid� vers Charlie, qui �tait en train d'astiquer une voiture, l'agrippe par le col et le ram�ne vers l'am�ricaine. Schwarz ouvre le capot. MAX Allez, r�pare ! Et en vitesse ! SCHWARTZ R�pare !... Mais r�pare ! C�sar, qui est rest� dans la voiture, les interpelle. CESAR Restez correct, pas de scandale. Charlie contourne la voiture et s'approche de C�sar. On entend un chien aboyer. CHARLIE Me... Merci, monsieur. Merci bien. Je m'excuse, j'y connais rien dans ces voitures-l�. CESAR Sorti de son trou, c'est pas la lumi�re, hein ! Bon, appelez-moi un taxi. CHARLIE J'ai pas le t�l�phone. CESAR Mais o� je suis tomb�, moi ! Dans quelle peuplade ! CHARLIE Ah oui, mais y a le t�l�phone chez Madame la Marquise. CESAR La Marquise ? Charlie ouvre la porte arri�re, et C�sar sort de la voiture. CESAR T�l�phone... quelle marquise ? CHARLIE Ben, la-haut, au ch�teau. Et puis j'ai ma voiture, si vous voulez. C�sar tient une mallette � la main. Il fait signe � ses deux comparses de le suivre. Max se pr�cipite pour ouvrir la porte arri�re de la 2 CV � C�sar, qui monte dans le v�hicule. Max refermer la porte. Charlie d�marre. Schwarz s'installe � c�t� de Charlie, et Max vient s'assoir � c�t� de Schwarz. Max a un peu de mal � fermer la porte. La 2 CV d�marre en marche arri�re CHATEAU - VUE GENERALE - EXTERIEUR NUIT MUSIQUE . On entend jouer le piano. Th�me du d�ner. C'est une musique assez joyeuse bien rythm�e. CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR NUIT Jeanne joue du piano, pendant qu'Am�lie et son p�re servent les convives. La marquise appara�t � l'entr�e de la salle, v�tue d'une somptueuse robe du soir. Elle a sorti ses bijoux et s'est coiff� d'un petit chapeau d'o� d�passe une immense plume. AMELIE Fruits ?... P�tisseries ?... Am�lie s'approche de la table des Passereau. M�me les petits voiliers sont � table. FILLE PASSEREAU Y a pas de glaces, maman ? FILS PASSEREAU (Un ou deux mots incompr�hensibles, puis), maman, j'ai faim. A c�t� � la table de Jean-Jacques et Cookie, Georges d�bouche une bouteille de vin et la go�te. Georges est en smoking, Jean-Jaques a mis un blazer bleu p�trole, et Cookie une perruque rose. FILLE PASSEREAU Moi aussi ! CHATEAU - PALIER ET GRAND ESCALIER - INTERIEUR NUIT M. Patin, en pyjama et �paisse robe de chambre nou�e � la diable, b�ret et lunettes sur le front, descend l'escalier d'un pas pr�cipit�. Il arrive tout pr�s de la marquise, toujours post�e � l'entr�e de la salle, et qui fume une cigarette. M. PATIN Alors, j'�cris tranquillement mon �ditorial, comme toutes les semaines, et voil� du piano au milieu de la nuit ! LA MARQUISE Voulez-vous me dire qui lit l'�ditorial du Petit Beaujolais Lib�r� ! Mais qu'est-ce que c'est que cette tenue ? Vous voil� � moiti� nu, l�, dans mon salon ! Vous vous croyez chez vous. Machinalement, M. Patin r�ajuste sa robe de chambre. M. PATIN Ben, je le pensais, madame. Mais ce monde ?... LA MARQUISE C'est le week-end, monsieur Patin. M. PATIN Ah oui, week-end, loisirs, vacances... Ils ne foutent plus rien et se reproduisent comme des lapins ! LA MARQUISE C'est la vie qui roule, monsieur Patin. M. Patin hausse le ton : M. PATIN Elle roule vers l'ab�me, oui ! CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR NUIT M. Passereau, qui �coute le piano avec beaucoup d'attention, met un doigt sur sa bouche. M. PASSEREAU Chhht ! Mme Passereau le regarde en hochant la t�te. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR NUIT La porte d'entr�e s'ouvre brutalement. Schwarz et Max entrent pr�cipitamment, une main gliss� � l'int�rieur de leur veste. C�sar les suit, tenant toujours sa mallette et son parapluie. CESAR Personne ?... Il s'approche de quelques pas, et crie : CESAR Y a quelqu'un ? CHATEAU - PALIER ET GRAND ESCALIER - INTERIEUR NUIT La marquise, du haut de la balustrade du palier, se penche vers le hall d'entr�e. LA MARQUISE Qu'est-ce ?... CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR NUIT C�sar tend son parapluie � Schwarz et sa mallette � Max. Il enl�ve son chapeau et le remet en forme. Max et Schwarz ont toujours la main gliss�e � l'int�rieur de leur veste. Tous regardent vers le haut de l'escalier. CHATEAU - PALIER ET GRAND ESCALIER - INTERIEUR NUIT C�sar montent prestement l'escalier, suivi de ses deux comparses. Il s'arr�te brutalement � mi-parcours pour remettre son chapeau, et les deux comparses manquent lui rentrer dedans. C�sar arrive sur le palier, mais ne voit pas la marquise, masqu�e par un pilier. CESAR Ah ! T�l�phone ! Il d�croche le t�l�phone, que Schwarz actionne avec vigueur. CESAR Allo ! Appelez-moi un taxi, vite !... CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR NUIT CESAR ... Comment ? Pas de taxi ! Am�lie, Georges et tous les convives regardent, d'un air interloqu�, vers le palier. M. Patin est debout derri�re Jeanne. Jeanne a arr�t� brutalement de jouer du piano. FIN DE LA MUSIQUE CHATEAU - PALIER ET GRAND ESCALIER - INTERIEUR NUIT La marquise sort de derri�re le pilier, et passe devant Max, qui regarde, l'air ahuri, la plume de son chapeau. LA MARQUISE Mais qu'est-ce que c'est que cet ostrogoth ! Elle se rapproche de C�sar, toujours au t�l�phone. CESAR Bon, alors, passez-moi Turin, le 222-2-2-2-2... Comment, dans un heure ? Mais enfin, c'est tout de m�me invraisemblable ! Oui bon, ben j'attends. Il raccroche. La marquise lui tape sur l'�paule. LA MARQUISE Non, mais pardon, monsieur... Qui que vous soyez - j'ai l'impression que vous n'�tes pas grand chose - je tiens une maison calme. Si vous arrivez ici pour briser ma porte, le t�l�phone, et mes oreilles, j'appelle la gendarmerie. Elle s'assoit sur un banc pr�s de la rambarde de l'escalier. CESAR Ohhh ! La gendarmerie ! Dans une demeure aussi charmante. Mais je comprends, je ne me suis pas encore pr�sent�. Baron... baron C�sar Anselme de Maricorne, consul g�n�ral... Il enl�ve son chapeau, qu'il fait tournoyer entre ses doigts gant�s. CESAR ... charg� des relations culturelles aupr�s des offices maritimes de l'Union Latino-Am�ricaine... entre autres. La Marquise, toujours assis lui tend la main, pour qu'il la baise. LA MARQUISE Mais je suis ravie, excellence. C�sar se contente de lui serrer distraitement le bout des doigts. CESAR Enchant� ! La marquise se l�ve. C�sar tend son chapeau � Max. LA MARQUISE Nous avons des chambres � dix-huit et vingt milles francs, toutes historiques. Comme la marquise se tourne l�g�rement vers la salle � manger, C�sar a un petit mouvement de recul pour �viter la plume du chapeau. CESAR Bon... mettez m'en une. LA MARQUISE Bien, et pour ces messieurs ? CESAR Oh... deux lits de camp... deux lits de camp. Je les garde aupr�s de moi. Ils sont perdus sans �a. C�sar d�pose ses gants dans le chapeau que tient Max et lui tapote la joue. LA MARQUISE Alors, par ici... par ici, messieurs... Par ici... La marquise tend le bras pour d�signer le chemin. Schwarz, puis Max, se dirigent vers l'escalier qui monte vers les �tages sup�rieurs. Max rend sa mallette � C�sar. Au passage, Max subtilise tr�s adroitement et discr�tement le lourd bracelet d'or sur le bras tendu de la marquise. LA MARQUISE C'est tout ce que vous avez, comme bagages ? CESAR Oui... pour une nuit... enfin pour une heure... H�, dites- moi... Ayez l'obligeance de me passer la communication, d�s qu'on m'appellera. Charmante... Max et Schwarz sont d�j� sur les premi�res marches de l'escalier d'o� ils suivent la conversation, l'air un peu ahuri. C�sar les d�passe, mais ils reste fig�s sur place. C�sar les regarde. CESAR Oh, les po�tes ! Les deux comparses redescendent sur terre, et se remettent en marche dans l'escalier, et passant devant C�sar, rest� immobile. LA MARQUISE Jeanne, mon petit... MUSIQUE. Jeanne se met � jouer "R�ve d'Amour" de Liszt. Alors que les deux comparses continuent � grimper l'escalier � vive allure, C�sar s'arr�te sur le palier interm�diaire et claque des doigts. Les deux comparses redescendent. C�sar fait un signe muet � Max, qui fouille dans sa poche, et tend le bracelet de la marquise � C�sar. Celui-ci redescend prestement vers le palier de la salle � manger, pendant que les deux comparses restent sur le palier interm�diaire. CESAR Dites-moi, jolie marquise... Je voulais vous dire... Pour la communication, ben, n'est-ce pas, vous la mettrez � mon compte, c'est pas la peine de... C�sar termine sa phrase dans un bafouillage incompr�hensible, mais, tr�s adroitement, et tr�s discr�tement, il remet le bracelet au poignet de la marquise. Il sourit et regarde vers la salle � manger, et plus pr�cis�ment vers le piano. CESAR Oh... "Raque-mane-ninoffe"... (Il s'agit de Rachmaninoff, prononc� avec l'accent du midi) CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR NUIT Jeanne, assise derri�re son piano, continue � jouer Liszt. C�sar s'approche du piano, et s'accoude dessus, apr�s avoir pos� sa mallette sur le couvercle du piano. CESAR Superbe... Divin ... JEANNE Vous aimez ? CESAR Et comment ?... J'aime... j'adore la musique... JEANNE Vous aimez la musique ? CESAR Je l'aime pas... je vis la musique ! La marquise s'est approch�, et fait un signe � Georges. LA MARQUISE Georges... les bagages... Georges, un verre � la main, vient prendre la mallette. C�sar lui prend vivement le bras. CESAR Ma valise ! Il reprend sa mallette, pendant que Georges termine son verre. LA MARQUISE Je vous ai donn� la chambre treize... La chambre de Casanova ! CESAR Ca-Casanova ? Il a v�cu dans ces murs ? Oh, le coquin ! Diane appara�t � l'entr�e de la salle � manger, v�tue d'une tr�s belle robe du soir en velours vert sombre. DIANE Deux jours... Il y a beaucoup aim�... C�sar d�taille la belle Diane d'un air connaisseur. Il s'approche de Diane. CESAR A qui ai-je l'honneur ?... Il baise la main de Diane, et la garde dans la sienne. CESAR Madame, C�sar Anselme de Maricorne ne d�range pas la beaut� pour la laisser languir... Il se d�tache de Diane, et s'approche de Georges. CESAR Gar�on, � boire pour tout le monde. Le temps d'attendre mon coup de t�l�phone. Ch�re amie, une valse. FIN DE LA MUSIQUE Sur ses derniers mots, C�sar s'est tourn� vers Jeanne, qui s'arr�te de jouer Liszt, et tourne la page de sa partition. M. PATIN Vous n'allez pas jouer pour ce rastaquou�re ? MUSIQUE. Th�me de valse. C�sar traverse la salle � manger, jusqu'� la porte qui donne sur le palier. Il siffle vivement. Les deux comparses entrent pr�cipitamment, la main gliss�e dans l'�chancrure de la veste. C�sar rajuste sa cravate, puis donne la mallette � Max. CESAR Chambre treize... Attendez-moi l�-haut, je donne le change. Air ahuri des deux comparses, qui semblent ne pas comprendre de quoi parle leur patron. C�sar les regarde un instant. CESAR Non, �a fait rien. Il revient vers la salle � manger, et se trouve nez � nez avec Diane. Il lui tend les bras. Ils commencent � valser. CESAR J'aime l'impromptu, la romance subite... DIANE Moi aussi... Il y a une heure, le ch�teau dormait. Vous arrivez, et tout s'�veille. CESAR Oui, je sais, je sais, on me l'a d�j� dit. Question de temp�rament. Co�ncidence impr�visible... Un orchestre se joint au piano, transformant la valse pour piano en concerto pour piano. Alors que les deux valseurs passent pr�s de Georges, celui-ci fait p�ter le bouchon d'une bouteille de Champagne. C�sar se s�pare brutalement de sa cavali�re, et porte la main � sa ceinture. On aper�oit la crosse d'un revolver, gliss� dans sa ceinture. Il voit la bouteille, s'aper�oit de son erreur, et r�ajuste sa veste. DIANE Mon mari vous a fait peur ? CESAR Votre mari ?... C�sar reprend sa valse interrompue. CESAR J'aime pas les maris. Et vous ? DIANE Oh, vous savez, pour moi, tous les hommes sont des maris. Il la serre brutalement contre elle. CESAR C'est vrai ? DIANE Vous me faites mal, excellence. C�sar se r�ajuste, changeant visiblement son revolver de place. CESAR Oh, pardon... Non, laissez tomber l'excellence. Appelez-moi C�sar. Ils passent en valsant devant la table de Jean-Jacques et Cookie. COOKIE Parlez-moi d'un type qui sait s'amuser. JEAN-JACQUES Comment ? Je ne suis pas dr�le ? COOKIE Ah - ah - ah - ah - ah !... Les valseurs repassent devant la table. DIANE Vous faites des jaloux ! Il faut r�parer. Allez, je vous laisse... Elle s'�loigne et rejoint son mari. GEORGES Qu'est-ce qu'il t'a dit ? DIANE Un peu brutal... pas d�sagr�able... Diane et Georges s'�loignent. C�sar tend la main vers Cookie. CESAR Permettez, mademoiselle, que ma joie se double du plaisir de vous inviter. Cookie prend la main de C�sar et se l�ve. Jean-Jacques se l�ve aussi et s'interpose. Cookie se rassoit. JEAN-JACQUES Vous d�sirez ? CESAR Comment ? JEAN-JACQUES Non... rien... L'air penaud, Jean-Jacques se rassoit. Cookie se rel�ve et C�sar l'entra�ne dans une valse. Jean-Jacques se console en vidant son verre. Mme Passereau tape sur le bras de son mari. MME PASSEREAU Tu m'invites pas ? M. PASSEREAU Oh, oui. Le couple Passereau se l�ve. MME PASSEREAU Papa, les enfants, allez vous coucher. Y a si longtemps qu'on a pas dans� (Derniers mots un peu incompr�hensibles). Les couples dansent. Am�lie s'approche de Jean-Jacques, une bouteille de Champagne ouverte � la main. AMELIE Vous restez seul ? JEAN-JACQUES Oh oui... non... je vais me coucher, je crois... Il se l�ve. AMELIE Seul ? Il se rassoit. JEAN-JACQUES Oh, �a me changera... Plaire, plaire, toujours plaire... je suis las de plaire... Elle lui a pass� le bras autour de la nuque, et lui caresse l'oreille. Jean-Jacques bafouille quelques mots incompr�hensibles. AMELIE Je ne vous crois pas ! JEAN-JACQUES Mon petit, allons, montons cette bouteille ! Il se l�ve, un verre � la main et, de l'autre main, il prend la bouteille que tenait Am�lie. Am�lie s'�loigne, et Jean-Jacques se dirige vers la porte, la bouteille et le verre � la main. Il fait deux pas, se retourne, et regarde les danseur, l'air un peu �berlu�. Am�lie tape sur l'�paule de C�sar qui danse toujours avec Cookie. CESAR Pardon ! Am�lie a un petit regard coquin vers Jean-Jacques. C�sar quitte Cookie et commence � danser avec Am�lie. Cookie les regarde, l'air un peu f�ch�. Jean-Jacques est rest� debout, comme fig� sur place, toujours la bouteille et le verre � la main. La sonnerie du t�l�phone retentit par-dessus la musique. La marquise va d�crocher. CHATEAU - PALIER ET GRAND ESCALIER - INTERIEUR NUIT La marquise �coute deux secondes, puis se tourne vers la salle � manger. LA MARQUISE Excellence ! Vous avez Turin en PCV. CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR NUIT C�sar travers la salle � manger en courant. CESAR Voila !... CHATEAU - PALIER ET GRAND ESCALIER - INTERIEUR NUIT C�sar prend le t�l�phone des mains de la marquise. CESAR Ah, merci. Vous avez pas de cabine ? LA MARQUISE Non, mais je vais vous faire donner le silence. Elle se tourne vers la salle � manger. Jeanne, arr�te ! Silence, vous tous ! J'ai l'�tranger au bout du fil ! FIN DE LA MUSIQUE. La musique s'arr�te. CESAR Non, non, non, continuez, continuez ! Il met le combin� � son oreille, et se dirige dans un recoin du palier. CESAR Allo ! Louvanski ?... VOIX DE LOUVANSKI Oui, Louvanski : c'est toi, C�sar ? La marquise d�croche l'�couteur et le porte � son oreille. CESAR Oui, impossible, ce soir. Non. (Paroles un peu INCOMPR�HENSIBLES) VOIX DE LOUVANSKI Non ? CESAR Non, je peux pas �tre � la fronti�re. VOIX DE LOUVANSKI Pourquoi ? Petit � petit, les convives se rapprochent de l'entr�e de la salle � manger. CESAR Impossible, je te te dis : la voiture est tomb�e en panne. VOIX DE LOUVANSKI L'avion, il est parti. CESAR Quoi ? L'avion peut pas attendre ? VOIX DE LOUVANSKI Mais non, je te dis, je ne peux pas... Je ne peux pas... Ecoute... CESAR Bon, d'accord, � demain. Allez, tchao ! VOIX DE LOUVANSKI Tchao, oui. C�sar baisse le combin�, mais le garde � la main. Il se retourne, et regarde, un peu surpris, la marquise qui raccroche son �couteur. CESAR Vous avez entendu ? LA MARQUISE On entend mieux l'�tranger que l'�picier du coin. Elle prend le combin� des mains de C�sar et le raccroche. LA MARQUISE Mais, dites donc, ce Louvanski, l�, m'a paru bien l�ger, hein. Les pannes, �a arrive � tout le monde. Il aurait pu vous attendre. Elle a pris C�sar par le bras, et ils se rapprochent du milieu du palier. CESAR Vous avez entendu ? Bon, voil�, vous avez tout compris, quoi. LA MARQUISE Ah ! CESAR Oui, vous avez compris... qu'apr�s vingt-neuf ans pass�s au-del� des fronti�res... Tous les convives, mass�s � l'entr�e de la salle � manger, �coute C�sar avec beaucoup d'attention. Au premier rang, les femmes, de gauche � droite, Mme Passereau, Cookie, Jeanne, Diane, Am�lie. Derri�re, un touriste su�dois, M. Patin, Georges, et derri�re encore, Jean-Jacques. CESAR ... au fin fond des Am�riques, au milieu de ce peuple si peu familial, � qui... � qui j'apporte dans nos bagages culturels l'oxyg�ne qu'il r�clame � pleins poumons, il est dur, dis-je, de tomber en panne dans le berceau m�me de notre patrimoine, dont je vois ici le plus charmant fleuron. Il faudrait que j'en parle au prochain congr�s, d'ailleurs. Qu'est-ce que je disais ? LA MARQUISE Votre avion... C�sar se dirige vers l'escalier. Il monte deux marches et s'arr�te pour terminer son monologue. CESAR En panne ! Le ministre attendra ! Bref, nous sommes dans les mains du Seigneur, et j'ai besoin de repos. Belles dames, je vous souhaite la bonne nuit. Il monte, sous l'oeil charm� des dames de l'assistance MME PASSEREAU, DIANE, COOKIE, AMELIE, JEANNE Il est... si... charmant GEORGES Il est sympathique. CHATEAU - CHAMBRE DE CESAR - INTERIEUR NUIT Les deux comparses dorment, chacun assis sur une chaise. C�sar entre, enl�ve sa veste, qu'il pose sur le lit. Il pose son revolver sur la table � c�t� de la mallette. Il ouvre la mallette, qui est pleine de liasses de billets de banque. Il compte les liasse d'un doigt rapide. Il regarde ses deux acolytes, toujours endormis. Il rev�rifie son comptage des billets, puis il se dirige vers la chaise de Schwarz, dans laquelle il donne un coup de pied. Les deux comparses se l�vent brusquement. C�sar montre la mallette, toujours ouverte sur la table. CESAR Il manque une liasse... Les deux comparses prennent l'air ahuri, et se penchent vers l'int�rieur de la mallette. CESAR Lequel des deux saligauds ?... L'air penaud, les deux comparses glissent la main � l'int�rieur de leur veste. C�sar porte la main au deuxi�me revolver, qu'il porte dans un holster sous son aisselle. Max fait un signe de d�n�gation de la t�te, pour le rassurer sur leurs intentions, et ils extraient, chacun, de l'int�rieur de leur veste, la moiti� de la liasse manquante. Il tendent les billets � C�sar, qui les recompte rapidement. Il soupire. CESAR J'avais confiance en vous. D'un geste rapide, et avant que Schwarz ait pu pr�venir son geste, il donne une paire de baffes � Schwarz. Machinalement, Max met les mains sur ses joues, mais C�sar lui donne une grande claque sur le front. Max s'�croule et se retient � la table. Il se rel�ve en se tenant le front. C�sar remet la liasse dans la mallette. CESAR J'ai toujours confiance. Allez, faites vos lits ! MUSIQUE. Th�me de C�sar. Un air d'accord�on rappelant les bals populaires parisiens. Max et Schwarz se pr�cipitent vers les deux lits de camp dispos�s de part et d'autre du grand lit central. C�sar referme la mallette. Les deux comparses commencent � d�plier leurs draps, avec des mouvements brusques et agit�s. Lentement, C�sar s'assoit sur son lit. CHATEAU - FA�ADE EXT�RIEURE - EXTERIEUR NUIT On aper�oit plusieurs fen�tres allum�es. MUSIQUE. Fin du Th�me de C�sar, et d�but du Th�me du ch�teau. Une fen�tre s'�teint. On se rapproche du ch�teau, et plus particuli�rement vers une fen�tre encore allum�e. CHATEAU - CHAMBRE DE LA MARQUISE - INTERIEUR NUIT La marquise est au lit, en robe de chambre, avec une charlotte sur la t�te. Diane est assise � sa gauche, Jeanne � sa droite, toute deux en chemise de nuit. Am�lie est debout, appuy�e sur le poste de radio, v�tue d'une liquette, qui lui arrive � mi-cuisse. LA MARQUISE Cet homme est un monument ! Qu'en pensez-vous, mes ch�ries, ai-je tort ? DIANE Oh, oui, je suis bien de ton avis... Am�lie tourne le bouton du poste de radio. VOIX DU JOURNALISTE DE LA RADIO RTL derni�re. Hold-up sensationnel dans une banque de M�con. Cent millions de butin. Barrages dress�s dans tout le d�partement. La marquise a dress� l'oreille pendant toute l'annonce. Am�lie ferme la radio et vient s'asseoir sur le lit. LA MARQUISE Quelle �poque ! H� oui... Qu'est-ce que nous disions, l� ? Ah oui, ah oui... Avez-vous vu ses... ses yeux, ses dents, ses... ses mains... DIANE Ses narines... LA MARQUISE Ah, j'en ai connu un, tiens, comme �a autrefois... Un napolitain... DIANE Quelle voix ! AMELIE Peut-�tre un peu bavard... JEANNE Je ne trouve pas... LA MARQUISE Ta cousine est une enfant... Allez, va dormir. Va, ch�rie. Jeanne embrasse la marquise, puis elle se penche pour embrasser Diane. Elle envoie, du bout des doigts, un baiser � Am�lie, qui le lui rend. Elle se l�ve et sort de la chambre. Am�lie vient prendre sa place, et nous offre - une fois de plus ! - une vue sur sa petite culotte ! LA MARQUISE Bien s�r que c'est un bavard. Mais tant mieux. Si ces hommes-la parlent d'amour, n'arr�tent pas d'en parler, ben, ils le font aussi, va, crois-moi. Et ils le font admirablement. C'est bien simple, tu t'en aper�ois qu'apr�s ! AMELIE Mais pendant ? LA MARQUISE Le ciel, mon petit. Ben, quand tu es au ciel, tu te poses pas de question ! Diane prend l'air effar�. DIANE Maman ! Je pense que je vais tromper Georges. LA MARQUISE Mais je le sais, mon ch�ri, je le sens. Mais ta m�re est l�. Euh... dis donc, Am�lie, va vite dire � Charlie de ramener la voiture de ce diable, hein... Qu'il s'en aille ! DIANE Quel dommage, hein ! LA MARQUISE Ah ben, faut te faire une raison ! Allez, file, file !... Avant que ta m�re ne devienne inconsolable ! Am�lie se l�ve et sort de la chambre. La marquise serre sa fille dans ses bras. FIN DE LA MUSIQUE. Fin du Th�me du ch�teau. GARAGE - STATION-SERVICE - EXTERIEUR NUIT Am�lie, v�tue de son cir� jaune, arrive sur sa bicyclette. Elle pose la bicyclette pr�s du b�timent d'habitation. Un chien aboie. GARAGE - CHAMBRE DE CHARLIE - INTERIEUR NUIT Charlie dort, torse nu. Il serre son oreiller. Il r�ve et appelle � Am�lie � dans son sommeil. Am�lie entre et allume la lumi�re. CHARLIE Am�lie !... Am�lie !... AMELIE Oui, oui, je suis l� ! Elle ramasse, par terre, les chaussettes et la combinaison de Charlie. Charlie �merge difficilement. CHARLIE Hein ?... Am�lie s'approche du lit. AMELIE Oh, je ne supporte pas que tu dormes quand je suis debout. Elle rabat les draps. Charlie est en slip. Il s'assoit sur le bord du lit. CHARLIE Oh... Oh, ma biche ! Il attire Am�lie vers lui. Elle s'assoit sur le bord du lit. AMELIE D�p�che-toi... Elle lui enfile une chaussette. CHARLIE Oh oui, t'es gentille ! Viens ! Il tente de la basculer sur le lit, mais elle r�siste. AMELIE Apr�s... CHARLIE Apr�s quoi ?... AMELIE On va passer ses chaussettes... On va passer sa combinaison... Elle ne lui a enfil� qu'une seule chaussette, mais elle commence n�anmoins � lui enfiler sa combinaison par le bas. CHARLIE Qu'est-ce que tu fais ? AMELIE Je t'habille. CHARLIE Hein ? Quelle heure il est ? AMELIE Ohhh ! Tu vas te r�veiller, dis ! Elle lui prend le visage dans les mains et le secoue. CHARLIE T'es o� ? AMELIE Un peu d'eau sur le nez... Elle se l�ve et se dirige vers le lavabo. Elle prend de l'eau dans le creux de ses mains. Entretemps, Charlie a enfil� le haut de la combinaison sans la refermer. CHARLIE C'est la premi�re fois que tu viens dans ma chambre comme �a... Am�lie lui balance une gicl�e d'eau froide sur la figure. AMELIE Tiens ! Faut r�parer la grosse Am�ricaine. Elle s'assoit sur le lit et lui enfile ses savates. Il a apparemment enfil� sa deuxi�me chaussette tout seul. CHARLIE Quoi ? �a urge ? AMELIE Tu connais maman. Elle a peur que papa soit cocu. CHARLIE Encore ! AMELIE D�p�che-toi ! Faut r�parer. Elle se l�ve du lit, et entra�ne Charlie � se lever aussi. CHARLIE Oui, mais, mais j'en ai... j'y ai tout coup�, moi, � cette voiture-l� ! J'en ai pour toute la nuit. Il met ses lunettes, qui �taient pos�es sur la table de nuit. AMELIE Et bien, justement. Allez, d�p�che-toi... Charlie sort par la fen�tre ouverte, et Am�lie enl�ve son cir�. En-dessous, elle porte sa liquette. Elle se glisse dans le lit. Charlie r�apparait � la fen�tre. CHARLIE Tu m'avais dit qu'on se verrait ce soir. Am�lie s'installe confortablement dans le lit. AMELIE Et bien... tu me vois ! CHARLIE Ah oui, mais pas comme �a ! AMELIE Apr�s... J'arrive... D�p�che-toi Charlie s'�loigne vers l'atelier, et Am�lie se pelotonne contre l'oreiller. Fondu au noir. MUSIQUE. Th�me de Jeanne, jou� sous forme de concerto pour piano. CHATEAU - CHAMBRE DE JEANNE - INTERIEUR NUIT Jeanne, en chemise de nuit, se regarde dans le miroir de sa coiffeuse. Des bougies sont dispos�es de part et d'autre du miroir. Elle se redresse la poitrine � travers le tissu de la chemise de nuit. Elle se dirige vers la fen�tre qu'elle ouvre. On aper�oit M. Patin, accoud�e � une fen�tre voisine. JEANNE Vous n'avez pas sommeil ? M. PATIN Non. Je m'en �tonne et je m'en inqui�te. CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE JEANNE - EXTERIEUR NUIT JEANNE Je sais bien qu'il fait nuit, mais pourquoi voyez-vous toujours tout en noir ? CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE M. PATIN - EXTERIEUR NUIT M. PATIN Ah... Je vois que le monde est plein d'extravagants, et qu'on en trouve - regardez cette soir�e - jusqu'au fond des retraites les plus solitaires. CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE JEANNE - EXTERIEUR NUIT JEANNE Cet homme est bien gentil. C'est comme vous : un artiste. CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE M. PATIN - EXTERIEUR NUIT M. PATIN Pfff !... Outrecuidant, presque bestial. CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE JEANNE - EXTERIEUR NUIT JEANNE Non : expansif. Pourquoi vous retenez-vous toujours ? CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE M. PATIN - EXTERIEUR NUIT M. PATIN Je place le respect au-dessus de tout. CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE JEANNE - EXTERIEUR NUIT JEANNE Mais, monsieur Patin, est-ce que le respect ne... vous coupe pas... Elle mime, avec deux de ses doigts, un ciseau qui coupe quelque chose. CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE M. PATIN - EXTERIEUR NUIT M. PATIN Vous coupe quoi, mon petit ? CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE JEANNE - EXTERIEUR NUIT JEANNE Moi, il me semble que �a vous coupe l'�lan. CHATEAU - FA�ADE - FENETRE DE M. PATIN - EXTERIEUR NUIT M. Patin se redresse l�g�rement. M. PATIN Je me m�fie des �lans. CHATEAU - CHAMBRE DE JEANNE - INTERIEUR NUIT Jeanne est toujours � sa fen�tre, et on aper�oit M. Patin � la sienne. JEANNE Comme vous avez peur. Moi pas. Elle commence � fermer sa fen�tre. CHATEAU - FA�ADE - EXTERIEUR NUIT On voit, dans le m�me plan, les deux fen�tres, de Jeanne et de M. Patin. Jeanne finit de fermer sa fen�tre. JEANNE Bonne nuit, monsieur Patin. M. Patin rentre lentement dans sa chambre, sans fermer sa fen�tre. La cam�ra monte, le long de la fa�ade, vers une autre fen�tre. Cookie y est accoud�e. Elle rentre dans sa chambre. FIN DE LA MUSIQUE CHATEAU - CHAMBRE DE COOKIE - INTERIEUR NUIT Cookie, en nuisette vaporeuse et petite culotte, quitte sa fen�tre, et se dirige vers le sas de communication entre les deux chambres. Elle ouvre la porte de son c�t� du sas, et frappe sur l'autre porte. COOKIE Sois pas con ! CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR NUIT On voit remuer la porte sur laquelle Cookie est en train de frapper, mais elle ne s'ouvre pas. COOKIE Ouvre ! Cookie continue � frapper. Jean-Jacques, en robe de chambre chamarr�e, est assis sur son lit, une t�te de modiste en plastique blanc entre les jambes. Il enl�ve sa perruque et la pose sur la t�te de modiste. JEAN-JACQUES Laissez-moi, voulez-vous. Il commence � peigner la perruque. COOKIE Qu'est-ce que vous faites ? La voix se fait plus tendre : COOKIE Qu'est-ce que tu fais ? JEAN-JACQUES Je lis. CHATEAU - CHAMBRE DE COOKIE - INTERIEUR NUIT Cookie est toujours dans le sas, l'oreille coll�e contre la porte de Jean-Jacques. COOKIE T'es toujours en train de lire. CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR NUIT Il continue � coiffer sa perruque. JEAN-JACQUES Ah, ah !! Bien s�r, ce n'est pas vous qui pouvez comprendre ! COOKIE Ouvre enfin ! Il commence � se lever. JEAN-JACQUES A quoi bon ? Il se dirige, � pas feutr�s, vers sa coiffeuse. COOKIE C'que tu peux �tre emmerdant ! C'est pas � cause de tout � l'heure. Je m'en fous de ce type. Il s'est assis, et a plac� la perruque sur sa t�te. Il se coiffe. JEAN-JACQUES De qui parlez-vous ? CHATEAU - CHAMBRE DE COOKIE - INTERIEUR NUIT Elle est toujours dans le sas. COOKIE Tu sais bien. Allez, ouvre ! CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR NUIT Le peigne � la main, il finit d'ajuster sa perruque. JEAN-JACQUES Mon petit, je n'aime pas donner de le�on, mais je ne suis pas le genre d'homme qu'on siffle, et qui fait le beau. Il mouille son doigt et se lisse les sourcils. CHATEAU - CHAMBRE DE COOKIE - INTERIEUR NUIT Elle sourit. COOKIE T'es vex� ? CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR NUIT Il se vaporise de l'eau de toilette sous les aisselles, puis s'en asperge toute la t�te. JEAN-JACQUES Oh, oh !! Je suis au-dessus de �a ! CHATEAU - CHAMBRE DE COOKIE - INTERIEUR NUIT Elle reprend l'air s�rieux. COOKIE Tr�s bien. Salut ! Elle ferme la porte de son c�t� du sas. CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR NUIT En entendant le bruit de la porte qui se ferme, il se l�ve brusquement, et se pr�cipite vers la porte, la main pos�e sur sa perruque. CHATEAU - CHAMBRE DE COOKIE - INTERIEUR NUIT Cookie a entreb�ill� la porte de son c�t� du sas. Elle surveille attentivement les mouvements dans le sas. CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR NUIT Il prend l'air viril et m�le, et pose sa main sur la poign�e de la porte. JEAN-JACQUES Alors, c'est bon... Viens ! Il ouvre sa porte d'un air d�cid�. L'autre porte se claque sous son nez. De rage, il enl�ve sa perruque d'un geste nerveux. Une longue m�che en d�sordre lui pend devant sur le front, lui donnant l'air ridicule. CHATEAU - CHAMBRE DE COOKIE - INTERIEUR NUIT Elle ouvre sa porte. CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR NUIT Cookie entre dans la chambre et d�couvre le spectacle, assez d�sopilant, de Jean-Jacques, la perruque � la main et la m�che en bataille. Elle le regarde d'un air ahuri. COOKIE Merde ! Tes cheveux ! Jean-Jacques sourit piteusement. MUSIQUE. Th�me du ch�teau. Le th�me est annonc� par un un accord de violoncelle. CHATEAU - FA�ADE - EXTERIEUR NUIT On voit les deux fen�tres des chambres de Cookie et Jean-Jacques. On entend une porte claquer. Puis une autre, et les lumi�res s'�teignent. La cam�ra redescend vers une autre chambre. L'accord de violoncelle �volue vers le Th�me du ch�teau. Zoom sur une autre fen�tre. CHATEAU - CHAMBRE DE GEORGES ET DIANE - INTERIEUR NUIT Dans la p�nombre, on distingue un lit sur lequel sont couch�s deux corps enlac�s. Georges se d�gage lentement de son �pouse. GEORGES Bien... Ahhhh !!... Diane, l'air b�at, �met un petit g�missement de plaisir. Elle caresse tendrement les cheveux de Georges. DIANE Mmmmmm !! GEORGES Ouah !... Le baron C�sar !!... Georges fait un bras d'honneur. CHATEAU - CHAMBRE DE CESAR - INTERIEUR NUIT Les trois hommes sont couch�s tout habill�s. Les deux comparses dorment, mais C�sar se redresse sur son lit, l'air inquiet, comme s'il venait d'entendre la derni�re r�plique de Georges. Son parapluie est en fait une canne-�p�e, dont il tire la lame. Puis, semblant rassur�, il la remet dans son fourreau, et se rallonge. CHATEAU - FA�ADE - PLAN ASSEZ LARGE - EXTERIEUR NUIT FIN DE LA MUSIQUE. Fin du Th�me du ch�teau. VILLAGE - VUE GENERALE - EXTERIEUR JOUR Le jour s'est lev� et on entend un coq chanter. GARAGE - STATION-SERVICE - EXTERIEUR JOUR La grosse am�ricaine est toujours gar�e devant les pompes. Le capot est ouvert. Charlie est allong� sous la voiture. Il s'extirpe lentement et ramasse ses outils. Il se l�ve et se dirige, en tra�nant les pieds, vers le b�timent d'habitation. Sur le parking, sont diss�min�es les autres voitures des � clients � du ch�teau. Charlie est tellement �puis� qu'il fait tomber ses outils par terre, et ne les ramasse pas. Il arrive au niveau de la fen�tre de sa chambre. GARAGE - CHAMBRE DE CHARLIE - INTERIEUR JOUR Charlie enjambe le rebord de la fen�tre. Il retombe lourdement sur le lit, dans lequel Am�lie est endormie. Charlie s'assoit sur le rebord du lit et enl�ve ses lunettes. Am�lie se r�veille. Charlie pose ses lunettes par terre, et s'allonge sur le dos � c�t� d'Am�lie, tout habill� et couvert de graisse. AMELIE T'as fini ?... CHARLIE Ouais ! Am�lie s'�tire. AMELIE C'est gentil. T'as bien travaill�. �a m�rite sa r�compense, �a, madame !... Am�lie se penche vers Charlie pour l'embrasser. Charlie baille � s'en d�crocher la m�choire. Am�lie se redresse l�g�rement AMELIE On n'y arrivera jamais ! Am�lie se l�ve, et se dirige vers le tableau noir accroch� au mur. Elle ramasse la craie pendue au bout d'une ficelle et �crit : "Repose-toi. Je t'attends dans ma chambre pendant la messe !" Pendant qu'elle �crit, on voit Charlie, le visage couvert de graisse, qui continue � dormir. Apr�s avoir fini d'�crire, Am�lie enfile son cir� et sort de la chambre. CHATEAU - CAMPAGNE ENVIRONNANTE - EXTERIEUR JOUR MUSIQUE. Th�me du ch�teau, auquel a �t� adjoint un piano. Des vaches dans un champ. Panoramique, qui nous permet de voir le ch�teau derri�re le champ. CHATEAU - VUE GENERALE - EXTERIEUR JOUR CHATEAU - TOIT - EXTERIEUR JOUR Un pigeon, en s'envolant, d�tache une tuile. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR Martial passe, marchant avec sa canne. La tuile tombe � ses pieds. Il s'arr�te un instant pour la regarder, puis reprend sa marche. La porte du ch�teau s'ouvre, pour laisser le passage aux touristes su�dois, v�tus de tenues sportives. Il s'�loigne du ch�teau au pas de gymnastique. L'un deux rythme la cadence par des "Pop-pop- popop..." Ils descendent l'escalier du perron. En contrebas, ils passent devant la voiture am�ricaine qui arrive. Am�lie est au volant. Apr�s s'�tre arr�t�e, elle klaxonne vigoureusement. FIN DE LA MUSIQUE. CHATEAU - FA�ADE - EXTERIEUR JOUR Une fen�tre s'ouvre : C�sar, en manches de chemise, mais chapeau sur le cr�ne, appara�t. Il l�ve son chapeau, et joue avec. CESAR Mademoiselle Am�lie ! Petite nymphe lumineuse ! CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR Am�lie sort de la voiture et claque la porte. Elle a une fleur entre les dents CESAR Mais qu'est-ce que je vois ? CHATEAU - FA�ADE - EXTERIEUR JOUR Gros plan sur la fen�tre de C�sar. Tenant toujours son chapeau � la main, il fait des gestes en direction de sa voiture. CESAR Non, non, cachez-moi cette voiture ! Enlevez-moi ce catafalque ! CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR Am�lie est toujours appuy�es sur la voiture, une fleur entre les dents. CESAR Je ne veux pas quitter ce paradis. CHATEAU - FA�ADE - EXTERIEUR JOUR CESAR Paradiiis !! CHATEAU - CHAMBRE DE CESAR - INTERIEUR JOUR C�sar rentre dans sa chambre, chantant, et tenant son chapeau � bout de bras. CESAR La-di-hooo !! Les deux comparses, assis en manches de chemise, regarde leur patron chanter en souriant. Schwarz s'�vente avec son chapeau. C�sar remet son chapeau sur la t�te et redevient brutalement s�rieux. CESAR Debout, les connards, on met les voiles ! Il enfile sa veste. Les deux autres se l�vent et en font autant. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR C�sar descend l'escalier, suivi de ses deux comparses. Il s'arr�te brusquement, et une fois de plus, les deux autres manquent lui rentrer dedans. CESAR Oh... la charmante marquise ! Et notre petite Am�lie. C�sar enl�ve son chapeau, et se dirige vers le bureau. La marquise est assise � sa place, et Am�lie, toujours en liquette et cir�, est assise sur le bureau. La marquise tend sa note � C�sar. CESAR Ah ! La petite note. LA MARQUISE J'ai mis tout ensemble : 347 mille 812 francs 25 centimes. C�sar regarde distraitement la note. Max sort de l'argent de sa poche. CESAR Tout est compris ? C�sar donne la note � Max, qui compte ses billets. LA MARQUISE Ouiii... J'retire les 25 centimes. CESAR Voil�, voil�, voila... Et bien, je ne suis pas pr�t d'oublier cette maison. Ch�re madame, mademoiselle. Max garde la note et pose l'argent sur le bureau. Les deux comparses sortent en portant un doigt � leur chapeau en guise de salut. La Marquise compte les billets. LA MARQUISE Et dire que les bons clients ne reviennent jamais. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR Les trois hommes montent dans la grosse am�ricaine, Schwarz toujours au volant. Il d�marre, et C�sar, de la fen�tre arri�re, regarde le ch�teau. Appuy�e sur le chambranle de la porte ouverte du ch�teau, Jeanne regarde la voiture s'�loigner. Elle fait un signe de la main. C�sar ne la quitte pas du regard. Il a l'air songeur. La voiture passe sous la voute d'entr�e du ch�teau. CHATEAU - PARC - UNE ALLEE - EXTERIEUR JOUR La voiture roule dans le parc du ch�teau, et s'engage sur l'all�e principale. CAMPAGNE - UNE ROUTE - EXTERIEUR JOUR La voiture roule sur une route. Devant elle, un barrage de gendarmerie. Elle freine brutalement. Les gendarmes se retournent. Un coup de sifflet retentit. Un gendarme fait signe au v�hicule de se ranger sur le bas-c�t� de la route. Dans la voiture, Max se penche � la fen�tre vers son patron. MAX Allez ! On leur rentre dedans ! CESAR Ah non, non, non, non, non... C�sar sort du v�hicule. CESAR Demi-tour... Allez, demi-tour... Demi-tour, innocemment... Innocemment... Il referme la porti�re, et se dirige vers le bas-c�t� de la route. CESAR Ohhhh !... Ohh !... Les petites fleurettes que je vois !... Il se penche et cueille des fleurs. Il tourne la t�te vers la voiture. CESAR Demi-tour... Innocent... Innocent... Demi-tour... Comme ses comparses ne semblent pas comprendre sa ruse, il hausse LE TON : CESAR Demi-tour, imb�cile ! La voiture amorce un demi-tour. Avec une d�marche un peu pr�cieuse, C�sar revient vers le bas-c�t� CESAR Ohhh... Ohh !... Les petites fleurettes... Que je vois... Les gendarmes sont fig�s sur place par la surprise. CESAR Mmmm ! Que c'est joli... Il respire l'odeur des fleurs. Entretemps, la voiture a termin� son demi-tour, et C�sar saute dedans. CESAR Allez, fonce, imb�cile, maintenant ! Mais fonce ! Vas-y, vas-y, vas-y ! La voiture red�marre en trombe. Les gendarmes sont toujours fig�s sur place. VILLAGE - ENTREE DU VILLAGE ET ETANG - EXTERIEUR JOUR Derri�re un virage masqu� par un mur, les gangsters d�couvre un autre barrage de gendarmerie. La voiture pile. C�sar a l'air tr�s soucieux. Un gendarme l�ve un bras et se dirige vers la voiture. LE GENDARME Halte ! INTERIEUR VOITURE CESAR - EXTERIEUR JOUR Plan rapproch� sur Schwarz au volant. CESAR Recule, vite ! Toujours innocent, mais recule ! Un sifflet retentit. Schwarz, la t�te tourn�e vers l'arri�re du v�hicule, commence � faire reculer la voiture. LE GENDARME Halte, ou je tire ! Plan rapproch� sur C�sar assis � l'arri�re. CESAR Tire, tire, mais recule, toi ! Max se retourne vers C�sar. MAX Allez, patron, je le descends ! CESAR Descend pas, recule ! VILLAGE - ENTREE DU VILLAGE ET ETANG - EXTERIEUR JOUR La voiture recule et les gendarmes lui courent apr�s. LE GENDARME Arr�tez, mais arr�tez ! INTERIEUR VOITURE CESAR - EXTERIEUR JOUR CESAR Stop ! Fais demi-tour, je te prot�ge ! VILLAGE - ENTREE DU VILLAGE ET ETANG - EXTERIEUR JOUR C�sar sort du v�hicule. Il a d�gain� son arme, mais tient sa mallette de l'autre main. Il se cache derri�re un mur en b�ton, et commence � tirer. Les gendarmes se mettent � l'abri. UN GENDARME Gare � vous ! �change de coups de feu. La voiture, porte arri�re ouverte, recule toujours. La porti�re se ferme. C�sar, hors de la vue des gendarmes, se cache derri�re un mur, pr�s d'un engin de chantier. On entend la voix de Max provenant de la voiture. MAX En avant !... Mais en avant !... (plusieurs mots INCOMPR�HENSIBLES) La voiture recule vers l'�tang INTERIEUR VOITURE CESAR - EXTERIEUR JOUR Schwarz manoeuvre d�sesp�r�ment le levier de vitesses. SCHWARTZ Elle passe pas, cette putain ! VILLAGE - ENTREE DU VILLAGE ET ETANG - EXTERIEUR JOUR La voiture recule toujours vers l'�tang. On entend les voix � l'int�rieur. MAX Fais quelque chose ! SCHWARTZ Mais qu'est-ce que je fais, l� ? La voiture, toujours en marche arri�re, p�n�tre dans l'�tang. MAX C'est pas vrai, quoi ! SCHWARZ Et bien, je fais... Le reste de la conversation se perd, �touff�e par l'eau. La voiture s'enfonce lentement. C�sar a un geste d'impatience. Cach� derri�re le mur, il voit revenir les gendarmes, et comprend que ceux-ci croient que la voiture a repris la route car ils ne l'ont pas vue dispara�tre dans l'�tang. C�sar se cache derri�re le v�hicule de chantier. Il entend d�marrer les v�hicules de gendarmerie. L'OFFICIER Coupez la route de Fl�ch�res... Allez-y... Je pr�viens la brigade. Coup de sifflet. Deux motards s'�loignent. Les autres gendarmes, les armes � la main, avancent prudemment sur la route. Tous les gendarmes s'en vont La voiture, elle, s'enfonce toujours. On entend des glou-glou et des mots incompr�hensibles. C�sar sort de sa cachette et se dirige vers l'�tang. Il voit partir les derniers gendarmes. Il continue son chemin vers le bord de l'�tang. A la surface de l'eau, les derniers glou-glou de la voiture qui a totalement disparue au fond de l'�tang. C�sar range son arme et soul�ve son chapeau. Les yeux ferm�s, on a l'impression qu'il effectue une courte pri�re sur les derniers glou-glou. Puis il remet son chapeau, et regarde sa montre. Il sort de la route et commence � marcher � travers champs CHATEAU - DOUVES - EXTERIEUR JOUR MUSIQUE. Th�me du ch�teau. Vue des douves et du pont enjambant ces douves. CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR Le vestibule est un large couloir, � c�t� du hall d'entr�e, et qui a, � chaque extr�mit�, une porte ouvrant sur l'avant et sur l'arri�re du ch�teau. Diane, portant toilette du � dimanche � et chapeau, est en train de se maquiller devant une glace. Am�lie, habill�e, elle, tr�s � d�contract�e �, est assise sur un canap� � c�t� de la glace. Elle passe un tube de rouge � l�vres � sa m�re, et lui montre, par signes, comment l'appliquer. Arrive la marquise, v�tue d'une grande cape blanche, d'un chapeau style � perruque blanche �bouriff�e � et tenant une ombrelle blanche � la main. On d�couvre Martial, � genoux devant Diane, en train d'astiquer ses souliers. LA MARQUISE Martial ! Martial se tourne vers la marquise dont il astique, � son tour, les souliers. On voit Georges arriver dans le reflet d'une glace accroch�e au mur. GEORGES Ahh ! Quel tintouin ! Georges porte un costume blanc et un chapeau. Il donne une paire de gants � sa belle-m�re. LA MARQUISE Mais la messe va commencer, moi, je ne vois personne. Georges, avez-vous r�veill� tout le monde ? GEORGES Mais, ma m�re, la client�le n'a plus qu'une religion : la grasse matin�e. Elle a raison. La marquise se tourne devant un miroir en pied. Elle porte une robe rose, harmonis�e avec la doublure de sa cape. LA MARQUISE Oui, et ben, que �a plaise ou non, quand on est sous mon toit, on va � la messe le dimanche. Voil�. Sauf monsieur Patin, naturellement. Il bouffe de la calotte : il l'�crit, il en vit... on peut pas lui retirer le pain de la bouche ! Ah ! Provenant du hall d'entr�e, arriv�e de la famille Passereau, sauf M. Passereau. Les enfants portent leurs �ternels voiliers. Ils sont suivi de Jeanne, toute habill�e de blanc, un bandeau blanc dans les cheveux. FILS PASSEREAU Je sais que c'est le mien ! FILLE PASSEREAU Non, c'est pas moi ! La marquise et Jeanne s'embrassent. LA MARQUISE Mon ch�ri. JEANNE Bonjour, mamy. LA MARQUISE J'allais attendre. Jeanne se dirige vers Martial LA MARQUISE Martial, les souliers ! La marquise salue Mme Passereau LA MARQUISE Bonjour, ch�re madame. MME PASSEREAU Bonjour, madame. LA MARQUISE Je ne vois pas votre mari. MME PASSEREAU Je le laisse dormir. Imaginez-vous que cette nuit, pour la premi�re fois depuis... LA MARQUISE J'imagine... Euh... Ah !... Sortant du hall d'entr�e, arriv�e de Jean-Jacques, v�tu d'un costume sombre, tr�s ajust� pr�s du corps. JEAN-JACQUES C'est tout de m�me insens� de disposer de cette mani�re de l'�me d'autrui ! LA MARQUISE Ben c'est comme �a ! JEAN-JACQUES Je suis un lib�ral et un un libertin. Le lib�ral tol�re l'�glise, le libertin pr�f�re son lit ! Pendant qu'il parlait, Cookie est entr�e, v�tue d'une robe jaune et d'un �trange chapeau conique ray� horizontalement de rose et de vert. Elle hoche la t�te en se tournant vers la marquise. COOKIE Son lit ! LA MARQUISE Allez, les enfants, en route ! Et nous prenons le raccourci, hein ! Am�lie, tu ne crois toujours plus en Dieu ? Am�lie est toujours install�e sur son canap�. AMELIE Non. LA MARQUISE Bon. Alors, comme d'habitude, tu gardes la maison. Allez ! MUSIQUE. Le th�me du ch�teau est insensiblement remplac� par un Th�me religieux, avec fond d'orgue, et voix chantant le Kyrie. CHATEAU - PARC - EXTERIEUR JOUR Procession dans le parc, tout pr�s de la masse imposante du ch�teau. En t�te, la marquise, portant ombrelle ouverte, au bras de Georges. Derri�re, Diane, elle aussi portant ombrelle, avec Jeanne. Derri�re, Jean-Jacques et Cookie. Puis la famille Passereau. Et fermant la marche, chacun leur canne � la main, Martial et le grand-p�re Passereau. CAMPAGNE - UN CHAMP - EXTERIEUR JOUR La procession traverse un champ. Diane ramasse des fleurs, bient�t, imit�e par Jeanne, Cookie et les enfants Passereau. Mme Passereau se retrouve avec tous les voiliers dans les bras. CAMPAGNE - OREE DU VILLAGE - EXTERIEUR JOUR On aper�oit l'�glise assez proche. La procession marche au bord d'une route. Charlie passe � bicyclette sur cette route. CHARLIE Madame la comtesse... M'sieu-dames ! Mme Passereau et Cookie font un grand signe de la main � Charlie. Charlie continue sa route en se recoiffant. Il porte blouson de cuir et cravate. MUSIQUE. La musique religieuse se transforme en Th�me de C�sar. Derri�re la procession, et Charlie qui s'�loigne sur la route, on aper�oit, dans un champ, au milieu des vaches, C�sar, toujours sa mallette � la main, qui se cache derri�re un arbre. Apr�s un temps, il reprend furtivement sa route � travers champs. CHATEAU - PONT SUR LES DOUVES - EXTERIEUR JOUR Vue du ch�teau, en contre-plong�e, prise sous le pont des douves. CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Am�lie est allong�e, pr�s du rebord de sa fen�tre, sur lequel elle � pos� un tapis � poils �pais. Elle tient une paire de jumelles � la main et observe la campagne alentours. CHATEAU - PARC - ETANG - EXTERIEUR JOUR Vu � travers les jumelles d'Am�lie, on d�couvre l'�tang, dans lequel les touristes su�dois se baignent et chahutent, compl�tement nus. On entend leur rires. CHATEAU - FA�ADE - EXTERIEUR JOUR Fen�tre de la chambre d'Am�lie, presque sous les toits. Elle est toujours en train d'observer les su�dois � la jumelle. CHATEAU - PARC - ETANG - EXTERIEUR JOUR Toujours vus � travers les jumelles d'Am�lie, les su�dois continuent � chahuter dans l'eau. CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Charlie arrive derri�re Am�lie, qui ne bouge pas, et ne l�che pas ses jumelles. Il commence � d�boutonner son haut rouge. Il lui embrasse le dos. S'il a gard� ses lunettes, il est par contre torse nu. Il finit de d�faire les bretelles du haut d'Am�lie et les passe par-dessus ses �paules. Am�lie, sans changer sa position, l�che enfin ses jumelles et se tourne l�g�rement, pour permettre � Charlie de mieux la d�shabiller. D'un seul coup, elle sursaute. AMELIE Tiens ! CHATEAU - FA�ADE - EXTERIEUR JOUR Fen�tre de la chambre d'Am�lie. Elle reprend ses jumelles. CHATEAU - PARC - BASSIN ROND - EXTERIEUR JOUR Vu � travers les jumelles d'Am�lie, un bassin rond, en pierre, avec une fontaine - �teinte - au milieu. C�sar tourne autour du bassin en courant. CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Am�lie se redresse, tenant son haut plaqu� contre sa poitrine. AMELIE Minute, j'arrive ! Elle sort de sa chambre. Charlie reste assis au m�me endroit. CHARLIE Ben oui, mais on n'y arrivera jamais ! CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR Porte donnant sur l'arri�re du ch�teau. A c�t� de la porte, une armure. Cette porte est grande ouverte. Am�lie entre dans le champ. Entendant du bruit, elle s'�loigne rapidement. C�sar entre par la porte ouverte, avec une d�marche de f�lin. Il regarde partout alentours, et se dirige vers le bureau. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR C�sar ne voit pas Am�lie allong�e sur la large rampe de l'escalier, car elle est masqu�e par un gros pilier. Il pose sa mallette sur le bureau et d�croche le t�l�phone. FIN DE LA MUSIQUE CESAR Allo, mademoiselle, pouvez-vous me passer Turin, s'il vous plait. Le 222-2-2-2-2... Oui, oui... Oui, j'attends, merci. Il raccroche. AMELIE Alors, vous �tes revenu. C�sar se tourne et d�couvre Am�lie CESAR Oh, petite Am�lie ! Je vous le dis, je fais deux pas loin d'ici, et j'ai mon coeur qui se serre. En plus, j'ai un coup de fil � donner. Le t�l�phone sonne CESAR Vous permettez ?... Allo ?... Louvanski ?... Oui... Ici, C�sar... Attends une seconde !... Tout en parlant, C�sar se dirige vers une porte situ�e derri�re le bureau. Il entre et s'enferme, laissant n�anmoins la porte entr'ouverte. CESAR Je peux pas te rejoindre... Oui, un accident... Toutes les routes sont bloqu�es... Mais toi tu viens par contre... Oui, d'accord... Tu notes ?... Am�lie, l'oreille tendue, �coute la conversation CESAR Nationale Sept... Village de Fl�ch�res... Y a un ch�teau. Juste en face, il y a une grande prairie. Tu pourras atterrir, tu verras, c'est tr�s facile. T'inqui�te pas, ce sera balis�. Tu arrives ce soir ?... Bon, alors, vas-y r�p�te... Hein-hein... C�sar sort de sa � cachette �. CESAR Hein-hein... Il baisse le combin�, car il vient d'apercevoir deux gendarmes par la fen�tre ouverte. CESAR OK, OK, Tchao ! Il raccroche et repose le t�l�phone sur le bureau. Puis il retourne s'enfermer dans la petite pi�ce derri�re le bureau. Une cloche retentit. Am�lie se redresse, et descend de la rampe de l'escalier. Elle va ouvrir aux gendarmes. Dans un premier temps, ils restent sur le pas de la porte. UN GENDARME Bonjour, madame la baronne... Madame la marquise n'est pas l� ? AMELIE Non. Pourquoi ? UN GENDARME Ah, vous demandez pourquoi, vous ? Avec le hold-up de M�con, des barrages partout, jusque dans le village, et vous demandez pourquoi ! On ne sait jamais rien au ch�teau. C'est vraiment le bout du monde, chez vous. AMELIE Un hold-up ? UN GENDARME On peut voir les registres ? AMELIE Bien s�r. Am�lie guide les gendarmes jusqu'au bureau. C�sar pointe son nez pas la porte entr'ouverte de sa cachette. A l'approche des gendarmes, il se recache. Am�lie donne les deux registres aux gendarmes. Chaque gendarme prend un registre, et commence � le consulter. AMELIE Voil�... Pendant que les gendarmes feuill�tent les registres, Am�lie va fermer la porte, devant l'oreille de C�sar, qui cherchait � suivre la conversation. UN GENDARME Oui... un hold-up, et soign�. Am�lie s'assoit sur le bureau UN GENDARME Cent millions. Trois individus : un gros blond, un petit noir, et un grand brun, quarante-cinq ans. AMELIE Quarante-cinq ans, la tempe fris�e, un oeillet � la boutonni�re, un bel homme. UN GENDARME Vous l'avez vu ? AMELIE Cent millions ! Mais c'est �norme ! UN GENDARME Ben un peu ! AMELIE J'veux dire, il faut des malles et des malles pour emporter �a. UN GENDARME Ah, on voit que vous n'en avez pas vu souvent. En billets lourds, �a tiendrait... Il �carte les mains afin de d�terminer la taille du contenant du hold-up. Il avise la mallette pos�e sur le bureau. UN GENDARME Ben, l�-dedans, tenez. Il tape sur la mallette. Am�lie entr'ouvre discr�tement la mallette et aper�oit les liasses de billets. Elle la referme aussit�t. UN GENDARME Alors, vous l'avez vu, cet individu ? AMELIE Ah, pas du tout. UN GENDARME Enfin, ouvrez l'oeil. Au revoir, madame la baronne... Le gendarme salue, et sort, imit� par son coll�gue. Am�lie r�fl�chit un instant, puis part en courant. C�sar sort pr�cautionneusement de sa cachette. CHATEAU - PONT SUR LES DOUVES - EXTERIEUR JOUR Vue plongeante. Am�lie sort du ch�teau et appelle : AMELIE Charlie !... Charlie !... La cam�ra pivote et d�couvre, dans le m�me plan qu'Am�lie en bas sur le pont, Charlie, toujours torse nu, pench� � la fen�tre de la chambre d'Am�lie. CHARLIE Ben alors, tu montes ?... AMELIE Non, tu descends... vite ! Am�lie rentre dans le ch�teau. CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR Am�lie rentre en sautillant dans le ch�teau par la porte arri�re. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR C�sar est devant la porte principale, celle par laquelle viennent de partir les gendarmes. Il a repris sa mallette. CESAR Qu'est-ce qu'ils voulaient ? CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR AMELIE Comme tous les gendarmes, des voleurs ! Am�lie sort du vestibule par une porte de c�t�. CESAR Mais qu'est-ce qu'ils ont dit ? Elle revient, portant un chapeau rouge. Elle se plante devant la glace pour le mettre sur sa t�te. AMELIE Formidable !... Un hold-up !... Cent millions !... CESAR Non ?... AMELIE Il para�t qu'il y avait deux cent millions sous leur nez, dans un tiroir qui �tait m�me pas ferm� ! CESAR Tiens donc ! AMELIE C'est quand m�me malheureux ! CESAR Pourquoi malheureux ? AMELIE J'trouve �a formidable, des gars comme �a ! CESAR On les conna�t ? AMELIE Quatre gar�ons : l'a�n� n'a m�me pas dix-huit ans... Vous savez, moi, je rencontrerais un homme comme �a... tout de suite... CESAR Tout de suite quoi ? AMELIE Tout... j'lui donne tout. Moi ?... Tout... Elle fait mine de s'�loigner. C�sar la retient par le bras. CESAR O� allez-vous ? AMELIE A la messe. Il la rel�che. Elle se dirige vers la porte de devant. On aper�oit Charlie, rhabill�, qui attend devant le perron, sa bicyclette � la main. Avant de sortir, Am�lie se retourne. AMELIE C'est vrai ce que je vous disais... vous savez... C�sar hoche la t�te d'un air entendu. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR Am�lie, ses chaussures � la main, d�vale les escaliers du perron. Elle s'assoit sur la barre transversale du v�lo de Charlie. Charlie enfourche sa bicyclette. AMELIE Et toi, p�dale, tu me poses � l'�glise. Au loin on entend les cloches de l'�glise. Charlie commence � p�daler vers la voute d'entr�e du ch�teau. VILLAGE - ENTREE DU VILLAGE ET ETANG - EXTERIEUR JOUR Charlie et Am�lie entrent dans le village, passe devant le garage de Charlie, et se dirigent vers l'int�rieur du village. Apr�s leur passage, une d�panneuse arrive par la gauche, tractant derri�re elle la grosse voiture am�ricaine. Des gendarmes et des curieux observent la sc�ne. D�s que la voiture est sortie de l'eau, un gendarme regarde � l'int�rieur. VILLAGE - PLACE DE L'EGLISE - EXTERIEUR JOUR Devant le portail de l'�glise, sont align�s les petits voiliers des enfants Passereau. Charlie et Am�lie s'arr�tent devant le portail. Am�lie descend de v�lo, et remet ses chaussures. CHARLIE J'te retrouve, dis ? AMELIE D'accord. CHARLIE Comment ? AMELIE Dans ma chambre, apr�s le d�jeuner. Am�lie se pr�pare � ouvrir la porte de l'�glise, puis elle se ravise, redescend les marches et embrasse Charlie. Charlie s'�loigne et Am�lie entre dans l'�glise. EGLISE - INTERIEUR JOUR MUSIQUE. Des chants religieux, accompagn�s � l'harmonium. Au premier plan, Jean-Jacques et Cookie. Jean-Jacques semble en transes, Cookie est plus distraite. JEAN-JACQUES Ahhhhh !! La cam�ra avance vers le choeur, et on d�couvre Georges, assis devant Jean-Jacques. Au fond, Am�lie vient d'entrer. Georges se tourne vers Jean-Jacques. GEORGES �a ne va pas ? JEAN-JACQUES Que c'est beau ! Que c'est �mouvant ! Quelle mise en sc�ne ! Quelles... pom... pompes ! GEORGES Celles du cur� ? Georges pointe du doigt, et on d�couvre le cur� de dos, habill� de sa chasuble. La cam�ra descend, et nous montre que le cur� a mis une chaussure noire, et une chaussure marron. Am�lie s'avance vers le banc situ� de l'autre c�t� de l'all�e centrale par rapport � Georges. Y sont assises la marquise et Diane, chacune un missel dans les mains. Derri�re elles, la famille Passereau. Am�lie pousse sa grand-m�re, pour s'assoir � c�t� d'elle. Les deux femmes se d�calent, et on d�couvre Jeanne, assise derri�re la console de l'harmonium. AMELIE Vous savez la nouvelle ? LA MARQUISE Tu crois de nouveau en Dieu ? AMELIE On a vol� la banque de M�con. DIANE On le sait : le cur� a fait son sermon la-dessus. AMELIE Il vous a dit qu'il y a cent millions ? LA MARQUISE Cent millions ? AMELIE Et ils sont chez nous. LA MARQUISE Qu'est-ce que tu chantes ? AMELIE Dans une mallette. LA MARQUISE R�p�te ! Georges essaie d'�couter, intrigu�, la conversation chuchot�e de ses femmes. AMELIE Les cent millions sont chez nous ! LA MARQUISE J'aime pas les plaisanteries, Am�lie. AMELIE J'te jure, c'est vrai. Et savez-vous qui a fait le coup ? LA MARQUISE J'y vois la marque de l'audace anglo-saxonne... le Glasgow- Londres ! AMELIE Non, pas du tout ! C'est l'excellence d'hier soir. LA MARQUISE L'excellence ? AMELIE Oui. Le baron C�sar. Il est revenu. Et j'ai tout vu. Et il ne sait pas que je sais. LA MARQUISE Un bandit sous mon toit, �a, c'est le comble ! Qu'on vole, soit, mais qu'on aille faire ses salet�s ailleurs ! Je vais de ce pas � la gendarmerie. La marquise se l�ve. Georges traverse l'all�e, fait un signe de croix, et vient se mettre � genoux � c�t� d'Am�lie. La marquise s'est rassise. GEORGES Qu'est-ce qu'il se passe ? Diane se l�ve pour parler � son mari. DIANE Les cent millions de la banque de M�con sont au ch�teau avec le baron C�sar, qui a fait le coup. La marquise pousse sa fille, qui se rassoit. LA MARQUISE J'ai r�fl�chi. C'est peut-�tre une �preuve que Dieu m'envoie. Il est chez nous, tu es s�re ? AMELIE Je te l'ai dit. La marquise crie : LA MARQUISE On garde le fric ! Le cur� sursaute et se retourne. Diane et sa m�re reprennent leur missel, et miment une attitude tr�s pieuse et concentr�e. GEORGES D�cid�ment, c'est de la folie ! LA MARQUISE Je suis de plus en plus s�re que c'est un signe du ciel. L'argent vient sous mon toit : je dois en profiter. Georges, vous allez pouvoir commander l'entrepreneur. GEORGES Et vous croyez que C�sar se laissera faire ? LA MARQUISE Ohhh ! Il me braque entre les yeux son arme, je le prends de vitesse et... CRAC ! Ah ! Ah ! Elle a cri� son � Crac ! �, ce qui incite de nouveau le cur� � se retourner. Jeanne, aussi, semble intrigu�e par ses manifestations vocales insolites de la marquise. GEORGES Quoi, crac ? LA MARQUISE Je le supprime ! AMELIE Un homme comme lui ! LA MARQUISE J'ai dit : crac ! DIANE Mais, maman, mais en douceur alors ! LA MARQUISE �videmment... Poison, sabre, fusil de chasse... enfin, on a le choix ! GEORGES Un meurtre ! LA MARQUISE Une l�gitime d�fense ! Ah, il me menace, et bien, il va voir ! Allez, mes enfants, allez en route, et... et n'ayons l'air de rien... Hein ? LA MARQUISE, JEANNE, AMELIE, DIANE, GEORGES Aaaaamen !... Ils sortent tous les quatre de leur banc dans une attitude faussement pieuse. Jeanne les regarde partit la bouche ouverte. AMELIE Et Jeanne ? LA MARQUISE Pas un mot � Jeanne : elle est trop sensible. Les uns apr�s les autres, il sortent du banc, font une l�g�re g�nuflexion, un signe de croix et s'�loignent vers la sortie. La marquise fait un signe de la main � Jeanne. LA MARQUISE Non, non, non... reste, reste ! Continue ! Mais c'est rien ! Jeanne hoche la t�te et se remet � jouer de l'harmonium. Cookie suit des yeux la marquise et sa famille qui sortent de l'�glise. Elle donne une bourrage � Jean-Jacques. COOKIE Ils en ont marre ! Ils se tirent ! On en fait autant ? JEAN-JACQUES Ohhh ! Toutes les beaut�s t'�chapperont, m�me celles du culte ! Laisse-moi prier. Les mains jointes, il s'agenouille sur son prie-Dieu. Cookie hoche la t�te. La musique religieuse, que Jeanne joue � l'harmonium, continue � se faire entendre au changement de sc�ne suivant. CHATEAU - PARC - EXTERIEUR JOUR La marquise marche d'un pas rapide, suivie de sa famille. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR La marquise et sa famille passe sous la voute d'entr�e du ch�teau. La petite troupe s'arr�te net. La musique aussi. FIN DE LA MUSIQUE LA MARQUISE �a y est, mes enfants, on est refait ! On d�couvre, devant le perron du ch�teau, une camionnette de gendarmerie, une DS noire, trois gendarmes et un policier en civil. Un autre gendarme, et un autre policier en civil sont positionn�s de part et d'autre de la porte d'entr�e du ch�teau. LA MARQUISE La police nous a grill�s ! GEORGES Ils ont parfois des antennes ! La marquise lance son ombrelle et la rattrape par le milieu. LA MARQUISE Allons-y ! Elle s'�lance d'un pas d�cid�, suivie de sa famille. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR Le commissaire feuill�te l'un des registres du ch�teau. Il jette un regard furtif sur le tableau de la femme nue dans une pose lascive. On entend, au loin, la voix de la marquise. LA MARQUISE O� il est, ce commissaire ? Bonjour, bonjour ! Alors, c'est maintenant que vous arrivez, quand mon ch�teau est envahi par la p�gre ! La marquise entre et se dirige vers le commissaire qui, en entendant la voix de la marquise, a referm� le registre et s'est retourn�. LA MARQUISE Ah ! Monsieur le commissaire ! J'en �tais s�re, cet homme m'a toujours paru louche ! LE COMMISSAIRE Qui �a, madame ? LA MARQUISE Ben, le hold-up, l�, cette canaille... o� est-il ? LE COMMISSAIRE J'allais vous poser la question. LA MARQUISE Ahhh ! Parce que vous ne l'avez pas �pingl� ? Un moment, je vous prie... La marquise quitte le commissaire et se dirige vers le vestibule. Georges et Diane sont assis sur le canap�, et Am�lie est assise sur leurs genoux, les fesses sur les genoux de Georges, et les jambes sur ceux de Diane. Ils ont, tous les trois, une cigarette au bec. La marquise passe devant eux, d'un pas rapide et d�cid�, et se dirige vers la porte arri�re du ch�teau. CHATEAU - TERRASSE ARRIERE - EXTERIEUR JOUR La marquise apparait sur la terrasse. Elle regarde alentours. Elle aper�oit quelque chose qui l'incite � descendre l'escalier. CHATEAU - PARC - BASSIN ROND - EXTERIEUR JOUR Pr�s du bassin en pierre, M. Patin et M. Passereau sont en train de jouer � la p�tanque. M. PATIN M�me les boules de p�tanque n'ont plus leur qualit� d'autrefois. Je n'ose plus plomber, j'en ai fendues deux en six mois. La marquise s'approche d'eux. Elle chuchote : LA MARQUISE O� est-il ? M. PATIN Qui ? LA MARQUISE Et bien, notre ami, le baron C�sar. M. PATIN H�, h�, oui ! D�s le matin, une fleur � la boutonni�re ! A ce propos, il en a vol� une dans le massif. LA MARQUISE Oui, oui, bref, enfin... o� est-il ? Moi, je ne vois rien. M. PATIN L�-bas... LA MARQUISE Mes jumelles... La marquise se met le parapluie sous le bras et revient vers le ch�teau. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR La marquise repasse devant le canap� sur lequel sont toujours assis Diane, Georges et Am�lie. Elle passe aussi devant le commissaire, un peu �berlu�. LA MARQUISE Excusez-moi... J'ai laiss� quelque chose... sur le feu ! Elle prend une paire de jumelles sur une �tag�re. LA MARQUISE Pardon... La marquise s'�loigne, ses jumelles � la main. Elle repasse devant le canap�, o� les trois personnes assises la regardent, eux aussi un peu intrigu�s. CHATEAU - TERRASSE ARRI�RE - EXTERIEUR JOUR La marquise arrive sur la terrasse, et porte les jumelles � ses yeux. Elle cherche un peu, puis s'arr�te net. LA MARQUISE Oh ! Le malheureux, il revient ! CHATEAU - PARC - UNE PRAIRIE - EXTERIEUR JOUR Vu � travers les jumelles de la marquise. Dans une prairie derri�re le ch�teau, C�sar marche � pas pr�cautionneux, portant toujours sa mallette. MUSIQUE. Th�me de C�sar. LA MARQUISE Il se jette dans la gueule du loup. CHATEAU - TERRASSE ARRIERE - EXTERIEUR JOUR La marquise quitte ses jumelles, a un mouvement agac�, puis rentre vivement dans le ch�teau. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR La marquise se plante entre ses enfants, toujours assis sur le canap�, et le commissaire. LA MARQUISE Vous ne sentez pas le br�l� ? Le commissaire renifle. LE COMMISSAIRE Non ! DIANE, GEORGES & AMELIE Non ! La marquise tape du pied en regardant fixement ses enfants. DIANE, GEORGES & AMELIE Euh, euh... Si ! La marquise fait signe � Diane la suivre. LA MARQUISE Allez, viens ! Diane quitte le canap�, et portant toujours son ombrelle, suit sa m�re. CHATEAU - TERRASSE ARRIERE - EXTERIEUR JOUR La marquise et Diane arrive sur la terrasse. Diane a toujours sa cigarette � la main. Dans le Th�me de C�sar, une fl�te se joint � l'accord�on. LA MARQUISE Retiens C�sar par n'importe quel moyen. DIANE N'importe lequel ? LA MARQUISE Oui, oui, oui... Et ne crains rien : Georges veille. Georges ! Diane �crase sa cigarette sur la terrasse, puis descend les marches. On voit, derri�re la marquise, Georges, la cigarette au bec, qui se l�ve � son tour et se dirige vers la terrasse. La marquise a repris ses jumelles. Lorsque Georges arrive � c�t� d'elle, elle lui tend les jumelles. LA MARQUISE Ouvrez l'oeil ! Georges regarde autour de lui, avise un fauteuil de jardin � l'autre bout de la terrasse, et va s'y asseoir. Puis il porte les jumelles � ses yeux. CHATEAU - PARC - UNE PRAIRIE - EXTERIEUR JOUR Vu � travers les jumelles de Georges. Dans la prairie, on aper�oit Diane qui trottine dans l'herbe, tenant le bord de son chapeau. Plus loin, C�sar qui marche � grandes enjamb�es. Diane se retourne vers le ch�teau, et continue � trottiner vers C�sar. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR La marquise s'approche du commissaire. Derri�re elle, Am�lie, seule maintenant sur le canap�, continue � fumer, les jambes pos�es sur l'un des accoudoirs du canap�. LA MARQUISE Alors ?... De quoi s'agit-il ? LE COMMISSAIRE Nous venons de retirer de la mare la voiture du hold-up, avec deux cadavres � l'int�rieur. LA MARQUISE A la bonne heure ! LE COMMISSAIRE Comme vous dites. H�las ! Il en manque un. Et un qui compte. Un �nergum�ne qui a d�j� donn� pas mal de fil � retordre � la police. Plan rapproch� sur Am�lie qui regarde vers la terrasse arri�re. CHATEAU - PARC - UNE PRAIRIE - EXTERIEUR JOUR C�sar marche, le chapeau � la main, � grandes enjamb�es vers le tronc d'un gros arbre. Il passe derri�re l'arbre. Derri�re lui, on aper�oit le ch�teau, Diane et un cheval blanc. CESAR Huit... neuf... dix... onze... douze... Diane court vers C�sar, et C�sar sort du champ de la cam�ra. On retrouve C�sar qui se dirige vers un sous-bois. CESAR Treize... quatorze... quinze... FIN DE LA MUSIQUE. On n'entend plus que le chant des oiseaux. Diane arrive pr�s de l'arbre que C�sar vient de d�passer. Elle a enlev� son chapeau, qu'elle pose par terre. Elle pose aussi son ombrelle, et se met � genoux. Elle d�gage un peu le haut de sa robe et s'allonge dans un tas de paille �parpill�e au pied du tronc. Retour sur C�sar � l'or�e du sous-bois. CESAR Et seize ! Alors, l�, y a plus qu'� attendre ce soir. Il se retourne. DIANE Tiens, vous �tes revenu ? CESAR Oh, par exemple... je venais de passer � l'instant. Vous �tiez l� ? C�sar se rapproche de Diane. DIANE Oui. Je devais dormir. CESAR Ah, vous dormiez ? DIANE Oui, oui... CESAR Et bien continuez, alors... bonne sieste, hein ! Apr�s s'�tre arr�t� un instant devant Diane, toujours couch�e, C�sar reprend sa marche vers le ch�teau. Diane pousse un cri DIANE Ahhh ! C�sar se retourne brusquement. CESAR Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? DIANE Une fourmi ! CESAR Une fourmi ! Mais o� ? DIANE Oui, l�... C�sar revient vers Diane. Il pose sa mallette et son chapeau dans l'herbe. Diane se retourne et se met � quatre pattes pour pr�senter son dos - et sa croupe ! - � C�sar. C�sar se met � genoux derri�re elle. Il avance ses mains vers le dos de Diane. CESAR Une fourmi ? Dites donc, elle doit �tre �norme, cette fourmi ! DIANE �a chatouille ! CESAR Mais, mais o� �a ? DIANE D'un ton d�cid�. Plus bas. C�sar la regarde fixement. CESAR Plus bas ? DIANE Plus bas. CESAR Plus bas ? DIANE Plus bas. C�sar donne une grande claque sur les fesses de Diane. CESAR Oh la friponne petite fourmi ! Oh-oh !... CHATEAU - TERRASSE ARRIERE - EXTERIEUR JOUR Georges, toujours assis sur son fauteuil, observe la sc�ne � la jumelle. Il reste impassible. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR La marquise enl�ve son chapeau, et r�ajuste sa coiffure en se regardant dans un miroir accroch� au mur. LE COMMISSAIRE Et il est parti avec le montant du vol. LA MARQUISE Il faut le rattraper. Elle tend son chapeau au commissaire, sans le regarder, et en continuant � se regarder dans le miroir et � remettre sa coiffure en place. LE COMMISSAIRE Mais �a ne saurait tarder : les routes sont bloqu�es. Il est encore dans le canton. La marquise se tourne vers le commissaire, et hausse les �paules. LA MARQUISE Ben, qu'est-ce que vous faites l� ? LE COMMISSAIRE J'y arrive... Il rend son chapeau � la marquise, et fouille dans sa poche. LE COMMISSAIRE Nous avons trouv�, dans le coffret � gants, cette facture... La marquise pose son chapeau sur un coffre pr�s d'une fen�tre. Le commissaire sort un papier de sa poche. Il le d�plie. LE COMMISSAIRE ... � votre en-t�te, prouvant, d'une fa�on formelle, la pr�sence de cet individu dans votre h�tel la nuit derni�re. Plan moyen sur Am�lie qui observe la sc�ne d'un air intrigu�. Retour sur la marquise et le commissaire. LA MARQUISE Mais je me tue � vous le dire... Il portait �a sur sa figure. Gr�l�, le petit oeil, enfin mauvais genre. Gros plan sur Am�lie, sur le canap� dans le vestibule, qui sourit, puis retour sur la marquise et le commissaire. LE COMMISSAIRE Alors pourquoi ne pas vous �tre tu�, ce matin, � le dire � nos gendarmes ? Sourire d'Am�lie. LA MARQUISE Pardon ? LE COMMISSAIRE Pourquoi avez-vous menti ce matin ? LA MARQUISE Moi ?! CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR Gros plan sur Am�lie, l'air soudain alarm�. Un gendarme - celui qui a parl� � Am�lie quelque temps plus t�t - entre par la porte ouverte. UN GENDARME Attendez, excusez-moi. C'est pas madame la marquise, c'est madame la baronne. Il d�signe Am�lie. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR La marquise prend l'air s�v�re et regarde d'Am�lie. LA MARQUISE Am�lie... Am�lie vous a menti ? Am�lie... Tu as menti � la gendarmerie ? CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR AMELIE Moi ? CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR LA MARQUISE Oui, toi. CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR AMELIE Non, grand-m�re. La marquise entre dans le vestibule. LA MARQUISE Am�lie... La marquise se rapproche de sa petite-fille. UN GENDARME Pourtant, madame la baronne, vous m'avez dit, y a pas deux heures, que vous n'aviez pas vu trois individus, un gros bedonnant, un petit noiraud, et un grand brun de quarante- cinq ans. Am�lie prend l'air faussement paniqu�. LE COMMISSAIRE C'est ce dernier qui nous manque. AMELIE Ahhh !... LA MARQUISE Viens ici. Am�lie se l�ve. LA MARQUISE Regarde-moi. La marquise fait un clin d'oeil � Am�lie, qui esquisse un sourire furtif, puis reprend imm�diatement son air grave et faussement contrit. LA MARQUISE Ah, tu ne l'as pas vu ?... Petite grue, tu le caches, hein ? Elle le cache, j'en suis s�re... Non, mais �coutez, j'ai tout compris, monsieur le commissaire. Oh, je connais ce genre de s�ducteur. Fleur � la boutonni�re, moustache de velours, et puis vous vous retrouvez � Caracas. On �l�ve trop les filles dans les principes. Alors elles gardent une �me de communiante dans... dans un corps de Messaline, quoi, enfin voyez vous-m�me... En disant ces mots, la marquise dessine, des mains, les formes harmonieuses d'Am�lie, moul�es dans son petit haut. LA MARQUISE Allez, avoue-le moi : o� est-il ? AMELIE Je ne sais pas, je te le jure, m�m� ! LA MARQUISE Ah, m'appelle pas "m�m�" ! Oh, c'est une t�te de mule, comme moi. Elle dira rien. AMELIE J'te l'jure ! Il est parti, alors j'ai rien dit parce qu'il m'a demand� de ne rien dire. J'sais pas o� il est, j'te l'jure sur ta t�te, m�m� ! LA MARQUISE Et bien, monte dans ta chambre, va, t'auras de mes nouvelles. Am�lie s'�loigne. La marquise hausse les �paules. LA MARQUISE M�m� ! Euh... oui, voyons, qu'est-ce que nous disions donc ? Ah oui, et bien cette canaille... H� ben, allez, allez, allez, faut la retrouver. Fouillez chambre par chambre... Allez, allez, allez, allez ! Elle pousse le commissaire, le gendarme, et l'inspecteur en civil, toujours plant� devant la porte. LE COMMISSAIRE Oh, vous savez... LA MARQUISE Non, non, non, non, pas de satyre dans mes couloirs, non ! Les trois hommes d�barrasse le coffre pr�s de la fen�tre pour en soulever le couvercle. La marquise s'�loigne. CHATEAU - TERRASSE ARRIERE - EXTERIEUR JOUR La marquise p�n�tre sur la terrasse, et se dirige, d'un pas d�cid�, vers Georges, toujours assis sur son fauteuil. Il lui tend les jumelles. Elle les prend et les porte � ses yeux. MUSIQUE. Th�me du ch�teau. Orchestre de chambre. Musique douce et reposante. CHATEAU - PARC - UNE PRAIRIE - EXTERIEUR JOUR Vu � travers les jumelles de la marquise. On aper�oit, dans la prairie, Diane et C�sar en train de batifoler dans l'herbe. CHATEAU - TERRASSE ARRIERE - EXTERIEUR JOUR LA MARQUISE La brave fille ! Georges, vous avez une femme �patante ! Elle lui rend les jumelles, et revient vers le ch�teau. Georges, toujours aussi calme, reprend les jumelles, et continue son observation. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR La marquise raccompagne le commissaire. LE COMMISSAIRE En tous cas, ch�re madame, rassurez-vous, je renforce la surveillance autour du ch�teau. Ils marquent un temps d'arr�t devant la porte. LA MARQUISE Oh merci, � mon avis, il doit �tre loin. Mais je ne pensais pas me faire un ami dans la mondaine. LE COMMISSAIRE Mes respects, ch�re madame. Il baise la main de la marquise, qui se laisse faire, un petit sourire aux l�vres. Les policiers remontent dans leurs v�hicules, qui se mettent en marche. La marquise quitte son sourire de circonstances, et se pr�cipite � l'int�rieur du ch�teau. CHATEAU - TERRASSE ARRIERE - EXTERIEUR JOUR La marquise court vers Georges. LA MARQUISE Alors ? GEORGES Trop tard, je pense. Il lui passe les jumelles. LA MARQUISE Ciel ! Elle revient vers la porte du ch�teau, et tire vivement sur le cordon de la cloche qui retentit. CHATEAU - PARC - UNE PRAIRIE - EXTERIEUR JOUR C�sar et Diane sont toujours allong�s dans l'herbe. Au son de la cloche, Diane sursaute et se redresse. Elle est un tantinet d�braill�e. DIANE La cloche ! FIN DE LA MUSIQUE Elle se rel�ve. C�sar se met � genoux � c�t� d'elle. CESAR Quoi, qu� cloche ? Qu'est-ce qu'il y a encore ? DIANE L'heure du d�jeuner ! Diane est maintenant debout et r�ajuste sa robe. C�sar se l�ve � son tour. CESAR Mais quel d�jeuner ? DIANE Aidez-moi... Aidez-moi... Aidez-moi... Aidez-moi ! Diane se penche pour ramasser son chapeau, et C�sar tente, maladroitement, de ragrafer sa robe. CESAR Mais �coutez, moi, les robes, d'habitude, je les d�grafe, je les agrafe pas ! Une vache passe en trottinant entre eux et le ch�teau. DIANE Ohhh ! Un peu de patience, s'il vous plait ! CESAR Patience... Patience ! Quand je bous au fond, que je chancelle ! Il ramasse son chapeau et sa mallette. Diane part en courant vers le ch�teau. Elle envoie un dernier baiser � C�sar. DIANE Ce soir ! CESAR Ce soir... ce soir ! Tu parles ! On �tait bien l� ! Qu� � ce soir � !... Ce soir ! Toujours ce soir ! Il embo�te le pas � Diane, mais d'une d�marche plus pos�e. CHATEAU - TERRASSE - EXTERIEUR JOUR La marquise observe la sc�ne � la jumelle. LA MARQUISE Parfait ! Georges ! Georges s'approche de sa belle-m�re. LA MARQUISE Les parasols, l'ap�ritif. O� sont les insecticides ? GEORGES Dans la serre, sous les tablettes... Pourquoi ? LA MARQUISE Ohh ! Vous le demandez ! La police peut repasser. C�sar ne tombera pas dans ses mains, ni lui, ni son magot. Nous l'avons d�cid� � la messe ! La marquise s'�loigne en rasant le mur du ch�teau, suivi de Georges, toujours sa cigarette au bec. Ils ont des airs de conspirateurs de films de s�rie B. CHATEAU - SERRES - INTERIEUR JOUR Gros plan sur les mains de la marquise. Une main tient une sauci�re ancienne en cuivre, avec un fin bec verseur en col de cygne, et l'autre, une cuill�re. Avec la cuill�re, elle verse, dans la sauci�re, une poudre provenant d'une bo�te que Georges tient � la main. LA MARQUISE Vive le son, vive le son... Dansons la Carmagnole. Vive le son du canon... La cam�ra s'�loigne, d�couvrant la marquise et Georges en plan moyen. Derri�re eux, dans un d�cor un peu d�labr�, des pots de fleur sur des �tag�res. GEORGES Faites attention ! C'est ce que nous avons de plus dangereux. LA MARQUISE Et bien, tant mieux, tant mieux ! J'en mets quoi ?... Oh... ben, douze cuill�res ! GEORGES Y a de quoi tuer un boeuf ! LA MARQUISE Ahhh ! Il est costaud, hein ! Vous l'avez vu. La marquise arr�te de remplir la sauci�re, d�pose la cuill�re dans la bo�te, et se dirige vers la fen�tre. On aper�oit C�sar et Diane qui reviennent. LA MARQUISE Dans la croquette, il sentira rien ! Dans la croquette... sentira rien... sentira rien... Elle chantonne ces derniers mots sur l'aire de la Carmagnole. CHATEAU - PARC - ABORD DES SERRES - EXTERIEUR JOUR C�sar, tenant son chapeau d'une main et sa mallette de l'autre, arrive d'un pas rapide. Diane trottine � ses c�t�s en tenant son chapeau d'une main. La marquise, sa sauci�re � la main, suivie de Georges, sort de la r�serve du jardinier. LA MARQUISE Ah ! Ah ! Le baron C�sar et ma petite Diane. On a l'air de s'entendre, � ce que je vois. CESAR Marquise, votre demeure est un d�dale d'enchantements ! LA MARQUISE Mais pourquoi tra�nez-vous toujours cette mallette ? Diane, va donc porter �a dans sa chambre. CESAR Non, non, non, non... J'ai l�-dedans des souvenirs plus chers que l'existence. J'y tiens, vous savez. LA MARQUISE Mais j'ai un coffre. CESAR Qu'est-ce que j'entends ? LA MARQUISE Mais oui. CESAR Un coffre ? LA MARQUISE Mais oui, un coffre. Ils s'�loignent tous les deux en pronon�ant des paroles incompr�hensibles (On reconna�t n�anmoins le mot � coffre �). La marquise tient sa sauci�re dans le dos. Georges s'approche de Diane, l'air grave, et lui donne une petite claque sur la joue. Diane semble au bord des larmes. Georges prend Diane par les �paules et ils embo�tent le pas � C�sar et � la marquise, qui sont toujours en train de deviser. On entend la marquise �clater de rire. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR C�sar et la marquise arrivent du vestibule. La marquise, le bras pass� dans celui de C�sar, est toujours en train de rire, mais elle tient toujours aussi sa sauci�re derri�re son dos. LA MARQUISE Ah ! Ce qu'il est dr�le ! Diane et Georges apparaissent derri�re le premier couple. La marquise chuchote, en se tournant derri�re elle : LA MARQUISE Georges !... Georges se pr�cipite et prend la sauci�re de la main de la marquise, qui continue son chemin au bras de C�sar. LA MARQUISE Oui, c'est par l�. Elle montre une porte derri�re le bureau. On aper�oit, derri�re eux, Diane et Georges qui montent l'escalier. CESAR Ah, bon. LA MARQUISE Oui. CHATEAU - UN BOUDOIR - INTERIEUR JOUR Entrent C�sar et la marquise. Ils se dirigent vers un coffre de la taille d'une petite armoire. Sur le coffre, deux objets en �tain, un vase et une petite statuette mont�e sur un gros socle. La marquise soul�ve la petite statuette, et extrait une clef cach�e sous le socle. CESAR Ah, ah !! Ah, ah !! La marquise sourit. LA MARQUISE Mais... chhhut ! Elle met un doigt sur sa bouche. CESAR Oh, non, non. LA MARQUISE C'est un tr�s beau coffre. Elle se penche et met la clef dans la serrure. LA MARQUISE Mon d�funt mari, le marquis, l'aimait beaucoup. Elle ouvre la porte du coffre LA MARQUISE L�... C�sar place sa mallette dans le coffre. CESAR Voil�. La marquise ajuste la mallette dans le coffre. LA MARQUISE Tr�s bien. Elle referme la porte du coffre LA MARQUISE Le pauvre, mon Dieu, qu'il a souffert ! Mais c'est un tr�s beau coffre. Au moment o� la marquise se rel�ve, C�sar lui prend la clef des mains. LA MARQUISE Vous n'avez pas confiance ? CESAR Oh, madame... Il renifle, tout en mettant la clef dans une petite poche de son gilet. CESAR Ffff !... Oh, �a sent bon par l�. LA MARQUISE Ah, vous trouvez ? CHATEAU - CUISINES - INTERIEUR JOUR Gros plan sur le dessus de la cuisini�re, transform� en table. Des biscuits dans des assiettes, une assiette en argent, de la salade dans un bol, et au premier plan, un r�cipient de verre contenant trois croquettes. Georges, en manche de chemise, place une croquette sur une feuille de salade, au centre d'un grand plateau ovale en argent. Il se pr�pare � verser le contenu de la fameuse sauci�re en cuivre sur la croquette, lorsque la cam�ra s'�loigne, et on d�couvre C�sar qui vient d'entrer. CESAR Ohhh ! La mignonnette ! Georges repose la sauci�re, avec l'air d'un gamin pris en faute. CESAR Toute petite, h� ! Il met ses gants dans son chapeau et tend le tout � Georges CESAR Mais �a fait rien : tout est dans la pr�sentation. Il prend le plateau et s'�loigne avec. CESAR �ternel probl�me du fond et de la forme. Mais donnez-moi deux minutes, vous allez voir. Il pose le plateau sur une table, et prend une nappe en papier. CESAR Ah, ah, ah ! Il commence � d�chirer la nappe en deux, en jette une moiti�, et commence � plier l'autre. Georges et la marquise le regardent, l'air intrigu�. GEORGES J'ai... j'ai l'impression que vous �tes un ma�tre-queue. C�sar claque des mains. Il a d�j� dispos� les morceaux de la nappe en papier, �l�gamment pli�s, de part et d'autre du plateau. CESAR Les fourneaux, c'est mon berceau. J'ai d�but� dans les sauces. Je veux dire... Il prend de la salade qu'il commence � disposer sur le plateau. CESAR ... l'�ducation anglaise : les travaux les plus rudes, et les �tudes les plus raffin�es. Il coupe des rondelles de concombre. CESAR Time is money ! On voit, en gros plan, les rondelles de concombre qui viennent se disposer autour de la salade, avec une pr�cision incroyable. CESAR H�, h�... Time is money ! La marquise semble de plus en plus intrigu�e, Georges, lui, semble r�sign�. CESAR La couronne de concombre. C�sar dispose deux tomates, d�coup�es en forme de rose de chaque c�t� du plateau. CESAR Et maintenant les deux pommes d'amour qui l'accompagnent. Voil�. Voil�... Il dispose quatre citron �l�gamment pel� autour de la salade. CESAR Regardez-moi ce tr�ne. Quelle majest� ! Finalement, il place la croquette sur un feuillet� au milieu de la pile centrale de salade. Il place d�licatement la petite touche finale, une olive sur la croquette. Puis il rapporte le plateau vers la cuisini�re. CESAR C'est pourquoi, la cuisine, c'est mon domaine. Il prend, au passage, une bouteille de Cognac. CESAR Entre autres... Il pose le plateau sur la table, entre la marquise et Georges, qui tient toujours le chapeau de C�sar. CESAR Et maintenant le gla�age flamb�. Il verse un peu de Cognac sur la croquette. Puis il craque une allumette. CESAR Car je vais vous dire une bonne chose : tout est dans le gla�age. Il met le feu � la croquette, qui s'enflamme. Il pose la bo�te d'allumette et ramasse la sauci�re. CESAR Ce sont les �pices ? GEORGES Oui... En quelque sorte... LA MARQUISE Oui, oui, oui... Parfaitement... C'est une recette � moi. CESAR Op�ration d�licate. Il verse lentement un peu du contenu de la sauci�re sur la croquette, toujours en train de flamber. Une tr�s l�g�re explosion se produit, le lit de salade s'�croule, et une �paisse fum�e s'�chappe du plateau. Les trois personnages se penchent lentement sur la croquette. CESAR Bon... ben j'ai perdu la main. Il pose la sauci�re, prend son chapeau des mains de Georges, et sort pr�cipitamment de la cuisine, visiblement vex�. La marquise le regarde partir, puis prend la sauci�re qu'elle agite l�g�rement. LA MARQUISE Dieu soit lou�, il en reste. On le mettra dans le caf�. J'ai perdu une bataille, mais pas la guerre. Moral... et tactique. �chec � la premi�re offensive... je lance la seconde, avec une pr�paration d'artillerie ! CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Georges est assis par terre derri�re une balustrade qui divise la pi�ce en deux. Les mains gant�es, il est en train de casser le carrelage avec un burin et un marteau. Le bassin rond, vu de la chambre d'Am�lie. A c�t� du bassin, cinq petites tables ont �t� dress�es, abrit�es par des parasols. La premi�re est vide. Autour de la seconde, la famille Passereau est rassembl�e. C�sar est seul � la troisi�me. A la quatri�me, Cookie et Jean-Jacques. Enfin, tout seul � la cinqui�me, un peu �loign�e des autres, Monsieur Patin. Les su�dois courent vers le bassin et plongent dedans. La cam�ra fait un zoom arri�re, et on entend les coups de marteau de Georges. Puis on d�couvre la marquise qui regarde le spectacle par la fen�tre. Elle s'�loigne de la fen�tre. LA MARQUISE Georges ! Elle s'accroupit devant un �lectrophone install� � c�t� de la fen�tre. LA MARQUISE Que pr�f�rez-vous ? Richard Wagner ou les Beatles ? Georges est en train de replacer ses outils entre ses main. GEORGES Oh ! J'ai assez de mal avec le dallage. Vous �tes s�re que le poison ne suffit pas ? LA MARQUISE Deux pr�cautions valent mieux qu'une. La marquise longe la balustrade, et passe de l'autre c�t�, pour venir � c�t� de Georges. LA MARQUISE Je r�capitule. En bas, nous jouons au poker. ici, vous faites tonner Wagner. Elle s'assoit sur un canap� � c�t� de Georges. Canap� sur lequel est d�j� pos� le chapeau de Georges. LA MARQUISE En bas, �a m'�nerve. Je cogne avec un balai. Vous l�chez imm�diatement. Crac ! Allez, je descends, on r�p�te. Elle se l�ve et sort de la pi�ce. Georges recommence � taper. CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR La marquise entre, un balai d'une main, et un escabeau de bois de l'autre. On entend distinctement les coups frapp�s par Georges. La marquise installe son escabeau CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Georges, qui a dispos� l'�lectrophone sur le canap� de son c�t� de la balustrade, d�place le bras du tourne-disque. MUSIQUE. Le th�me des Walkyrie de Wagner retentit. CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR La marquise monte sur son escabeau, prend le balai par la brosse, et, avec l'extr�mit� du manche, tape sur le plafond. CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Georges se penche sur le trou qu'il a commenc� � creuser dans le dallage. GEORGES J'entends, ma m�re ! CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR La marquise redescend de son escabeau, pose son balai � c�t�, et s'approche de la table de bridge qui tr�ne au milieu du salon. Elle calcule l'impact de la pointe du lustre lorsqu'il tombera. CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR En mesure avec la musique de Wagner, Georges remet les gravats dans le trou. CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR La marquise place une chaise pour qu'elle se trouve juste sous le lustre. CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Georges continue � remettre les gravats dans le trou. Panoramique vers l'entr�e de la chambre. Charlie entre, son blouson sur l'�paule. Il pose son blouson sur le lit, et commence � enlever son jeans. On voit Georges � travers les montants de la balustrade. Georges rel�ve la t�te. GEORGES Ah ! Charlie ! Charlie, qui a le pantalon en bas des pieds, se tourne vers Georges. CHARLIE Oh, monsieur le comte... Georges lui sourit. GEORGES H� oui... On rebouche les trous. Charlie commence � remonter son pantalon. CHARLIE C'est comme moi, j'ai un trou � mon pantalon. Je vais le recoudre. On entend la voix de la marquise par-dessus la musique de Wagner. LA MARQUISE Georges ! Georges se penche sur le trou. GEORGES J'entends, ma m�re ! Mais c'est que j'ai � c�t� de moi Charlie. CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR La marquise regarde vers le plafond. Elle a dispos� des cartes en �ventail sur la table de bridge. LA MARQUISE Dans la chambre d'Am�lie ? CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Georges est toujours pench� sur le trou. GEORGES Oui, parce qu'il a quitt� son pantalon. Charlie finit de reboutonner son jeans. CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR LA MARQUISE Et Am�lie ? CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Charlie a fini de remettre son pantalon, et il ramasse son blouson. GEORGES Une seconde... J'y vais. Georges se rel�ve, passe derri�re Charlie m�dus�, et s'approche de la fen�tre ouverte. GEORGES Am�lie !... Viens recoudre imm�diatement le pantalon de Charlie ! CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR Charlie descend quatre � quatre l'escalier, se cache derri�re un pilier, regarde � droite et � gauche, puis se dirige vers le vestibule et ... CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR ... et la porte arri�re du ch�teau. Entre Am�lie portant un plateau charg� de vaisselle. Charlie se cache derri�re l'armure. CHARLIE Ohhh ! J'les retiens, tes rendez-vous ! J'arrive dans ta chambre, j'tombe sur ton p�re en chemise ! AMELIE Papa est en chemise ? CHARLIE Non !... Moi ! La marquise entre dans le vestibule. LA MARQUISE Am�lie... Am�lie, cesse de harceler notre ami. Allez jouer ailleurs tous les deux. AMELIE Viens, toi ! La marquise les regarde s'�loigner avec un petit sourire en mi- teinte. Puis elle se dirige vers la porte ouverte, l'air songeur. CHATEAU - PARC - BASSIN ROND - EXTERIEUR JOUR Les tables sont vides. Un su�dois fait des looping sur la barre fixe plant�e derri�re le bassin. Panoramique qui nous fait d�couvrir Monsieur Patin, Monsieur Passereau et Jean-Jacques en train de jouer au croquet, puis un groupe de femmes autour de C�sar assis sur une chaise. Plan moyen de Jeanne appuy�e sur un gros vase de pierre, orn� de t�tes de lion. Elle se d�place, et on d�couvre C�sar assis sur son fauteuil. Il est en train d'allumer un cigare. A ses pieds, sont assises Mme Passereau et Cookie. Cookie suce distraitement une tr�s grande sucette. Jeanne passe derri�re lui, puis s'arr�te. JEANNE Et vous avez connu les femmes des �les ? Il �teint son allumette avant de la jeter. CESAR Les anglaises sont admirables. JEANNE Non, je veux dire : les �les lointaines. CESAR Ahhh ! Les �les lointaines... Jeanne s'�loigne de nouveau. CESAR D�s l'�ge de trois ans, elles sont initi�es � nous distraire. Jeanne s'appuie sur un autre vase de pierre. CESAR Elles ont une loi, une morale - appelez �a comme vous voulez - c'est d'�tre au service de l'homme. Alors, � douze ans, elles sont en pleine possession de leurs moyens, et... nos corps chantent de toutes parts. FIN DE LA MUSIQUE de Wagner. MME PASSEREAU Et quand elles ont notre �ge ? CESAR C'est l� o� notre vieille Europe reprend le flambeau. MME PASSEREAU Vous trouvez donc qu'il n'est jamais trop tard ? CESAR Jamais... MME PASSEREAU Mais nos rides ? CESAR Mmmm... �mouvantes. Ce sont les signes de vos peines et de nos plaisirs. Ah... mesdames, mesdames, comme vous avez d� vivre. Dans le fond, les joueurs de croquet. Jeanne, elle, est toujours appuy�e, songeuse, sur son vase de pierre. Elle en dessine les formes d'un doigt distrait. C�sar se l�ve et se dirige vers Jeanne. Plan moyen sur les joueurs de croquet. Au premier plan, Jean- Jacques, habill� d'un pantalon et d'un maillot blancs, une casquette de golf rouge sur le cr�ne, regarde le groupe de femmes autour de C�sar d'un air intrigu�. M. PASSEREAU A vous, monsieur Patin. M. PATIN Ben, vous voyez bien que je suis sous la cloche. Quand on est sous la cloche, � ce jeu-l�, on peut pas continuer. Jean-Jacques, le maillet � la main, se rapproche des deux autres joueurs, et plus pr�cis�ment de M. Patin. JEAN-JACQUES Qu'est-ce qu'il peut bien leur raconter ? Au fond, on voit C�sar qui s'est rassis sur son fauteuil. M. PATIN Et que voulez-vous raconter avec un accent pareil ? M. Patin remet ses lunettes dans la poche de poitrine de son veston, et se met en devoir d'imiter l'accent de C�sar, en faisant des gestes un peu pr�cieux M. PATIN La femme des �les... est un ukul�l�... La femme d'ici est une guitare. Il prend le visage de Jean-Jacques dans sa main et se rapproche de lui. M. PATIN Votre myst�re, c'est la courbe. Jeanne, toujours appuy�e sur son vase, se tourne l�g�rement pour regarder M. Patin. M. PATIN Vous �tes la modulation, l'instrument id�al. M. Patin a un geste d�sabus�, et retourne vers sa partie de croquet. M. PATIN Et les femmes �coutent �a ! Tiens, quelle honte ! Quelle piti� ! Il donne un coup de maillet rageur dans sa boule. JEAN-JACQUES Mais pourquoi ? C'�tait tr�s beau, tr�s po�tique. Vous m'avez �mu, Patin. Le myst�re, c'est la courbe. Il a pos� son maillet, et se rapproche de M. Patin. Il dessiner une courbe harmonieuse avec ses mains, puis tape sur la poitrine de M. Patin. JEAN-JACQUES J'm'en resservirai ! Il s'�loigne et se tourne vers le ch�teau. Il crie : JEAN-JACQUES Et alors, le caf�, on nous oublie ! CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR La marquise s'approche en courant de la fen�tre. LA MARQUISE Voil� !... voil�, voil� ! CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR Diane entre en portant un plateau sur lequel sont dispos�es deux tasses de caf�. Elle travers le vestibule, l'air tendu. Sa m�re sort du petit salon et vient vers elle. LA MARQUISE Alors, tu ne te trompes pas, hein ? C'est celle-ci ? Elle d�signe une tasse sur le plateau. DIANE Non... Celle-l� ! Diane, qui tient toujours le plateau � deux mains, d�signe l'autre tasse d'un mouvement de la t�te. La marquise renifle les deux tasses tour � tour. LA MARQUISE Tu penses, ce que c'est �nervant, tu sais, quand on n'a pas l'habitude. Oui, tiens, c'est celle-l�. Mais tremble pas, voyons ! La marquise recoiffe sa fille et lui remet son chemisier en place. DIANE T'es s�re ? �a lui fera pas de mal ? LA MARQUISE Mais non ! Il n'aura pas le temps : il sera assomm� avant. La marquise s'�loigne vers la terrasse arri�re du ch�teau. DIANE Alors, � quoi �a sert ? LA MARQUISE J'assure mes arri�res. CHATEAU - PARC - BASSIN ROND - EXTERIEUR JOUR La marquise apparait sur la terrasse arri�re. LA MARQUISE Que penseriez-vous d'un petit poker ? C�sar, toujours assis sur son fauteuil, rel�ve brusquement la t�te. CESAR Poker ? Il se l�ve et prend un air un peu gauche et timide. CESAR Oh ! Vous savez, moi, le poker... Enfin, si ces dames me le permettent... COOKIE & MME PASSEREAU Mais oui, voyons. CESAR Bien. Il s'approche de Jeanne, toujours appuy�e sur le vase. CESAR Mademoiselle Jeanne, vous joindrez-vous � nous ? JEANNE Je voudrais bien, mais je ne sais pas. CESAR Ahhh ! M�me pour me faire plaisir. JEANNE Je connais rien � l'argent. Il s'�loigne et crie � la cantonade : CESAR Bien. Alors, qui sont nos partenaires ? Jean-Jacques s'approche de lui. JEAN-JACQUES Si vous ne craignez pas un jeu sec, je suis votre homme. Il tape du poing dans sa main pour souligner son propos. CESAR Cher ami. Allons-y. Il lui d�signe le ch�teau du doigt. Ils s'�loignent ensemble. M. Patin vient vers Jeanne, qui le regarde approcher, l'air indiff�rent. M. PATIN Je vous tiens compagnie, mademoiselle Jeanne. Il s'assoit sur le fauteuil lib�r� par C�sar. JEANNE Vous ne jouez pas ? M. PATIN Jongler avec l'argent, non, tr�s peu. Nous avons si peu de temps d�j� pour penser aux choses essentielles. Songez que... Alors qu'il fait visiblement tr�s chaud, Jeanne se serre les �paules comme s'il avait froid et s'�loigne vers le ch�teau. JEANNE Il commence � faire froid, je rentre. M. Patin se l�ve l�g�rement, puis se rassoit. La marquise est sur les derni�res marches de la terrasse, et elle regarde les deux joueurs s'approcher. Diane, toujours son plateau � la main, descend les marches et vient vers elle. Le bruit des tasses sur le plateau indique qu'elle tremble. LA MARQUISE �coute, tu serviras le caf� au salon, hein ? Nous faisons un petit poker. Elle remonte, et C�sar apparait, suivi de Jean-Jacques. JEAN-JACQUES Ahhh ! Le caf� ! CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR La marquise entre, suivie de C�sar, qui se fait doubler par Jean- Jacques. JEAN-JACQUES Vous jouez stone ou pas ? CESAR Oh, moi, vous savez, le poker... je... CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR Les deux hommes s'approche de la table de bridge. Jean-Jacques, qui vient d'enlever sa casquette, se cogne sur le lustre. Ils s'assoient. CESAR Ah, ah ! La marquise s'aper�oit que c'est Jean-Jacques qui est assis sous le lustre. LA MARQUISE Non, non, non-non, levez-vous, levez-vous, je suis tr�s superstitieuse ! Les deux hommes se l�vent. LA MARQUISE Alors, je tire les places, hein ! Un petit coquin n'a besoin de rien qui va-t'� la chasse, et parle � sa b�casse. Voil� ! Alors, vous ici, l�, comme �a. Voil�... Ils s'assoient tous les trois, mais c'est la marquise qui se retrouve sous le lustre. JEAN-JACQUES Ahhh... La marquise s'aper�oit de son erreur. LA MARQUISE Non ! Non-non, je me suis tromp�e, hein ! Ils se l�vent tous les trois, et la marquise recommence son petit jeu. LA MARQUISE Non, je-je tire les places... Un petit coquin n'a besoin de rien, parle � sa b�casse. Voil�, voil�... l�, comme �a. Cette fois-ci, c'est bien C�sar qui est sous le lustre. JEAN-JACQUES Bon, moi, je... LA MARQUISE Non, non, non, bougez pas... l�, bougez pas ! CESAR Une partie de Titans ! Jean-Jacques sort quelques billets de sa poche. JEAN-JACQUES Et... bien entendu, on ne joue pas des haricots ! Il s'arr�tent net devant la grosse liasse de billets que C�sar a sorti. C�sar commence � battre les cartes d'un geste tr�s expert. CESAR La cave � combien ? LA MARQUISE Cinquante milles ? CESAR Cent ? LA MARQUISE Cent cinquante. Ah oui, je ferais un ch�que. L�, j'ai mes jetons. Jean-Jacques commence � faire une dr�le de t�te. JEAN-JACQUES Ah-ah-ah ! Cent cinquante, c'est, c'est lourd... Il prend un air faussement grave. JEAN-JACQUES Mais soit ! Mais c'est lourd ! C�sar ouvre le jeu de cartes en �ventail. CESAR Manque le sept de pique. Il retire le sept de pique cach� dans le maillot de Jean-Jacques, derri�re sa nuque, et le remet dans le jeu. Il ricane CESAR H�-h�-h�-h� ! Jean-Jacques sifflote entre ses dents pour se donner une contenance. La marquise regarde C�sar battre les cartes CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Georges met le bras du tourne-disque sur le disque. MUSIQUE. La musique de Wagner retentit : ce n'est plus seulement le th�me des Walkyrie, mais carr�ment une Walkyrie en train de chanter. Georges bat la mesure. CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR C�sar jongle avec les cartes : c'est visiblement un joueur expert, ce qui a l'air d'ennuyer Jean-Jacques de plus en plus. Il suit des yeux les cartes qui montent et qui descendent entre les mains de C�sar. C�sar fredonne la musique de Wagner tout en battant les cartes. Il donne le jeu � couper � la marquise, puis il distribue les cartes. La marquise regarde son jeu en le cachant d'une main, d'un geste tr�s amateur. C�sar, lui, ouvre � peine son jeu, et il sait tout de suite ce qu'il a en main. Jean-Jacques, lui, cache son jeu des deux mains, en prenant des airs de conspirateur pour le regarder. LA MARQUISE Ah ! Cette musique ! CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Georges bat toujours la mesure, accroupi devant l'�lectrophone. CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR Diane s'approche du petit salon, en portant son plateau. Elle jette un oeil dans la pi�ce, puis revient en arri�re et se plaque contre le mur. Elle fait tomber une cuill�re CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR LA MARQUISE Je relance de cinq. Elle pose des jetons sur la table. C�sar prend un billet dans sa liasse et le pose sur le jeton de la MARQUISE CESAR Je redonne de six. La marquise l�ve les yeux au plafond. LA MARQUISE Ah ! Cette musique ! Elle a un sourire crisp�. Jean-Jacques jette un oeil rapide vers le plafond : il semble mal � son aise. Il sourit niaisement. Le seul � �tre d�contract� et � continuer � fredonner est C�sar. CESAR Cartes ! Jean-Jacques regarde rapidement son jeu et en retire trois cartes. JEAN-JACQUES Trois cartes. CESAR Trois cartes. Il le sert. LA MARQUISE Servie. La marquise continue � masquer son jeu. C�sar la regarde BRI�VEMENT CESAR Une carte. Po-po-po... Il continue � fredonner, puis jette un oeil sur Jean-Jacques, qui se met � fredonner, l'air faussement d�contract�. JEAN-JACQUES Po-po-po... Diane entre en portant son plateau de fa�on peu assur�e. Elle s'approche de la table. C�sar se retourne. CESAR Ohh ! Que c'est gentil ! Pardon ! Il prend une tasse au hasard sur le plateau. Diane a une expression effray�e. DIANE Maman ! LA MARQUISE Ne trouble pas mon jeu, voyons. C�sar boit son caf�, repose la tasse sur la soucoupe, puis le tout sur le plateau. Il prend l'autre tasse. CESAR Votre tasse. Il pose la tasse � c�t� de Jean-Jacques, qui fait un petit geste de refus de la main. JEAN-JACQUES Non, pas maintenant. Parole. La marquise claque un jeton sur la table. Diane est comme fig�e sur place, le visage d�fait. LA MARQUISE Allez ! Dix milles ! CESAR Plus dix. Il prend un billet dans sa liasse et le pose sur la table. Jean- Jacques pose ses cartes sur la table, l'air abattu. LA MARQUISE Cinquante ! Elle pose un autre jeton. CESAR Je vois. Il prend d'autre billets dans sa liasse et les pose sur la table. Diane semble de plus en plus d�faite. LA MARQUISE C'est moi qui ramasse. Elle ram�ne les billets et les jetons vers elle. C�sar arr�te son geste. Pendant ce temps, Diane, qui a d�plac� son plateau pour le tenir d'une seule main, tente de r�cup�rer la tasse de Jean- Jacques. CESAR Non, non, attendez, petite marquise, la galanterie et le poker, c'est deux choses tout � fait diff�rentes. Je peux voir ? La marquise jette ses cartes sur la table. Diane, qui n'a pas r�ussi � prendre la tasse ram�ne sa main vers le plateau. C�sar regarde les cartes de la marquise. CESAR H� oui ! Deux sept ! Il pose ses propres cartes sur la table. CESAR Deux paires ! Il prend la tasse de Jean-Jacques. CESAR H�-h�-h�, c'est facile, c'est le jeu, le poker, c'est comme �a ! Il porte la tasse � sa bouche. Diane se met � hurler : DIANE Nonnn !!! C�sar repose la tasse sur la soucoupe et se tourne vers Diane. CESAR Qu'est-ce qu'il y a ? DIANE L� ! Un rat ! Elle d�signe un vague endroit dans la pi�ce. Machinalement, Jean- Jacques redresse ses jambes, de fa�on � ce que ses pieds ne touche plus terre. CESAR Un rat ? O� �a ? C�sar regarde autour de lui. DIANE Sous le lit. Jean-Jacques a maintenant les pieds carr�ment pos�s sur son fauteuil. JEAN-JACQUES Ah ! Si j'avais un b�ton ! C�sar commence � se lever. La marquise se l�ve � son tour et lui appuie sur les �paules pour le forcer � se rassoir. LA MARQUISE Mais non, mais restez assis ! Elle a un regard rapide vers le lustre. Diane suit son regard, l'air effray�. LA MARQUISE Vous �tes tr�s bien l� o� vous �tes, voyons ! Elle se dirige vers l'escabeau. LA MARQUISE Cette musique ! Elle commence � monter sur l'escabeau. C�sar se l�ve. CESAR Mais, �coutez-moi, marquise, pas d'affolement ! Les bras �cart�s il se dirige vers le lit, situ� dans un coin. La marquise, qui a pris son balai, le suit du regard. CESAR Un rat... C'est gentil, c'est vivant, un rat ! C'est rien du tout, un rat ! Il se met � quatre pattes et regarde sous le lit. CESAR Minou-Minou-Minou-Minou-Minou ! Il cogne avec ses doigts sur le parquet. CHATEAU - CHAMBRE D'AMELIE - INTERIEUR JOUR Georges entend les coups frapp�s par C�sar, et croyant qu'il s'agit du signal convenu par sa belle-m�re, tire sur la barre � mine, qui, gliss�e dans le trou dans le carrelage, maintenait le lustre en place. CHATEAU - UN PETIT SALON - INTERIEUR JOUR On voit le lustre qui se d�tache du plafond, et tombe, dans un nuage de pl�tre, sur la table de bridge, sous l'oeil ahuri de Jean- Jacques, qui bondit de son si�ge. C�sar se rel�ve. La marquise, toujours sur son escabeau, le balai � la main, regarde la sc�ne d'un air d�sabus�. Jean-Jacques, qui est retomb� sur son si�ge, est couvert de poussi�re de pl�tre. Il secoue la main. JEAN-JACQUES Oh-oh ! Oh, ben �a ! On voit Cookie arriver derri�re Diane, qui a gard� son plateau en mains. JEAN-JACQUES J'l'ai �chapp� belle ! Il ramasse la tasse � caf� rest�e sur la table et la porte � ses l�vres. La marquise descend pr�cipitamment de son escabeau. C�sar, toujours � genoux devant le lit, regarde la sc�ne d'un air �tonn�. Cookie, une main sur la hanche, regarde Jean-Jacques avec un air m�prisant. Diane pousse un cri. DIANE Ohh ! Jean-Jacques repose la tasse sur la soucoupe et recrache tout le caf� qu'il a bu. Il tire la langue et passe un doigt dessus. COOKIE Toujours en train de faire l'int�ressant ! Fondu encha�n�. FIN DE LA MUSIQUE de Wagner CHATEAU - LES ECURIES - INTERIEUR JOUR Dans une stalle vide, un gros tas de paille qui bouge l�g�rement. On entend des bruits de voix. La paille se soul�ve et Am�lie apparait. Elle se tourne vers un personnage toujours cach� par la paille. AMELIE P�-ho ! La marquise apparait suivie de Diane et de Georges. LA MARQUISE Diane ! Georges ! Une scie, une �chelle, des cordes, une poulie ! La marquise passe derri�re Am�lie, pendant que Diane s'approche d'une �chelle et commence � d�gager les divers outils qui sont pos�s dessus et que Georges passe dans la stalle voisine. AMELIE �a a march� ? LA MARQUISE Mais non, c'est rat� ! Ohh ! Charlie sort � son tour de sous la paille. Derri�re on voit Georges qui escalade une �chelle dans la stalle voisine. La marquise a r�cup�r� une grande scie de bucheron au fond de la stalle. LA MARQUISE Oh ! Charlie ! Allez, Charlie, voyons, cessez d'ennuyer la baronne ! Sortez ! Am�lie est sortie de sous la paille et commence � aider sa m�re. On voit dans l'autre stalle Georges qui, grimp� sur son �chelle, essaie d'attraper une corde pos�e entre les deux stalles. CHARLIE Oh, ben, h� ! Il s'�loigne. LA MARQUISE Oh, oui, c'est rat�. C'est rat� � cause de ta m�re, qui a laiss� tomber le lustre sur le play-boy. Diane prend l'�chelle et commence � la transporter. AMELIE Oh, mon Dieu ! Elle s'approche de sa m�re pour l'aider � porter l'�chelle. Georges est toujours perch� sur son �chelle et vient de r�cup�rer la corde. GEORGES Rassure-toi, il n'a rien, il a recrach� le caf�. La marquise donne un coup de main aux deux autres femmes pour porter l'�chelle. LA MARQUISE Ouais, enfin, jamais deux sans trois. Mes enfants, maintenant, mon plan est infaillible. Alors, �coute, toi, Diane... CHATEAU - PARC - STATUE BRISEE - EXTERIEUR JOUR MUSIQUE. On entend quelques accords de harpe, qui annonce le Th�me DU G�N�RIQUE Une statue tomb�e de son socle et pos�e en appui sur ce socle. Diane court dans une prairie au bord d'un bois. C�sar lui court apr�s et passe derri�re la statue. Diane a un petit cri un peu effray�, et C�sar un cri de chasseur. Ils continuent � se courir apr�s et s'engagent dans une all�e qui s'enfonce dans le sous- bois. CHATEAU - PARC - SOUS-BOIS ET FEUILLAGE - EXTERIEUR JOUR Plan rapproch� sur un sous-bois tr�s feuillu. La marquise �carte des feuillages et observe la sc�ne. On entend, au loin, les cris de Diane. LA MARQUISE Coucou !... Une fl�te souligne le coucou de la marquise. Am�lie, au bout d'une all�e, se cache derri�re un vase de pierres en ruines. VOIX INDETERMINEES Coucou !... Coucou !... Coucou !... CHATEAU - PARC - ALLEE ET SOUS-BOIS - EXTERIEUR JOUR Am�lie regarde, en contrebas, Jean-Jacques qui court dans le sous- bois. Plus loin, un autre personnage, en chemise blanche et pantalon noir (certainement C�sar) court, lui aussi. CHATEAU - PARC - SOUS-BOIS PRES DE LA GRILLE DU PARC - EXTERIEUR JOUR Au premier plan, C�sar se cache derri�re un arbre, pour ne pas �tre vu de Jean-Jacques. Un mouvement de cam�ra nous fait d�couvrir Diane cach�e derri�re un autre arbre. La musique �volue vers le Th�me du g�n�rique. C�sar se rapproche de l'arbre de Diane, qui tourne autour du tronc, puis se sauve vers une grande porte-grille entr'ouverte. Elle passe par la porte CHATEAU - PARC - SOUS-BOIS ET STATUE - EXTERIEUR JOUR Une autre section du parc. Une statue bien pos�e sur son socle, celle-l�. Georges passe devant, portant une �chelle, et une scie. On entend des cris au loin. Georges marche avec pr�caution pour ne pas �tre rep�r�. Mais il ne voit pas Cookie, qui sort du sous-bois et lui met les mains sur les yeux. Il crie. GEORGES Ahhh !... Cookie retire ses mains et ricane. Elle s'appuie, des deux mains, sur l'�chelle que porte Georges. GEORGES Ahhh !... Ah ! C'est vous !... Vous ne jouez pas � cache- cache ? COOKIE Vous non plus. GEORGES Oh, vous savez, y a toujours beaucoup � faire dans une maison comme celle-l�. Georges se remet en route, accompagn� par Cookie, toujours appuy�e sur son �chelle. COOKIE Oui, c'est �a qui est chouette. On doit �tre heureux l�- dedans. J'y resterais bien. Jean-Jacques, en costume beige, chemise orange et cravate noire, apparait en courant dans la prairie voisine. JEAN-JACQUES J'vous demande pardon !... Enfin, qui est le chat ?... Georges s'est arr�t�, Cookie � ses c�t�s. GEORGES C'est le baron C�sar, le chat ! JEAN-JACQUES Ah non ! pardon ! Je ne comprends plus. Il �tait chat, il m'attrape : je suis chat. Je touche votre charmante femme : elle est chat. Il peut pas y avoir deux chats. H� ! h�-h� ! Il se tourne vers le sous-bois. JEAN-JACQUES Oh, attendez !... Ou-ouh !... Pouce !... C'est pas de jeu. Qui est chat ? Il disparait dans le sous-bois. CHATEAU - PARC - SOUS-BOIS ET GROS ARBRES - EXTERIEUR JOUR Un autre endroit dans le parc. Diane est appuy�e, le dos contre un arbre, et embrasse C�sar � pleine bouche. Il se d�gage et la serre violemment contre lui. CESAR Oh ! Que j'ai envie de toi !... Diane se met � crier, et tente de se d�gager. DIANE Oh !... Am�lie !... Am�lie !... Elle r�ussit � se d�gager et se sauve. C�sar s'�nerve. CESAR Mais quoi, Am�lie !... Qu'est-ce qu'il y a avec Am�lie encore ! CHATEAU - PARC - SOUS-BOIS ET FEUILLAGE - EXTERIEUR JOUR La marquise est toujours cach�e derri�re son feuillage et observe toujours la sc�ne. Elle rabat le feuillage et s'�loigne � reculons. CHATEAU - PARC - LA RIVIERE - EXTERIEUR JOUR Am�lie est au bord de l'eau, et elle cueille distraitement des feuilles, qu'elle lance dans l'eau. On entend la voix de Diane. DIANE Am�lie !... Diane apparait. DIANE Am�lie, fais vite, il faut en finir. Diane est au bord des larmes. AMELIE Tu me fais rire, je le cherche partout. O� est-il ? DIANE L� derri�re... Elle se met � pleurer franchement, et d�signe, du doigt, un endroit derri�re la cam�ra. Am�lie caresse la joue de sa m�re. AMELIE Ne pleure pas, maman... J'y vais... Elle remonte du bord de la rive. Diane reste � pleurer au bord de l'eau. CHATEAU - PARC - SOUS-BOIS - EXTERIEUR JOUR C�sar est en train de r�ajuster les manches de sa chemise. Am�lie apparait derri�re les arbres. AMELIE H� !... Attrapez-moi si vous pouvez ! Elle se sauve en courant. C�sar lui court apr�s. AMELIE Ah-ah-ah !... CESAR Ah ! Ah ! Ah !... On les voit courir l'un derri�re l'autre � travers les arbres. CHATEAU - PARC - LA RIVIERE ET LE VIEUX MOULIN A EAU - EXTERIEUR JOUR Au bord de la rivi�re, Am�lie commence � grimper sur un tronc d'arbre inclin�. AMELIE Allez-y, montez !... C�sar commence � escalader l'arbre derri�re elle. La marquise apparait derri�re un autre arbre et observe la sc�ne. Am�lie continue � monter, offrant des visions de petite culotte blanche � C�sar. L'un suivant l'autre, ils arrivent dans les hautes branches de l'arbre. Gros plan du pied de C�sar qui avance sur une grosse branche, qui a �t� � moiti� sci�e. La branche s'�croule. C�sar tombe avec la branche, et tous les deux se retrouvent dans la rivi�re en contrebas. FIN DE LA MUSIQUE et du Th�me du g�n�rique. La marquise s'approche de la rive. Georges et Diane la rejoignent. Ils l�vent la t�te � la voix d'Am�lie, qui est toujours dans l'arbre. AMELIE �a y est : il est tomb� comme une pierre... La marquise, Diane et George observent les remous dans la rivi�re. Les remous s'approchent du vieux moulin, dont la grande roue � aubes tourne toujours. On entend des craquements, et le mouvement du moulin s'interrompt un instant, puis reprend. Au bord de la rivi�re, les trois complices observent la sc�ne avec des regards angoiss�s. Diane crie. DIANE Ohhh !... Les trois complices ont sorti des mouchoirs et les portent � leurs bouches. Les deux femmes pleurent. Georges semble d�compos�. Am�lie les rejoint en courant AMELIE Alors ?... La marquise a un mouvement d�sabus�. LA MARQUISE Oh !... Elle se dirige vers le moulin, suivi des trois autres. Diane pleure � chaudes larmes. Ils arrivent pr�s de la roue du moulin. LA MARQUISE Oh, �a me fait tout dr�le. GEORGES Il a craqu� comme une noix. LA MARQUISE Enfin, notre toit est sauv�. Georges aide sa fille � se mouche. La cam�ra tourne pour d�couvrir Jean-Jacques qui arrive pr�s du moulin. Il porte sa veste sur son bras JEAN-JACQUES Ah ! Vous voil� !... Mais qui est le chat, � la fin ? Diane sort du moulin, un mouchoir sur la bouche, soutenue par sa fille. Ils passent devant Jean-Jacques �berlu�. DIANE Quel sans-coeur, �ui-l� ! AMELIE Quelle brute ! Ne pleure pas, maman. Ils sortent du champ. C'est au tour de la marquise de passer devant Jean-Jacques, suivie de Georges. JEAN-JACQUES Quoi ! On-on ne joue plus ? Georges marque un temps d'arr�t. GEORGES Il n'y a plus de chat. Il sort du champ. JEAN-JACQUES Mais permettez que je m'interroge. Il y a une seconde, il y avait deux chats, et vous m'ass�nez la nouvelle qu'il n'y en a plus. On voit le petit groupe qui s'�loigne en longeant la rivi�re. LA MARQUISE Mais c'est fini, vous pouvez repartir. JEAN-JACQUES Permettez, je-je ne comprends pas... Partir o� ? Diane et Am�lie se retournent. AMELIE Ohhh ! Allez vous-en ! JEAN-JACQUES Ah non, mais quel r�le joue-je ! Il se met � les suivre LA MARQUISE Vous �tes tomb� en panne, et je vous ai secouru. Ben, vos voitures sont r�par�es. Vous n'avez qu'� prendre la route. Ils passent sur un pont de pierre qui enjambe la rivi�re. La cam�ra descend sous le pont au niveau de l'eau. CHATEAU - PARC - LA RIVIERE - LE PONT DU MOULIN - EXTERIEUR JOUR On voit C�sar qui roule sur une sorte de mini-cascade artificielle sous le pont. CHATEAU - PARC - LA RIVIERE - UN VIEUX PONT VOUTE - EXTERIEUR JOUR On voit C�sar qui continue � se d�battre, entra�n� par le courant de la rivi�re. Il passe sous la voute du vieux pont, et continue � rouler dans le courant. Apr�s le pont, il passe sur une mini- cascade. CHATEAU - PARC - LA RIVIERE - SECTEUR LARGE ET CALME - EXTERIEUR JOUR Il se retrouve enfin dans un endroit plus calme et peut se relever. Il a un rameau coinc�e dans sa chemise. Il regarde autour de lui. On entend des rires, et on d�couvre les touristes su�dois, en train de se baigner nus plus loin dans la rivi�re. CESAR Holy kiss !... Il court vers eux. Il plonge, ressort, et attrape l'une des jolies jeunes filles dans ses bras. CESAR Ahhh !... Ah-ah !... Ah-ah-ah !... CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR MUSIQUE. Th�me de Jeanne, jou� au piano. La famille de la marquise entre, en provenance du vestibule. Ils marchent lentement, serr�s les uns contre les autres, Diane accroch�e au bras de Georges, la marquise tenant l'autre bras de Georges d'une main et celui d'Am�lie de l'autre. GEORGES Il me devenait bigrement sympathique, cet animal de C�sar. DIANE Un peu plus, nous ne pouvions plus le quitter. LA MARQUISE La r�ussite a toujours un petit c�t� amer... Ils sortent par la petite porte derri�re le bureau. CHATEAU - UN BOUDOIR - INTERIEUR JOUR Le coffre tr�ne toujours dans le boudoir. Am�lie s'approche de lui. AMELIE Pauvre C�sar... Et puis, il avait la clef du coffre sur lui ! La marquise s'approche � son tour. LA MARQUISE Mon Dieu ! La clef, c'est vrai ! Ah... La clef ! Charlie va nous ouvrir �a avec sa chignole. Allez, va le pr�venir. Et qu'il ram�ne les voitures des clients : elles sont r�par�es. AMELIE Oui-oui... Elle sort de la pi�ce. La marquise reste un instant � observer le coffre en silence. LA MARQUISE Ohh !... Si je n'�tais pas l� ! CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR JOUR La salle est vide. Jeanne est seule au piano en train de jouer. CHATEAU - LES DOUVES - EXTERIEUR JOUR On voit le petit pont qui enjambe les douves. L'orchestre apparait derri�re le piano, transformant lentement la musique en concerto pour piano et orchestre. CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR La 4L de la famille Passereau est d�j� gar�e. La Mini d�capotable des su�dois entre, suivie de la Jaguar de Jean-Jacques. Les deux voitures se garent de part et d'autre de la 4L. Charlie actionne l'ouverture du coffre arri�re de la Jaguar et sort de la voiture. Am�lie sort de la Mini et le rejoint. Elle se penche, � c�t� de lui sur le coffre ouvert. AMELIE Embrasse-moi ! Charlie d�signe l'outil qu'il tient � la main. CHARLIE J'ai la chignole. AMELIE Embrasse-moi ! CHARLIE Quoi ? Pour la chignole ? AMELIE Non, c'est pour toi. Il pose la chignole. CHARLIE Pour moi tout seul ? AMELIE Oui, je te jure. Charlie lui passe les bras autour du cou, et l'embrasse amoureusement sur la bouche. Am�lie se d�gage et prend l'air grave. AMELIE Merci. Elle se l�ve. Charlie se retourne. CHARLIE Tu me dis merci, maintenant ? AMELIE Oui... pour la chignole ! CHATEAU - CHAMBRE DE JEAN-JACQUES - INTERIEUR JOUR Jean-Jacques referme sa valise pleine. Il porte un blazer bleu p�trole, une chemise bleu marine et une cravate club. JEAN-JACQUES Cookie ? Cookie est � la fen�tre et �coute le chant des grenouilles. Jean- Jacques s'approche de Cookie, et se place derri�re elle. JEAN-JACQUES Tu ne veux plus repartir ? On s'en va ou quoi ? Cookie r�pond d'une voix absente. COOKIE Allons-y. JEAN-JACQUES Ben viens. COOKIE On dirait qu'elles sont amoureuses... JEAN-JACQUES Qui ? COOKIE Les grenouilles... JEAN-JACQUES Tu es amoureuse ? Il pose son front sur la nuque de Cookie. COOKIE Oui... Mais je sais pas de qui. Jean-Jacques se redresse l'air un peu d�pit�. Il tape sur l'�paule de Cookie. JEAN-JACQUES Allons, viens. Il s'�loigne. COOKIE Oui, oui, j'arrive... CHATEAU - PARC - DOUVES - EXTERIEUR JOUR On voit une grenouille qui saute dans l'eau. CHATEAU - PARC - PONT SUR LES DOUVES - EXTERIEUR JOUR M. Patin regarde les douves du haut du pont. Jean-Jacques apparait, portant deux sacs et une valise. Il pose ses bagages. JEAN-JACQUES Elles sont magnifiques... Il s'approche de Patin. M. PATIN Qui ? Il montre les douves. JEAN-JACQUES Les grenouilles ! Je les sens amoureuses. M. PATIN Ah oui ?... L'amour ?... H�-h�-h� !... Puis-je vous faire une confession ? Il retire ses lunettes Le piano redevient plus pr�sent, apr�s un interm�de orchestral. Jean-Jacques vient tout pr�s de Patin. JEAN-JACQUES Certes. M. PATIN Vous avez du succ�s aupr�s des femmes ? JEAN-JACQUES Ah oui... M. PATIN Et bien, moi pas. Vous avez vu Jeanne, la jeune femme au piano ? Il y a des ann�es que je veux lui faire ma cour. J'allais me d�cider ce soir : elle regarde ailleurs. Amoureuse d'on ne sait qui... Comment voulez-vous qu'on ait pas envie que tout saute ! Mais �a va venir... Il regarde en l'air. Jean-Jacques suit son regard. M. PATIN D'ailleurs, tout le temps, l�-haut, �a scintille, �a scintille... et puis un beau jour... Ppp ! �a explose ! Comme des bulles ! JEAN-JACQUES Vous n'�tes pas gai... M. PATIN J'vois les choses en face. JEAN-JACQUES Ah, vous avez tort. Moi, tout me r�ussit. L'argent... les femmes... et m�me un week-end impr�vu dans un trou. Prenez- en de la graine. Il lui tape sur l'�paule. M. PATIN Adieu, monsieur. Je pars. JEAN-JACQUES Bonne vie, ami ! Patin s'�loigne vers le ch�teau. Jean-Jacques l�ve la t�te et APPELLE : JEAN-JACQUES Cookie ! On entend la voix de Cookie qui r�pond : COOKIE Oh, merde ! Jean-Jacques reste sur le pont des douves, un peu d�pit�, pendant M. Patin continue lentement son chemin vers le ch�teau, sa petite valise en carton � la main CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR La marquise, Diane, Am�lie et Georges sont devant le perron pour dire adieu � leurs invit�s. Sort la famille Passereau, le grand-p�re en t�te, les enfants tenant leurs �ternels voiliers. Ils s'arr�tent, au bord du perron, pour saluer leurs h�tes. LA MARQUISE Au revoir, madame. MME PASSEREAU Au revoir, madame. AMELIE Vos voitures sont pr�tes. LA MARQUISE Bon, et les Nordiques, o� sont-ils ? AMELIE Ils nagent ! FIN DE LA MUSIQUE On entend, au loin, les cris des su�dois qui batifolent dans l'eau. MME PASSEREAU Ils sont infatigables, ces gens-l�... mais �coutez-les ! Am�lie s'�loigne du perron et crie � la cantonade : AMELIE Termin� !... Auto r�par�e !... Partir !... La famille Passereau reprend son chemin vers sa voiture, Mme Passereau tenant deux enfants par la main. MME PASSEREAU Madame, il se fait tard... Les enfants... �a s'�nerve, ce petit monde... Mais jamais je n'oublierai ce week-end... jamais... Jean-Jacques et Cookie apparaissent � leur tour derri�re la marquise. Charlie se joint au petit groupe. JEAN-JACQUES A tr�s bient�t, j'esp�re... LA MARQUISE Mais naturellement. COOKIE Nous reviendrons s�rement. Ils passent devant la marquise et sa famille. JEAN-JACQUES Saluez pour moi l'ami C�sar. LA MARQUISE Mais bien s�r... COOKIE Au revoir, monsieur Georges. GEORGES Au revoir. M. Patin vient d'appara�tre � son tour M. PATIN Dites adieu pour moi � mademoiselle Jeanne. LA MARQUISE Je n'y manquerai pas. Parfait... La cam�ra suit M. Patin qui traverse la cour d'honneur du ch�teau. D�j� la voiture des Passereau passe sous la voute, les voiliers fix�s sur la galerie du toit. Puis la Jaguar les suit, en d�rapant et faisant crisser ses pneus sur le gravier. Seule reste la Mini des su�dois. M. Patin suit, � pied, les voitures, sa petite valise � la main. Sur le perron, la marquise et son "clan" les regarde s'�loigner. LA MARQUISE Maintenant, mes enfants... au travail ! Elle entra�ne tout le monde vers l'int�rieur du ch�teau. CHATEAU - UN BOUDOIR - INTERIEUR JOUR La marquise tra�ne Charlie par la main. CHARLIE Mais vous �tes s�re que vous l'avez perdue, cette clef ? LA MARQUISE Ah, s�re et certaine... CHARLIE C'est urgent ? Qu'est-ce qu'il y a l�-dedans ? Am�lie vient d'entrer � son tour, et s'appuie sur le dossier d'une chaise. AMELIE Pour une fois qu'on te demande un pauvre petit service. Elle s'assoit en travers de la chaise. CHARLIE Bref... �a va pas �tre de la tarte, hein !... Il prend son marteau en main. Il se penche, attrape un burin de l'autre main, et commence � essayer de d�coincer la porte du coffre. A la porte du boudoir, Diane et Georges viennent d'arriver, portant le n�cessaire � caf�. CHATEAU - PARC - ABORDS DE LA COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR C�sar remonte vers le ch�teau, entre les massifs taill�s. On entend les coups de marteau provenant du ch�teau. Le groupe des su�dois - habill�s ! - le rattrape au pas de courses et le d�passe. Ils prononcent des phrases en su�dois, parmi lesquelles on reconnait : "Bye, bye !" Une fille blonde embrasse C�sar. CESAR Au revoir... Salut... Une autre fille l'embrasse. CESAR Au revoir, jolies filles... Au revoir... La cam�ra tourne en suivant la progression de C�sar et on d�couvre le ch�teau et la cour d'honneur. Les su�dois sont d�j� install�s dans leur voiture, sauf l'un d'entre eux, qui donnent quelque chose � C�sar en d�signant le ch�teau, et en pronon�ant des mots en su�dois, parmi lesquels on reconna�t le mot � h�tel �. La voiture commence � d�marrer CESAR H�tel... Oui, ce sera fait... Good bye... Le dernier su�dois saute en marche et la voiture sort du champ. CESAR Good bye... Bonne route, hein, les Nordiques... Il commence � monter le perron du ch�teau. CHATEAU - UN BOUDOIR - INTERIEUR JOUR Une chignole � main, une perceuse �lectrique et divers outils sont plant�s dans le coffre. Charlie tape toujours sur son burin. Il fait le tour du coffre. Assis sur un canap� en face de lui, la marquise, Diane, Georges et Am�lie sirotent leur caf�. Charlie, apr�s avoir tap� de l'autre c�t� du coffre, se redresse, le marteau � la main, d�pit�. CHARLIE Y a rien � foutre ! La marquise se l�ve, la tasse � la main. LA MARQUISE C'est parce que je l'ai attaqu� de face... Un coffre, mes enfants, �a se prend toujours par derri�re. CHARLIE Et comment voulez-vous que je le tourne ? LA MARQUISE Mais c'est nous qui tournons... Allez, allez ! Hop ! Dans la pi�ce voisine ! Tout le monde se l�ve du canap� et suit la marquise, qui se dirige vers la porte situ�e � c�t� du coffre. Charlie les regarde partir, l'air intrigu�. La marquise ouvre la porte. CHATEAU - UN PETIT SALON ATTENANT AU BOUDOIR - INTERIEUR JOUR La marquise p�n�tre dans la pi�ce, toujours sa tasse � la main. La suivent Diane, Am�lie et Georges, eux aussi avec leurs tasses � la main. La marquise se plante face au mur de s�paration. Les trois autres s'assoit sur un banc rembourr� et tapiss�. GEORGES Allons-y ! La marquise fait un geste de la main pour d�signer l'endroit o� Charlie doit creuser. Puis elle s'approche du mur, et tape dessus des deux poings. Charlie entre � son tour, tous ses outils dans les bras. Il referme la porte derri�re lui. LA MARQUISE Creusez ici. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR C�sar arrive du vestibule. Il rajuste son veston sur ses �paules. Il a son chapeau � la main. Il fouille dans la poche de son pantalon, et en sort une clef. Il jongle avec et se dirige vers la porte derri�re le bureau. Jeanne descend silencieusement le grand escalier. Elle a une sucette � la main. Elle se cache � moiti� derri�re un pilier et regarde la porte par laquelle C�sar vient de dispara�tre. CHATEAU - UN BOUDOIR - INTERIEUR JOUR C�sar entre dans la pi�ce et se dirige vers le coffre. Il s'arr�te devant et glisse la clef dans la serrure. On voit Jeanne cach� derri�re la rambarde en bois d'un petit escalier de service. Elle regarde C�sar d'un air un tantinet amoureux. C�sar a ouvert la porte du coffre, et il en sort sa mallette. Il laisse la porte du coffre ouverte, et sort de la pi�ce. Jeanne continue � observer de sa cachette. On entend des bruits sourds de la masse qui frappe sur la mur. Jeanne se met le menton dans la main pour mieux observer. Plan rapproch� sur le coffre ouvert avec le mur derri�re. Les coups continuent. Soudain, le mur explose... juste � c�te du coffre ! Par le trou b�ant, on aper�oit les visages de Diane, de Georges, une cigarette au bec, de la marquise et d'Am�lie. Jeanne, dans sa cachette, affiche un large sourire. On entend la voix de la marquise. LA MARQUISE Oh ben, d�cid�ment, Charlie, vous n'�tes qu'un bon � rien ! La porte s'ouvre, et Charlie entre dans la pi�ce, suivi de la MARQUISE CHARLIE Mais enfin, de toutes fa�ons, il est ouvert, votre coffre ! Les trois autres p�n�trent � leur tour. Les deux femmes se penchent sur le coffre b�ant. AMELIE Il est vide ! Georges se penche � son tour. GEORGES O� est la mallette ? Jeanne continue � observer la sc�ne avec amusement. Elle sort de sa cachette, pendant qu'on entend la voix de la marquise... qui JURE : LA MARQUISE Ohh ! Nom de Dieu de nom de Dieu de nom de Dieu !! CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR SOIR C�sar descend le grand escalier, le chapeau sur la t�te, et les mains gant�es, et bien entendu, la mallette � la main. Apr�s avoir marqu� un temps pour s'assurer que la voie �tait libre, il continue � descendre. On aper�oit Jeanne, plus haut dans l'escalier, qui le suit silencieusement � une distance respectueuse. C�sar finit de descendre et se dirige vers un coffre, sur lequel il ramasse une lampe � gaz de camping. Il entre dans le vestibule CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR SOIR La nuit approche. Il fait un peu plus sombre. C�sar continue son chemin vers la porte arri�re du ch�teau. En chemin, il ramasse deux autres lampes de camping. Puis une derni�re au pied de l'armure. Jeanne apparait, � l'entr�e du vestibule, derri�re le pilier au bas du grand escalier. On entend une porte qui s'ouvre. Jeanne tourne lentement autour du pilier, puis voyant que la voie est libre, elle se dirige � son tour vers la porte de derri�re. Elle acc�l�re le pas. Elle ouvre la porte et sort. CHATEAU - PRAIRIE ET ETANG - EXTERIEUR SOIR MUSIQUE. Th�me de C�sar. C�sar se dirige vers l'�tang, sa mallette et une lampe allum�e d'une main, toutes les autres lampes allum�es de l'autre main. On entend les grenouilles coasser. On voit appara�tre Jeanne derri�re un arbre dans un coin de l'�cran. Gros plan sur Jeanne, cach�e derri�re l'arbre et qui observe C�sar. C�sar pose une lanterne � terre. Jeanne sort de sa cachette et le suit � distance. Elle ramasse la lampe qu'il vient de poser, et elle part dans une direction perpendiculairement oppos�e � celle que suit C�sar. Elle arrive au bord de l'�tang, et s'engage sur une petite passerelle de bois qui surplombe l'�tang. Elle pose la lampe au milieu de la passerelle, et continue son chemin sur la passerelle. On retrouve C�sar, qui pose sa derni�re lampe � terre, puis l�ve la t�te pour scruter le ciel. Il consulte sa montre. FIN DE LA MUSIQUE. Fin du th�me de C�sar. CABINE D'UN AVION - EXTERIEUR SOIR Par le hublot de l'avion, on aper�oit le ch�teau, qui d�file lentement sous nos yeux. CIEL AU-DESSUS DU CHATEAU - EXTERIEUR SOIR On voit l'avion, un petit bimoteur, qui vole au dessus du parc et du ch�teau. CHATEAU - PARC - PRAIRIE ET ETANG - EXTERIEUR SOIR C�sar, assis par terre, fume une cigarette. Il entend le bruit du moteur de l'avion et tourne la t�te. Vue rapide de l'�tang, dans lequel coassent les grenouilles. Retour sur C�sar qui s'est lev�. Vue de l'�tang, qui d�file, comme vu de la cabine de l'avion. Gros plan sur C�sar, qui observe le ciel. Il suit des yeux le mouvement de l'avion L'avion apparait au-dessus de l'�tang. C�sar le suit des yeux. L'avion survole l'�tang, et disparait dans le sous-bois qui borde l'�tang. Bruit de collision entre l'avion et l'eau de l'�tang. C�sar observe la sc�ne, fig� sur place. On entend les bruits de l'eau qui engloutit lentement l'avion. C�sar court vers le lieu de l'accident. Il s'engage sur la petite passerelle au-dessus de l'�tang. Il arrive juste � temps pour voir l'une des ailes de l'avion qui finit de s'enfoncer dans l'eau, avec des bruits de glou-glou. Puis l'aile disparait et l'eau redevient calme. D�pit�, C�sar fait tomber sa mallette sur la passerelle. Il se met les mains sur les hanches. On entend les animaux de la nuit. CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR SOIR MUSIQUE. Th�me de Jeanne. Jeanne s'est remise au piano et joue le Th�me de Jeanne. La porte s'ouvre et C�sar entre, le chapeau d'une main, la mallette de l'autre. JEANNE Je croyais que vous �tiez parti sans me dire au revoir. Je vous en voulais un petit peu . Toujours pr�t de la porte, C�sar lui r�pond : CESAR Mais je ne vois personne. Tout le monde est parti ? C�sar s'avance lentement vers le piano. JEANNE On entre, on part... c'est la maison. CESAR Je voulais pr�senter mes hommages � madame la marquise. JEANNE Je ne sais pas du tout o� elle est. CHATEAU - UN PETIT ESCALIER - INTERIEUR SOIR FIN DE LA MUSIQUE : On n'entend plus le son du piano. La marquise monte, suivie de Georges, de Diane, de Charlie et d'Am�lie. LA MARQUISE Non-non-non !... Moi je vends le ch�teau, je bazarde cette cambuse, et puis... je prends... un d�bit de tabac. Tiens, Georges, vous serez au comptoir ! On les voit continuer � monter l'escalier, � travers une fen�tre int�rieure qui donne sur l'escalier. On entend la voix de Georges. GEORGES Oh, mais vous me voyez !... Deux Picon-menthe !... Deux caf�s qui marchent !... Non, mais tiens, ta m�re r�ve une fois de plus ! CHATEAU - UN ESCALIER EN BOIS - INTERIEUR SOIR Le petit groupe sort par une une porte, et monte un escalier plus IMPORTANT GEORGES Quant � Jeanne et son piano, vous la voyez sans doute dans le sous-sol fumeux d'un bar canaille pour Libanais en escale ! CHATEAU - UN SALON ATTENANT A LA SALLE A MANGER - INTERIEUR SOIR La marquise p�n�tre dans la pi�ce, suivie de sa famille LA MARQUISE Parfaitement ! Je vais l'avertir de ce pas ! Elle se dirige vers une porte qu'elle ouvre d'un air d�cid�. Mais, � peine a-t-elle regard� � l'int�rieur de l'autre pi�ce, qu'elle s'appuie sur le mur pr�s de la porte, et porte une main � son coeur. On entend le piano et des voix dans l'autre pi�ce. MUSIQUE. Reprise du Th�me de Jeanne LA MARQUISE Euuuuuuhhhhh ! Sa fille et sa petite-fille se pr�cipitent. DIANE Maman ? La voix de la marquise est devenue tr�s faible tout � coup. LA MARQUISE C�sar ! Elle d�signe l'int�rieur de la pi�ce. LA MARQUISE Hein, il est mort ! Georges entr'ouvre la porte, Diane et Am�lie risquent un oeil � l'int�rieur. Georges se tourne vers Charlie, qui semble ne rien comprendre. On entend des voix � l'int�rieur de la pi�ce voisine. JEANNE Je ne vais pas vous entendre. CESAR Oh, c'est peut-�tre mieux que vous ne m'entendiez pas. CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR SOIR C�sar est debout derri�re le piano, devant lequel Jeanne est toujours assise. CESAR Mettons que je parle pour moi-m�me, que j'ai envie de dire que j'ai trouv� un coin heureux dans ce monde, et que c'est ici. Pendant cette derni�re phrase, Jeanne a recommenc� � jouer du piano. JEANNE Vous ?... Vous qui avez tout vu, qui savez tout ?... L'Asie, l'Am�rique... CESAR Rien... rien... j'ai rien vu... ou si peu... je ne suis rien... Il n'y a pas plus de baron que d'Am�rique. Jeanne, je suis un escroc, un malandrin. Il marche dans la pi�ce, toujours le chapeau et la mallette � la main. CESAR Je vais de trafic en gaspillage, et de fronti�res en garni, avec parfois des fortunes qui me font trembler. JEANNE Mais alors, pourquoi faites-vous �a ? CESAR Ohh ! Je pourrais vous dire que j'ai eu une enfance malheureuse, des fr�quentations d�plorables, un p�re ivrogne et tout le tremblement, mais... mais c'est pas vrai. C�sar est revenu vers le piano. Il s'assoit dans un fauteuil derri�re le piano. CESAR Mon p�re, il �tait bien gentil... tranquille, serein, plan- plan... Non, il n'y a que moi comme �a dans la famille. JEANNE Je m'en doutais un petit peu... mais �a m'est �gal... Et puis... je ne demande rien... C�sar marque un temps, puis se l�ve. CESAR Je sais... Parce que vous, vous �tes le d�sint�ressement,... CHATEAU - UN SALON ATTENANT A LA SALLE A MANGER - INTERIEUR SOIR Toute la famille est mass�e devant la porte entreb�ill�e et �coute la conversation, sauf Charlie qui est un peu en retrait. CESAR ... la fra�cheur, tout ce que je ne connais pas. CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR SOIR CESAR Et pourtant, dans cette demeure o� tout passe, combien d'hommes avez-vous connus ? FIN DE LA MUSIQUE Jeanne s'arr�te de jouer et se retourne vers C�sar qui est pench�e sur elle. JEANNE Moi ?... Elle se l�ve. JEANNE Pas un, jamais... sauf vous... CHATEAU - UN SALON ATTENANT A LA SALLE A MANGER - INTERIEUR NUIT La marquise referme doucement la porte. On entend la voix de C�sar. CESAR Oh ! Jeanne !... La marquise met un doigt sur la bouche. LA MARQUISE Chhhhtt ! N'ayons l'air de rien : on va leur tomber dessus dans le vestibule. Elle s'�loigne � pas de loup, suivie par toute sa famille. Le dernier � partir est Charlie qui semble de moins en moins comprendre ce qui se passe. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR SOIR C�sar et Jeanne entre par le vestibule en se tenant la main. C�sar tient son chapeau de cette main, et sa mallette de l'autre. Ils s'arr�te. C�sar passe le bras autour des �paules de Jeanne, et Jeanne autour de la taille de C�sar. JEANNE Mamy !... La marquise, suive de sa famille, entre par la petite porte derri�re le bureau. JEANNE Mamy, C�sar reste ici. LA MARQUISE L'amour l'emporte ! Et je n'y avais pas pens� ! Elle s'avance vers le couple, les bras grand ouverts. LA MARQUISE Oh, cher C�sar... Mais vous �tes ici chez vous... Elle lui prend la malette des main. Les autres entourent C�sar. AMELIE D�faites-vous... Am�lie et Jeanne l'aident � enlever sa veste. DIANE Vous allez prendre froid... Je vais vous donner un petit lainage. LA MARQUISE Ah oui, oui, oui... un petit lainage... La marquise tient ferment la mallette sous son bras. Jeanne s'est pendue au cou de C�sar. JEANNE Vous verrez comme on est bien ici. GEORGES Et puis... mon cher C�sar... vous allez conna�tre la vraie volupt�... Georges se dirige vers le couloir du Hall d'entr�e. GEORGES ... celle de ne rien faire. Il s'approche de la porte arri�re du ch�teau. CHATEAU - ARRIERE - PLAN LARGE - EXTERIEUR NUIT La nuit est tomb�e. On voit le ch�teau et la terrasse arri�re, en plan un peu �loign�. Georges vient de s'encadrer dans la l'embrasure de la porte ouverte. On entend les insectes de la nuit. GEORGES L'herbe sent fort : nous allons avoir une nuit... superbe. CHATEAU - TOIT - EXTERIEUR JOUR MUSIQUE. Th�me du Grand Si�cle. Th�me inspir� des musiques du Grand Si�cle, encore plus brillante que le premier Th�me du Ch�teau. Sur le toit, des �chafaudages et des ouvriers qui travaillent. En surimpression sur l'�cran, les mots : "Trois mois plus tard" Panoramique sur les autres toits du ch�teau. L'inscription disparait. Partout, des ouvriers travaillent. CHATEAU - PARC - ENTREE - EXTERIEUR JOUR Un gros camion s'avance, avec Charlie au volant. Il manoeuvre pour entrer dans le parc du ch�teau. A l'entr�e du parc l'inscription "H�tel du Grand Si�cle", suivie de quatre �toiles et la lettre "A". CHATEAU - COUR D'HONNEUR - EXTERIEUR JOUR Le camion vient de s'arr�ter. Une arm�e de marmiton en sort, portant chacun un plat puis les marmitons se dirigent vers l'entr�e du ch�teau. L'un d'eux tr�buche sur une marche du perron. CHATEAU - CUISINES - INTERIEUR JOUR Un marmiton entre, portant un plateau, puis un autre le suit avec une pi�ce mont�e. Charlie vient vers C�sar qui, en costume de chef cuisinier, tr�ne aux fourneaux. CHARLIE Tous les jours, les halles � quatre heures du matin, j'commence � avoir marre, hein ! C�sar se retourne. CESAR Mais c'est merveilleux... j'allume bien le four � trois heures, moi. Dis donc, tu as pens� au persil ? CHARLIE J'en ai pris dix-sept kilos. Bon, j'file � Lyon, je vais aux huitres. Un petit commis entre dans les cuisines. UN COMMIS M'sieur C�sar, les patronnes vous demandent. CESAR Voil�, petit, j'arrive. C�sar s'adresse � l'un de ses adjoints en train de cuisiner. CESAR Dis-moi, mets-moi un soup�on de Cognac. Et que �a vibre, que �a flambe, tout �a ! Voil�, petit, j'arrive ! Il se dirige vers la sortie des cuisines. CHATEAU - SALLE A MANGER - INTERIEUR JOUR La salle est pleine de convives en train de manger, assis � des tables somptueusement dress�es. Un ma�tre d'h�tel en smoking prend des commandes. Un serveur en veste blanche et noeud papillon noir travaille pr�s d'une autre table. C�sar entre au fond. Il s'approche de la table � laquelle officie le ma�tre d'h�tel et se penche vers les convives pour leur dire quelques mots. Puis il passe � une autre table. Enfin il s'approche d'une table o� mange un couple d'un certain �ge. Il baise la main de la dame. Avant de sortir, il prend quelque chose sur le buffet et le porte � sa bouche. CHATEAU - HALL D'ENTREE - INTERIEUR JOUR C�sar finit de descendre le grand escalier. Il passe dans le vestibule. CHATEAU - VESTIBULE - INTERIEUR JOUR Georges est assis dans un fauteuil dans le couloir, le dos � la porte arri�re du ch�teau, grande ouverte. C�sar traverse le vestibule dans sa largeur et le salue de la main. CESAR �a va, Georges ? GEORGES �a va. C�sar sort par une porte sur le c�t� du vestibule. MUSIQUE : FIN du th�me du Grand Si�cle. D�but du th�me de Jeanne, au piano. CHATEAU - SALON DE MUSIQUE - INTERIEUR JOUR Jeanne est au piano, et derri�re elle, des partitions � la main, la marquise, Diane, et Am�lie suivent la musique. Elles sont toutes tr�s bien habill�es, un peu comme le soir du premier diner que C�sar �tait venu interrompre. La marquise, entre autres, a remis son chapeau avec la grande plume. C�sar entre, et caresse la plume de la marquise, puis il se place derri�re elles, entre Diane et Am�lie. LA MARQUISE C�sar, vous avez pens� � mes rubans ? CESAR Vos rubans pour vos fleurs, c'est fait, Mamy. DIANE Vous avez pu joindre mon coiffeur ? CESAR Mmmm ! Il passe demain matin, Diane. AMELIE Vous avez fait cirer mes bottines ? CESAR Oui, ma petite Am�lie. JEANNE Vous pourrez me tourner la page, C�sar ? CESAR Mmmm !... C�sar s'approche du piano. Tout en tournant la page de la partition, il se penche sur Jeanne et l'embrasse tendrement. JEANNE Ahhh !!... On entend la voix d'un commis. UN COMMIS M'sieur C�sar, on vous demande ! CESAR Chhhtt ! Ce chut est suivi d'une parole incompr�hensible. C�sar virevolte devant ces dames, et sort du champ sous leurs regards admiratifs. Gros plan tour � tour sur les quatre femmes. LA MARQUISE Il est infatigable ! DIANE Quel Diable ! AMELIE Et quel ma�tre-queue ! JEANNE Mais j'y pense... Qu'est-ce que �a veut dire : � Tirer le Diable par la queue � ? Jeanne reste songeuse L'orchestre vient se joindre au piano CHATEAU - VUE AERIENNE - EXTERIEUR JOUR On survole le ch�teau et son parc. Au premier plan on voit l'aile de l'avion. Puis le ch�teau s'�loigne. FONDU AU NOIR. Sur le noir apparait en jaune le mot "FIN". GENERIQUE DE FIN MUSIQUE. Th�me du g�n�rique. Sur un fond rouge sombre, d�file le g�n�rique de fin.